Avoine
Le nom de cette commune, située dans le Véron, au nord-ouest de Chinon, entre la Vienne et la Loire, apparaît pour la première fois en 1247 sous la forme Avenis venant, soit du latin avena, signifiant « champ où pousse l’avoine » ou « terre maigre », soit, selon le site de la commune, du radical aven, « lieu ayant un rapport à l’eau ».
Plan Émile Millet (BAVC 8.1 1977 page 97)
Histoire
Comme toutes les communes du Véron, Avoine resta relativement isolée jusqu’au moyen-âge, époque où le bourg le plus important était, sur la rive gauche de l’Indre, qui se jette peu après dans la Loire, celui du Néman, toponyme qui apparaît sous les formes Namang, au 12ème siècle, dans le cartulaire de l'abbaye de Fontevraud, puis Namant0, en 1288, et qui vient, soit de germanique neman signifiant "prendre", soit plutôt du gaulois nantos, signifiant « vallée ».
Histoire des fiefs : il y avait cinq fiefs dans ce bourg : cf Émile Millet (voir ci-après): En ce bon pays de Verron, le fief du Néman et ses seigneurs, in BAVC 8.1 1977 (pages 92/105).
Le plus important, celui du Néman, cité au 14ème siècle, possédait un château (voir ci-après) ; il appartenait, aux 16ème et 17ème siècle à la famille de Ribou, notamment à Pierre de Ribou « écuyer de cuisine du roi », descendant d’un autre Pierre Ribou « écuyer de cuisine de François 1er », puis à ses fils : Charles de Ribou « conseiller au Présidial de Tours » et François de Ribou (1596/1676) « capitaine des gens d’armes du roi ».
En 1671 le seigneur était Maurice Aubery, né en 1618 et tué en 1674 à la bataille de Seneffe, seigneur également de La Villaumaire (à Huismes), fils de Benjamin Aubery (1566/1636), ministre d’Henri IV et de Louis XIII (voir La Celle-Saint-Avant).
Le château du Néman en 1977 (voir BAVC ci-après) et en 2021 (photo PMD mai 2021)
Au 18ème siècle, le fief était la propriété de à la famille Le Roux (voir Rassay à Huismes) ; le dernier seigneur du fief fut Gilles Le Roux de Rassay (mort en 1787), capitaine de cavalerie. Après sa mort, ses héritiers confièrent la gestion de ses biens à Bertrand Poirier (1726/1793), seigneur de Beauvais (Ligré) et autres lieux, avocat à Chinon, guillotiné en 1793.
Un autre fief avait un manoir, situé au lieu-dit le Carroi-des-Loges (sud-ouest du Néman), qui devint une métairie du prieuré des Augustins de Benais, à qui Guy de Laval (1331/1386) , seigneur de Benais et de Loué (Sarthe) l’avait donné.
Les fiefs des Négrons et du Moulin Bouillard (sud-est du Néman, le long du Douay, aujourd’hui sur la commune de Huismes) appartenaient aux seigneurs de La Villaumaire (à Huismes).
Le cinquième enfin, le fief du Port d’Ablevois, était situé sur la rive droite de la Loire, dans la commune actuelle de La Chapelle-sur-Loire (voir ci-après).
Histoire contemporaine :
Au 19ème siècle, deux bacs arrivaient à Avoine : l’un partait du Port d’Ablevois (commune de La Chapelle-sur-Loire ) et arrivait Néman (voir ci-dessus) ; l’autre allait de Port-Boulet (rive droite de la Loire sur la commune de Chouzé-sur-Loire) à la rive gauche juste à côté de l’actuelle centrale nucléaire (voir ci-après), où, selon moi, Rabelais a situé l’abbaye de Thélème (voirhttps://turonensis.fr/categories/rabelais-en-touraine/ou-donc-etait-labbaye-de-theleme ) ; ce dernier, qui existait déjà sous l’ancien régime, avait une grande importance car il mettait en relation directe les villes de Bourgueil et de Chinon. Il cessa de fonctionner en 1837, suite à la construction du pont suspendu de Port-Boulet.
La Loire entre Port Boulet et Avoine (photo PMD juin 2024)
Pour désenclaver le Véron, la gare d’Avoine-Beaumont fut construite, à droite de l’église, sur la ligne de chemin de fer Port-Boulet/Port-de-Piles (voir https://turonensis.fr/categories/voie-ferree-de-port-boulet-a-port-de-piles/02-de-port-boulet-a-chinon ). Cette gare fut démolie en 1955.
Carte postale (au fond, on aperçoit l'église)
Le poète Gaston Luce (1880/1965), auteur notamment de Ma Touraine (1917), est né au Néman. Également né à Avoine, Émile Millet (1887/1983), instituteur et historien local (voir ci-dessus), est notamment l’auteur de Itinéraires de Touraine (1968).
En 1956, les travaux du Centre Nucléaire de Production d’Electricité, dit centrale de Chinon, débutèrent sur Avoine. Cette activité modifia profondément le paysage et enrichit la commune, qui vit son nombre d’habitants augmenter et qui put construire d’importantes infrastructures : piscine, médiathèque, collège, espace culturel, etc.
Centrale nucléaire vue du pont de Port-Boulet (photo PMD mai 2009)
À voir
L’église Saint-Maurice (place de l’Église) : cette église, construite en 1860 par l’architecte diocésain Gustave Guérin (1814/1881), a remplacé une église médiévale du 13ème siècle, qui se trouvait plus à l’est, à l’emplacement de l’école primaire Irène Joliot-Curie et qui sera détruite au moment de la construction de la nouvelle église.
Église Saint-Maurice (photo PMD mai 2021)
La Baronnière (à droite quand on entre dans Avoine en venant de Chinon) : ce manoir fut construit au 16ème siècle pour René Le Bascle, frère de Louis Le Bascle (mort en 1569) capitaine-gouverneur du château de Chinon en 1568 ; sur la famille Le Bascle, voir Le Puy-Bascle à Crouzilles ; sur le manoir, voir André Montoux : Deux vieux logis d’Avoine in BAVC 8.1 1977 (pages 85/91).
La Baronnière (photo A. Montoux BAVC 8.1 1977, page 85)
La propriété fut achetée en 1637 par l’amiral Claude de Launay-Razilly (1593/1654), gouverneur de l’Acadie (Canada) et elle devint alors une métairie du château de Velors (à Beaumont-en-Véron). En 1893, une annexe fut construite pour être une laiterie. Acheté en 1987 par la commune, c’est maintenant un EPHAD.
La Baronnière (photo PMD mai 2021)
Le bâtiment est flanqué, au nord-ouest d’une tour carrée avec une lucarne en plein cintre à galbe triangulaire et, au sud, d’une tourelle polygonale, couverte d'une flèche en charpente, dont la lucarne conserve un tympan décoré d’une tête tenant un anneau entre ses dents.
La Caillerie (à gauche quand on entre dans Avoine en venant de Chinon) : l’ancien château féodal a été remplacé en 1863 par un élégant manoir, acheté ensuite par l’EDF pour y loger son personnel pendant la construction de la centrale, puis par la commune. En 2017, la propriété était en vente au prix de 395 000 €. C'est maintenant une propriété privée, où l'on peut louer des chambres (voir https://www.gites.fr/gites_appartement-du-chateau-de-la-caillerie_avoine_h4966298.htm)
Château du Néman : cet ancien château, situé à la sortie du Néman en allant vers Huismes, est composé d’un pavillon du 17ème s. et d’un logis ancien, du 15ème siècle, auquel on accède par un portail en anse de panier, flanqué d’une porte piétonne, et dont la façade orientale possède un impressionnant pignon ainsi qu’une fenêtre à meneaux, de style gothique flamboyant, murée en 1829 mais réouverte maintenant, qui s’inscrit dans une baie plus ancienne, surmontée d’un arc brisé ; à l’intérieur, où il y avait une chapelle fondée au 15ème siècle et fonctionnant encore en 1787, se trouve aussi une cheminée de cette époque. Voir Histoire, ci-dessus.
Le château du Néman en 1997 (photo André Montoux) et en mai 2021 (photo PMD)
Le moulin de l’Arceau (entre Huismes et Le Néman) : ce moulin, installé sur la Veude, peu avant son confluent avec l’Indre, date du 18ème siècle et a été remanié au 19ème L’association Le Croquet Club du Moulin de l'Arceau s’est créée en 2017 pour remettre à l’honneur, en ce lieu, le jeu de croquet.
Moulin de l'Arceau (photo PMD mai 2021)