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Introduction


À partir du moyen-âge, on employa pour traverser les cours d’eau ou pour « passer l’eau » comme on disait alors, des embarcations, généralement des bacs, c’est-à-dire de grands bateaux rectangulaires à fond plat, si bien que ce mot « bac », venant du latin baccus (bateau) ou du gaulois bacu (récipient), finit par désigner tous les passages, quelles que soient les embarcations utilisées.

À ma connaissance, le texte le plus ancien concernant la réglementation des passages date de 1773  ; c'est une ordonnance du Conseil d’état stipulant que « le service de la maréchaussée » n’ait pas à payer pour traverser les cours d’eau ; elle est signée Louis (Louis XV), Monteynard (Louis François de Monteynard, secrétaire d’état à la guerre de 1771 à 1774), François Pierre Du Cluzel (intendant de la généralité de Tours de 1766 à sa mort en 1783) et « par (pour) Monseigneur, Genty » (Denis Nicolas Genty, 1er secrétaire de l’intendance de Tours).

02 texte1773 a       03 texte1773 b

Le « droit de bac* » fut ouvert à tous par la loi du 25 août 1792 puis nationalisé par la loi du 6 frimaire an VII (25 novembre 1798) « relative à la régie des bacs* » ; celle-ci précise « les Administrateurs auront soin de bien faire connaître aux détenteurs et abonnataires que la perception arbitraire, l’infidélité (!), les vexations, les insultes, seront réprimées immédiatement par la destitution. » Elle est signée « le ministre de l’Intérieur, François (de Neufchâteau). » L’agronome Nicolas François de Neufchâteau (1750/1828) fut notamment Président de l’Assemblée Législative (1791/92), ministre de l’Intérieur (1797/99) et Président du sénat (1804/06).

Après la Révolution, de nombreuses rampes d’accès furent aménagées sous l’impulsion du préfet d’Indre-et-Loire, le général de division François René Jean de Pommereul (1745/1823), préfet de 1800 à 1805, et de l’ingénieur des ponts-et-chaussées, le polytechnicien Louis Léger Vallée (1784/1864). Les ouvrages proposés étaient en général modestes et souvent constitués d'une simple pente pavée. Dans beaucoup de cas, les communes étaient tenues de participer financièrement aux travaux.

01 carte wikipedia

Carte Wikipedia

Au 19ème siècle, le matériel des passages d’eau pouvait être composé de bacs, de charrières et de plusieurs embarcations de différentes tailles (bachots, batelets, passe-cheval, toue, etc.) ainsi que d'accessoires divers : agrès, banc pour les passagers, gouvernail, bâtons ferrés (bourdes), pelle à jeter l'eau, cordes, chaînes, ancres, voile, poulies, mât, poteau de tarif, etc. 

Le matériel était était inspecté régulièrement par les conducteurs des Ponts et Chaussées et des réparations étaient prescrites en cas de besoin.

On distinguait les bacs à traille, qui se déplaçaient le long d’un filin tendu entre les deux rives et dont la progression se faisait grâce au courant et les bacs à câble, dont la progression était assurée par un treuil reposant sur une des deux rives ou sur un batelet.

04 bac et charrière à Indre 8 km en aval de Nantes Loire atlantique

bac et charrière à Indre (8 km en aval de Nantes, Loire atlantique)

Le passage était généralement affermé ; après l’établissement d’une liste des concurrents admis à prendre part à l’adjudication aux enchères, faite sous la responsabilité du maire concerné, il était attribué à la personne ayant proposé de payer la plus forte redevance, le département indiquant une mise à prix, variant selon l’importance du passage et selon le possesseur du matériel, qui pouvait être le département ou le fermier ; ce dernier était tenu de fournir, sur papier timbré, un certificat de moralité délivré par le maire de sa commune ainsi qu’un cautionnement en numéraire ou en immeubles, fourni par lui-même ou par un tiers.

Un « cahier des charges » indiquait précisément la longueur du « port » (1 km en général), où le fermier avait le monopole des passages, le matériel mis à sa disposition ou lui appartenant ainsi que les tarifs. Ces derniers variaient selon les lieux, la nature de ce qui était embarqué (piéton, cheval, bœuf, vache, mouton, brebis, chèvre, âne, cochons, mules et son cavalier, voiture suspendue, charrette chargée attelée, etc..) ainsi que selon la hauteur des eaux. Un grand nombre de personnes étaient exemptées, notamment les fonctionnaires, les élus, les magistrats, les gendarmes, dans l’exercice de leurs fonctions, sans oublier les ministres des cultes reconnus par l’état !

Cette dernière exemption n’apparaît plus dans les cahiers des charges après 1920 ; par contre, à partir de 1899, un tarif additionnel fut établi pour « le passage des vélocipèdes et des voitures automobiles ».

Ce cahier des charges précisait aussi les horaires, le nombre d’années pendant lesquelles le fermier était tenu d’assurer le passage ainsi que les conditions lui permettant de demander la résiliation de son bail.

Le fermier faisait souvent lui-même office de passeur mais il pouvait employer des personnes dites selon les lieux et les époques « batelier, marinier, passager, pontonnier ».

Six cours d’eau traversent le département d’est en ouest : la Loire, le Cher, l’Indre et son affluent l’Indre, la Vienne et son affluent la Creuse ; quatre sont navigables et sont donc des rivières domaniales sur lesquelles les bacs appartenaient aux seigneurs, sous l’ancien régime, puis à l’état après la Révolution et au département à partir de 1871 ; ces bacs, qui étaient au nombre de 23 sur la Loire, de 15 sur le Cher, de 14 sur la Vienne et de 9 sur la Creuse, étaient gérés par les Ponts et Chaussées. J’ai consulté de nombreux documents sur eux aux Archives Départementales 37.

L’Indre et son affluent l’Indrois, par contre, n’étaient pas navigables et n'étaient donc pas des rivières domaniales ; leur lit, leurs rives et les bacs, quand il y en avait, étaient la propriété de personnes privées, de telle sorte que les Archives Départementales 37 n’ont aucun document à leur sujet !

Au début du 20ème siècle, le nombre de bacs diminua considérablement ; à cette époque en effet, le département et les communes éprouvèrent beaucoup de problèmes pour assurer leur exploitation ; en effet, il était alors de plus en plus difficile de trouver des mariniers acceptant d' assurer un service, qui devenait de moins en moins fructueux, notamment suite à la concurrence des ponts, dont les péages avaient été supprimés.

On trouvera ci-après les articles suivants :

  • Les bacs sur la Loire 
  • Les bacs sur le Cher 
  • Les bacs sur l’Indre et sur l'Indrois
  • Les bacs sur la Vienne
  • Les bacs sur la Creuse 

 

 


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