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Pouzay


Le nom de cette commune, située pour la plus grande part sur la rive droite de la Vienne, en amont de L’Île-Bouchard, n’apparaît qu’au 12ème siècle, dans les archives d’Indre-et-Loire, sous la forme Ponziacus, venant soit du gallo-romain Pontiacus ou « domaine agricole de Pontius », soit d’un toponyme celtique signifiant « le lieu de la fontaine » (voir ci-après).

Histoire

Préhistoire :

Des silex taillés, essentiellement des bifaces, de l’acheuléen (période du paléolithique s’étendant de -1 760 000 à -350 000 ans, dont le nom vient de Saint-Acheul, quartier d’Amiens) ont été trouvés dans les alluvions de la Vienne.

Le dolmen de la Pierre Levée ou des Pierres Levées, a été signalé en 1842, par l’abbé Jean-Jacques Bourassé (1813/1872), et localisé par Gérard Cordier* (1924/2014) « à 1,800 Km au Sud-Ouest de Pouzay, à 350 mètres au Nord de Chevenelles ».

La dalle de ce dolmen faisait 5 m. sur 2,50 m. mais selon Louis Bousrez* (1848/1913), la plus grande partie des pierres a été employée pour construire le pont de Pouzay (voir ci-après). Les restes de ce dolmen sont aujourd’hui, assez difficiles à trouver car ils sont presqu’entièrement enterrés cependant un ancien habitant m’a dit être passé sous ce dolmen quand il était enfant.

On a trouvé près de ce dolmen des fragments de poignards, de lames et de polissoirs ainsi que des pointes de flèches et 3 haches, dont une micro-hache de 4 cm en dolérite (roche éruptive, dure et massive, de teinte verdâtre).

Une très belle hache polie en forme de goutte d’eau, en jadéite (variété de jade, dense et dure, en général de couleur verte, exploitée dans les Alpes dès le 6ème millénaire avant JC), trouvée à Pouzay en 1966 peut être vue au Musée du Grand Pressigny.

Époque gauloise :

À Pouzay, le seul témoignage de cette époque est la Fontaine de la Bonne Dame, qui avait la réputation de soigner les enfants infirmes ou les maladies des yeux et qui se trouve sur une propriété privée, près de la Vienne, en amont du pont, sur la rive droite ; c’était peut-être, comme d’autres sources du même nom une source consacrée à une divinité gauloise de la fertilité. Selon le témoignage de M. Alexandre Guérin (né en 1966), diacre et gérant de la menuiserie Guérin Frères, on s’y rendait autrefois en pèlerinage.

Époque gallo-romaine :

À la sortie de Pouzay, en allant vers Trogues, entre la D 109 et la Vienne, sur un rectangle de 400 m sur 300 m, situé à cheval sur les lieudits les Grandes Varennes (Pouzay) et les Varennes (Trogues), une importante agglomération secondaire (vicus), c’est-à-dire un habitat groupé autour d’un temple (fanum) et de bâtiments publics, a été repérée par Philippe Delauné. Il semblerait que cette agglomération ait été occupée à partir 1er siècle après JC puis ait été désertée à la fin de l’antiquité.

Deux voies traversaient le territoire de la commune :

La grande voie qui allait d’Espagne en Belgique via Nouâtre passait à côté de la Piraudière ; elle est ensuite continuée par un chemin, qui passe aux Louines (voir ci-après) puis à La Haute Rue (au nord du bourg), se, et qui rejoint la Billette (octroi entre Pouzay, Noyant et Trogues) avant d’arriver à Saint-Épain, où elle est encore bien visible.

À Chenevelles une bifurcation permettait d’aller vers Chinon ; cette voie est continuée par les rues des Écoles et des Varennes, qui traversent le bourg avant d’être prolongée par la D 109.

Des domaines agricoles (villae*) existaient sans doute à Douce (Dulcia villa), à droite de la D 108 Nouâtre/Sainte-Maure (voir ci-après), aux Louines (Lutonia villa), sur la D 368 vers Noyant, et à Marnaize (rive droite), appelé aussi Vinay dans un document du 15ème, venant de Viniacus ou « domaine de Vinius » (voir ci-après). Cependant le plus grand et le plus important de ces domaines étaient celui de Soulangé, toponyme venant du gallo-romain Subaliacus (domaine de la source) ou Solemniacus (domaine de Solemnius) (voir ci-après).

Ce domaine, repéré en 1976 par Alain Kermorvant et Philippe Delauné, a été en partie fouillé en 1987 par une équipe franco-anglaise dirigée par l’archéologue anglais Jason Wood. En 1989 et en 1995, de nombreuses dépendances furent photographiées par Jacques Dubois* (1929/2016).

Ces photographies et ces travaux ont permis d’avoir une idée très précise de cette villa, considérée comme la plus importante villa rurale de l’occident romain. La pars urbana (partie habitée), avec les dépendances, sur 20 hectares ; sa partie centrale, avec un péristyle presque carré, mesurait 120 mètres sur 700 mètres (soit 8,4 hectares). Elle avait aussi des enduits peints et des éléments architecturaux de qualité. Selon Alain Kermorvant une colonne se trouvant dans la salle capitulaire de l’abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry à Luzé provient de cette villa.

Il est possible qu’à l’époque mérovingienne, cette villa ait appartenu à l’église et ait été prêtée par l’évêque Grégoire de Tours*(538/594) à son ami, le poète chrétien Venance Fortunat (né vers 530). Ce dernier en effet, dans deux de ses poèmes (Poésies VII, 19 et 20) parle d’un domaine que Grégoire de Tours lui a prêté, près d’une voie romaine, au bord de la Vienne. Il écrit notamment dans VII, 19 : « facta est conlatio doni / Qua Vigenna procax littore frangit aquas / Lapsibus et tumidis dum fertur nauta carinis /Jugera culta videt, quando celeuma canit. » « On m’a prêté une propriété, près de la Vienne, dont les eaux font ébouler le rivage, tandis que le marinier avance, toutes voiles dehors, et contemple les champs cultivés en poussant le cri des rameurs. »

Par ailleurs, un hameau de Pouzay s’appelle rue de Fortune et selon l’historien Pierre Leveel (1914/2017) « Mgr Robert Fiot [vicaire général du diocèse de Tours], lisant sur la carte de la commune de Pouzay, le lieudit la rue de Fortune, au N.O du bourg, a fait le rapprochement entre Fortunat et ce hameau très curieusement appelé Rue de Fortuné (…) »

Histoire du fief des Trois seigneurs :

Ce fief de Pouzay, qui relevait de Profond Fossé à Trogues, fut divisé en trois parties du milieu du 16ème siècle jusqu’au 18ème siècle.

En 1551, ces trois seigneurs étaient Claude II de Crevant, également seigneur de la Motte à Marcilly, Yolande de la Barre, mariée en 1499 à Guillaume II de La Jaille, fils de Pierre IV de La Jaille (mort en 1490) et Marguerite de Chargé (sur la famille de Chargé, voir Razines), veuve de Claude Du Plessis, cité comme seigneur de Doux à Pussigny en 1541.

En 1612, Louis d’Aviau (mort vers 1635), seigneur de Piolant, possédait un tiers de ce fief ainsi que les fiefs de Douce (voir ci-après) et du Marais (voir ci-après).

En 1638, les deux tiers appartenaient à Louis de Jussac (né vers 1606), fils de François II (né vers 1566) également seigneur de La Celle-Saint-Avant (voir aussi Rosiers, ci-après) et l’autre tiers à René de Mondion, propriétaire également du Bois du Chillou à Marçay.

En 1721, ces deux tiers étaient la propriété de Jean Étienne de Varance, marquis de Gournais et en 1751 de Guillaume Torterue, seigneur de Roziers, qui les avait acquis de Philippe le Hayer, vicomte d’Azay.

Histoire contemporaine :

Un premier pont, à péage, fut construit en 1863 pour remplacer le bac, situé à l’emplacement du pont actuel. Conformément à ce qui était prévu, le péage fut supprimé en 1888, mais il fut détruit par les allemands le 31 août 1944.

La traversée étant indispensable, notamment pour les enfants qui habitaient sur la rive gauche et qui allaient à l’école dans le bourg, un bac fut de nouveau mis en place, jusqu’à l’installation d’un pont métallique provisoire, entre 1946 et 1947.

Mais, comme on le sait, le provisoire dure souvent longtemps, et un second pont en pierre ne fut mis en service qu’en 1966 après avoir été inauguré, le 24 juillet, par le président du Conseil Général, M. Marc Desaché (1892/1982), le député, M. André-Georges Voisin (1918/2018) et le nouveau maire de Pouzay, M. Jean Savoie (maire de 1965 à 2019), qui avait fait venir la musique municipale de Tours et qui avait demandé aux écoliers, munis de petits drapeaux, de faire une haie d’honneur.

À voir dans le bourg

L’église Notre-Dame :

Elle a été en partie reconstruite en 1869 selon les plans de l’architecte Gustave Guérin.

Le clocher carré date du 12ème siècle et appartenait à l’église primitive, consacrée à saint Maurice ; il est surmonté d’une flèche hexagonale du 15ème siècle.

Derrière l’église on peut voir un des deux sarcophages (à l’origine) provenant de Soulangé selon certains ou du Moulin à vent selon d’autres

Devant l’église, le linteau d’une porte cochère représente une ancienne balance à grain, sur laquelle est posé un sac avec le nom de Leblanc et l’année 1873, célébrant le mariage de Paul Leblanc (1844/1903), marchand de blé, avec Clémentine Octavie Bouquaire (1849/1919).

En prenant la petite rue qui descend vers la Vienne, à droite de la Départementale, on peut voir l’ancien lavoir communal. On peut aussi remarquer un peu avant ce lavoir d’anciennes marques de crues.

À voir au nord-ouest

Le Marais : ce fief appartenait en 1610 à Louis d’Aviau (voir Histoire du fief), puis, vers 1680 à Jacques Du Vau, trésorier des ponts et chaussées de la généralité* de Tours. Le dernier propriétaire fut Jacques Philippe Renault des Vernières (voir Les Vernières ci-après).

Ce manoir, dans lequel on entre par un portail double portant des armoiries bûchées, a conservé un pigeonnier du 17ème siècle, avec 900 boulins*.

À voir au sud-est

Rosiers : Ce fief, qui relevait de la seigneurie de Nouâtre, appartenait en 1458 à Antoine Brossin, père de Pierre III Brossin, cité en 1491, gouverneur de Craon en Anjou, lui-même père d’Olivier Brossin (mort en 1523), également seigneur de Mouzay, qui épousa Madeleine Cleret, dame de Méré (près de La Guerche) et fille de Jehan III Cleret, 1er maître d’hôtel de Charles VIII.

Ces derniers furent les parents de Louis I Brossin de Méré (mort en 1572), gouverneur de Loches et de Beaulieu-lès-Loches, seigneur de Sepmes, qui vendit le fief, en 1545, à Antoine I de Jussac (mort en 1575), seigneur de la Morinière (à Andrezé, dans le Maine-et-Loire), fils de Jean de Jussac, écuyer de François 1er et tué à Pavie en 1525.

Cet Antoine I (voir Azay-sur-Indre, Chédigny, Mazières-de-Touraine, Orbigny et Perrusson) fut le père de

-François I (1540/1593), seigneur de la Morinière et de Rosiers, qui épousa en 1566 Isabeau de Pomart, dame de Rilly (Rilly-sur-Vienne) et de La Celle-Saint-Avant, père de François II (né vers 1566), lui-même père de René de Jussac (né vers 1604), père d’Alexis de Jussac (1652/1719), seigneur de Crémille à Mazières de Touraine, ainsi que de Louis de Jussac (né vers 1606), seigneur de Rilly et de Marguerite de Jussac (1619/1662), qui fut l’épouse de Jean Jacques Du Verdier, seigneur de Rilly (Rilly-sur-Vienne)

-Charles, seigneur de Beaufort puis de Rosiers, suite à son mariage en 1609 avec sa nièce Françoise de Jussac, fille de François I ; ils eurent un fils, Louis de Jussac, cité en 1645 comme seigneur de Rosiers, lui-même père de Louis Claude de Jussac (né vers 1650)

-Jean, cité en 1574 et 1575, seigneur de La Folaine à Azay-sur-Indre, lui-même père d’Astremoine Claude de Jussac, cité en 1618 (voir Chédigny), dont le fils Claude de Jussac, né en 1620, fut tué à la bataille de Fleurus en 1690

Le manoir, du 16ème siècle, comporte plusieurs tours : une tour polygonale d’escalier, une autre tour d’escalier au nord et une tourelle à l’est ; le pigeonnier, qui fait 6 m. de diamètre, a conservé ses boulins* au 1er étage.

La Houdrière : Cette ferme fortifiée du 16ème siècle, avec, dans la cour, ses colonnes de pierres supportant un préau, appartenait au 17ème siècle à la famille Thion, alliée à la famille Champigny (voir Verneuil-le-Château).

Claude Thion père (1624/1675), fermier de la Haute-Rue et de la seigneurie de Talvois à Nouâtre, qui appartenait à cette époque à Charles Joseph de Rochefort (1650/1686) et à son épouse Nérée de Messémé (morte en 1708), mais aussi greffier et notaire fut le père de :

  • Charles Thion (né en 1645), procureur au présidial* de Tours.
  • Jeanne Thion (1647/1689), épouse de Pierre Champigny (1646/1691), marchand à Soulangé, et fils de François Champigny père, fermier de La Haute Rue.
  • Claude Thion fils, cité comme seigneur de La Houdrière en 1668
  • Nicolas Thion (1649/1726), cité en 1691 comme seigneur de La Houdrière, notaire à Sainte-Maure-de-Touraine, qui fut, de 1687 à 1712 le tuteur des enfants de Charles de Rochefort (voir Cheillé).
  • Marie Thion, (née vers 1660), épouse de François Champigny fils, seigneur de Marnaise (voir ci-après).
  • François Thion, cité en 1692 comme propriétaire de la Grande Maison à Soulangé (voir ci-après).

Voir https://www.terroirdetouraine.fr/producteur/detail/La-Ferme-de-la-Houdriere/190.html

Soulangé (voir époque gallo-romaine) : Ce hameau abrite aujourd’hui une cinquantaine d’habitants alors qu’il y en avait 138 en 1883 ; La Grande Maison, dite aussi la Grande Cheminée, du 17ème siècle, qui a été bien restaurée appartenait en 1692 à François Thion (voir La Houdrière ; ci-dessus), demeurant à Douce et en 1773 à Pierre Normand.

Un escalier extérieur conduit à une porte à linteau droit donnant accès à une salle chauffée par une grande cheminée, dont la souche extérieure, en briques et pierres, est très élevée.

Chenevelles : Dans ce hameau, à cheval sur Pouzay et sur Nouâtre, et dont le patronyme vient du latin canabis, signifiant « chanvre », il y avait un prieuré dépendant de l’abbaye de Noyers (voir Nouâtre) ainsi qu’un moulin, sans doute destiné à assouplir les fibres de chanvre, cultivé dans la région comme l’indique le toponyme.

Le dolmen de la Pierre levée (voir ci-dessus) se trouve dans ce hameau.

Douce (voir époque gallo-romaine) : Ce manoir appartenait au 15ème siècle à Jehan de Beaucorps et au 17ème siècle à la famille d’Aviau de Piolant. Après la Révolution, la propriété fut vendue comme bien national et adjugée à Louis François de Vaulivert (1764/1828), notaire à Nouâtre.

À voir au sud-ouest (rive gauche)

Marnaize (voir époque gallo-romaine) : Ancien fief relevant de Franc Palais à Luzé. Un document de 1575 indique « Marnaize ou Vinay ».

Au 17ème siècle, le « sieur de Marnaize » est Jean de L’Estang, greffier de justice à Noyers (Nouâtre), neveu de Jacques de L’Estang, fermier de la seigneurie de Rivière. Marnaize appartint ensuite à François Champigny fils (voir La Houdrière, ci-dessus).

Les Vernières : au 17ème siècle, la propriété appartint à Lancelot II de Kaërbout, cité en 1615, époux de Marie Des Ligneris (1595/1622), puis à la famille Renault, dite des Vernières, descendante de Philippe Renault des Vernières, propriétaire du Pont à Parçay-sur-Vienne, qui avait épousé en 1665 Catherine Davonneau. Le fils de ce dernier, Charles Renault des Vernières, épousa Anne Martineau, de Sainte-Maure et fut le père de Charles Philippe Renault des Vernières (1717/1782), dont le fils Jacques Philippe Renault des Vernières (1757/1793), également seigneur du Marais (voir ci-dessus), fut guillotiné à Tours en 1793, pour « espionnage et intelligence avec les rebelles (les vendéens) ».

Le bâtiment principal, flanqué de deux tours carrés, du 17ème siècle, est devenu une exploitation agricole.


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