De Chinon à L'Île-Bouchard
Carte de la voie (annotations PMD)
Après la gare de Chinon, les trains traversaient la Vienne sur un pont métallique, conçu, dit-on, par la Compagnie Gustave Eiffel en 1874, puis franchissaient la zone entre les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Lazare en empruntant trois ponts métalliques à deux voies. En effet, cette zone resta marécageuse jusqu’à la construction, par Henri II Plantagenêt d’une route-digue appelé le Pont à nonnains car il y avait un péage reversé aux religieuses de l’abbaye de Fontevraud.
Chinon : pont métallique sur la Vienne (photo PMD nov. 2013)
Près de ce troisième pont, une pancarte, qui n’a jamais dû avoir beaucoup d’effet, indique : « Il est formellement interdit de pénétrer dans les emprises du chemin de fer sous peine de procès-verbal ».
Chinon : pont entre Saint-Jacques et Saint-Lazare (phot PMD nov. 2013)
Dans le faubourg Saint-Lazare, où, comme l’indique le nom, il y avait, au moyen-âge, une maladrerie, une bifurcation permettait d’aller, soit vers Thouars et Les Sables d’Olonne, soit vers Port-de-Piles.
La ligne Chinon-Thouars passait par La Roche-Clermault, Beuxes et Loudun ; cette portion fut désaffectée en 1970 mais, à partir de 2005 et pendant quelques années, des cyclos-draisines ont circulé sur un circuit de 3,5 km entre Chinon-Saint-Lazare et La Roche-Clermault.
PN 18 (photo PMD nov. 2013)
La ligne Chinon-L’Île-Bouchard franchissait la D749, allant vers Saumur, au PN 18 puis, peu après, au PN 19, un chemin qui conduisait à l’imposant château de la Vauguyon. Ce château, du 12ème siècle, fut remanié au 15ème siècle et contient, dans la grande salle du premier étage des fresques représentant des tournois de chevaliers ; il appartint, au 19ème siècle, à l’écrivain Gustave Droz.
La voie traversait la D115 au PN 20 avant d’arriver entre les communes de Ligré et de Rivière, dont l’église Notre-Dame, du 10ème siècle, contient, sous le proche, une belle fresque du 12ème siècle représentant la résurrection de Saint Lazare.
La gare de Rivière-Ligré, qui est sur la commune de Ligré mais qui est beaucoup plus près de Rivière, fut à cette époque une station importante comme le montrent les installations restantes, comprenant la gare, devenu un gîte de groupe au bord de la voie verte Richelieu-Chinon (voie l’article de Richelieu à Rivière), plusieurs voies ainsi qu’un ancien hôtel.
Gare de Ligré-Rivière en 2013 (photo PMD nov. 2013)
Peu après cette gare, une bifurcation permettait d’aller vers Richelieu ou vers L’Île-Bouchard.
La portion vers L’Île-Bouchard, qui fut désaffectée en 1977, traversait la D26 allant vers Champigny-sur-Veude au PN 25, situé au lieu-dit le Chiendent, puis passait sur deux beaux ponts : le premier sur un chemin conduisant au Moulin de l’arche et le second sur la Veude, peu avant le confluent de cette rivière et de la Vienne.
Pont sur la Veude (photo PMD nov. 2013)
Dans toute cette région, les rails ont été démontés mais les deux ponts subsistent, sur un remblai assez haut qui permettait que les voies ne soient pas inondées en cas de crues.
Après avoir franchi la Veude, la ligne arrivait sur la commune d’Anché, dont le toponyme indique l’ancienneté puisque Anché vient de Anciacus, signifiant « le domaine agricole d’Anscherus », qui était probablement un gallo-romain d’origine germanique.
Anché : PN 29 (photo PMD nov. 2013)
Les trains s’arrêtaient à Anché mais il n’y avait pas de gare ; la halte se trouvait au PN 29 et la route qui longe la maison du garde, plus importante que les maisonnettes habituelles, a été aménagée à la place de l’ancienne voie.
Ancienne voie le long du mur du château des Brétignolles (photo PMD nov. 2013)
 la sortie d’Anché, la voie longeait le château des Brétignolles « l’une des plus belles demeures de Touraine » selon André Montoux (voir Vieux logis de Touraine, volume 3) et la D 760, déplacée sur la gauche pour permettre la construction de la voie ferrée, est longée par un mur de pierres, sur lequel se dresse, à l’angle nord-est, une tourelle du 16ème siècle.
La ligne arrivait ensuite sur la commune de Sazilly, où il y avait une gare. Toute cette région, traversée par une voie gallo-romaine longeant la rive gauche de la Vienne (voir la catégorie Les voies gallo-romaines chez les Turons), était largement peuplée dans les premiers siècles après JC et il est probable que l’église de Sazilly ait remplacé un temple gallo-romain, de nombreux fragments de poteries ayant été trouvés dans le cimetière qui entoure l’église.
Gare de Sazilly en 2013 (photo PMD nov. 2013)
La gare de Sazilly a été transformée en une salle polyvalente, qui porte le nom de Pierre Boyer (1926/2014), maire de Sazilly de 1975 à 2001.
Sazilly : ancien bâtiment des marchandises (photo PMD nov. 2013)
Près de cette gare, l’ancien bâtiment des marchandises a été judicieusement transformé en maison d’habitation et, après la gare, l’ancienne voie est devenue une piste cyclable.
Sazilly, ancienne voie (photo PMD nov. 2013)
À la sortie de Sazilly, la voie croisait deux petites routes allant au Bois Physivon, hameau qui garde le souvenir des fils d’Ivon, seigneur de Tavant au 11ème siècle.
Tavant : ancienne voie à droite de l'église (photo PMD juin 2013)
Après Sazilly, la ligne arrivait sur la commune de Tavant et, sans souci du patrimoine, la voie longeait l’église Saint-Nicolas, célèbre, à juste titre, pour les magnifiques fresques de sa crypte.
Les trains s’arrêtaient à Tavant et l’ancienne station de cette commune, située au PN 40, a été bien transformée aujourd’hui.
Tavant : la halte en 2013 (photo PMD juin 2013)
À la sortie de Tavant, la voie croisait, au PN 42, la D 374 au -dit Marmignon, venant de Marmionem ou « domaine du Marcoman », patronyme probable d’un germain resté en Gaule après les invasions barbares de 58 avant JC.
Après Tavant, la voie arrivait à L’Île-Bouchard, qui tire son nom d’une île sur la Vienne, où se trouvait la cité primitive. L’ancienne voie, sur laquelle on peut voir un ponceau, est devenue la rue de Villaudron, du nom d’un domaine rural gallo-romain se trouvant autrefois sur la commune de Brizay.
L'Île-Bouchard : ponceau rue de Villaudron (photo PMD nov. 2013)
Il y avait ensuite, avant d’arriver à la gare, trois passages à niveau : le PN 43 sur la D 757 allant à Champigny-sur-Veude, le PN 44, qui a été remplacé par la Maison de santé du Bouchardais, sur la rue de la Commanderie, allant à l’ancienne commanderie des Templiers et le PN 45 sur la rue Saint-Léonard conduisant au prieuré du même nom, édifice du 11ème siècle avec de très beaux chapiteaux.
L’ancienne gare de L’Île-Bouchard est devenue le musée du Bouchardais, malheureusement fermé aujourd’hui.
L'Île-Bouchard : la gare en 2013 (photo PMD nov. 2013)
Derrière la gare, la voie a été transformée en boulodrome et la lampisterie est maintenant le lieu de repos des joueurs de pétanque.
L'Île-Bouchard : ancienne lampisterie de la gare (photo PMD nov. 2013)