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Truyes


Le nom de cette commune, située sur la rive droite de l’Indre, au sud-est de Tours, apparaît pour la première fois, en 791, dans la charte 1 du Cartulaire de l’abbaye de Cormery, sous la forme Villa Troicis, signifiant « domaine agricole de Trogius ». Mais, selon certains étymologistes, ce toponyme pourrait venir du gaulois traugo (trou) par référence aux anciennes carrières de calcaire.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Des silex taillés du paléolithique ont été ramassés au nord du bourg actuel, aux Grands-Bois (au nord-est), à L’Apothicaresse (voir ci-après) et aux Granges-Rouges (au nord-est).

Des pierres polies du néolithique ont été trouvées à Vauzelle (nord-ouest), à Charentais (ouest), à Bordebure (sud-est), où une hache-pendeloque a également été trouvée (voir Gilbert Bastien dans le BSAMPGP 21, 1970) et à Gâte-Acier (sud-est), où l’on a découvert aussi des tranchets, des haches fabriquées localement ou d’importation, des pointes de flèche et des micro-burins. Ces deux derniers toponymes, indiquant d'anciennes zones d'extraction de minerai de fer, sont souvent situés, comme ici, à proximité d'un itinéraire ancien (voir ci-après).

Sur un éperon, qui au sud-ouest, termine le plateau dominant la vallée de l’Indre, Jean-Philippe Chimier et Fabrice Couvin ont mis à jour trois sites occupés depuis le néolithique jusqu’au moyen-âge (voir BSAT 52, 2006, pages 95/106). Aux Vignes-Saint-Blaise, un premier site, occupé par 2 sépultures néolithiques, a fourni des silex taillés ainsi que des fragments de céramique néolithique, gauloise et gallo-romaine ; un second site a montré la présence de silos gaulois. À La Tour-Carrée (3ème site), il y avait un grand bâtiment rectangulaire sur fondation de pierres sèches, utilisé aux époques gauloise et gallo-romaine.

Aux Pelouses et aux Grands-Bois, au nord-est de la commune, près de la limite avec Athée-sur-Cher, Fabrice Couvin (voir RACF 5, 2015) a découvert un site occupé à l’âge du bronze (fosse et tessons de céramique), à l’époque gauloise (enclos funéraire, grand bâtiment agricole, nombreux fragments de céramique, anneau de bronze) et à l’époque gallo-romaine (four à chaux et fosses d’extraction).

Des villae gallo-romaines* se trouvaient à Candy (au sud-est), venant de Candidiacus ou « domaine de Candidus » ainsi qu’à Chaix (du latin casa = maison) (voir ci-après), où une grande villa a été vue d’avion au sud-ouest des bâtiments actuels par Daniel Jalmain (voir Gallia, 36.2, 1978) ; il s’agit peut-être de la villa, qui, selon le Dictionnaire de Carré de Busserolle, était alimentée par un aqueduc venant de Courçay.

25 monnaies romaines du 3ème siècle après JC ont été trouvées en 1909 près de la ferme des Chaumes (au nord) et confiées à la SAT.

Un aqueduc gallo-romain, en partie souterrain, coule le long de la rue-des-Sources, près de l’église. Cet aqueduc est en fait un petit ruisseau se jetant dans l’Indre et alimenté par une exsurgence des eaux pluviales du plateau, rebaptisée en 2008 Source Saint-Martin à l’occasion de l’inauguration du Chemin de l’évêque de Tours, chemin européen de Saint-Martin*. Cet aqueduc amenait vraisemblablement de l’eau à des thermes publics, situés à l’emplacement de l’actuelle Cartonnerie Oudin (voir ci-après) ; des lavoirs individuels ont été aménagés dans la partie basse de la rue.

Deux voies gallo-romaines traversaient le territoire de la commune d’est en ouest et du sud au nord.

La voie qui longeait la rive droite de L’Indre, reprise, sur la commune de Courçay, par la rue des Plantes, est continuée par un chemin passant en-dessous de Gâte-Acier, puis par la rue-des-Noëls, l’Allée-de-Candy, la rue-des-Sources, le chemin-de-La-Varenne, et la rue-du-Champ-Chrétien ; cette rue croise la rue-du-Faubourg, qui reprend la voie suivante puis est continuée par un chemin qui butte sur le haut talus élevé lors de l’aménagement de la route nationale Tours/Châteauroux (aujourd’hui D 943) ; de l’autre côté de ce talus, la rue Charentais a pris la suite de la voie qui aboutissait à Avon, sur la commune d’Esvres-sur-Indre  avant de s’éloigner un peu de l’Indre pour remonter vers Champgault. Une partie de cet itinéraire est aujourd’hui le GR 46, qui est aussi un chemin de Saint-Martin.

La voie qui reliait la vallée de la Vienne à celle du Cher en allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher, traversait l’Indre à Cormery, puis est aujourd’hui continuée par la rue-du-Faubourg : on perd ensuite sa trace du fait de l’urbanisation et des travaux routiers importants dans ce secteur mais on la retrouve au nord-ouest du bourg sous la forme d’un large chemin qui peut être vu à La Croix-de-l’Apothicairesse (voir ci-après), puis qui suit la limite communale avec Athée-sur-Cher, passe aux Granges-Rouges et se dirige vers Azay-sur-Cher, via le Prieuré de Saint-Jean-du-Grais.

Histoire ancienne, moderne et contemporaine :

Dès 844, 3 moulins à farine (farinarios tres) sont attestés dans l’ancienne villa gallo-romaine (in villa Troicis)

Il y avait deux fiefs dans la paroisse : celui du prieuré relevait de la châtellenie de Cormery et l’autre appartint en 1190 à un certain Barthélémy, puis, au 13ème siècle, à Abbès de Cigogné, également propriétaire du fief de Cigogné.

En 1358, une bande de pillards opérant en marge des troupes anglaises engagées dans la Guerre de Cent ans dévasta Truyes après s’être emparée de l’abbaye de Cormery.

La route royale du Berry, venant de Tours et allant à Châteauroux, ouverte en 1766, traverse le faubourg Saint-Blaise (à l’ouest du bourg) avant d’arriver à Cormery, au-delà de l’Indre. Cette route entraîne une forte urbanisation de ce quartier, qui sera dévasté en 1770 par une crue catastrophique, provoquant la destruction de 25 maisons et la mort de 38 personnes, surprises dans leur sommeil.

L’essor de l’imprimerie en Touraine au 16ème siècle ayant entraîné une grande demande de papier, des moulins préparant la pâte à papier sont installés sur le cours de l’Indre, L’un d’eux, fonctionnant à Truyes, est à l’origine d’une papeterie, recensée en 1776, qui deviendra ensuite la cartonnerie Oudin, du nom de Gustave Oudin (1847/1925), propriétaire en 1815 (voir Bel-Air, ci-après) ; celle-ci fonctionne toujours et est dirigée actuellement (2023) par Catherine de Colbert : Catherine de Tudert, épouse de Stéphane de Colbert, est la fille de Françoise Marie Léonie Oudin (1908/1965), elle-même fille d’Henri Gustave Oudin (1876/1941), fils de Gustave Oudin.

À voir dans le bourg

L’église Saint-Martin :

Article https ://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098269

« La nef paraît plus ancienne que le chœur et le clocher, et peut dater du début du 12e siècle. Cette nef est voûtée d’un berceau en plein cintre, renforcé par des doubleaux retombant sur des piliers carrés. La façade est percée d’une porte en arc brisé datant probablement du 15e siècle, comme la porte latérale nord, de même type. La nef aboutit à une travée de chœur du 12e siècle. Au nord, cette travée est flanquée du clocher et, au-delà, reliée à une chapelle ajoutée au 16e siècle. L’abside semi-circulaire est voûtée en cul de four. Le clocher carré se compose de quatre étages dont les faces sont ajourées de baies géminées. La flèche est moderne. »

On peut voir à l’intérieur :

  • Un confessionnal en marbre.
  • Deux statues de Charles Jean Avisseau (1796/1861), à côté de l’entrée : Saint Martin et Sainte Marie Madeleine.
  • Un vitrail représentant La charité Saint Martin (au-dessus de l’entrée), réalisé en 1878 par le maître-verrier du Mans, Louis Duclos.
  • Quatre vitraux de Lucien Léopold Lobin (1837/1892) (dans le chœur), dont l’un figure La messe miraculeuse de Saint Martin.
  • Un vitrail de Julien Fournier, intitulé Les sacrés cœurs de Jésus et de Marie, datant de 1886.

Le château de Bel-Air (en face de l’église) : ce château dit aussi château Jouan, a été construit vers 1920 pour Henri Gustave Oudin (voir Histoire), selon les plans de l’architecte Paul Bataille (1862/1938) à l’emplacement d’une ancienne école religieuse. Un grand parc à l’anglaise et des jardins de rocaille ont été aménagés peu après par le paysagiste Louis Decorges (1872/1940). Le château appartient depuis 1997 à la commune, qui le loue voir https ://www.mairie-truyes.fr/château-de-bel-air/

Un pigeonnier s’élève dans le parc près de l’église. Cette dépendance du château date comme lui des années 1920.

À voir au nord

Chaix (nord-est) (voir antiquité) :

Le premier seigneur connu de ce fief, qui était le plus important de la paroisse, fut, au 15ème siècle, Thomas Le Brun « brigandinier (armurier) du roi » qui, en 1490, vendit cette seigneurie à Jacques I Goury (mort vers 1554), receveur des tailles à Tours. Marie Goury, fille de son arrière-petit-fils, Antoine II Goury, épousa en 1633 Jean III Guillon (1600/1645), trésorier de France à Tours, qui devint seigneur de Chaix. Leur fils, René Guillon de Rochecot (1639/1702), lui aussi trésorier de France à Tours, également seigneur de Rochecotte à Saint-Patrice, est cité comme seigneur de Chaix en 1696.

En 1751, la seigneurie de Chaix appartenait à Charles Pierre Moisant (1702/1763), avocat au barreau des finances à Tours et seigneur de Chezelles, qui avait épousé en 1734 Claude Banchereau (1715/1772). Leur fille Claude Madeleine Moisant (1737/1831) épousa en 1758 Jean Louis Bouin de Noiré (1727/1782), dernier propriétaire connu de cette seigneurie qui fut vendue comme bien national à la Révolution.

Le manoir actuel, (où l’on peut louer des chambres d’hôtes. Voir http://www.manoirdechaix.com) du 15ème siècle et remanié au 17ème siècle, a été construit à l’emplacement d’une ancienne forteresse du 12ème siècle, dont il reste des tours. Le bâtiment principal est flanqué de deux ailes basses, dont l’une présente une charpente en forme de carène.

Les Hallebardeaux (nord-ouest D 82 allant à Azay-sur-Cher) : en prenant cette départementale, dite aussi route des Sable, on voit d’abord, à gauche, une ancienne loge de vigne puis, peu après, à droite, un ancien et important four à chaux, au lieu-dit La Gabloterie.

La Croix-de-l’Apothicairesse (au nord-ouest du bourg et à l’est de la D 82) a été édifiée au 17ème siècle au bord d’une ancienne voie gallo-romaine (voir ci-dessus), à la mémoire de l’épouse d’un apothicaire, décédée à cet endroit pour une raison inconnue (assassinat ? empoisonnement ?). Cette croix ne porte que l’inscription Reminiscere (souvenez-vous).

À voir au sud-ouest

La chapelle Saint-Blaise (sud-ouest) : Vendue comme bien national à la Révolution, elle appartient depuis 1982 à la commune, qui a fait restaurer le bâtiment pour y accueillir des expositions et des manifestations culturelles.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/MHR24_20203700467

« Truyes possédait une cure et un prieuré qui appartenaient à l'abbaye de Cormery. En 1477, ce prieuré fut réuni à celui de Vontes [Esvres-sur-Indre]. La chapelle date du 12e siècle et a subi quelques transformations, surtout visibles sur la façade occidentale qui conserve la trace du pignon d'origine. La façade est flanquée au sud d'une tour carrée. La nef a également subi des transformations (percement d'ouvertures, appareillage recouvert d'un enduit). L'abside est de forme légèrement semi-circulaire. »

Un imposant châtaignier, qui se trouve 51 rue Charentais (sud-ouest),  mesure 18 m de hauteur, 25 m d’envergure et 6,20m de circonférence à 1,30 m du sol.


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