Sorigny
Le nom de cette commune, située entre Tours et Sainte-Maure-de-Touraine, qui apparaît pour la première fois au 11ème siècle, vient du gallo-romain Surinacus ou « domaine agricole de Surinus ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Le toponyme Les Hautes-Bornes, au nord-est du bourg, indique peut-être l’existence de mégalithes disparus.
On peut voir dans les collections de la SAT un polissoir provenant de Sorigny, que la Société a acheté en 1992.
Les fouilles menées par l’INRAP en 2013 à l’occasion de la construction de la ligne LGV Tours/Bordeaux ont permis la découverte de 3 sites préhistoriques et/ou antiques.
À Nétilly (au nord-ouest du bourg), toponyme venant de Netiliacus ou « domaine de Netelius », on a repéré les vestiges d'un campement du Paléolithique supérieur (10ème millénaire avant notre ère), où les chasseurs-cueilleurs de cette époque produisirent de grandes lames rectilignes ainsi qu’une occupation agro-pastorale depuis la fin du Second âge du Fer (la Tène) jusqu’à la fin du Haut-Empire, caractérisée d’abord par de vastes bâtiments résidentiels reposant sur des poteaux ancrés dans le sol et des enclos entourés de palissades, puis, au 1er siècle de notre ère, par des petits bâtiments et d’autres enclos, constituant peut-être la pars rustica d’une villa* gallo-romaine*, comme le suggère le toponyme, ayant existé jusqu’à la fin du 3ème siècle.
À Montison, (voir ci-après), les fouilles, dirigées par l’archéologue Grégory Poitevin, ont mis à jour un établissement rural turon*, implanté là vers 80 avant JC et occupé jusqu’au 3ème siècle ; cette ferme était entourée d’une palissade bordée par un fossé et comprenait neuf bâtiments, où l’on accédait par l’est au moyen d’une passerelle enjambant le fossé. On y a trouvé une monnaie gauloise du type TURONOS/TRICCOS (le Turon Triccos) ainsi qu’un remarquable ensemble de pesons qui montre que le tissage était pratiqué dans le cadre domestique. À partir de 70 après JC, cette ferme gauloise devient une villa gallo-romaine*, comprenant une pars urbana et une pars rustica, aménagées autour de deux cours. L'habitat principal, construit avec des murs de pierres et de terre, d'une surface de 200 m² environ, avait une forme rectangulaire et était divisé en sept pièces. La pars rustica comprenait des bâtiments agricoles, une étable, et des enclos à bétail. La mise au jour de parties de meules en grès témoigne d’une activité de mouture.
À La Pièce des Viviers (rue de Monts, au nord-ouest de la mairie), l’archéologue Florian Sarreste a découvert les traces d’une succession d’occupations rurales du second âge du fer (la Tène) ; l’une d’elle contenait un puits comblé, dans lequel on a trouvé une pale de roue à eau, du 1er ou du 2ème s. après JC.
Des fouilles menées en 2023 par Florian Sarreste avant l’aménagement de la ZAC du Four-à-chaux (sortie nord du bourg) ont mis à jour des vestiges du paléolithique (bifaces), du néolithique (fosse à pierres chauffées servant de structure de cuisson collective) ainsi qu’un établissement rural turon, datant de la Tène (260/25 avant JC).
D’autres domaines gallo-romains existaient à Cesnay (sud-est du bourg), venant de Ceternicus ou « domaine de Ceternus », à Cretinay (nord), venant de de Christiniacus ou « domaine de Christinus », à Lassy (sud-ouest), venant de de Lasciacus ou « domaine du gaulois Lascius », à Nétilly (voir ci-dessus) et à Nouis (nord-est), venant de Novientus ou « agglomération nouvelle (à l’époque gauloise) ». Notons aussi que le toponyme Thais (voir ci-après) vient du gaulois attegia, désignant une maison rurale gauloise.
Une ancienne voie gauloise qui allait de l’oppidum gaulois de Montboyau (Fondettes) à celui des Deux-Manses (Sainte-Maure-de-Touraine), passait à Sorigny ; cette voie devenue ensuite une voie secondaire gallo-romaine, est reprise par un chemin qui longe la D 910, à l’est, et qui peut être vu à différents endroits, notamment près des Bertinières (au sud du bourg).
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
Cette voie deviendra au moyen-âge une portion de la Via turonensis : la croix aux arrêtes chanfreinées, qui marquait ce chemin à Sorigny, a été restaurée et installée à l’entrée du GR 655, dit Chemin de saint Jacques de Compostelle, près de l’actuelle rue des écoles.
Histoire des fiefs : la paroisse était divisée en deux fiefs : la prévôté appartenant au chapitre de la cathédrale de Tours, et la Tour de Sorigny relevant du baron de La Haye (Descartes).
Ce dernier fief appartint, du 13ème au 15ème siècle, à la famille Ysoré : Philippe Ysoré, cité en 1311, fils de Jean I Ysoré et ancêtre de Jean V Ysoré (1423/1488), également seigneur de Fontenay-Ysoré à Saint-Bauld.
Au 17ème siècle, la famille de Sanzay fut propriétaire du fief : Charles de Sanzay, époux de Françoise d’Estrées, citée en 1648, sœur de la célèbre Gabrielle d’Estrées (1573/1599) était le fils de René II de Sanzay, cité en 1583, également seigneur de Thais (voir ci-après). Le fils de Charles, Alexandre de Sanzay, cité en 1671, fut le père d’Hippolyte de Sanzay, cité en 1691.
En 1778, le seigneur était Gilles Anguille des Ruaux, président-trésorier de France dans la généralité* de Tours, qui était aussi seigneur de Thais et du Châtelet à Thilouze.
La paroisse fut fondée en 1031 par une charte de Robert II le Pieux, roi des Francs de 996 à 1031.
Une aumônerie crée au 13ème siècle par les seigneurs de Montbazon, était en ruines en 1583.
Selon la tradition locale, l’empereur Napoléon 1er s’arrêta au relais de poste de Sorigny (voir ci-après) en 1809.
Deux fours à chaux furent construits en 1842 et 1854, dans le bourg nord.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37001581
« Four à chaux construit en 1842 par François Robert, entrepreneur de Maçonnerie et travaux publics, sur une terre appartenant alors à Joseph Lunier, aubergiste percepteur à Sorigny [ce dernier était sans doute de la même famille que le médecin aliéniste Ludger Lunier (1822/1897), né à Sorigny]. En 1844, le site passe à François Robert, fabricant de chaux et entrepreneur B.T.P. ; en 1850, à Isidore Page-Robert, fabricant de chaux, lequel y fait construire une maison, et en 1856, un second four à chaux et une autre maison ; en 1873, l'ensemble passe à François Robert, rue de la Dolve à Tours. En 1875, les deux fours sont dits être démolis. Actuellement, le site est occupé par une habitation. En 1846, Isidore Page-Robert emploie 2 journaliers ; en 1856, 1 chaufournier, Jean Bridiau, et 3 gagistes ; en 1866, 1 chaufournier, Charles Moreau. Les parties constituantes sont deux maisons, l'une construite en 1852, l'autre en 1856.
Fours à feu continu et flamme courte, chacun d'une capacité qui ne devait pas excéder 10 m3, si l'on compare au four voisin construit en 1857 qui pour une capacité utile de 10 m3 était imposé pour une même valeur locative. Ces fours permettaient la fabrication de chaux naturelle, la matière première étant prélevée dans une carrière située à 200 m au Sud, sur le côté Est de la route. Les fours ayant été détruits, aucune observation ne peut être faite. Le pignon Sud de la maison présente deux ouvertures à voûte en arc segmentaire qui pourraient bien être à l'emplacement des embrasures de défournement des anciens fours. Ces fours, isolés, formant tumulus, avec rampe conduisant aux gueulards, étaient accolés, les embrasures de défournement étant ouvertes au Sud. Le site était desservi par une voie particulière. La surface totale était de 7 045 m². »
Un lavoir, sur le ruisseau Le Mardereau se trouvait dans le bourg (Place du 8 mai 1945, actuellement) ; il était alimenté en 1885 par une éolienne Bollée* et il fut détruit pour pouvoir construire la laiterie coopérative ; l’éolienne fut démontée dans les années 1960 et sa structure fut envoyée à la ferraille. En 2015, les adhérents de l'association Sorigny Patrimoine ont réussi à trouver une éolienne similaire à Saint-Gervais-la-Forêt, près de Blois. La municipalité l'a acquise pour l'euro symbolique. Après 2 ans de restauration par les membres de l'association, l'éolienne Bollée a retrouvé une place à l'entrée sud du bourg. Visite gratuite de l'éolienne chaque premier samedi du mois de 10h à 12h, organisée par Sorigny Patrimoine.
Un autre lavoir, situé à La Métiverie, au nord du bourg, a été réhabilité et fleuri par les propriétaires en 2012.
À voir dans le bourg
Église Saint-Pierre-ès-liens :
Article https://www.sorigny.fr/fr/article/decouvrir-sorigny-58.html
« Dédiée à Saint-Pierre-aux-Liens, référence à l’emprisonnement de l’apôtre Pierre, premier pape, et à sa libération par un ange.
L’église primitive fut fondée vers 573 par Saint Euphrone [Saint Euphrône, mort en 573, fut évêque de Tours de 556 à sa mort] et remplacée au XIe par une plus grande. L’église actuelle a été reconstruite en 1866 par Etienne Guérin, architecte de la préfecture, des bâtiments diocésains et édifices départementaux [Étienne Charles Guérin (1814/1881), dit Gustave Guérin]. L’autel se situe au sud, ceci pour exaucer le désir du donateur de la parcelle de terre permettant l’extension de l’église.
L'église conserve de l’époque romane la base du clocher et la chapelle attenante, où l’on voit des traces d’une fresque du XIe représentant la crucifixion, avec les symboles du jour et de la nuit, marquant l’universalité de la rédemption.
Le clocher est à base romane. Il est construit en pierres recouvertes d’un enduit [détruit en 1898 et reconstruit au début des années 1900].
Le beffroi, en bois, abrite 3 cloches de taille, d’époque, et de fondeurs différents :
- Une grosse cloche, sol de l’octave 3, fondue en 1881 par Georges Bollée [1849/1930]. Cette cloche est située côté sud.
- Une cloche moyenne, sol dièze de l’octave 3, fondue en 1745, fondeur anonyme, il s’agit de la cloche historique classée par arrêté ministériel du 6 février 1942. Elle est positionnée au centre du Beffroi.
- Une petite cloche, si de l’octave 3, fondue en 1904 par Bollée. Elle est placée au nord du beffroi.
Le coq qui surmonte le clocher offre deux particularités : son bec ouvert et est traversé par l’axe qui lui permet de s’orienter face au vent.
Sainte Barbe est représentée par une statue en bois de noyer teinté et ciré datant du XVIème siècle. La sainte tient dans sa main gauche la tour dans laquelle son père l’avait enfermée pour qu’elle abandonne la religion chrétienne. »
On peut voir à l’intérieur :
- La pierre d’autel du 11ème siècle, retrouvée à a base du clocher et replacée dans le chœur.
- Une autre statue de Sainte Barbe, du 16ème, et une statue de Saint Joseph du 18ème.
- Un Christ en croix du 17ème siècle.
- 9 vitraux de Lucien Léopold Lobin (1837/1892) et 2 vitraux de Julien Fournier (1886), dont l’un représente la Charité Saint-Martin.
Le monument aux morts, place de la mairie, est une œuvre du sculpteur Marcel Gaumont, né à Sorigny en 1880, et de l'architecte Maurice Boille. Celui-ci, qui représente une Victoire aux ailes déployées soutenant le corps d'un poilu casqué, mort au combat, fut offert à la commune en 1923.
Au n° 53, rue Nationale, se trouvait le relais de poste, appelé la Maréchalerie car il y avait là l’atelier d’un maréchal-ferrant charron, chargé d’entretenir le matériel ; il fut construit en 1746, au bord de la nouvelle route d’Espagne, qui venait d’ouvrir.
Selon l’Almanach Tourangeau 2009, l’empereur Napoléon 1er s’y serait arrêté le 22 janvier 1809 en revenant d’Espagne et se serait fait critiquer par un certain Bruzeau, employé comme domestique dans ce relais de poste, qui ne l’avait pas reconnu !
Au n° 11, rue de Louans, on peut voir une maison du 19ème siècle, dont la façade est remarquable et qui fait partie aujourd’hui des locaux de la Communauté de communes.
À la sortie sud du bourg, éolienne Bollée, remontée en 2015/2017 par l'association Sorigny-Patrimoine.
À voir en dehors du bourg
Thais (nord-ouest) :
Ce toponyme vient du gaulois attegia, signifiant « hutte » ou « maison rurale »
Le fief, dont le premier seigneur connu fut Pierre de Thais ou de Thaix, cité en 1290, appartint, du 13ème au 16ème siècle, à cette famille de Thaix, dont le membre le plus connu est sans doute Jacques II de Thaix (mort en 1486), chambellan de Charles VII et de Louis XI, également seigneur de Couzières à Veigné et de Sepmes, suite à son mariage avec Françoise d’Aloigny, dame de Sepmes.
Ce dernier fut le grand-père de Jean de Thaix (1495/Hesdin*1553), lui-même père de Charlotte de Thais, qui épousa en 1577 René II de Sanzay (1531/1596) (voir Histoire du fief La Tour de Sorigny, ci-dessus).
En 1728, le seigneur était Gilles Anguille des Ruaux, président-trésorier de France dans la généralité* de Tours, père (?) de Pierre Anguille de la Niverdière, cité en 1760, qui avait acheté en 1751, le château de Candé à Monts et qui vendit Thaix à Pierre Martin Buttet (1713/1786), lequel le céda, en 1772 à Pierre Gaullier (1714/1789), procureur du roi présidial de Tours, également seigneur de La Celle-Draon à La Celle-Guenand, dont, le fils Pierre Adrien de Gaullier (1752/1810), dit de La Celle, qui fut aussi procureur du roi au Présidial de Tours de 1775 à 1791 également seigneur du Petit-Pressigny, fut le dernier seigneur de Thaix
Le château du 16ème siècle, qui était flanqué de 4 tours d’angle et qui avait une chapelle, fut démoli en 1853 ; il n’en reste, au milieu de la ZAC d’Isoparc, qu’un pigeonnier du 17ème siècle, contenant 600 boulins*, restauré en 2015/2016.
Longue Plaine (ouest) :
Parmi les nombreux propriétaires de ce domaine, on peut noter :
- En 1720, Claude François Reverdy (1675/1747), président du grenier à sel de Tours, également propriétaire de Cigogne à Monts.
- En 1722, Pierre Paul Bombarde de Beaulieu (1698/1783), également propriétaire de Cicogne, qui acheta aussi Montison (voir ci-après) en 1727.
- En 1753, René François Joachim Testard des Bournais (mort en 1794), président-trésorier au bureau des finances de Tours, également propriétaire du château d’Artigny à Montbazon. Sa fille, Julie Françoise, citée en 1777, fut l’épouse de Pierre Anne Alexandre Fouasse de Noirville, qui émigra et qui mourut à Trèves en 1791.
Un premier château, attesté au 11ème siècle, dut être reconstruit au 15ème/16ème siècle, car il reste, de cette époque, deux tours cylindriques, renfermant un escalier à vis en bois, qui étaient entourées de douves, dont il subsiste un large fossé en eau.
Le château actuel, construit vers 1715 et agrandi en 1863 par l’architecte Phidias Vestier (1796/1874), peut être loué pour un mariage ou une réception : voir https://www.longue-plaine.fr/
La Tour d’Isoré (sud) :
De ce manoir du 14ème siècle, appartenant, du 13ème au 15ème siècle, à la famille Yzoré (voir Histoire du fief de la Tour de Sorigny) et dont la dernière tour a été démolie vers 1910 ; il ne reste des communs, qui abritent un restaurant : voir https://www.le-site-de.com/la-tour-d-isore-sorigny_139887.html
Montison (sud-ouest) :
Le premier seigneur connu de ce fief fut, en 1558, René Duteil, sommelier de François 1er. En 1626, il appartenait à Daniel Robin (mort en 1629), échevin de Tours, également propriétaire de Cicogne à Monts. Le domaine fut acheté en 1727 par Pierre Paul Bombarde de Beaulieu (1698/1783), déjà en possession de Longue Plaine (voir ci-dessus) et partagea dès lors l’histoire de cette propriété.
Du manoir du 15ème siècle, devenu aujourd’hui une propriété agricole, il ne reste qu’une tour, qui a peut-être servi de pigeonnier, ainsi que des vestiges des douves.