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Yzeures-sur-Creuse


Le nom de cette commune, située à l’extrémité sud-est du département, à la frontière entre les Turons*, les Bituriges* et les Pictons*, apparaît pour la première fois au 5ème siècle sous la forme Hicciodero puis au 6ème siècle, chez Grégoire de Tours* (538/594), sous la forme Iciodorum vicus ; on pense généralement que ce toponyme vient de Itiodurum ou « forteresse du gaulois Itius » mais selon certains, il serait formé à partir du nom de la déesse égyptienne Isis (Minerve pour les romains). Le toponyme Yzeures-sur-Creuse date de 1926.

Histoire

Préhistoire et antiquité

Deux sites du paléolithique supérieur ont été découverts à La Pluche (nord-est) et au Bois-d’Apres (au sud, entre Creuse et Gartempe). Voir les articles de Gérard Cordier* (1924/2014) et P. Joannès in BSPF 1957, 54, 1-2, (pages 82/93) et 1958, 55, 11-12 (pages 734/744).

Le site de La Pluche, où il y eut un campement de plein air, a fourni 523 silex taillés dont 279 burins et 140 lames et celui du Bois-d’Apres, 774 pièces dont 149 grattoirs, 179 burins et 223 lames.

Une hache-marteau de 12 cm de long, provenant sans doute des alluvions de la Creuse, a été trouvée en 1954 au nord-ouest du bourg, près de Bussay (voir ci-après) mais elle a disparu depuis cette date.

Le dolmen de La Pierre-Levée, situé au sud-ouest du bourg, entre la Creuse et la Gartempe, près du lieu-dit Confluent était formé de 4 grandes pierres supportant une table ronde ; il ne reste plus aujourd’hui qu’une partie de cette table, mesurant 4 x 3 m., et un support de 60 cm de hauteur. Il était entouré d’un cromlech*, en partie reconstitué, qui délimitait peut-être un tumulus. Selon Louis Dubreuil-Chambardel* (1876/1927), il a été fouillé et on y a trouvé des ossements humains.

Un éperon barré entouré de fossés se trouvait au sud-ouest du bourg, au confluent de la Creuse et de la Gartempe, l’un des côtés étant à Napres et la pointe, à La Mothe (voir ci-après). C’était peut-être « la forteresse d’Itius », située près de Cirande (voir ci-après), toponyme où l’on retrouve le terme gaulois randa, indiquant une frontière, ce qui laisse à penser que ce confluent était probablement le site primitif de l’agglomération.

Des domaines gallo-romains* existaient sans doute à Bussay (nord-ouest), venant de Bucciacus ou « domaine de Buccius », à Lignez (sud-est), venant de Lemniacus ou « domaine de Lemnius », à Marigny (voir ci-après), venant de Mariniacus ou « domaine du Marin », à Neuville, venant de Nova Villa ou « Nouveau domaine », à Perray, venant de Petroniacus ou « domaine de Petronius » (voir ci-après) et à Poizay (sud-est), venant de Posiacus ou « domaine de Posius » (voir ci-après).

À La Guérinière (nord-ouest) se trouvait aussi une villa gallo-romaine*, avec des thermes, dans lesquels on a trouvé une statuette du 2ème siècle après JC, représentant un personnage assis sur un bouc couché et ayant un serpent à tête de bélier enroulé autour de la jambe droite (actuellement au Musée du Grand-Pressigny). Peut-être s’agit-il du dieu celte Cernunnos (le Beau Cornu).

Signalé pour la première fois par l’abbé Louis Auguste Bosseboeuf* (1852/1928) dans le BSAT 10, 1895-1896 (pages 335/353), le pilier votif, dont les éléments peuvent être vus aujourd’hui dans le Musée Minerve était dans un temple polygonal dédié à Minerve et remplacé au 5ème siècle par une église (voir ci-après) fondée par l’évêque de Tours Saint Eustoche (5ème évêque de Tours, de 443 à 460). Voir (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Minerve).

80 blocs furent découverts en 1895 lorsqu’on détruisit l’église du 12ème siècle, qui s’était substituée à l’église primitive et qui menaçait ruines.

Le premier niveau du pilier représente Jupiter avec un aigle à ses pieds, Vulcain, le dieu des métaux, vêtu comme un artisan gaulois, avec des tenailles posées sur une enclume et une hache, Mars, le dieu de la guerre, qui brandit une lance en se protégeant derrière un bouclier ainsi qu’Apollon tenant une lyre et protégé par un animal fabuleux.

Parmi les blocs du temple, certains provenaient d’un autel avec la dédicace « Numinibus Augustorum et Deae Minervae » c’est-à-dire « aux Divinités des Auguste et à la déesse Minerve » ; ces Auguste sont sans doute les co-empereurs Marc-Aurèle (empereur de 161 à sa mort en 180) et Lucius Verus (empereur de 161 à sa mort en 169).

Cette dédicace avait été faite par « les fils de Marcus Petronius Camillus », et il s’agit vraisemblablement de la famille qui possédait le domaine appelé Petroniacus et continué peut-être aujourd’hui par le château de Péré (voir ci-après).

Voir Jean-Pierre Adam et Fabienne Jambon : Le pilier d’Yzeures-sur-Creuse, in BSAT 37, 1972 (pages 99/106).

Toutes ces découvertes prouvent qu’il y avait à Yzeures-sur-Creuse un sanctuaire qui permettait aux trois peuples gallo-romains mentionnés plus haut de se rencontrer et de faire du commerce.

Deux voies gallo-romaines d’ailleurs, qui suivaient la Creuse, traversaient le territoire d’est en ouest.

La voie de la rive droite est reprise par un chemin qui passe à Gaudru (limite Tournon-Saint-Pierre/Yzeures-sur-Creuse) puis à Varennes (voir ci-après) ; on la retrouve ensuite à Baratière, à La Mauricienne, au Pontreau, puis, après le bourg, à Neuville, au Moulin-au-Moine (voir ci-après) et au Bout-du-Pont. Après Yzeures-sur-Creuse, elle se dirigeait vers Chambon.

La voie de la rive gauche, sans doute continuée par la D 104 venant de Néons-sur-Creuse (Indre), entrait sur le territoire des Turons* juste après Thais (voir ci-après) ; elle passait ensuite à Marigny, puis à Cirande ; après ce lieu, elle est reprise par une route traversant Confluent puis longeant le dolmen de La Pierre-Levée, avant de franchir la Gartempe puis rejoindre Pozay, dans le département actuel de La Vienne.

Histoire ancienne, moderne et contemporaine

En 581, le duc de Bérufle, duc de Touraine et général de Chilpéric I envahit Yzeures pour arrêter les incursions des habitants du Berry sur la Touraine. À cette époque, la Touraine faisait partie du Royaume de Neustrie alors que le Berry était du Royaume d’Aquitaine.  Durant cet épisode, Yzeures et Barrou furent pillés.

Yzeures était, au 6ème et 7ème s. l'un des dix-huit lieux d'émission de la monnaie mérovingienne, le sou d’or, remplacé à partir de 670 par le denier d’argent. Une nécropole mérovingienne a été découverte aux alentours de l'église et sur la place. Près de ces tombeaux ont été retrouvés une lime, un éperon de chevalier et des lacrymatoires (petits vases de terre cuite ou de verre, contenant des huiles odorantes).

Le fief d’Yzeures, qui relevait du château de Tours, appartint aux 15ème et 16ème siècle à la famille Chasteigner (voir aussi Bossay-sur-Claise et Preuilly-sur-Claise), dans laquelle on peut noter Aimar Chasteigner, cité en 1490, marié à Marie Pin, fille de Jean Pin, seigneur des Granges (voir ci-après) et surtout Jean II Chasteigner (1489/1567), cité en 1560, seigneur également de Preuilly-sur-Claise et de La Roche-Posay, chambellan de François 1er et d’Henri II.

Au 17ème siècle, le fief passa à la famille de Montbel, avec Robert de Montbel (1560/1634), cité en 1632, père de Baptiste Roger, cité en 1635, de René de Montbel, également seigneur de Chambon, cité en 1640 et de Charlotte, mariée en 1623 à Aubert de Gray.

En 1770, Jean Roger, comte de Montbel (1717/1815), descendant de Robert, vendit le fief à Jean Samuel d’Harambure (voir Les Granges, ci-après).

Il y avait trois passages entre les deux rives de la Creuse, qui étaient d’est à l’ouest :

  1. Entre Thais (rive gauche) et la rive droite, dit passage de Thais.
  2. Entre Baratière (rive droite) et la rive gauche, dit passage des Baratières.
  3. Entre la rive droite et Cirande, dit passage de Cirande.

Le passage de Thais :

Ce hameau, à cheval sur les communes d’Yzeures-sur-Creuse et de Néons-sur-Creuse, fut le berceau de l’illustre famille de Thaix

Le bac*, surveillé sur la rive droite par le château de Gaudru (limite Yzeures-sur-Creuse/Tournon-Saint-Pierre), est cité dès 1488, avec pour fermier et « pontonnier » Pierre d’Argenton ; comme le disent les archives municipales de Néons-sur-Creuse « ces lieux de passage n’étaient jamais bénéfiques pour les usagers, ou si peu (…) on s’y noyait aux jours de crue, on s’y battait sans pitié ».

En outre, les bateaux étaient cadenassés la nuit pour éviter qu’ils soient utilisés par les faux-saulniers.

Le fief (et le bac*) appartenaient depuis le 17ème siècle à la famille de Mallevaud, propriétaire également du fief de Marigny. C’est vers 1696 que le fief fut acheté par François de Mallevaud (1665/1731), arrière-grand-père de François Henri Charles de Mallevaud (1771/1860) maire d’Yzeures de 1815 à 1821, cité comme propriétaire du passage en 1823 (voir Marigny, ci-après).

Le passage des Baratières appartenait également à « M. de Malveau » et lui permettait de relier sa maison de Marigny (sur la rive gauche) au bourg sur la rive droite.

Le passage de Cirande (voir ci-après). Le fief était possédé dès le 14ème siècle par la famille Isoré. À la Révolution, le fief et le passage furent confisqués comme biens nationaux et vendu en 1791 au notaire Jacques Brun, maire d’Yzeures de 1801 à 1803.

En 1823, le passage, qui appartenait alors à Jean Louis Montaubin jeune (maire de 1837 à 1848), dont la famille avait été héritière de Jacques Brun, fut repris par l’État puis attribué à l’ancien propriétaire.

Ce passage fut en service jusqu’en 1855, année où fut inauguré un pont suspendu sur la Creuse, entre le bourg et Cirande ; ce pont fut détruit par un bombardement de l’armée française  en juin 1940 ; pour permettre le passage d'une rive à l'autre, l'armée allemande construisit une passerelle provisoire avec des bateaux amarrés les uns aux autres, qui était surnommée le Pont aux bateaux.

En 1883, une tuilerie fut construite au lieu-dit Les Carrières devenu aujourd'hui avenue de la Gare (nord-est de la mairie).

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37001665

« La tuilerie construite en 1883 pour Jean Bardin, précédemment tuilier à Poizay [au sud-est du bourg, voir Antiquité], passe pour partie en 1927, à son fils Auguste Bardin. Le site de la tuilerie est toujours dans la famille Bardin. L'activité a cessé vers 1910. Le four a été détruit dans les années 1970. Une habitation a été aménagée dans la partie Ouest de la halle. La maison du tuilier se trouve maintenant sur la parcelle voisine. La tuilerie a été exploitée de 1883 à 1900, par Jean Bardin, puis jusqu'à la fin vers 1910 par Auguste Bardin, qui devient alors agriculteur. Ils étaient aidés de 2 à 4 ouvriers. Tuilier et ouvriers étaient logés sur le site jusqu'en 1910.

Four à feu intermittent, de capacité non déterminée, permettant la fabrication de briques, tuiles et chaux naturelle au besoin. La matière première était prélevée pour partie à proximité de la tuilerie (pierre à chaux), et pour partie au bord de la Creuse (argile) à l'emplacement de l'actuel terrain de camping. Le site était desservi par une voie particulière et situé à 500 m au Sud-Ouest de la Creuse. Il était équipé en 1907, d'une machine à malaxer, une machine à mouler, une machine à presser. Tous ces équipements ont disparu. »

C’est en 1891 que fut inaugurée la ligne de chemin de fer reliant Châtellerault à Tournon-Saint-Pierre, qui desservait alors la gare fraîchement construite d'Yzeures-sur-Creuse. Cette ligne traversait la Creuse entre Yzeures et La Roche-Posay grâce à un viaduc comptant cinq arches. Le trafic voyageur ferma en 1939 et le trafic marchandise en 1972. La voie fut ensuite déferrée, les terrains et la gare furent vendus.

À la fin de la seconde guerre mondiale, le maquis Conty-Freslon (voir Abilly) fut actif dans la région. Dans la deuxième quinzaine du mois d’août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage du pont entre La Roche-Posay et Yzeures-sur-Creuse, devint un enjeu essentiel. C’est sur ce pont que fut arrêté le 28 août, Jacques Martin (1925/1944), agent de liaison, transportant des messages pour la Résistance. Il fut vraisemblablement exécuté sommairement lors du départ de la colonne commandée par le général allemand Botho Henning Elster (1894/1952), le 28 août au soir. Une stèle placée à l’entrée du pont rappelle sa mémoire.

Autres fiefs d’Yzeures (source Wikipedia) :

Cirande (sud) (voir ci-dessus) : fief, possédé dès le 14ème siècle par la famille Ysoré. Vers le milieu du 16ème siècle, Jean VI Ysoré de Pleumartin (mort en 1567) le céda à l’abbaye de la Merci Dieu (La Roche-Posay), en échange des biens que celle-ci possédait dans la seigneurie de Pleumartin (Vienne). Devenue bien national en 1791, la propriété, située sur la rive gauche de la Creuse, au bout du pont, face à Yzeures qui est sur la rive droite, fut achetée par le notaire Jacques Brun, maire d’Yzeures de 1801 à 1803 (voir ci-dessus).

Fromenteau (nord-ouest) : fief qui appartenait en 1591 à la famille de Menou. Les historiens pensent qu’Agnès Sorel (1422/1450) serait née dans ce hameau.

Harambure (voir ci-après).

La Forge (sud-est) : fief qui appartenait vers à la famille Chasteigner puis en 1789 à Charles d’Aloigny de Rochefort. En 1793, le domaine de la Forge et la borderie de la Forge sont vendus comme biens nationaux.

La Groue (est) : fief qui relevait de la baronnie de Preuilly. Il appartenait en 1487 à la famille Chasteigner, vers 1500, à la famille Ancelon, en 1684, à la famille de Montbel, en 1776, à Benjamin Perrot Des Roches et enfin, en 1790, à Charles d’Aloigny de Rochefort. Il est vendu comme bien national en 1793. Son nom provient du mot origine gauloise groe, signifiant terrain pierreux. Ce hameau est en effet bâti sur un éperon rocheux dominant la vallée d'un petit ruisseau perpendiculaire à la Creuse.

Marigny (voir ci-après).

Neuville (est) (Voir ci-dessus) : fief, près de la Creuse, qui appartenait en 1622 à Josias Poizay, puis changea plusieurs fois de mains avant de se retrouver propriété de la famille d’Aloigny en 1780.

Pairé (voir ci-après).

Thais (sud-est) : c'était au 15ème siècle une châtellenie, relevant du Château de Tours. Le château n’existe plus depuis le 18ème siècle. On voit encore quelques restes des fondations sur une éminence au pied de laquelle passent les eaux de la Creuse. Ce lieu fut le berceau de l’illustre famille de Thaix. Les possessions de cette maison, une des plus anciennes de Touraine, étaient considérables. Elles comprenaient, outre ce fief, ceux de Jutreau (commune de Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne), de Marigny (voir ci-après) et de Thaix (commune de Sorigny) (voir le passage ci-dessus).

Thou (voir ci-après)

Varennes (sud-est) (voir Antiquité) : le fief appartenait, en 1666, à Henri François de Greaulme (mort en 1669) (voir Razines) puis, en 1789, à Demetrio Stephanopoli (1749/1821), également propriétaire de La Gentilhommière à Lerné et de Gaudru à la limite entre Yzeures et Tournon-Saint-Pierre. Son nom vient du pré-latin varenna signifiant « lieu délaissé de rivière ». Il est situé près de la Creuse, sur sa rive droite, dans un secteur où la rivière fait de nombreux méandres et est donc une « varenne » authentique.

À voir dans le bourg

Église Notre-Dame (place du 11 novembre) :

Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_d%27Yzeures-sur-Creuse

« Sa construction a été effectuée à l'initiative de l'abbé Dechezelles [Joseph, curé à partir de 1878]. Les premiers plans [effectués par l’architecte Jean Hardion (1858/1932))] datent de 1893/94. Le conseil municipal et le conseil de fabrique ont donné leur accord et donc condamné l'ancienne église médiévale, datant du 12ème siècle [ayant remplacé, selon la tradition une église fondée au 5ème siècle par Saint Eustoche].

Le chantier fut à plusieurs reprises perturbé ou arrêté, à la suite de la découverte de vestiges gallo-romains, de l'effondrement partiel du clocher lors d'une tempête et à cause de vices de construction et de malfaçons. Le 15 octobre 1895, en creusant les fondations sud de la nouvelle église, les ouvriers mirent au jour plusieurs blocs de calcaires sculptés, vestiges d'édifices gallo-romains dont un pilier monumental [voir Antiquité, ci-dessus]. La consécration de l'église et la bénédiction des cloches eurent lieu le 5 août 1903.

Seuls, le mur nord de la nef, le croisillon sud et son absidiole en cul de four subsistent de l'église du 12ème siècle. On note la présence, à l'intérieur de l'église, d'un bas-relief représentant la Cène et datant du 15ème siècle. »

Article d’Olivier Geneste : https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/yzeures-sur-creuse-eglise-notre-dame-verrieres/948f8fc8-9013-4eb6-a7d9-a14beb2c8230

« L'édifice actuel conserve de l'ancienne église le mur nord de la nef et la chapelle nord, ainsi qu'un vitrail réalisé par Julien-Léopold Lobin [1814/1864] en 1850, remployé dans la baie 12, et auquel fut ajoutée une représentation de l'édifice disparu.

La dévotion particulière de l'abbé Dechezelles envers la Vierge transparaît à travers l'ensemble des vitraux, puisque l'on ne compte pas moins de 15 verrières qui lui sont consacrées. Réalisé par Joseph-Prosper Florence entre 1897 et 1903, cet ensemble a été complété à deux reprises par Lux Fournier [1868/1962] : en 1912 (baies 15, 17) et 1929 (baie 19).

Les verrières de Lux Fournier enrichissent la thématique mariale de l'ensemble, et présentent les portraits des principaux mécènes de la nouvelle église : l'abbé Dechezelles, le marquis Ludovic de la Poëze d'Harambure [Louis Jean, dit Ludovic (1819/1911) voir Harambure ci-après], par ailleurs maire d'Yzeures [de 1869 à 1896], et son épouse Marie-Sidonie Cassin de la Noue [née en 1840, épousée en 1863].

Ancien presbytère (à côté de l’église) : dans sa cour se trouve une grotte, inspirée de la grotte de Lourdes et bénie le 1er mai 1887.

Villas rue de l’Abbé Huberdeau (au nord-ouest de la mairie) :

Villa Raoul : on dit que cette villa située au milieu d’un grand parc fut construite au milieu du 19ème siècle par « madame de La Poêze d’Harambure, dame d’honneur de l’impératrice Eugénie ». Il s’agit en fait de Pauline d’Avessens de Saint-Rome (1818/1910), qui épousa en premières noces Jean Hippolyte Adrien de Murat (1800/1856) (voir La Celle-Saint-Avant) puis, en 1857, Raoul Antoine de La Poëze (1814/1886), fils de René Louis Ambroise de La Poëze d’Harambure (1781/1851).

Villa Gabriel : cette villa, située en face de la Villa Raoul et construite également au milieu d’un grand parc, possède des écuries où l'on peut apercevoir au milieu de leurs façades une grande tête de cheval. Elle appartint à la famille d'Harambure.

Musée Mado Robin (Place François Mitterrand) :

Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Mado_Robin

« À la suite du don par la famille de la cantatrice d'objets lui ayant appartenu, la municipalité décida de se doter d'un musée digne de cette grande figure de l'opéra. Il fut inauguré le 21 décembre 2008.

Il présente des photos et des affiches sur sa vie et sa carrière, mais également ses costumes de scène présentés dans des décors reconstitués de ses plus grands rôles. Un petit auditorium permet de visionner des documents audiovisuels de la cantatrice pendant ses spectacles et interviews

Devant ce musée, sur la place, une sculpture représentant le buste de Mado Robin a été érigée. La sculpture a été réalisée en hommage à la cantatrice par Paulette Richon [1897/1987] et Jacques Walter [(1931/2011) neveu de Paulette Richon]. »

Madeleine Marie Robin, dite Mado Robin est née en 1918 à Yzeures-sur-Creuse (voir aussi le château des Vallées à Tournon-Saint-Pierre), morte en 1960, est une cantatrice, mondialement connue, notamment pour sa voix, pouvant atteindre le double contre-ut.

Voir https://www.touraineloirevalley.com/patrimoine-culturel/musee-mado-robin-yzeures-sur-creuse/

À voir au nord

Les Terrives et lePrieuré N.D. de Hauterive (nord-est) :

Ce lieu, cité en 1208 sous la forme Altae Ripae (les Hautes Rives), appartenait au 12ème siècle à Eschivard I (1085/1147), seigneur de Preuilly (Preuilly-sur-Claise)

Ce prieuré fut supprimé au 17ème siècle à la suite d’un meurtre commis par le prieur qui aurait attiré, la nuit, dans la maison claustrale, une jeune villageoise des environs et l'aurait assassinée, pour s'assurer l'impunité des outrages dont il s'était rendu coupable envers elle.

Les bâtiments furent alors vendus à Claude de Moussy (voir Les Granges, ci-après) et passa alors à la famille d’Harambure, qui en garda la possession jusqu'en 1973, année où Hubert Étienne de la Poëze d'Harambure, (1913/2000) lieutenant-colonel de cavalerie, vendit Les Terrives à la SAFER du Centre qui les revendit l'année suivante.

Il ne subsiste que la nef de l'église priorale reconstruite au 15ème siècle et la porte latérale septentrionale en arc brisé ; l'abside a disparu ; le pignon de la façade occidentale est percé d'une haute et étroite fenêtre en plein cintre.

Les Granges et Harambure (nord-ouest) :

Le fief des Granges appartenait, en 1490, à Jean Pin, dont la fille, Marie Pin épousa Aimar Chasteigner, mort en 1496 et cité en 1491 (voir Histoire du fief) ; leur fils, Pierre Chasteigner, cité en 1500, fut le père de Louise Chasteigner, qui épousa en 1547 Edmond Couraud, cité en 1581 et qui fut la mère de Louise Couraud, laquelle se maria en 1567 Pierre de Boislinard et dont le fils, Louis de Boislinard est cité comme seigneur des Granges en 1623.

Françoise de Boislinard, fille de Louis, fut l’épouse d’Hugues de Moussy, cité en 1664, père de Claude de Moussy (né en 1648), qui, pour sa part, épousa en 1693 Madeleine de Montbel, née en 1669, fille de François de Montbel (voir Marigny, ci-après) et petite-fille de René de Montbel, seigneur d’Yzeures ; Claude de Moussy fut le père de Marie Anne de Moussy (1699/1759), laquelle fut mariée en 1715 à Paul d’Harambure (1683/1746) (voir Hôtel d’Harambure à Preuilly-sur- Claise).

Leur fils, Jean Samuel d’Harambure (1715/1802), fut le dernier seigneur du fief des Granges en 1789 ; il mourut sans enfant et le domaine passa à sa nièce, Louise Virginie d’Harambure (1798/1870), fille du général de division Louis François d’Harambure (1742/1828), qui commanda l’armée du Rhin en 1792, et épouse, en 1817, de René Louis Ambroise de La Poëze, (1781/1851), dit d’Harambure à la suite de son mariage, maire d’Yzeures de 1821 à 1830 puis en 1848/49.

Il y a, dans ce domaine, le manoir des Granges et le château d’Harambure.

Le manoir des Granges : construit au début du 17ème siècle, à la place d’une ancienne forteresse, dont il reste deux tours rondes, en ruines. L’intérieur a conservé ses plafonds aux poutres apparentes et deux cheminées à grande hotte. Source Tourainissime.

On peut y loger : voir https://relais-historiques.fr/manoir-de-granges-indre-et-loire/28914.html

Le château d’Harambure : édifié au 18ème siècle à la place d’une ancienne construction, dont il reste une fenêtre ornée d’une accolade sur la façade sud. Il est constitué d’un bâtiment, flanqué au nord par un pavillon en saillie, accosté de deux tours, l’une, rectangulaire au nord-est et l’autre, circulaire, au sud-est.

La chapelle, bénie en 1747 et désaffectée maintenant, occupe une petite pièce voutée, qui a conservé un grand retable sculpté ; deux pilastres corinthiens encadrent un trumeau, occupé par une toile représentant la crucifixion.

Un important ensemble de communs s’étend à l’arrière du château ; le fronton du porche est orné d’une tête de cerf (les de La Poëze d’Harambure étant maîtres d’équipage).

Le pigeonnier circulaire contient plus de 600 boulins* et a gardé son échelle tournante en état de marche. Source Tourainissime.

Peut être loué : voir https://www.touraineloirevalley.com/seminaires/chateau-dharambure-les-allees-dharambure-yzeures-sur-creuse/

Centre équestre dans les communs : voir https://www.harambure.fr/

Péré (nord-ouest) on trouve aussi les orthographes Pairé, Payré, Péray, Perey et Perray on dit que ce toponyme vient du latin Petretum (lieu rempli de pierres) mais il se peut qu’il vienne du gallo-romain Petroniacus ou « domaine* de Petronius » (voir Histoire antique).

La première propriétaire du fief, citée en 1281, fut Alix de Péré, épouse d’Eschivard III de Preuilly (voir Preuilly-sur-Claise) et veuve de Philippe Patri, dont le fils ou le petit-fils, Jean Patri est cité comme seigneur du fief en 1397.

En 1452, la dame du fief était Philippe Guenand, épouse de Boucher d’Aloigny (voir Sepmes).

En 1597, le seigneur était Pierre Boislève, dont la fille, Silvie de Boislève, qui épousa en 1647 Benjamin de Magné, mort en 1653, fut la mère de Charles de Magné, cité comme seigneur de Péré en 1700 et de Sylvie de Magné, grand-mère de Marie Henriette de Roquefeuil (née en 1707), laquelle fut mariée en 1727 avec Louis Charles de Beaucorps (1696/1755) et fut la mère d’Auguste François de Beaucorps (1732/1783), père de Pierre Louis de Beaucorps (1764/1793), dernier seigneur de Péré.

Le château appartient actuellement à une société de sylviculture, créée en 1991 par Patrick Brochard de La Rochebrochard d’Auzay.

Château du 15ème siècle, modifié au 19ème ; la façade sud est flanquée de deux tours cylindriques ; à l’est, tour d’escalier polygonale arasée ; donjon carré couvert d’un toit à quatre pans, accosté d’une tourelle d’escalier également carrée ; le rez-de-chaussée est occupé par une salle voûtée sur croisées d’ogives, qui a peut-être servie de chapelle ; pigeonnier circulaire dans le parc (source Tourainissime).

À voir à l’ouest

Le Moulin aux moines : situé à la confluence de la Gartempe et de la Creuse, il présente plusieurs marques de crues ; il a fonctionné jusque dans les années 1980 pour fournir de l’électricité (source Tourainissime)

Article https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/yzeures-sur-creuse/des-travaux-au-seuil-du-moulin

« Une réunion de chantier avait lieu, mardi 30 septembre 2020, réunissant les différents intervenants des travaux effectués au niveau du seuil sur la Creuse, devant le moulin d’Yzeures-sur-Creuse. Le but des travaux est d’assurer le libre passage des poissons et des sédiments. Il consiste à aménager la brèche déjà existante et à abaisser le seuil d’environ 80 centimètres.

L’axe Creuse est considéré comme prioritaire pour le passage des poissons migrateurs. D’autre part, Yzeures-sur-Creuse est, depuis plus d’un an, labellisée Station pêche. Une conséquence des travaux sera la baisse du niveau d’eau d’environ 50 centimètres sur un kilomètre en amont du seuil. Un aménagement de la cale de mise à l’eau des bateaux sera donc effectué. Restera ensuite à effectuer, un aménagement mural sur la rive gauche de la Creuse ainsi que la restructuration des berges. »

À voir au sud

Thous : on trouve aussi les graphies Thou, Thoux, Tou, Tout,

Le premier seigneur de ce fief, cité en 1373, fut Guillaume III Du Plessis, père de Pierre III Du Plessis, mort en 1401 et cité en 1388, ainsi que de Sauvage Du Plessis (mort en 1409), lui-même père de Geoffroy Du Plessis (mort vers 1477), dont le fils, François I Du Plessis (mort vers 1483), fut le 1er seigneur de Richelieu.

Pierre III Du Plessis fut le père de Marguerite Du Plessis, citée en 1402 comme dame de Thou, épouse de Guyot de La Lande et mère de Jacques de La Lande, cité en 1440, ainsi que de Jean Du Plessis (mort en 1446), échanson de Charles VI, et père de Mandé Du Plessis (mort en 1457), qui récupéra le fief de Thou en 1445 et qui fut le père d’un autre Sauvage Du Plessis, cité en 1458, grand-père d’un François Du Plessis, dernier seigneur de Thou, cité en 1541.

En 1542, le propriétaire du fief était Jean d’Averton, père de Françoise d’Averton, qui épousa en 1580 Mathurin de La Jaille et qui fut la mère de René VII de La Jaille (1582/1619), cité en 1607 et sénéchal de Nouâtre, père de Jacques I de La Jaille (mort en 1675), cité en 1670.

En 1776, ce fief appartenait à Benjamin Perrot des Roches, également seigneur de La Groue (voir Autres fiefs d’Yzeures, ci-dessus).

Le dernier seigneur de Thou fut Louis Joseph Vidard, cité en 1781.

Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA37000017

« Le mauvais état du manoir justifie sa reconstruction partielle à partir de 1580. Par la suite, l'édifice est transformé en exploitation agricole dont le pressoir, le fournil et les dépendances sont le témoignage. L'entrée s'effectuait au nord, entre deux pavillons. A l'est, le corps de logis s'est constitué en trois phases : une partie centrale du 15e siècle ; la partie sud de la fin du 15e ou du début du 16e siècle, doublée vers la cour d'une nouvelle façade au 18e siècle ; la partie nord de la fin du 16e siècle avec baies à décor renaissant. A l'ouest, un pavillon contenait la chapelle, transformée en fournil par la suite.

Précision sur la protection de l'édifice : les façades et toitures du corps de logis situé à l'est ; le second niveau de la partie centrale du corps de logis ; le pavillon de la chapelle situé au nord ; la fuye cylindrique située au sud ; le terrain d'assiette de la cour terrassée (cad. YN 17) : inscription par arrêté du 7 octobre 2003. »

Marigny (sud-est) (voir Antiquité) :

Le 1er seigneur connu de ce fief, qui était joint à celui de Thais (voir Autres fiefs, ci-dessus) fut Méry Gédouin, cité en 1344 ; un de ses descendants, Jacques Gédouin de Thais (mort en 1502), chambellan de Louis XI, épousa en 1479 Françoise d’Aloigny, dame de Sepmes, et fut le grand-père de Jean Gédouin de Thais (1495/Hesdin 1553), panetier de François 1er et grand-maître de l’artillerie de France (voir Sorigny).

La fille de ce dernier, Renée Gédouin, épousa en 1520 François I Chasteigner, petit-fils de Geoffroy Chasteigner (voir Preuilly-sur-Claise), dont les descendants gardèrent une partie du fief jusqu’au 17ème siècle.

En 1550, une partie du fief appartenait à Jean Rogier, également seigneur de La Custière à Chambon ; son petit-fils, Henri Rogier, fut le propriétaire de la totalité du fief, qu’il vendit en 1687 à François de Montbel, fils de René de Montbel, également seigneur de Chambon (voir Histoire du fief, ci-dessus) et père de Madeleine de Montbel (voir le fief des Granges, ci-dessus).

Vers 1696, le fief fut acheté par François de Mallevaud, dit de Marigny (1665/1731), père d’Étienne de Mallevaud de Marigny (1698/1756), lui-même père de François Antoine de Mallevaud de Marigny (1730/1789) et de François Henry de Mallevaud de Marigny (né vers 1740), qui épousa en 1771 Marie Élisabeth de Riencourt (née en 1748), fille d’Armand Charles Marie de Riencourt (voir Sansac à Loches).

Quant à François Antoine, il fut le père de François Henri Charles de Mallevaud de Marigny (1771/1860), maire d’Yzeures de 1815 à 1821 ainsi que de deux filles, Marie Anne de Mallevaud (1773/1837), épouse de Louis Baret de Rouvray (1711/1837), maire de Chambon de 1807 à 1830, et Marie Marguerite de Mallevaud (1783/1826), épouse de François Denis Desmier de Chenon (1779/1816).

Le château, du 17ème siècle, a été édifié sur une construction plus ancienne, dont des éléments subsistent dans le gros œuvre ; il était défendu, à l’est, par 2 tours, qui ont disparu. L’une des salles de l’aile nord, construite vers 1779, couverte d’un toit à la Mansart, a conservé une cheminée à hotte, avec un petit four à pâtisserie et un potager à neuf trous. Il ne reste aucune trace de la chapelle, mentionnée comme en bon état en 1776 et en 1787. Son parc abrite un pigeonnier cylindrique du 17ème siècle, restauré après son effondrement partiel en 1941, avec, à sa base, une construction renfermant un four à pain et un fenil. Source Tourainissime.

La Mothe (sud-ouest) (voir Antiquité) : cet ancien prieuré, édifié sur une butte de la confluence entre la Creuse et la Gartempe, appartenait en 1651 à René Du Croisic et en 1673 à Charles de La Marche ; un manoir y fut construit au 18ème siècle.

Le domaine fut acheté en 1925 par Paul Burty-Haviland (1880/1950), photographe, écrivain et critique d’art, enterré, comme son épouse, dans le cimetière communal, qui avait épousé en 1917 l’artiste-peintre Suzanne Lalique (1892/1989), fille du maître-verrier et bijoutier René Lalique (1860/1945). Il hébergea à La Mothe beaucoup d’artistes, notamment les écrivains Miguel de Zamacoïs (1866/1955), Jean Giraudoux (1882/1944) et Paul Morand (1888/1976), dont la mère était une amie de Suzanne Lalique.

Il reçut en 2007, à titre posthume, la médaille de « Juste parmi les nations » pour avoir caché au château de la Motte, pendant la Seconde Guerre mondiale, son ami juif, le peintre Georges-Gabriel Picard (1857/1943), qui y mourut.

Peut être loué, chambres d’hôtes et gite : voir https://www.prieuredelamothe.fr/

À Laireau, au nord-ouest de La Mothe, on peut voir une éolienne Bollée* à 18 pales et le bâtiment abritant la pompe-à-eau, installés en 1897.


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