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Razines


Le nom de cette commune, situé dans le Richelais, apparaît pour la première fois en 1062 dans la charte 25 du cartulaire de Noyers, sous la forme Ecclesia Raziniae : « l’église de Razines ». L’origine de ce toponyme n’est pas connue exactement. Selon l’étymologiste Denis Jeanson il viendrait de Ratsinna, nom de personne d’origine germanique mais, selon Wikipedia, ce nom est issu du gaulois ratis, signifiant la « fougère », avec un suffixe diminutif –ina qu’il faut interpréter non pas comme une « petite fougère » mais un « petit lieu où pousse la fougère ». Sans parler de l’hypothèse un peu farfelue selon laquelle, à l’époque des « batailles de Poitiers », les Sarrasins, attirés par l’abondance et la pureté des eaux vives qui jaillissaient un peu partout, seraient venus camper à Razines avec leurs chevaux, Ils auraient alors baptisé l’endroit « Ras el-Aïn », le « pays des sources », ce qui aurait donné « Razines ».

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Selon Louis Dubreuil-Chambardel*, une collection privée contiendrait une hache de l’âge du bronze, trouvée à Razines.

Il y avait probablement à Saint-Gilles-des-Cols (voir ci-après), cité en 1096, dans la charte 252 du cartulaire de Noyers* sous la forme Sanctus Aegidius de Collibus (Saint-Gilles des collines), colline, située au nord-ouest du bourg qui culmine à 134 mètres, un oppidum gallo-romain ; on y a retrouvé en effet des pierres en tuffeau, des fragments de tuiles et des clous antiques. On pense aussi qu’il y avait un temple situé près d’une source qui guérissait de la folie.

Une voie gallo-romaine allant de Marcilly-sur-Vienne à Saint-Jean-de-Sauves (cité importante des Andécaves à cette époque, aujourd’hui dans la Vienne), passant par Luzé et le Carroi des sept chemins : point de rencontre des agglomérations de Braslou, Jaulnay, Marigny-Marmande et Razines, traversait cette colline d’est en ouest.

Des domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Chargé (voir ci-après) venant du gallo-romain Carradiacus ou « domaine de Carradius », à Milly (voir ci-après), venant du gallo-romain Milliacus ou « domaine du gaulois Millius » et à Rigny (voir ci-après), venant du gallo-romain Reginiacus ou « domaine du gaulois Reginius ».

Histoire du fief :

Au 15ème/16ème siècle, le fief appartenait à une famille Dubois ; il passa ensuite, en 1556, à la famille de Gréaulme suite au mariage d’Anne Dubois avec Martin de Gréaulme, arrière-petit-fils de Bertrand de Gréaulme, membre de la garde écossaise de Charles VII, qui avait épousé en 1453 Catherine Gorron, fille d’Étienne Gorron, seigneur de La Goronnière à Antogny-le-Tillac.

Leur fils Jacques II de Gréaulme, cité en 1599 comme seigneur de La Goronnière et de Razines, fut le père de Jacquette de Gréaulme, dame de Razines en 1686, qui avait épousé en 1680 Georges de La Viallière, seigneur de Rigny (voir ci-après).

Au 18ème siècle, le seigneur de Razines était Joseph Poirier de la Tour ou de la Ripaudière (1700/1776), Président en l’élection de Richelieu de 1748 à 1776, (voir Assay, Faye-la-Vineuse, Lémeré, Ligré et Marçay), fils de Bertrand Préjean Poirier des Bournais (1665/1735), sénéchal de Champigny-sur-Veude.

Histoire contemporaine :

En 1860, le préfet d’Indre-et-Loire estima que Razines était bien trop pauvre pour bénéficier encore du statut de commune, et décida que l’espace communal devait être divisé en trois et rattaché aux communes voisines. Pour sauver le village, un des habitants le docteur Paulin Archimbault, fit construire à ses frais dans le bourg l’église Notre-Dame, selon les plans de l’architecte Gustave Guérin, avec des vitraux des ateliers Lobin, ainsi qu’un presbytère et une école. Les autres villageois offrirent une mairie. Et c’est ainsi qu’en 1861, la commune fut sauvée.

Le territoire de Razines est traversé par la Veude, qui faisait fonctionner plusieurs moulins comme le Moulin-Corneau (nord-ouest, à cheval sur Razines et Braslou), cité en 1836, le Moulin de Pont, cité en 1599 (voir ci-après), le Moulin des Planches (nord-ouest), cité en 1770, le Moulin-Giraud (sud), cité en 1762, et le Moulin-Neuf (sud-est), cité en 1737.

Le centre-bourg a été complètement rénové en 2015.

À voir au nord

Le Haut-Fougeray (nord-est)

Le manoir appartenait à la fin du 17ème siècle à Henri Besnard, qui avait épousé en 1696 Madeleine de Chargé (née en 1662), fille de César de Chargé, seigneur de l’Angle à Doussay, dans la Vienne. Au moment de la Révolution, le propriétaire : Monsieur de Richemont émigra et le manoir fut vendu comme bien national.

Saint-Gilles des Cols (nord-est) voir Préhistoire et antiquité :

Au Moyen-Âge, le temple gallo-romain fut remplacé par une chapelle dédiée à Saint-Gilles, citée en 1096 dans la charte 252 du cartulaire de Noyers*, dont les vestiges étaient encore visibles en 1850. Il n’en reste aujourd’hui qu’un bénitier en calcaire, propriété d’une famille du village.

Il y avait aussi un prieuré, dépendant de l’abbaye de Noyers, près duquel se tenait une foire fondée par Nivelon IV de Faye (1168/1214) voir Faye-la-Vineuse

Il ne reste plus rien aujourd’hui, de ces lieux historiques, si ce n’est la source, qui a donné naissance à un étang, maintenant rendez-vous de chasse.

Pont (nord-ouest)

Il y avait là, selon la charte 109 (de 1083) du cartulaire de Noyers*, une place forte, entourée de douves, qui protégeait le seul pont sur la Veude existant alors dans la région.

Le fief et le moulin de Pont furent vendus en 1599 par Suzanne de La Roche au protestant François de Gréaulme, dit le Jeune, arrière-petit-fils de Bertrand (voir Histoire du fief), qui fut le grand-père d’Henri François (mort en 1669) (voir Faye-la-Vineuse), lui-même père d’un autre Henri François, commissaire des guerres en 1678, dont le fils, Pierre Paul de Gréaulme (1679/1734), fils reconstruire le château ;  ce dernier épousa en 1719 Madeleine de Chergé (née en 1690), fille de René III de Chergé (né en 1651), seigneur de la Martinière à Courcoué.

Il ne reste aujourd’hui qu’une bâtisse sans grand caractère.

 

À voir à l’est

Haute-Claire :

Cette dépendance du château de Chargé (voir ci-après) lui était reliée par un souterrain de plus de 800 mètres, assez large pour accueillir un attelage de chevaux.

Une ancienne bâtisse construite en 1352 par les seigneurs de Chargé, possédait un vieux pigeonnier, comptant 3000 trous de boulins*, dont on peut voir les restes. Il y avait aussi une ferme avec un grand four à pain (restauré dans les années 1990). Le tout était entièrement entouré d’un mur d’enceinte dont une bonne partie est encore existante, en cours de rénovation.

De nos jours Haute-Claire appartient à la famille Beausse et ce depuis la fin du 18ème siècle, une vieille famille dont les ancêtres étaient huiliers et meuniers entre autres.

À voir au sud

Chargé (sud-est)

Le fief de Chargé est cité pour la première fois, sous la forme Carriciacum dans la première charte, de 1030, du cartulaire de Noyers*, venant peut-être de Carradiacus ou « domaine de Carradius».

La charte 65 de 1072 indique qu’Isembard de Chargé donna à Noyers « son alleu* de Chargé, où se trouve la maison d’un seul homme ». La charte 261 de 1098 précise que les moines de Noyers possédaient un moulin à Chargé et qu’il y avait un gué près de ce moulin. Enfin la charte 660 de 1290 parle d’une contestation puis d’un accord entre Aimery de Chargé (petit-fils d’Isembard de Chargé) et l’abbaye au sujet du prieuré de Saint Gilles des Cols (voir ci-dessus).

Au 14ème siècle Hardouin de Chargé, seigneur de Chargé, épousa Perrette de Haute-Claire, fief qui entra dans les possessions de la famille de Chargé. En 1360, Jeanne de Chargé, dame de Chargé, fille d’Hardouin (?) épousa Guillaume de Couhé, capitaine de Faye-la-Vineuse, qui est cité comme seigneur de Chargé en 1374. Ces derniers eurent pour fils Jean de Couhé, cité en 1400, lui-même père de Marie de Couhé qui épousa en 1420 Renaud II de Mauléon ou de Montléon (né en 1383), qui devint ainsi seigneur de Chargé ; ce dernier, qui avait été fait prisonnier à la bataille d’Azincourt en 1415, était le fils de Renaud I de Mauléon ou Montléon, seigneur de Touffou (Chauvigny), chambellan du roi Charles V.

René de Mauléon (voir Cravant-les-Coteaux) fut le père de Renée de Mauléon, dame de Chargé, qui épousa en 1487 Jean IV de Benais, seigneur de La Fontaine-Dangé à Dangé-Saint-Romain, grand-père de René de Benais, cité en 1563 (voir Bournan) et de Louis de Benais, dont la fille, Louise de Besnais épousa en 1607 Alain de Blet, capitaine dans les gendarmes du roi, qui devint seigneur de Chargé. Leur fils, Louis de Blet, cité comme seigneur de Chargé en 1648, mourut à Chargé en 1691 et fut enterré dans la chapelle du château.

Armand Charles de Blet (1665/1725), fils de Louis, gouverneur de Richelieu fut le père d’Armand François de Blet (1692/1772), gouverneur de Richelieu et de Chinon, lui-même père d’Armand Jean de Blet (1727/1804), gouverneur de Richelieu et de Chinon, qui vendit, en 1788, toutes ses seigneuries à Joseph Piballeau (1759/1847).

Celui-ci, né à Haïti, où son père, Louis Piballeau (1715/1793), propriétaire du Grand-Martigny à Faye-la-Vineuse, s’était installé, devint colon à Saint-Domingue. Rentré en France un peu avant la Révolution, il devint colonel de la garde nationale de Sérigny (dans la Vienne) puis maire de Razines. Ruiné par une banqueroute en 1834, il demanda, en vain, des secours à l’Assemblée Nationale, et il mourut en 1847.

Le château actuel fut construit au 14ème siècle mais fut profondément modifié au 17ème s. C’est aujourd’hui un château-hôtel (voir https://chateaudecharge.com/)

On peut aussi voir, devant le château, une chapelle du 14ème siècle, avec un clocher-pignon, décorée de pastels.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097932

« L'origine du domaine remonte au 11e siècle. En 1070 il est donné à l'abbaye de Noyers. Au 14e siècle le château est construit sur un plan peu modifié jusqu'à nos jours. Au 17e siècle, l'édifice acquiert son aspect actuel. Communs et portail sont élevés à la même époque. Le château subit d'importants remaniements avec l'aménagement d'autres cheminées, et la modification des ouvertures. Un bâtiment de liaison est construit entre le donjon et la partie nord-ouest, et un escalier à balustres y est aménagé. Au 18e siècle est agrandie l'aile nord-ouest et la chapelle est transformée. Le mur de l'autel est orné de peintures murales du 17e ou 18e siècle. »

Rigny (sud-est)

Ancienne villa gallo-romaine (voir Préhistoire et antiquité) et ancien fief cité au 16ème siècle. ; Au 17ème siècle, le fief appartenait à la famille de La Viallière ; les archives citent notamment Georges de La Viallière (né en 1600), qui avait épousé à 80 ans (!) en 1680 Jacquette de Gréaulme, dame de Razines (voir histoire du fief) ainsi que Marc Antoine de La Viallière, cité en 1683, époux de Marthe de Madaillan.

Milly (sud-est)

Cette ancienne villa gallo-romaine (voir Préhistoire et antiquité) devint au Moyen-Âge un fief, cité pour la première fois vers 1380 dans un document parlant du « sire de Milly ». La seigneurie appartenait au 18ème siècle à Jean Armand de Chauvery, qui avait épousé en 1718 Jeanne Perrine de Blet, fille d’Armand Charles de Blet, seigneur de Chargé (voir ci-dessus).

Le château actuel, édifié au 17ème s. et modifié au 19ème s. figure sur de nombreuses cartes postales car il fut pendant un temps un hôtel-résidence réputé et il est toujours un château-hôtel. Voir https://www.tripadvisor.fr/Hotel_Review-g2614974-d13484102-Reviews-Chateau_Milly-Razines_Indre_et_Loire_Centre_Val_de_Loire.html

La ferme du château a gardé un pigeonnier circulaire du 19ème siècle, en briques et pierres.

Église Sainte-Catherine (sud-ouest)

Cette ancienne église de Razines fut construite au 11ème siècle mais le bourg primitif, qui devait être autour de cette église, a complètement disparu. La charte 339 de 1106 du cartulaire de Noyers* indique qu’Adémar Granier donna aux moines de Noyers « tout ce qu’il avait en l’église de Razines » et la charte 344, de la même année, précise qu’Amauvin Queue-de-vache a donné lui aussi « tout ce qu’il avait en possession en icelle ». Cet Amauvin Queue-de-vache était peut-être le fils de Bernard-Queue-de-vache, premier époux de Sophise de Marmande et frère d’Urie de Nouâtre.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097933

« L'ancienne église appartenait à l'abbaye de Noyers qui la reçut en don au début du 12e siècle. Elle fut sans doute reconstruite après cette donation. Le prieuré cure constituait un fief relevant de Faye. Ruiné, l'édifice présente une façade occidentale percée d'une porte en plein cintre dont les voussures ont conservé des traces de leur mouluration et sont circonscrites par une archivolte décorée d'une ligne de festons et d'un damier. L'édifice se compose d'une nef couverte en charpente, terminée par un chevet plat. La nef est accompagnée au nord par un collatéral ajouté au 15e siècle. Le chœur rectangulaire, du 15e siècle, est en ruine. »

Le cimetière actuel est encore à côté de cette église, qui, par contre, est complètement abandonnée et laissée dans un état de délabrement désolant !

Réveillon (sud-ouest)

Le château fut construit au 17ème siècle pour Louis de la Viallière (frère ou père de Georges de la Viallière, seigneur de Rigny ?).

Il appartint par la suite à François Lambert de Cursay (mort en 1877), fils de François Lambert (1781/1863) ; son fils, François Martial (1858/1907) fut ensuite propriétaire du château.


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