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Theneuil


Le nom de cette commune, située au sud de L’Île-Bouchard, apparaît pour la première fois en 843, dans les Actes de Charles II le Chauve, sous la forme Tannogilum, venant du latin tannoialum ; ce toponyme est issu du gaulois tannoialos que l’on peut traduire par « lieu planté de chênes ou chênaie », du gaulois tann- signifiant le chêne.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Le site a été occupé au néolithique comme le montrent les pierres taillées trouvées sur le site des Courances (près de l’ancien moulin à vent) puis aux époques gauloise et gallo-romaine ; deux vases gaulois ont été découverts sur ce même site des Courances et la voie gallo-romaine Dangé-Saint-Romain/Candes traversait sans doute ce site.

Le fief du Haut-Theneuil, qui relevait de L’Île-Bouchard, appartint du 13ème au 17ème siècle à la famille d’Argy.

Guillaume I d’Argy, cité en 1270, premier seigneur connu, fut l’ancêtre de Pierre I d’Argy, cité en 1400, qui épousa en 1426 Venotte Barbin (voir La Tour-Sybille à Sepmes) et qui fut le père de Jean d’Argy, dit le Jeune, chambellan de Louis XII.

Jean II d’Argy (mort vers 1585), arrière-petit-fils de Pierre I, épousa en 1559 Anne de Gueffron (voir la Boisselière à Crissay-sur-Manse) dont la famille était protestante et possédait aussi la seigneurie de Tartifume à Theneuil (voir ci-après) ; il se convertit lui-même au protestantisme, à moins qu’il ne le fût déjà.

Son arrière-petit-fils, Jean III d’Argy (mort en 1677) acheta à un coreligionnaire la seigneurie de Manne à Crouzilles et vendit en 1653 celle de Theneuil à Charles II Du Rozel.

Ce dernier était le fils de Charles I Du Rozel, dit Monsieur de Vaudevalère, du nom de sa propriété de Vau, à Vallères, cité comme gouverneur de L’Île-Bouchard en 1624 et en 1650, et de Françoise de Gannes, dame de La Ganneraie et de Lallay à Chezelles.

Ce Charles II Du Rozel, également seigneur de Roncée Neuf (voir ci-après), et de Verneuil le château, avait épousé en 1643 Marie de Grannon (née en 1608) (voir Berthenay), fut le père de François Alexandre Du Rozel, seigneur de Verneuil-le-château, brigadier des armées (général) en 1707, lui-même grand-père de Nicolas Du Rozel, cité en 1719.

Son frère, César Du Rozel, cité en 1717 comme seigneur de Theneuil, également seigneur de Parçay-sur-Vienne, fonda à Theneuil en 1719 un collège dont le principal, qui devait être prêtre, était nommé par le curé ; il fut l’aïeul de Charles Louis Du Rozel (mort en 1812), cité en 1784 comme seigneur de Theneuil et de Roncée Neuf, député de la noblesse en 1789 et interné à L’Île-Bouchard pendant la Révolution.

Les moulins : il existait quatre moulins au nord-est de Theneuil, 2 à eau, sur la Bourouse, petite rivière, qui prend se source à Braslou et qui coule du sud vers le nord, en passant à l’est de la commune, pour se jeter dans la Vienne, et 2 à vent :

  • Moulin à eau de Theneuil, cité en 1719 et vendu comme bien national à la Révolution.
  • Moulin à eau de Terrefort.
  • Moulin à vent (le) : tour circulaire construite en moellon calcaire dont ne subsiste que la tour, la charpente, la couverture et les ailes ayant disparu.
  • Moulin à vent de La Planche : moulin circulaire, construit en moellon enduit et renforcé par des chaînages en pierre de taille. Il a conservé son toit conique couvert d'ardoise ainsi qu'une partie du mécanisme intérieur et la guivre (queue d’orientation des ailes). On peut y voir des marques de crue : une à 2,90 m. de hauteur (crue des 12/14 juillet 1792) et une à 1,96 m. de hauteur (crue du 30 octobre 1896).

À voir dans le bourg

Église de la Sainte-Trinité :

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000282

« De l'église construite à la fin du 10e siècle ou au début du 11e siècle ne subsiste qu'une petite partie du mur méridional de la nef. Le portail sud date du 15e siècle, ainsi que la niche tréflée placée à sa droite. Un chœur a été accolé à la nef au 13e siècle. Le chœur a été agrandi avec l'adjonction de deux chapelles latérales, l'une au nord vers 1655, l'autre au sud en 1747. Présence d'une niche dans le mur nord de la nef portant la date 1696. L'autel latéral placé aujourd'hui dans la nef date de la seconde moitié du 17e siècle. Les deux chapelles latérales ayant été construites sur un terrain mal stabilisé et les maçonneries mal raccordées à celles du chœur, l'architecte Daviau [Noël Daviau, architecte à Chinon] consolide les chapelles et le chœur en 1866. En 1877 l'architecte Favreau [Isidore Favreau, architecte départemental] réalise une voûte en brique sur le chœur et agrandit la sacristie. Il reconstruit en même temps le mur nord de la nef. En 1897, la chapelle sud ainsi qu'une portion de la voûte du chœur sont démolies. Le clocher a été reconstruit dans la première moitié du 19e). Le chœur a été détruit et reconstruit en 1924, entraînant la disparition de la chapelle nord. Les travaux furent effectués sous la direction de J. Pichon, architecte. »

On peut voir à l’intérieur :

  • Une niche à bénitier, du 13ème siècle, dont le fronton est trilobé.
  • Un retable du 17ème siècle, sur un autel secondaire.
  • Des vitraux, dans le chœur, provenant de l’atelier Julien Fournier/Amand Clément (voir maîtres-verriers tourangeaux*).
  • Pop culture signale aussi un fut de colonne cannelée gallo-romaine (à voir).

Devant l’église une pierre tombale, bien effacée, passe pour être celle de Charles II Du Rozel.

Ancien presbytère :

Derrière l’église, un vaste manoir du 16ème siècle, avec un puits et un grand pigeonnier carré, récemment rénové par la municipalité, est dit être l’ancien presbytère mais je pense qu’il s’agit plutôt de l’ancien château de la famille d’Argy qui servit ensuite de presbytère, après la vente de la seigneurie aux Du Rozel, qui habitaient Ronçay (voir ci-après).

Les Hautes Cours : au-dessus de l’église, la métairie des Hautes Cours, avec son double portail, appartenait également à la famille d’Argy.

Maison 14ème/16ème : au n° 7, Grande Rue, une maison, dont la cave est du 14ème siècle, a été reconstruite au 15ème/16ème siècle ; une des fenêtres présente un linteau avec 2 modillons (tête humaine et fleurs).

À voir en dehors du bourg

Tartifume (nord-est) :

Ce toponyme a deux interprétations :

  • Selon wikipedia, c’est un lieu « qui fume tard » parce qu’il y a là des feux entretenus pour la cuisson des poteries.
  • Selon Denis Jeanson, c’est une variante de Tertifume signifiant « le tertre qui fume », ce toponyme se situant presque toujours près d’un cours d’eau, sur une hauteur et la fumée qui s’élève du tertre serait le brouillard qui se lève. Cette hypothèse est ici confortée par le fait que le lieu figure sous la forme « Tertifume » sur la carte de Cassini*.

C’était un fief, qui appartenait, en 1775, à Pierre Renault, avocat au bailliage* de Chinon, en 1777, à Pierre Philippe Renault, chanoine de Saint-Mexme de Chinon, en 1780, à Jean-Chrysôstome Gilbert de Vautibault père (1750/1827), avocat au parlement, sénéchal de la baronnie de L’Île-Bouchard, également propriétaire du Vau-Thibaud à Chezelles.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37000512

« Un mur en pierre, conservé au deux-tiers, délimite un clos de vigne, disposition autrefois courante dans cette partie de la Touraine. Les divers bâtiments de la ferme déterminent une cour rectangulaire ; le logis est situé en fond de cour, face à l'entrée principale. Au sud, un long bâtiment en moellon calcaire abrite les étables ; on y entre par 4 portes clavées en arc segmentaire ; le comble est accessible par deux lucarnes pendantes simplement couvertes d'une avancée à un seul versant. L'ensemble du bâtiment est couvert en tuile plate. Une grange est accolée à son extrémité ouest tandis qu'une extension s'appuie à l'est, perpendiculairement. Le logis est constitué d'un long corps de bâtiment élevé d'un rez-de-chaussée et d'un comble. La partie sud comprend également une cave. Quatre lucarnes à fronton cintré ornaient le toit ; il en reste trois côté cour et deux seulement à l'arrière du bâtiment. Les piédroits et le linteau des lucarnes sont ornés de cartouches plats, sans inscription, de même que les piliers du portail sud. Sur la façade arrière, plusieurs baies sont bouchées et plusieurs remaniements sont visibles. Toit à longs pans et pignons découverts sur le logis, couvert en ardoise. Divers bâtiments d'exploitation (étable, écurie, grange) construits en moellon calcaire et couverts en tuile plate ferment la cour au nord. »

Château du Temple (nord-ouest, au-dessus du prieuré Saint-Léonard de L’Île-Bouchard :

Article https://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-indre-loire-chateau-a-theneuil-chateau-du-temple.html

« Le château du Temple est construit vers 1886 pour Jacques Lhuillier, directeur du Crédit foncier égyptien. La façade nord sur la vallée fut modifiée quelques années plus tard par l'ajout d'un décor sculpté néo-renaissance autour de la travée centrale, l'escalier de distribution nord fut supprimé et le perron transformé en terrasse donnant sur le salon. Le château est construit sur une colline artificielle. Le châtelet, caractéristique du style troubadour [Le style troubadour est un mouvement artistique du 19ème siècle tendant à reconstituer une atmosphère idéalisée du moyen-âge], comprend deux tours séparées par une porte en arc brisé, l'une en brique et pierre, crénelée, et l'autre en moellon enduit avec chaînages en pierre de taille surmontée d'une flèche. L'édifice de plan rectangulaire et symétrique comprend trois travées. Une tour circulaire est placée à chaque angle de la façade nord. La construction est en moellon enduit avec bandeaux, encadrements de fenêtres et de lucarnes en pierre de taille, le couronnement des tours en maçonnerie. La façade, au sud, est précédée d'un portique néo-gothique soutenu par des colonnes à chapiteaux feuillagés, couvert d'une fausse voûte d'ogives à clés pendantes. Le sol est recouvert de mosaïques et le mur orné de peintures au pochoir. Une baie à trois lancettes ferme la galerie à l'ouest.

Le parc a reçu un premier aménagement dans les années qui ont suivi immédiatement la construction du château en 1886. Sur la butte, devant la façade nord, se déployait un grand papillon constitué d'environ 5000 plants (disparu). En 2000, les jardins ont été replantés, notamment avec des palmiers.

Bâti sur une colline artificielle, le château était entouré d'un parc agrémenté d'une rivière artificielle, d'un bassin, de serres, d'obélisques et de nombreuses statues en terre cuite ou en ciment, répliques de statues célèbres. »

De nombreuses statues en ciment ou en terre cuite ornaient le parc ; parmi elles, on peut noter :

  • Le sanglier, copie du Porcellino (sanglier appelé par dérision le Porcelet) commandé en 1684 à Giovanni Baptista Foggini (1652/1725) par François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641/1691) pour Louis XV et installé au jardin des Tuileries de 1799 à 1992 (aujourd’hui au Louvre), réalisé d’après une œuvre antique conservée à la Galerie des Offices de Florence.
  • Atalante courant, copie de l’Atalante poursuivie par Hippomène de Pierre Lepautre (1659/1744), œuvre réalisée en 1703/1705, d’après un original en marbre du 1er ou du 2ème siècle après JC ; aujourd’hui au Louvre.
  • Le Lion au serpent et le Lion assis, copies de deux œuvres d’Antoine Louis Barye (1795/1875), placés aux Tuileries ; la première œuvre se trouve aujourd’hui au Louvre-Lens et la seconde a été installée à la Porte des Lions du Louvre.
  • Baigneuse, copie de la Vénus au bain de Christophe Gabriel Allegrain (1710/1795), réalisée en 1767 d’après une sculpture de Jean Bologne (1529/1608) ; aujourd’hui dans le parc du château de Louveciennes.

Ce château a appartenu de 1980 à 1986 à la chanteuse Nana Mouskouri (née en Crète en 1934), député européenne de 1994 à 1999. Il fut ensuite la propriété d’un couple russe à la réputation sulfureuse : l’occultiste Nicolaï Levashov (1961/2012) et sa 3ème épouse, Svetlana Levashov, qui, selon son mari, aurait été assassinée le 13 novembre 2010 « par les services secrets américains et français » !

Laissé à l’abandon après le décès de ses propriétaires et fortement dégradé, il a été vendu en 2016 pour 560 000 €.

Le projet de restauration de la toiture des écuries a été sélectionné par la mission du patrimoine en 2023 ; voir https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/ecuries-du-chateau-du-temple-a-theneuil

Ronçay ou Roncé Neuf (sud) :

Le fief, qui relevait de L'Île-Bouchard. En 1669, il appartenait, en 1669, à Charles II Du Rozel (voir Histoire du fief) ; en 1678, à son fils, Alexandre François Du Rozel ; en 1752, à Antoine Lemichau Du Rozel ; en 1789, à Charles Louis Du Rozel.

Article https://touraine-insolite.clicforum.fr/t1703-Le-Manoir-de-Roncay.htm (d’après André Montoux*)

« A droite, le bâtiment perpendiculaire date de la fin du XVIIIe siècle. Jadis, on y voyait une chapelle. Son pigeonnier, appelé la fuye de Ronçay-Neuf, édifié selon un plan circulaire, renferme un millier de trous de boulins*. Le bâtiment situé à l'arrière du bâtiment sur cour, date vraisemblablement du XVIIIe siècle. Le manoir comprend un ensemble avec logis et pigeonnier et un deuxième groupe de bâtiments dont l'un, parallèle à la route, est précédé d'une cour close d'un mur. Peut-être s'agit-il à l'origine d'écuries. Ce bâtiment a été remanié avec la création d'un étage dans sa partie droite. Les quatre lucarnes du comble sont positionnées à trois niveaux différents. Le toit est à longs pans et croupes, couvert en ardoise. Un bâtiment, de la fin du XVIIIe siècle, disposé perpendiculairement au précédent, est bâti en moellon enduit avec chaînages en pierre de taille. Il était couvert à l'origine d'un toit à longs pans et croupes ; la charpente est protégée par des tôles ondulées. 

Le manoir comprend un premier ensemble auquel nous n'avons pas eu accès (non étudié) avec logis et pigeonnier, et un second groupe de bâtiments dont l'un, parallèle à la route, est précédé d'une cour close d'un mur. L'usage de ce bâtiment, qui comprend un logis, est mal établi. Peut-être s'agit-il à l'origine d'écuries. Ce bâtiment a été remanié avec la création d'un étage dans sa partie droite. Les 4 lucarnes du comble sont positionnées à 3 niveaux différents. Le toit est à longs pans et croupes, couvert en ardoise. Un autre bâtiment, disposé perpendiculairement au précédent, datant de la fin du 18e siècle, est construit en moellon enduit avec chaînages en pierre de taille. Il était couvert à l'origine d'un toit à longs pans et croupes ; la charpente est protégée par des tôles ondulées. Les lucarnes placées à chaque extrémité du bâtiment du 17e siècle sont accostées d'ailerons à volutes et surmontées d'un fronton triangulaire orné d'un motif de couronne fleurie. La fenêtre de l'étage est surmontée d'un fronton triangulaire orné d'un vase. La deuxième lucarne possède un fronton cintré. »


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