Villeloin-Coulangé
Le nom de cette commune, située sur les deux rives de l’Indrois, à l’extrémité sud-est du département et du territoire des Turons, résulte de la réunion en 1831 de Coulangé, sur la rive gauche de la Tourmente, toponyme venant de Columniacus ou « domaine agricole de la Colonne » (marquant la frontière avec le territoire voisin des Bituriges ou borne milliaire sur une voie gallo-romaine) et de Villeloin, sur la rive droite de la Tourmente, toponyme apparaissant en 850 dans le cartulaire de Cormery sous la forme Villa Lupae ou « domaine agricole de Lupa (la Louve) » : selon la tradition, cette dernière, serait une descendante d’Anicius, général de l’empereur Gratien (359/383), ayant rétabli le fort d’Amboise.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Des objets néolithiques ont été découverts à divers endroits de la commune : au Chêne-Rond (sud-est), meule au Village-des-Champs (nord-est), dépôt de 18 poignards d’importation entre Les Tremblaires et La Senaudière (sud), nucléus à La Motte (sud-est).
Ce dernier lieu, situé près du confluent de l’Indrois et de la Tourmente a sans doute été habité depuis cette époque puisqu’on peut y voir aussi un tumulus de 4 m. de haut de l’âge du bronze, auquel se rattachent plusieurs légendes locales liées à Gargantua ou aux fées.
Près de là également, à un endroit appelé Noirspieds ou Le Noir-Pied, qui ne figure pas sur les cartes, des vestiges de constructions et de céramiques sigillées gallo-romaines, confiés à la SAT, laissent supposer qu’il y avait là une villa gallo-romaine*.
Les toponymes suivants, dans lesquels on retrouve le terme villa, indiquent peut-être d’autres domaines gallo-romains : La Villatte (voir ci-après), Les Villettes (sud-est), Villebaslin (voir ci-après), Villeneuve (sud-ouest) et Villiers (voir ci-après).
Une enceinte rectangulaire de fossés existe aussi à près de La Senaudière (sud) mais on ne sait pas exactement de quelle époque elle existe (protohistoire ? époque gallo-romaine ? moyen-âge ?).
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
Le bourg de Villeloin se développa au 9ème siècle, après la création en 850 de l’abbaye (voir ci-après).
Le fief de la paroisse, qui relevait du château de Loches, appartenait à l’abbaye.
Au 19ème siècle, cinq fours à chaux existaient dans la commune :
- Celui de Villiers, au sud-ouest, fut créé, peut-être au moyen-âge, au sein du prieuré de Grandmont Villiers (voir ci-après) : en 1832, il y avait tuilerie appartenait à Étienne Placide Caillault, greffier au tribunal du Grand-Pressigny, et passe en 1853 à Xavier de Braniski (1816/1879), châtelain de Montrésor. Sa démolition est mentionnée en 1867.
- Celui du gué de Coulangé, au nord-est de l’ancien bourg de Coulangé, sur la rive droite de la Tourmente, là où se trouve le lieu-dit Le Four à chaux : ce four a été construit en 1884, pour Alexandre Leroux, architecte à Loches et fondateur de l’entreprise Leroux, encore présente dans la commune (voir https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/entreprise/etablissements-leroux-sa-393368378. Une première maison y a été construite en 1886, puis un bassin d'extraction, en 1908, enfin en 1910 une nouvelle maison et un local pour le moteur destiné à actionner le treuil pour la montée des wagonnets de la carrière à la plate-forme du gueulard ; il a cessé d'être exploité en 1959.
- Celui de Villebaslin (au sud) : construite antérieurement à 1832, la tuilerie qui s'y trouvait appartenait à cette date à Benjamin Étienne Orvat (1807/1873), tuilier. Après diverses mutations, l'activité y ayant cessé avant 1939, le four ruiné qui présentait encore une hauteur de 2 mètres en 1950 a été détruit.
- Celui de La Villatte (au nord-est) : four troglodytique, à feu continu et flamme courte d'une capacité de 18 mètres cubes, avec un hangar en appentis, qui a été construit en 1895 pour Bresson-Glassier, a, après mutations, été classé bâtiment rural en 1938, son exploitation ayant cessé en 1920.
- Celui de Montiange (au sud-est) : construit en 1909 pour Daniel Wilson (1840/1919), gendre de Jules Grévy (président de la République de 1879 à 1887) et député d'Indre-et-Loire. En 1926, le four était encore en activité, en 1943, il est dit démoli.
En 1898, Auguste Paillaud (1866/1936) installa une fromagerie dans une partie de l’ancienne abbaye (voir ci-après), ainsi qu’une laiterie à Tauxigny ; cette entreprise prit de l’importance et créa des succursales, dont une existe toujours à Creully-sur-Seulles (Calvados).
Pendant la seconde guerre mondiale, trois jeunes de la commune, Bernard Beguin, Daniel Charreau et Gérard Charreau, rejoignirent le maquis Césario, qui participa aux combats d’août 1944 pour libérer la zone rurale autour de la ville de Loches.
Dans les années 1980, Villeloin-Coulangé a abrité l’une des planques du groupe terroriste action directe, où Georges Cipriani et Joëlle Aubron passèrent un bon nombre de week-ends.
À voir dans le bourg
Abbaye Saint-Sauveur (1 rue de l’Abbaye) :
Extraits de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Sauveur_de_Villeloin
« Les chevaliers Mainard et Mainerius donnèrent à Audacher, abbé de Cormery [de 838 à 869] un lieu nommé Villeloin afin qu'il y fît construire un nouveau monastère en l'honneur du Saint Sauveur, sous le règne de Charles II [Charles II le Chauve, roi de 843 à 877] qui, en 850, lui donna son approbation. La basilique, une fois achevée, fut consacrée en 859 par Hérard, [archevêque de Tours de 855 à sa mort en 871].
Après 1060, Foulques, comte d'Anjou [Foulques IV, dit le Rechin (1013/1109)], donne à Villeloin des coutumes « in villa Hispaniacus» Son chef de guerre Lisois d'Amboise [990/1065] est inhumé dans l'église de l'abbaye.
En 1301, le roi Philippe [Philippe IV le Bel, roi de 1285 à sa mort en 1314] approuva le diplôme de Charles le Chauve. Le 11 août 1301, lors de son voyage à Loches Philippe le Bel séjourna dans l'abbaye :
Pendant la Guerre de Cent ans, Villeloin, comme de nombreuses abbayes, souffrit de la guerre. Les Anglais s'en emparent en 1360 et y installent une importante garnison qui rayonne dans tout le pays ; les bâtiments du monastère furent dévastés en 1412.
Des reconstructions commencent à partir de 1417, mais c'est surtout après la guerre de Cent ans, en 1464, que sont reprises les fortifications qui vont servir pendant les guerres de religion.
Le départ en 1790 des quatre derniers bénédictins laissa le champ libre aux divers acquéreurs de biens nationaux. Chacun d'entre eux, pour se clore des voisins, éleva des murs avec des matériaux de bâtiments en démolition. L'église fut détruite peu de temps après la Révolution.
Une crosse pastorale du 13ème siècle a été mise au jour par Monsieur Charles Paillaud le 26 février 1921 [il s’agit du frère d’Auguste, qui avait installé une laiterie dans l’abbaye (voir Histoire ci-dessus), mort accidentellement entre Loches et Tours en 1934]. Elle se trouvait dans un tombeau, sous le pavage d'une salle qui fut à l'époque identifiée comme l'ancienne salle capitulaire de l'abbaye [elle est aujourd’hui au musée de Cluny]. Une seconde crosse a été mise au jour dans la même salle que la première le 13 juillet 1921. »
Parmi les abbés, on peut noter :
- En 1519, Jacques Le Roy (mort en 1572), fils de René Le Roy (1450/1512), seigneur de Chavigny à Lerné, également abbé de Cluny et évêque de Bourges.
- De 1551 à 1557, Robert de Lenoncourt (1510/1561), cardinal, comte-évêque de Châlons (aujourd’hui Châlons-en-Champagne), archevêque de Toulouse.
- De 1597 à 1607, Achille de Harlay de Sancy (1581/1646), évêque de Saint-Malo.
- De 1626 à 1674, Michel de Marolles (1600/1685), historien, traducteur, collectionneur, qui rétablit la discipline. Ce dernier, né dans le château de Marolles à Genillé, fut aussi abbé de Beaugerais à Loché-sur-Indrois.
Églises Saint-Michel :
Ancienne église (dans le cimetière, rue de l’Ancienne Église) :
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glises_de_Villeloin-Coulang%C3%A9
« Au 12ème siècle, une communauté villageoise s'installe autour de l’abbaye et fait construire hors de l'enclos abbatial une église paroissiale dont le patron est Saint Michel. La vieille église est en fort mauvais état en 1831. Sa construction est ancienne et ne peut pas accueillir toute la population de la nouvelle commune. Le conseil municipal, à la suite de la vente de l'église de Coulangé et de son cimetière en 1844, est obligé d'agrandir celui de Villeloin.
Le 9 novembre 1862, le conseil municipal débat de l'avenir de l'église : deux architectes de Loches sont choisis pour visiter les lieux et en apprécier l'état. Le 15 décembre 1862, les deux experts inspectent les lieux, et en tirent la conclusion qu'il est impossible de réparer l'église de Villeloin à cause de son état très avancé de ruine. Le 3 mai 1868, la commune valide les plans définitifs présentés par Gustave Guérin.
Aujourd'hui, cette église existe encore près du cimetière. De cet édifice ne subsiste que le chœur et l’abside.
C'est une dépendance d'une habitation privée. »
Église actuelle (5 rue de Villentrois) : même article :
« Seul le maître-autel est terminé lorsque la première messe est célébrée le 29 septembre 1872. Deux autres autels secondaires seront installés dans les chapelles du transept. Une chaire est installée près de la porte de la sacristie nord. Les anciens fonts baptismaux de l'église Saint-Michel de Villeloin sont installés à gauche de la nef en entrant.
Les vitraux sont installés entre 1873 et 1878. Ils sont tous trois issus des ateliers L. L. Lobin, de Tours. Les quatre vitraux du chœur sont issus des ateliers de J.P. Florence [c’était le même atelier : voir maitres-verriers tourangeaux] Les deux fenêtres du transept ont été offertes par la famille Babinet [voir Bel-Air, ci-après]. Les quatre vitraux de la nef datent de 1899.
Deux grands tableaux encadrés dans des cadres en bois dorés sont installés au bas de la nef près de la porte d'entrée. Celui de gauche, représentant le Sacré-Cœur a été peint en 1887 par le comte Bresson [Nicolas Célestin Bresson], habitant le logis de Navas [voir ci-après] et celui de droite, une assomption de la Vierge, est signé en 1893 par Édouard De Mirbeck [1806/1900].
Au début de l'année 1890, le conseil de fabrique de Villeloin-Coulangé décide de terminer la construction de son église en bâtissant un clocher au-dessus de la porte d'entrée. J. Hardion [Jean Hardion (1858/1932)], architecte à Tours est choisi par le conseil pour élaborer les plans.
L'église de la commune accueille plusieurs objets classés au titre objet des monuments historiques.
- Une œuvre de Jean Boucher [(1575/1632), dit Boucher de Bourges]qui date de 1626 : L'adoration des bergers. Cette œuvre a sans doute été commandée pour le maître autel de l'église de l'abbaye de Villeloin.
- Deux tableaux qui datent du xviie siècle : « La vierge à l'Enfant » et « La Vierge apparaissant à un religieux ». Le premier tableau se trouve dans la chapelle de la Vierge accroché au mur à gauche du vitrail, le second est suspendu sur le mur au-dessus de la porte de la sacristie nord.
- Une sculpture en bois polychrome qui date du xviie siècle : Christ en croix.
- Une sculpture qui date du xve siècle : Vierge de pitié.
- Une sculpture en pierre qui date du xve siècle : Saint Michel. »
Moulin de Charreau (2, rue de Charreau, bourg sud-ouest) :
Ce moulin à blé, sur l’Indrois, édifié, avec une roue motrice à aubes, vers 1830, pour la famille Arrault, produisait à l’origine de la farine de céréales pour l’alimentation des animaux, puis, dans les années 1940, de la farine de blé dur et de froment, après avoir récupéré le matériel d’un moulin sur la Tourmente à Nouans-les-Fontaines.
Gite aujourd’hui : voir https://www.moulinsdefrance.org/fiches-moulins/moulin-de-charreau/
À voir au nord
Bel-Air (au nord-est) :
Le château, du 19ème siècle, appartenait à cette époque à Henri Babibet (1859/1928), inspecteur des eaux-et-forêts ; une autre partie de cette famille possédait Le Proustière à Pussigny.
Gite : voir https://www.touraineloirevalley.com/gites-et-meubles/gite-rural-villeloin-coulange/
Navas (11, rue de Nouans, au nord-est) :
Le logis, de 1880, possède une chapelle, avec des vitraux provenant de l’atelier Lobin, dont le pignon est surmonté d’un clocheton couvert d’ardoises.
Peut être loué : voir https://www.starofservice.com/professionnel/location-de-salle/villeloin-coulange/173395493/domaine-de-navas
À voir au sud
Église Saint-Sulpice : ancien bourg de Coulangé, au sud-est :
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glises_de_Villeloin-Coulang%C3%A9
« Une église existait déjà dans le village de Coulangé au milieu du 9ème siècle, sous le vocable de Saint-Sulpice. Elle est donnée à l’abbaye de Villeloin [voir ci-dessus] peu avant 1150. L'actuel édifice date du 19ème siècle et comprend une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire ainsi qu'un clocher épaulé par de solides contreforts et percé de grandes baies géminées. Cette église a été convertie en maison d'habitation en 1878.
Par une délibération du conseil municipal datée du 9 février 1844, afin de financer les travaux de réparation urgentes de l'église de Villeloin, il est décidé de vendre la vieille église de Coulangé, en très mauvais état et qui ne présente aucun caractère au point de vue archéologique, son cimetière qui l'entoure et deux petits prés qui dépendent de la cure.
Aujourd'hui, cette église, dont la façade occidentale est en partie masquée par une construction moderne qui a respecté seulement le clavage d'une fenêtre en plein cintre, a toujours la nef terminée par l'abside semi-circulaire. Les fenêtres de cette abside ont leur archivolte décorée de tête de clou à l'extérieur. La porte a été démontée et transférée à l’abbaye de Villeloin puis vendue et remplacée par une nouvelle porte. Après plusieurs années de recherches menées par l'archéologue du bâti Franck Tournadre, ce beau portail roman a récemment été retrouvé au Cloisters Museum de New-York. Le clocher en bâtière, épaulé de gros contrefort, est ouvert à l'étage du beffroi de grandes baies jumelles moulurées de tores. »
Les Genêts (sud-est) :
Le premier seigneur connu de ce fief fut, en 1503, André de Percy, fils de Jehan de Percy, seigneur de La Roche-Farou à Esvres-sur-Indre, qui avait épousé Jeanne Gasse, dame des Genêts ; le fief resta, jusqu’au 17ème siècle, dans cette famille de Percy (voir aussi Chémillé-sur-Indrois) parmi laquelle on peut noter Thibault de Percy, cité en 1590, arrière-petit-fils d’André, qui épousa Rachel de Maussabré, lointaine descendant de Guillaume III de Maussabré, seigneur de La Sabardière à Nouans-les-Fontaines, gouverneur de Loches en 1370, ainsi qu’Hélène de Percy, cité en 1616 et morte en 1652, qui fut l’épouse de Jean de Ronsard (1578/1651), capitaine au régiment de Périgord, petit-fils de Claude de Ronsard (1518/1556), le frère du poète.
En 1625, le fief passa à Gaspard de Maussabré (mort en 1664), lointain descendant lui aussi de Guillaume III et resta dans cette famille jusqu’à Antoine de Maussabré (1696/1762), cité en 1731, arrière-petit-fils de Gaspard, mort sans postérité.
Le dernier seigneur des Genêts fut, en 1789, Jean Guillemot de Lespinasse, qui avait épousé Marie Anne Brossin, fille de Jacques Brossin, et qui fut également seigneur de Ports (Ports-sur-Vienne) en 1773, de La Cigogne à Cussay en 1775 et de La Sabardière à Nouans-les-Fontaines en 1789.
Le château, du 19ème siècle, avec, dans le parc, un pigeonnier cylindrique surmonté d’un lanternon, fut la propriété de Simonne Calary de Lamazière (1906/2003), fille de l’avocat Raoul Calary de Lamazière (1879/1932), conseiller municipal de la commune en 1919, et épouse du maréchal Jean de Lattre de Tassigny (1889/1952).
Prieuré de Grandmont-Villiers (sud-ouest) :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098294
« Le prieuré de Villiers aurait été fondé en 1157 par Henri II Plantagenêt, comte de Touraine et roi d'Angleterre. La charte de fondation date de 1162. L'ensemble des bâtiments date de la fin du 12e siècle. Comme tous les établissements grandmontains, le prieuré est situé dans un lieu retiré en pleine nature et répond à la disposition traditionnelle : les bâtiments sont disposés autour de l'ancien cloître en bois aujourd'hui détruit. Les extrémités est et ouest de l'église ont été démolies ainsi que l'aile occidentale. L'aile orientale abrite au rez-de-chaussée et au premier étage le dortoir des moines ; l'aile méridionale contient le réfectoire et la cuisine au rez-de-chaussée et, au premier étage, les cellules des moines. Des transformations ont été réalisées au 15e siècle dans l'aile méridionale. Au 16e siècle, le couvent a été incendié par les Huguenots. Au 17e siècle, le prieuré est en mauvais état. Il a été vendu comme bien national à la Révolution et transformé en exploitation agricole. »
Le dernier prieur fut Jacques Louis de Baraudin (1725/1790), vicaire général de Tours, frère de Didier de Baraudin (1724/1797), grand-père maternel d’Alfred de Vigny (1797/1863).
Peut être visité : voir https://www.touraineloirevalley.com/patrimoine-culturel/prieure-de-grandmont-villiers-villeloin-coulange/