Les voies longeant le Cher (voies 2.1 et 2.2)
Une voie importante, utilisée notamment pour le commerce de l’étain, reliait Lyon (Lugdunum) à Nantes (Condevincum) et, pour ce qui concerne notre région, Avaricum (Bourges), la capitale des Bituriges Cubes à Caesarodunum, en longeant le Cher. Cette voie figure sur la Table de Peutinger et elle passe par les étapes (mansio) de Gabris (Chabris, dans l’Indre, ou Gièvres, dans le Loir-et-Cher) puis de Tasciaca. Selon certains, c’était une voie fluviale, mais, pour notre part, nous faisons l’hypothèse qu’il y avait deux voies, suivant les rives du Cher, dont le lit, à cette époque, était beaucoup plus bas que de nos jours. Celle de la rive droite (voie 2.1) allait de Tasciaca à Caesarodunum et celle de la rive gauche (voie 2.2), de Mareuil-sur-Cher à Huismes.
De Tasciaca à Caesarodunum (2.1)
Communes traversées : Tasciaca, Montrichard, Chissay-en-Touraine, Chisseaux, Chenonceaux, Civray-de-Touraine, La Croix-en-Touraine, Dierre, Saint-Martin-le-Beau, Azay-sur-Cher (rive droite), Véretz (rive droite), Larçay (rive droite), Montlouis-sur-Loire et Saint-Pierre-des-Corps
Tasciaca
L’agglomération de Tasciaca, à la frontière des Bituriges Cubes, des Turons et des Carnutes, regroupait, dans l'antiquité, les communes actuelles de Pouillé (voir ci-après) et de Monthou-sur-Cher ; sur la table de Peutinger, elle est située à 24 lieues de l’étape précédente (Gabris), certainement des lieues gallo-romaines, de Caesarodunum, soit 53 km contre 54,5 actuellement.
De très nombreux objets : statuettes, monnaies, bijoux, poteries y ont été découverts et sont présentés au petit musée, installé au-dessus de la mairie de Thésée.
Les Mazelles à Thésée (photo PMD fév. 2011)
Le site des Mazelles (début du 2e siècle après JC) est un ensemble de bâtiments, achetés en 1966 par Maurice Druon qui en fit don au Département ; il y avait sans doute des bâtiments administratifs et une auberge ; la construction la plus importante, de 40 m. de long sur 14 m. de large et 7 m. de haut, était peut-être des thermes ou un entrepôt de poteries ; en effet Tasciaca était, avec Mougon (voir la voie suivant la rive droite de la Vienne), l’une des deux grandes agglomérations de potiers dans la région.
De la rive droite, un gué permettait de traverser le Cher et de rejoindre Pouillé où passait une voie parallèle, sur la rive gauche du fleuve (voir ci-après).
La voie principale continuait sur la rive droite du Cher et passait par Bourré (Burracum) et Montrichard, qui sont aujourd’hui dans le Loir-et-Cher, mais qui, auparavant, faisaient partie de la province de Touraine et encore avant du territoire des Turons.
Montrichard
Montrichard est connue pour sa forteresse construite par le comte d’Anjou Foulques Nerra, ancêtre des Plantagenêt et notamment du roi Richard-Cœur-de-Lion, qui donna son nom au château, mais qui le perdit en 1188 au profit de Philippe-Auguste.
On ne sait pas s’il y eut un oppidum celtique sur la colline, car les traces celtiques sont à l’ouest du centre, à Nanteuil (commune de Montrichard), où il y a une « fontaine », c’est-à-dire une source, qui fut divinisée par les Celtes et christianisée par Saint Martin ainsi que des vestiges d’habitat gaulois.
Fontaine de Nanteuil à Montrichard (photo PMD août 2011)
Près de la source se trouvent des ruines anciennes qui font songer à un établissement thermal, mais nous ne savons pas de quelle époque elles datent. C’est aussi à Nanteuil qu’une voie (voir voie Dangé-Saint-Romain/Montrichard) reliant Vouneuil-sur-Vienne (voir voie Barrou/Montrichard) à Blois (voir voie rive droite de la Loire) traversait le Cher.
Chissay-en-Touraine et Chisseaux
Après Montrichard la voie passait par Chissay-en-Touraine, autrefois en Touraine, aujourd’hui dans le Loir-et-Cher, où deux sites préhistoriques et un site du bronze final (900 av. J.-C.), avec des sépultures à incinération, ont été découverts, puis entrait dans l’actuel département d’Indre-et-Loire à Chisseaux, où une église, fondée par Saint Martin, est mentionnée dès le 5e siècle par Grégoire de Tours et où la découverte de nombreuses monnaies laisse supposer la présence d’un atelier monétaire.
Chenonceaux et Civray-de-Touraine
La voie continuait ensuite par Chenonceaux, où un premier château (Chenonceau) avec moulin et gué sur le Cher fut édifié au 13èmesiècle. Peu après, à Civray-de-Touraine, un torque en or, du 4e siècle av. J.-C., a été découvert en 1980 au lieu-dit Bondion (au nord-est), où des tuiles et des tessons du 1er siècle après JC indiquent sans doute l’existence d’un petit temple (fanum) continuant la célébration d’un culte gaulois.
Le torque de Civray (Musée de Saint-Germain)
En cherchant des renseignements sur place, nous sommes tombés par hasard sur la veuve de l’homme qui avait déterré ce torque, en labourant, nous a-t-elle dit, mais elle n’a pas voulu, par contre, nous indiquer le lieu où ce collier, qui est maintenant au Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, avait été trouvé.
La Croix-en-Touraine, Dierre et Saint-Martin-le-Beau
La voie se dirigeait ensuite vers La Croix-en-Touraine, où elle croisait une voie allant vers Amboise (voir voie La Celle-Saint-Avant/Amboise) ; le nom de cette commune, située en face de Bléré (sur la rive gauche), était anciennement Saint-Quentin-près-Bléré et elle aurait été fondée par un certain Quintinus, si l’on en croit le site de la mairie.
Fossés près de Saint-Martin-le-Beau (photo Jacques Dubois, 1987)
Après la Croix-en-Touraine, les fossés de la voie, qui était entre le Cher et le Filet, ont été vus d’avion, sur les communes de Dierre, du côté de l’aéroport, et de Saint-Martin-le-Beau, au sud de Champs-Deux, où une station préhistorique a été découverte, et de La Billette, près de l’ancien chemin rural n° 58, appelé « Le Vieux-Chemin-de-Tours ». La chaussée était large de 5 m. et l’emprise totale, avec les fossés, était de 10 m.
Azay-sur-Cher (rive droite), Véretz (rive droite) et Larçay (rive droite)
La voie passait ensuite à La Bodine (commune d’Azay-sur-Cher) où un site gallo-romain important a été repéré, puis à La Perrée-du-Roi, toponyme signifiant peut-être « chemin empierré (actuelle D 82) conduisant à un gué (sur le Filet) », car dans ce genre d’odonyme (nom désignant une voie) le mot « roi » est souvent une déformation de l’ancien français « ré », du gaulois ritus, signifiant « le gué ». Là, elle était rejointe par une voie venant de la vallée de la Vienne (voir voie Nouâtre/Azay-sur-Cher).
Elle continuait sur la commune actuelle de Véretz (rive droite) (voir ci-après), où l’ancienne voie a été vue d’avion à plusieurs endroits, entre le Cher et le Filet, notamment entre Le Prieuré, La Chapelle, où des vestiges d’une villa ont été découverts et Les Aprées puis entre La Ribellerie et Les Montils sur la commune de Larçay (rive droite). C’est là que la voie croisait une voie secondaire qui allait de l’Indre à la Loire (voir ci-après).
Montlouis-sur-Loire (voir voie rive gauche de la Loire) : dans cette commune, la voie est continuée par l’ancienne route de Tours, où se trouvaient au 18ème siècle plusieurs relais de poste (Belle-Roche, La Pousterie) ; elle se dirigeait ensuite vers Saint-Pierre-des-Corps, en passant par Rochepinard.
Saint-Pierre-des-Corps : la voie arrivait enfin sur la commune actuelle de Saint-Pierre-des-Corps et Jacques Dubois a vu, aux Dix-Neuf, une trace montrant que là elle obliquait vers le nord pour rejoindre, par l’actuelle rue Marcel Paul (?), à côté du grand cimetière ayant remplacé une nécropole gallo-romaine, la voie qui longeait la rive gauche de la Loire (voir article précédent) et qui arrivait à Caesarodunum.
Voie rive gauche (2.2)
Une autre voie longeait la rive gauche du Cher et entrait sur le territoire des Turons à Mareuil-sur-Cher.
Communes traversées : Pouillé, Faverolles-sur-Cher, Saint-Georges-sur-Cher, Francueil, Civray-de-Touraine (rive gauche), Bléré, Athée-sur-Cher, Azay-sur-Cher, Véretz, Larçay, Saint-Avertin, Joué-lès-Tours, Savonnières, Villandry, Lignières-de-Touraine et Huismes.
Pouillé : après Mareuil-sur-Cher, la voie arrivait à Pouillé (en face de Thésée-la-Romaine), où l’on a découvert, au bord de la rivière, une vingtaine de fours dans lesquels étaient cuites les belles poteries de Pouillé ; près de ces fours, on peut voir les restes d’un fanum (temple) du 1er siècle après JC. Ce temple, près duquel un puits et un bassin ont été découverts, était consacré à une divinité des eaux, probablement le dieu du Cher, évoqué pour soigner les yeux malades, car une grande quantité d’ex-voto en forme d’yeux y ont été trouvés. Là arrivait une voie qui reliait la vallée de la Vienne à la vallée du Cher (voir voie Dangé-Saint-Romain à Thésée-la Romaine).
Fanum à Pouillé (photo PMD fév. 2011)
Faverolles-sur-Cher : dans cette commune, qui est encore dans le Loir-et-Cher, la voie ancienne est reprise par une route qui longe, au sud, la D 976 et qui passe par des lieux au nom évocateur, comme La Roche ou La Rochette, puis par Angé (Anniacum), avant d’arriver à La Motte, site probable d’un oppidum ; il y avait là un gué permettant de rejoindre Montrichard, sur la rive droite, qui était utilisé par la voie venant de la vallée de la Vienne (voir voie de Barrou à Montrichard).
Ancienne voie à La Motte (photo PMD août 2011)
Saint-Georges-sur-Cher et Francueil
Après Faverolles-sur-Cher la voie gallo-romaine a disparu, mais on la retrouve, à Saint-Georges-sur-Cher (encore dans le Loir-et-Cher), sous l’appellation D 17, qui prend le nom de Route de Tours au lieu-dit Vrigny (Veriniacum).
Après Vrigny la D 17 redevient la D 976 et passe sur la commune de Francueil au sud de laquelle se trouvent les lieudits Les Ouldes (avec un manoir du 16e siècle, restauré au 19e siècle) où a été trouvé un trésor monétaire contenant plus de 500 potins à tête diabolique et, à côté, Le Moulin-à-Tan, sur le Ruisseau de Francueil, où des dalles anciennes auraient été vues.
Francueil sur la carte de Cassini
Toujours sur cette commune la voie passait à Vingtain, toponyme suggérant que ce lieu était peut-être à 20 lieues gallo-romaines (44 400 km) de Caesarodunum et qui est effectivement à une quarantaine de km de Tours puis à Coulommiers, toponyme venant sans doute de columna ou « colonne », qui aurait pu être une borne milliaire ; c’est là aussi que, dans un castellum, édifice de 120 mètres sur 40 mètres, de nombreux fragments de poteries sigillées et une monnaie de Néron ont été découverts.
Civray-de-Touraine (rive gauche), Bléré et Athée-sur-Cher
La voie passait ensuite à Civray-de-Touraine, rive gauche (voir ci-dessus), au lieu-dit La Canardière, où des poteries contenant des cendres indiquent qu’il y avait là une nécropole, puis à Bléré, où elle croisait une voie allant vers Amboise (voir voie La Celle-Saint-Avant/Amboise) en franchissant le Cher pour rejoindre La Croix-en-Touraine, sur la rive droite (voir ci-dessus), au lieu-dit Finispont, toponyme qui, d’ailleurs, reprend le nom gaulois de Bléré, qui était Briotreide, autrement dit « le Bout du pont ».
Entre Bléré et Saint-Avertin, il existait de nombreuses villas, le plus souvent un peu à l’écart de la voie, notamment au Pré-des-Renards, où une amphore du 1er siècle av. J.-C. a été découverte et à La Cholterie (commune de Bléré) où un domaine gallo-romain a été découvert.
Ancienne voie à Fontenay (photo PMD août 2011
Des traces de cette voie ont été repérées à deux kilomètres à l’ouest de Bléré, au lieu-dit Fontenay, où un château du 19e siècle a remplacé un autre du 17e siècle et où se trouvait le début du bien connu aqueduc, dit de Fontenay, long de 26 km, construit, au 2ème siècle après JC, à l’époque de l’empereur Hadrien pour alimenter en eau Caesarodunum et en particulier les thermes du sud.
À la sortie de Bléré, la voie longeait le Cher ; la rue de l’Aqueduc ou GR 41, qui reprend peut-être l’ancienne voie et qui conduit à Athée-sur-Cher, passait d’abord à La Boissière (Buxaria), où se trouve un manoir du 16e siècle, dont le parc est traversé en souterrain par l’aqueduc de Fontenay, puis à La Boulaye (Betulleta), sur la commune d’Athée-sur-Cher, où se trouve aussi un manoir du 16e siècle, près duquel, la Fontaine-Saint-Martin, serait, selon le site de la mairie, une source antique, christianisée après le 4e siècle, qui guérissait de nombreuses maladies.
Ancienne voie à La Boulaye(photo PMD mai 2011)
Il y avait là une villa gallo-romaine, dont le plan a été fait par Sylvain Livernet, qui a étudié cette région d’une façon approfondie et selon qui il existait peu après La Boulaye, au lieu-dit La Taille-des-Bournais, un ancien village du nom d’Écueillé ou de Cueillé, où des poteries ont été trouvées ; l’une d’elles, marquée… ERCAT… serait une poterie de Mercator, potier à La Graufesenque de 80 à 120 après JC.
La voie passait ensuite à Chandon (Candonem), sur la commune d’Athée-sur-Cher, puis à côté du beau château de Nitray (Nanturiacum), construit au début du 16e siècle pour Emery Lopin, maire de Tours en 1516 ; il y avait peut-être là, toujours selon Sylvain Livernet, une villa gallo-romaine ainsi qu’un fanum (temple).
Azay-sur-Cher : la voie entrait sur la commune d’Azay-sur-Cher à La Varenne, où elle croisait La Voie-Creuse, ancienne voie gauloise allant du sud vers le nord ; elle passait ensuite à Leugny, au Château-du-Côteau puis dans le Bourg.
Carte Mappy (annotations PMD)
Un peu avant le bourg actuel, venant de Truyes et de Saint-Jean-du-Grais (sud-est de la commune), une voie arrivant de Nouâtre (voir voie Nouâtre/Azay-sur-Cher) franchissait le Cher à gué pour arriver à La Perrée-du-Roi, où passait la voie de la rive droite (voir ci-dessus).
Véretz : la voie entrait sur la commune de Veretz (voir ci-dessus) au Fourneau et elle est continuée sous le nom de Chemin-de-l’Évêque-de-Tours, c’est-à-dire Saint-Martin. On peut voir quelques vestiges de l’aqueduc de Fontenay à l’entrée est du bourg, rue des Isles, près de la place du Girouet, mais il s’agit d’éléments déplacés après avoir été déposé de leur emplacement originel à l'occasion de travaux de construction.
Vestiges de l'aqueduc de Fontenay à Véretz (photo PMD sept. 2024)
Sur cette commune, La Chavonnière (au sud-est du bourg), qui appartenait aussi à Paul-Louis Courier lorsque celui-ci fut assassiné dans les bois de Larçay en 1825, a remplacé une construction gallo-romaine, où l’on a découvert en 1855 des vestiges (murs, tessons de tuiles et de céramiques), une meule en grès, un squelette avec une pièce de monnaie et un collier près de la tête, placé au-dessus d’un puits contenant une colonne ainsi qu’un vase de terre contenant près de 4 000 pièces de monnaie du 3e siècle après JC.
Larçay : la voie continuait vers Larçay (voir ci-dessus) dont le site a été occupé dès la préhistoire et on a repéré des traces de cette occupation au Voisinet (- 40 000) et aux Grands-Champs (- 10 000) ; des poteries néolithiques ont été trouvées aux Graviers (- 5 000) et une ferme gauloise a été vue d’avion par Jacques Dubois dans le Bois-de-la-Duporterie (commune d’Esvres-sur-Indre), qui prolonge la forêt de Larçay ; dans le parc du château de Bellevue, où il y avait une villa gallo-romaine, on a découvert des poteries gauloises, un dépôt de 9 haches en bronze et 3 monnaies gauloises.
Sur cette commune, on peut aussi voir des vestiges de l’aqueduc de Fontenay, qui longeait la voie, mais Larçay est surtout connu pour son imposant castellum, édifié au 3e siècle après JC, pour protéger sans doute la voie qui passait à proximité. Les fouilles, menées entre 1984 et 1987 par Jason Wood, n’ont pas donné beaucoup de matériel, si ce n’est 21 monnaies datant de 120 à 320 après JC.
Le Carroi à Larçay (photo PMD oct. 2019)
L’ancienne voie peut encore être vue à La Croix (sud-est du bourg) et au Carroi (carrefour), où elle croisait une voie secondaire transversale, qui, selon le Dictionnaire des Communes de Touraine, serait allée d’Esvres-sur-Indre à La Ville-aux-Dames.
Saint-Avertin : la voie arrivait ensuite sur la commune de Saint-Avertin par l’actuelle rue Saint-Michel, voie creuse taillée dans le rocher et profonde de 6 mètres, après être passée au lieu-dit Cangé (Candidiacum), où Jacquelin d’Andigné fit élever un château au 13e siècle.
Rue Saint-Michel à Saint-Avertin (photo PMD mars 2011)
Elle était alors rejointe par une voie allant du sud vers le nord, via Esvres-sur-Indre (voir voie Tournon-Saint-Pierre/Villedieu-le-Château) et il existe, au carrefour des rues de Larçay, de Rochepinard, de Grandmont et de Cormery, un café appelé le Carroi, qui garde le souvenir de cet ancien croisement.
Joué-lès-Tours, Savonnières, Villandry, Lignières-de-Touraine et Huismes
Il n’est pas facile de savoir où passait ensuite cette voie, dans cette région complètement bouleversée par l’urbanisation et par le déplacement du cours du vieux Cher, mais il est fort probable qu’elle est aujourd’hui reprise par la D 7, qui traverse le Vieux Cher au Pont-aux-Oies (commune de Joué-lès-Tours). En effet le nom de ce pont gallo-romain n’est autre qu’une déformation d’un ancien Pont-à-Voies, qui indique bien son utilisation, puisque là aussi passait sans doute la voie Nouâtre/Vaas.
Tombes gallo-romaines dans les grottes pétrifiantes de Savonnière (carte postale)
L’ancienne voie (aujourd’hui D 7) arrivait ensuite à Savonnières, dont le nom ancien (Saponaria) indique qu’on y fabriquait du savon ; cette invention gauloise, constituée de graisse animale et de cendres, servait surtout d’onguent colorant pour les cheveux ; il y avait là un port et la grotte du Clos-de-la-Cure, au-dessus de l’église, a été occupée pendant la préhistoire puis par les Gaulois ; une nécropole du 3e siècle après JC, dont il reste 7 pierres tombales, se trouvait dans les grottes pétrifiantes habitées à l’époque gallo-romaine.
La D 7 passe ensuite devant le château de Villandry, reconstruit au 16e siècle pour Jean le Breton à la place d’une forteresse du 12e siècle. Sur le plateau au-dessus de Villandry, au lieu-dit La Maison-Lureau, se dresse un menhir qui fait 3,65 m. de haut et dont le nom, La Pierre-aux-Joncs, est une déformation de la Pierre des géants ; la présence d’un autre menhir aujourd’hui disparu à côté de cette pierre a fait penser qu’il s’agissait peut-être, en fait, d’un des deux piliers d’un grand dolmen.
Un peu après Villandry, où le Cher se jette dans la Loire, la voie (aujourd’hui D 7 et anciennement « Route-de-Lignières-à-Tours ») suivait le cours d’assez loin et passait par La Sagottière, où une villa gallo-romaine a été repérée ; ce lieu-dit se trouve sur la commune de Lignières-de-Touraine, où le château de Fontenay, du 15e siècle, a été construit sur une villa gallo-romaine ; peu après, une route, sur la gauche, monte vers Le Plessis et vers Les Vignes-du-Coudray, où l’on a découvert un sarcophage contenant un squelette d’enfant tenant dans sa main une pièce de monnaie (pour payer son péage dans les Enfers). De là on domine la vallée de la Loire, avec le château de Langeais sur la rive droite de la Loire.
Ancienne voie à Lignière-de-Touraine (photo PMD août 2011)
Après Lignières, la voie rejoignait l’Indre, qui à son tour se jette dans la Loire après Huismes puis était continuée par celle qui longeait la rive gauche de la Loire (voir article précédent).