Dans le Véron et au nord de Chinon
Quittant Chinon en direction de Bourgueil on arrive dans le Véron, région très fertile située entre la Vienne et la Loire, qui produisait le « vin breton » (Réf. A-13) (voir https://turonensis.fr/categories/rabelais-en-touraine/de-chinon-a-lile-bouchard).
À Beaumont-en-Véron, on peut voir, assez difficilement le château de Coulaine (Réf. A-47) dont les pages firent des jarretières avec le froc de frère Jean (Réf. A-39) ; ce château, du 14ème siècle, a été modifié au 15ème par Jehan de Garguesalle III, gouverneur de Chinon en 1461, dont descend la famille de Bonnaventure, propriétaire actuelle du château (voir https://chateaudecoulaine.fr/ ).
Le château de Coulaine (photo PMD août 2009)
Sur cette commune, dans le hameau des Coudreaux (Réf. A-47), on trouve le lieudit La Pommardière ; c’est peut-être cette « métairie de La Pommardière » que Grangousier propose « à perpétuité » à Picrochole pour éviter la guerre (Réf. A-32) ; mais il existe aussi d’autres lieudits du même nom à Saint-Louans (Chinon), à Saint-Benoît-la-Forêt et à Ligré.
À l’ouest de Beaumont en Véron, Savigny-en-Véron, se trouve au confluent de la Vienne et de la Loire et dans la première édition de Gargantua « Gargantua traversait la Loire à Montsoreau (…) explorant les rochers et les trous de la fosse de Savigny » (Réf. Ch. 21).
À l’est de Beaumont en Véron, sur la commune de Huismes (Réf. C-26), le château de La Villaumairehâteau (15ème siècle) (Réf. A-47), qui appartenait aux archevêques de Tours, tire son nom, dit-on, du fait que ces derniers avaient confié la justice à un magistrat ecclésiastique portant de titre de « maire ».
Le château de La Villaumaire (photo PMD août 2009)
Dans C-21, Rabelais place « près de la Villaumaire » la demeure de Raminagrobis, qui, selon Abel Lefranc, aurait été Jean Lemaire de Belges (1473/1524) ; c’est évidemment à cause de son nom que Rabelais situe à cet endroit ce poète, chroniqueur et historiographe de Louis XII ; mais celui-ci était aussi un homme aux idées hardies, combattant le pouvoir temporel du pape et c’est pour cette raison qu’Épistémon le rencontre aux enfers, où il « contrefaisait du pape, et à tous ces pauvres rois et papes de ce monde faisait baiser ses pieds » (Réf. B-30). Voir le Bulletin des Amis de Rabelais III. 8 1979 (pages 342/343).
Abbaye de Turpenay (photo PMD août 2009)
Quittant Huismes vers l’est on entre dans la forêt domaniale de Chinon dans laquelle sont perdus les vestiges de l’abbaye bénédictine de Turpenay, fondée au 12ème s. par Foulques le Jeune (1091-1143), dont il reste notamment le logis abbatial (16ème s.) (commune de Saint-Benoît-la-Forêt, aujourd'hui). En A-37, l’abbé de Turpenay envoie onze sangliers à Grandgousier.
Le château d'Ussé (photo PMD août 2011)
Au nord de cette abbaye, le très beau château (15ème /16ème s.) d’Ussé (Réf. A-47) a inspiré La belle au bois dormant à Charles Perrault (1628/1703), qui y séjourna ; on dit aussi que Voltaire y aurait écrit une partie de La Henriade et Chateaubriand (qui ramena de Terre Sainte en 1817 les cèdres que l’on peut encore voir) une partie des Mémoires d’outre-tombe.
Au bout de la forêt de Chinon, on arrive sur les bords de l’Indre que la voie romaine allant de Chinon à Tours franchissait au gué de Port-Huault (à l'ouest du bourg) ; Selon la tradition, ce gué fut utilisé par Jeanne d’Arc le 5 avril 1429 pour aller de Chinon vers Orléans ; il fut sans doute remplacé ensuite par un bac puisque Picrochole y « passe l’eau » lors de sa fuite, après sa défaite (Réf. A-49). La forêt domaniale de Chinon s’appelait au 16ème s. « la grande forêt de Port-Huault » (Réf. A-52).
Le gué de Port-Huault photo PMD août 2009)
Au nord, vers la Loire, Bréhémont, comme Pontille, possédait de riches terres consacrées à l’élevage des vaches laitières, dont le lait nourrit Gargantua (Réf. A-7) et dont on faisait des fromages (Réf. C-25).
La route vers l’est, le long de la Loire, très empruntée par les cyclistes, conduit au pont suspendu de Langeais qui permet de franchir la Loire et d’arriver au château de Langeais, édifié au 15ème s. par Louis XI (1423/1483). (Réf. A-16 et D-13).
L'ancien donjon du château de Langeais (photo PMD oct. 2021)
En amont de la Loire Cinq-Mars-la-Pile a la particularité de conserver une tour funéraire gallo-romaine (2ème s. après J.C.), haute de 30 mètres et composée de 104 000 briques ! La queue de la jument de Gargantua est aussi grosse que cette pile ! (Réf. A-16).
La Pile de Cinq-Mars en 1699 (collection De Gaignières)
Si l’on se dirige en aval de la Loire, on arrive en Anjou avec Bourgueil (qui se trouve néanmoins en Indre et Loire), Chouzé-sur-Loire, Varennes-sur-Loire.
Bourgueil (Réf. A-47) est aujourd’hui surtout connu pour son vin mais il y a aussi une abbaye bénédictine (A-52) fondée au 10ème siècle et Ronsard s’y éprit de la jeune paysanne Marie Dupin, qui lui inspira le poème Les amours de Marie.
Abbaye de Bourgueil (photo PMD mai 2009)
C’est une région que Rabelais connaissait bien car son père y possédait plusieurs propriétés ; notamment à Gravot (Réf. A-47 et A-51) près du hameau de Touvois (commune de Bourgueil), où l’on peut voir, au moulin de Gravot, une maison du 15ème, considérée comme celle de la famille Rabelais ; elle appartenait en 2009 au viticulteur Jacky Pitault, qui avait mis des étiquettes illustrées par cette maison sur ses bouteilles de vin. Le « pauvre Couillatris » qui perd sa cognée et implore les dieux est « natif de Gravot » (Prologue du Quart Livre).
Maison de Gravot (photo PMD sept. 2009)
À Chouzé-sur-Loire (Réf. A-47) est attaché le nom de Tallemant des Réaux (1619/1692) qui y posséda le château des Réaux.
À Varennes (Réf. A-47 et A-51), aujourd’hui Varennes-sur-Loire, dans le Maine-et-Loire, se trouve la belle église Saint-Martin-de-Vertou (16ème s.), dont les cloches rendaient des oracles (Réf. C-27). Rabelais cite deux fois « Chaviny » (Réf. A-47 et B-9) ; il s’agit d’un lieudit de cette commune, Chavigny-en-Vallée maintenant, où le père de Rabelais possédait, selon un acte du 15 mars 1506, du chef de son épouse, un « chastel et maison noble, avec ses appartenances et dépendances ».
Varennes-sur-Loire, église Saint-Martin-de-Vertou (photo wikipedia)