Sainte-Catherine-de-Fierbois
Le nom de cette commune, mitoyenne de Sainte-Maure-de-Touraine n’apparaît qu’au 14ème siècle, dans Le livre des miracles de Madame sainte Katherine de Fierboys (voir Histoire ancienne, ci-après) et on a cru, pendant longtemps, que cette région, occupée par une vaste forêt sauvage (ferus bocus = fierbois), était restée inhabitée pendant l’antiquité.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Cependant les fouilles faites en 2013 à l’occasion de la construction de la LGV Tours/Bordeaux ont mises à jour, à La Croix-de-Berre (ouest du bourg) un site occupé depuis l’âge du bronze jusqu’au haut moyen-âge. Il y eut notamment à cet endroit une villa gallo-romaine* avec des thermes, des fossés, une palissade et une tour-porche. On y a trouvé, outre une pointe de flèche en silex de l’âge du bronze, des monnaies romaines, des outils en fer et des appliques en bronze. Abandonné à la fin du 3ème siècle, le site fut réoccupé au 7ème siècle (voir Histoire ancienne, ci-après)
Bien que tout ce secteur ait été grandement modifié par la construction de la LGV, plusieurs voies gallo-romaines sont encore visibles.
Une voie allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher, venant de Sainte-Maure-de-Touraine, croisait à La Croix des Barres (ouest du bourg), non loin de La Croix-de-Berre, une voie secondaire allant de Chinon à Loches. Un peu avant La Croix-des-Barres, au niveau de la D 101, un embranchement permettait de se diriger vers Tours, en passant près de La Rainière puis en continuant vers Sorigny. Cette voie, devenue ensuite une partie de la via turonensis vers Compostelle puis du GR 655, était en fait une ancienne voie gauloise allant de l’oppidum de Montboyau (Fondettes) à celui des Deux-Manses (Sainte-Maure-de-Touraine).
Histoire ancienne :
Au 7ème siècle, le site de La Croix-de-Berre (voir ci-dessus) fut réoccupé et une chapelle sur poteaux, entourée d’une nécropole, y fut édifiée. Peut-être s’agit-il du premier emplacement de la future agglomération.
En 1375, un habitant de Fierbois, nommé Jean Godefroy, restaura « une chapelle de Madame Sainte-Catherine (qui était) en un lieu plein de grands bois, de buissons et de ronces » puis fonda un pèlerinage à Sainte Catherine d’Alexandrie (294/312), très populaire en France au cours de la guerre dite de cent ans, pour avoir été une des « voix » de Jeanne d’Arc (1412/1431) et parce qu’elle était considérée comme la protectrice des Valois contre les Plantagenêt.
En 1415, le maréchal de France, Jean II le Meingre (1353/1421), dit Boucicaut, comme son père, édifia une aumônerie (voir ci-après) pour héberger les pèlerins qui, allant à Saint-Jacques de Compostelle, faisaient halte à Sainte-Catherine-de-Fierbois.
Selon la tradition, c’est dans cette aumônerie qu’aurait été hébergée Jeanne d’Arc lorsqu’elle séjourna à Sainte-Catherine en 1429 avant de se rendre à Chinon pour rencontrer le futur Charles VII ; c’est aussi à Sainte-Catherine qu’elle aurait envoyé quelqu’un pour récupérer une épée comme il est dit dans les minutes de son procès « Tandis que j’étais à Tours, j’envoyai chercher une épée qui se trouvait dans l’église Sainte-Catherine-de-Fierbois derrière l’autel. » Cette épée, ajoute la tradition, aurait été celle que Charles Martel (688/741) aurait déposé après la « bataille de Poitiers ». (Voir Sainte-Maure-de-Touraine).
Histoire moderne :
À la fin du 15ème siècle, l’archevêque de Tours, Hélie de Bourdeilles (1423/1484), fit construire l’église actuelle (voir ci-après) à la place de la chapelle primitive, incendiée en 1440.
En 1545, Louis V de Rohan-Guémené (1513/1557), seigneur de Sainte-Maure, fut autorisé à clore le bourg de Sainte-Catherine de murailles et de fossés pour protéger l’église et les reliques qu’elle recélait.
En 1560, son fils, Louis VI de Rohan-Guémené (1540/1611), concéda le fief de la paroisse aux seigneurs de Commacre (voir ci-après).
Cependant, malgré les revendications des habitants, ce bourg dépendait toujours de Sainte-Maure et Sainte-Catherine ne devint une paroisse autonome qu’en 1704.
À voir dans le bourg
L’église Sainte-Catherine :
Construite au 15ème siècle par le cardinal Hélie de Bourdeilles (voir Histoire moderne), elle fut restaurée au 19ème siècle, par l’architecte Sylvain Châtaignier, grâce notamment à l’abbé Jean Jacques Bourassé* (1813/1872) et à Prosper Mérimée (1803/1870), qui était alors président du Comité des monuments historiques.
On peut voir à l’intérieur des armoiries peintes sur les clés de voute, comme celles de Charles VIII (d’azur aux trois hermines de sable), ainsi qu’une ancienne statue de sainte Catherine, qui fut cachée sous les combles de l’église au moment de la Révolution puis retrouvée au 19ème siècle, lors de la restauration ; c’est aussi à cette époque que fut installé le confessionnal en bois de style néogothique.
Dans cette église, se trouvent également les fonts baptismaux de la chapelle primitive, utilisés comme bénitier ainsi qu’une belle sculpture du 15ème siècle, représentant les Saintes Femmes pleurant sur le corps du Christ.
La statue de Jeanne d’Arc (devant l’église) est l’œuvre du sculpteur Félix Charpentier (1858/1924).
Le monument aux morts (derrière l’église), réalisé par Georges Delpérier (1865/1936) présente en son centre une fontaine dont l’eau sort d’un coq gaulois.
La maison dite du dauphin (à gauche de l’église) :
Elle date aussi du 15ème siècle et elle porterait ce nom parce que Charles VII y aurait logé quand il n’était encore que le dauphin de France ; à la fin du 15ème siècle, elle appartenait à Jean d’Estouteville (mort en 1494) (voir Montbazon, Nouâtre et Sainte-Maure-de-Touraine).
Elle se distingue par quatre fenêtres à croisillons et par une porte basse en accolade ; on peut aussi remarquer des dragons ailés sur les pignons et dans une cour, à l’est, un ancien puits avec une margelle monolithe et une tête sculptée. Elle a été entièrement restaurée en 2007.
L’ancienne aumônerie (dans la rue Boucicault, en face de l’église) :
Ce fut à l’origine un hospice comprenant trois dortoirs, dont un pour les pauvres, avec une chapelle et un cimetière, fondé en 1415 par Jean II le Meingre (voir Histoire ancienne ci-dessus).
Les bâtiments actuels, qui abritent aujourd’hui la mairie, sont ceux qu’Hélie de Bourdeilles fit reconstruire en même temps que l’église. L’ancienne chapelle dédiée à saint Jacques de Compostelle, servit ensuite de presbytère, et est occupée actuellement par la bibliothèque. On y voit encore une petite statue de Sainte Catherine dans le contrefort qui borde la route.
À voir en dehors du bourg
Commacre ou Comacre (sud-est du bourg)
Après avoir appartenu, en 1407, à Guichard Du Retail, ce fief, qui relevait du château de Sainte-Maure, passa au 16ème siècle à la famille de Commacre.
Gilles de Commacre, cité en 1539, officier de la Chambre des Comptes de François 1er, fut le père de Jean I de Commacre, dit aussi dans certains documents Jean I Cantineau, qui épousa en 1563 Anne Diane Ysoré (voir Parçay-sur-Vienne et Saint-Bauld). Ces derniers furent les grands-parents de Léonor de Commacre (1604/1655), lui-même père de Catherine Françoise de Commacre (1643/1669), qui épousa Louis Deschamps, lequel devint seigneur de Commacre.
Leur fille, Antoinette Honorée Gabrielle Deschamps, épousa en 1696 son lointain cousin, Jean V Cantineau de La Cantinière (voir Parçay-sur-Vienne), descendant de Jean I de Commacre, capitaine au régiment du Piémont, et fut la mère de Jean Félix Cantineau de Commacre (1697/1750), lieutenant des maréchaux de France, enterré dans l’église Sainte-Catherine, également propriétaire de La Jugeraie à Sainte-Maure-de-Touraine.
Leur fils, Jean Charles Gabriel Cantineau de Commacre (mort en 1785) fut également seigneur de La Celle-Draon à La Celle-Guenand mais le fils de ce dernier, Louis Charles Cantineau de Commacre (né en 1761), capitaine au régiment de Royal Roussillon, vendit la propriété, en 1812, à M. de La Haye.
Ce dernier la revendit en 1838 à François Henri Antoine de Bridieu (1804/1872) (voir Beaulieu-lès-Loches et Loches), qui, à son tour, la céda, en 1845 à son beau-frère, Maximilien Louis Charles Lignaud de Lussac (1810/1878), maire de Sainte-Catherine-de-Fierbois en 1867, époux d’une riche veuve, Marie Amable Antonie de Rouën de Bermonville (1811/1889).
Comacre appartient toujours à la famille Lignaud de Lussac, dont le principal représentant est M. Regis Lignaud de Lussac (né en 1957), maire de Sainte-Catherine-de-Fierbois de 1995 à 2008, fils de Max de Lignaud de Lussac (1925/1987), et directeur du très luxueux camping aménagé sur les terres du château.
L’ancien château, construit au 16ème siècle, par Gilles de Commacre a complètement disparu car la riche veuve qui avait épousé Maximilien Louis Charles Lignaud de Lussac le fit reconstruire par l’architecte Sylvain Châtaignier (voir église), en style néo-gothique, comme le raconte Honoré de Balzac (1799/1850) dans une lettre du 22 juin 1848 à Mme Hanska (1804/1882), ne gardant de l’ancien bâtiment qu’une tour avec chemin de ronde et lanternon, nommée, sans justification, la tour Boucicaut.
On dit dans la région que Max Lignaud de Lussac, arrière-petit-fils de Maximilien Louis Charles, propriétaire du château en 1962 et maire de Sainte-Catherine, le fit incendier parce qu’il ne pouvait plus l’entretenir, ni payer les impôts. Selon André Montoux* (1912/1991), une partie des boiseries et une cheminée se trouvent au château de La Giraudière à Beaumont-en-Véron.
Il ne reste de ce château que le châtelet d’entrée avec ses gargouilles.
Lavoir (sud-ouest du bourg)
Dans le prolongement de la rue du stade, en remontant vers la D 910, au lieu-dit Bel-Air, on peut voir un ancien lavoir dans lequel nagent de nombreux poissons.