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Avon-les-Roches


Le nom de cette commune, située sur la rive droite de la Manse, au nord de L’Île-Bouchard, apparaît pour la première fois au 11ème siècle dans les chartes 168, 312 et 323 du cartulaire de l’abbaye de Noyers sous la forme Avo, venant soit du gaulois abo, signifiant « rivière », soit du patronyme germanique Abbo ; cette commune s’est ensuite appelée Avon-en-Touraine au 14ème siècle et le nom actuel a été fixé par un décret de 1936.

01 Carte IGN avec annotations PMD

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Le territoire de cette commune fut occupé au néolithique comme l’indiquent une hache d’importation en jade et le toponyme « le gros chillou » dans les landes du Ruchard (au nord du bourg), signalant la présence d’un menhir ou d’un dolmen.

À l’époque gallo-romaine plusieurs domaines agricoles (villae rusticae) exploitaient les terres de la région ainsi que le montrent les toponymes de Naie ou "domaine de Nasius" et d’Oignié ou "domaine d'Oniacus" (voir ci-après) ainsi peut-être aussi que le toponyme Maumay, pouvant signifier « la mauvaise maison », appelé également Mournay, pouvant venir de Maurinacus ou « domaine du Maure » ; il y avait là un moulin, cité dès la première moitié du 17ème siècle. Un petit tour de potier gallo-romain et de la céramique commune ont été trouvés à l’est de la collégiale des Roches-Tranchelion (voir ci-après).

02 Maumay photo PMD déc. 2012Maumay (photo PMD déc. 2012)

La voie gallo-romaine allant de Chinon à Loches (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/voies-de-la-vienne-a-lindre-6-4-et-6-5 ) passait sur le territoire de cette commune, sans doute non loin de la D 21, qui suit le cours de la Manse et il se peut que le lieu-dit la Maison Rouge (au sud du bourg) ait été une étape sur cette voie.

03 Avon les Roches la Maison Rouge photo PMD avril 2013Avon-les-Roches : la Maison-Rouge (photo PMD avril 2013)

Histoire ancienne :

La charte 168 du cartulaire de Noyers, de 1088, indique que Hugues Dindeau, après avoir tué Oggisius, de Crissay, donna aux moines de Noyers « tout le juniorat de l’église qu’on appelle Avon ». Cette famille étint décidément belliqueuse, car la charte 312 de 1102 nous informe que Savarin Dindeau, après le meurtre d’un soldat nommé Hermann, donna à l’abbaye de Noyers, le droit de sépulture dans l’église d’Avon. Quant à la charte 323 de 1104, elle parle de Guillaume d’Avon, fils de Gomer d’Avon.

Histoire des fiefs :

Le fief d'Avon, qui dépendait de L'Île-Bouchard, appartint d'abord, au 12ème siècle, à la famille d'Avon avec Mathieu d’Avon (cité en 1140) puis Ribotel d’Avon (cité en 1144) ; par la suite il devint la propriété de la famille de La Barre, avec Jean de La Barre, bailli du Lude (cité en 1380), père de Jean II de La Barre (cité en 1400) , lui-même père d'Adam de La Barre (cité en 1420).

En 1484, ce fief fut divisé en deux parties : la Cour d’Avon et la Salle d’Avon ; le premier appartenait alors à Maxime de Pingault mais en 1504, Gillette de Pingault le vendit à Lancelot de La Touche, seigneur des Roches-Tranchelion (voir ci-après).  Le seigneur du second, qui était alors Tristan de Sazilly fut suivi par Philippe de Sazilly, cité en 1575, N. Le Bascle (cité en 1600), Aimé Le Bascle (cité en 1616), Guy Aldonce I de Durfort (1605/1665), fils de Jacques de Durfort (voir ci-après), Léonor Le Basle et François de La Barre (cités en 1689), maire de Tours en 1676/77. Sur cette famille Le Bascle voir Avoine et le Puy-Bascle à Crouzilles.

Un autre fief important était celui des Roches-Tranchelion (ou Roches d’Archidiacre) (voir ci-après). Le nom des Roches-Tranchelion apparaît pour la première fois en 1254 sous la forme « Esterlas de Tranchelyon » ; ce toponyme est expliqué par plusieurs légendes, dont aucune n’est sûre. Le premier seigneur connu est Guillaume Ouvoie, cité en 1420, dont la fille, Guillemette Ouvoie, épousa en 1429, Guillaume, seigneur de Palluau (dans l’Indre), qui reçut ce fief en dot et qui avait ou prit le nom de Guillaume I de Tranchelion (1399/1445).

04 Les Roches Tranchelion photo PMD avril 2013Les Roches-Tranchelion (photo PMD avril 2013)

Ce dernier fonda une chapelle à côté du château en 1440 et obtint l’année suivante, du roi Charles VII, dont il était le chambellan, l’autorisation d’achever la fortification du lieu. On ne sait comment, la seigneurie passa en 1448 à Hardouin de La Touche, qui reçut plusieurs fois le roi Charles VII, comme l’indique la note suivante : « Le derrenier jour de juillet, l’an de grace CCCC XLIX [1449], le roi [Charles VII] estant au Rochestrenchelyon, fist assembler en sa présence les gens de son conseil. »

Hardouin de La Touche, qui devint ensuite panetier (officier du service de bouche) du roi Louis XI et conseiller du roi René d’Anjou (1409/1480), est cité comme seigneur des Roches-Tranchelion en 1448 et de Villaines-les-Rochers en 1480 ; il eut comme enfants Lancelot de La Touche, cité comme seigneur des Roches-Tranchelion en 1508, et Antoinette de La Touche (morte en 1515), qui épousa en 1474 Philippe de Menou (mort en 1520), chambellan de Louis XI, fils de Jean IV de Menou (mort en 1473), chambellan de Charles VII.

05 Famille de La Touche document PMDFamille de La Touche (document PMD

François Lancelot de La Touche, fils de Lancelot, épousa Charlotte de Maillé (née en 1511), sœur de Simon de Maillé, archevêque de Tours, et ils eurent pour fille Isabeau de La Touche (1529/1560). Après la mort de François Lancelot, Charlotte de Maillé épousa, en 1550, Jacques I de Montgommery (1485/1560), qui avait épousé en premières noces, en 1521, Claude de La Bouëxière, avec qui il avait eu un fils,  Gabriel I de Montgommery (1530/1574).

Isabeau de la Touche, dame des Roches-Tranchelion, épousa, en 1550, le fils du second mari de sa mère : Gabriel I de Montgommery, capitaine de la garde écossaise, qui devint seigneur des Roches-Tranchelion.  

06 Gabriel I de Montgomery photo wikipedia Ce dernier, en 1559, eut le malheur de blesser mortellement le roi Henri II au cours d’un tournoi : il émigra ensuite en Angleterre, puis se   fit   protestant et se mit du côté des huguenots pendant les guerres de religion ; il prit notamment et mit à sac la ville de Bourges en 1562,   avant d’être fait prisonnier et exécuté en 1574. Il a laissé un graffiti dans la tour d’escalier de la collégiale (voir ci-après).

Isabeau de la Touche et Gabriel de Montgomery furent les parents de Jacques II de Montgommery (1554/1609), seigneur des Roches-Tranchelion, qui épousa, en 1571, Perronelle de Champagne, avec qui il eut une fille : Marguerite de Montgommery (1585/1606), qui épousa, en 1603, Jacques de Durfort (1547/1626), 1er marquis de Duras, qui devint seigneur des Roches-Tranchelion.

Marguerite de Montgomery et Jacques de Durfort eurent un fils Guy Aldonce de Durfort (1605/1665), seigneur des Roches-Tranchelion et d’Oigné (voir ci-après), qui épousa, en 1619, Élisabeth de La Tour d’Auvergne (1606/1685). Voir aussi Rigny-Ussé.

Par la suite, le fief passa à un allié de la famille : Gabriel Henri de Beauvau (1655/1738), marquis de Montgoger (Saint-Épain), seigneur de Crissay-sur-Manse, des Roches-Tranchelion, de Courcoué et de Neuil.

Histoire moderne et contemporaine :

Plusieurs souterrains-refuges datant peut-être du Moyen-Âge mais utilisés avec certitude aux 16ème et 17ème siècle, existent sur le territoire d’Avon ; l’un d’eux, dans le bourg, au nord de l’église, comprend un puits et trois salles, dont une servit de pressoir.

En 1825, le village du Soulier, qui faisait partie de la commune de Saint-Maurice de L’Île-Bouchard, fut alors rattaché à Avon. Une tuilerie fut construite en 1857 au Petit Bois par Louis Potard-Huault, alors tuilier à Panzoult et elle fonctionna jusqu’en 1935. L’école de garçon, le presbytère et la salle de mairie furent construits en 1862 par l’architecte diocésain Gustave Guerin (1814/1881) ; l’école de filles, à l’entrée sud du bourg, date de 1884.

En 1871, l’armée loua à la commune les landes du Ruchard, dont la plus grande partie, après plusieurs procès avaient été attribuées à Avon, et y installa un camp militaire du Ruchard ; pendant la 1ère guerre mondiale, ce fut d’abord un camp d’internement pour les prisonniers allemands puis un centre de convalescence pour les soldats belges, dont 63 sont inhumés dans le cimetière communal, où se trouve un monument commémoratif.

07 Le camp du Ruchard en 1966 photo wikipediaLe camp du Ruchard en 1966 (photo wikipedia)

Pendant la seconde guerre mondiale, après avoir été un camp d’internement pour les prisonniers français de droit commun et pour les étrangers, il fut occupé par l’armée allemande ; le 16 mai 1942, 5 jeunes communistes tourangeaux et 3 otages y furent fusillés ; ces premiers exécutés de Touraine furent suivis le 27 octobre 1942 par 7 résistants ; en 1982, on installa une stèle (sur la route d’Azay-le-Rideau), qui garde le souvenir de ces victimes de la barbarie nazie ; par la suite de fausses isbas russes y furent aménagées pour des films de propagande nazie ; agrandi après la guerre, le camp est toujours en activité.

08 Stèle route dAzay le Rideau photo PMD avril 2013 Stèle route d'Azay-le-Rideau (photo PMD avril 2013)

En 1966, on découvrit près des Roches-Tranchelion, un trésor monétaire comprenant 214 pièces d’or françaises et espagnoles, dont la plus récente était de 1619 ; on ignore l’origine de ce trésor.

À voir dans le bourg

Église Notre-Dame :

09 Église N. D. photo PMD avril 2013Église N. D. (photo PMD avril 2013)

L'église primitive, mentionnée dès 1088, appartenait au 12ème siècle à l’abbaye de Beaumont-les-Tours.

10 Porche de léglise photo PMD avril 2013Porche de l'église (photo PMD avril 2013)

Il en reste notamment de cet édifice le portail sud et le porche, sous lequel on peut lire une inscription (difficilement lisible) en lettres gothiques indiquant « l’an MYL IIIC LXXVI [1476] devant Nan[cy] dedans Lorrene fut tué le duc de Bourgoigne la vigille [la veille] de la thyphoine ». Ce duc de Bourgogne est Charles le Téméraire, qui fut tué le 5 janvier 1477 devant Nancy ; l’inscription porte la date de 1476 car, la nouvelle année commençant alors au 1er mars, on était encore en 1476 au mois de janvier. La « thyphoine », ou typhaine ou théophanie était l’ancien nom de l’épiphanie.

11 Inscription photo PMD avril 2013Inscription (photo PMD avril 2013)

À l’intérieur (demander les clés à la mairie) on peut voir un bénitier du 12ème orné de quatre têtes d’hommes et d’animaux fabuleux ainsi qu’une cuve baptismale avec son couvercle, de la même époque avec quatre têtes d’hommes barbus, ces éléments ayant été retrouvés en 1855 dans le jardin du presbytère par l’abbé Jean Jacques Bourrassé.

12 Fonts baptismaux photo PMD avril 2013Fonts baptismaux (photo PMD avril 2013)

Le cimetière : on peut y voir une croix du 15ème siècle, dont l’écusson représente la crucifixion avec deux léopards, ainsi que le monument aux morts des soldats belges.

13 Cimetière photo PMD avril 2013Cimetière (photo PMD avril 2013)

La Boulinère : fief cité en 1475 ; le bâtiment, très délabré, est du 17ème siècle.

Le lavoir de la Poste, sur le ruisseau du Puy-Chauveau, existait déjà en 1831. Il existe neuf lavoirs sur la commune d’Avon ; la plupart ont été restaurés et décorés avec les instruments des lavandières. L'association Avon-Patrimoine organise chaque année la randonnée des lavoirs.

14 Lavoir de la Poste photo PMD avril 2013Lavoir de la Poste (photo PMD avril 2013)

La Salle (nord-ouest du bourg) : le fief de la Salle d’Avon date de 1484 (voir histoire) ; le logis seigneurial est du 15ème siècle mais garde des vestiges du 14ème ; il fut modifié au 17ème siècle (cheminée du logis et dépendances) ; un procès-verbal de 1693 indique que le portail et une partie du mur d’enceinte étaient déjà ruinés.

15 La Salle photo PMD avril 2123La Salle (photo PMD avril 2013)

À voir au nord

Les Roches-Tranchelion (nord-est) :

Le château : de la forteresse édifiée au 15ème siècle par Guillaume de Tranchelion (voir Histoire) et qui était déjà détruite à la Révolution, il reste des vestiges de la porte d’entrée fortifiée, du mur nord avec une tour carrée et de la muraille sud ainsi que des casemates creusées dans le rocher.

16 Le château des Roches Tranchelion photo PMD avril 2013Le château des Roches-Tranchelion (photo PMD avril 2013)

La collégiale : l’église actuelle a été construite au 16ème siècle par Lancelot de la Touche (voir Histoire) ; la façade avec ses niches à colonnettes, et son pinacle représentant le Père Éternel coiffé de la tiare et entourés d’anges munis d’une double paire d’ailes, la main gauche appuyée sur la Terre et la main droite bénissant les visiteurs, est des rares témoignages du gothique flamboyant en Touraine.

17 La collégilale des Roches Tranchelion photo PMD avril 2013 La collégilale des Roches-Tranchelion (photo PMD avril 2013)

On peut voir à l’intérieur une jolie niche avec un dais richement sculpté (dans le bras du transept) ainsi que, dans le chœur, l’entrée d’une crypte funéraire creusée dans le rocher et destinée à recueillir les seigneurs du lieu. Les murs de la tour d’escalier montant au clocher sont couverts de graffiti ; la plupart ont été écrits par des soldats, sans doute en poste au camp du Ruchard mais on peut aussi distinguer dans l’embrasure d’une fenêtre un graffiti daté « mil cinq cens soixante et ung » et attribué à Gabriel de Montgomery (voir Histoire).

Il existe aussi deux autres graffiti anciens, l’un indiquant « Vigne Tounner, couvreulx, demorant à Crissé, mil cinq cens XXIII », et l’autre « la cloche paise 95 livres, la petite 61. Elles sont faites aux frais de Pierre Candide Perraud ». Ce dernier fut le doyen des cinq chanoines de 1768 à 1790. En effet Lancelot de la Touche avait institué un collège de cinq chanoines (d’où le nom de l’église) chargés d’assurer la célébration du culte, qui perdura jusqu’à la Révolution.

18 La maison des chanoines photo PMD avril 2013La maison des chanoines (photo PMD avril 2013)

Les vestiges de la maison des chanoines subsistent au bas d’un escalier descendant de la butte.

Dans le chemin qui passe sous la Collégiale, qui s’appelait la rue chaude : ce toponyme indique généralement une rue ensoleillée et occasionnellement une rue où il y avait des maisons de prostitution ; on peut y voir des habitations troglodytiques ; la première est ouverte et contient une belle cheminée.

Jautrou (nord-ouest) : une maison du 15ème siècle subsiste au n° 18, rue de la Fouquerie, qui conduit au hameau de Jautrou, où se trouve, au n° 1, une maison du 16ème siècle ainsi qu’une autre maison ancienne avec un passage couvert et, à la sortie du hameau, un beau lavoir. En continuant la route, on a une belle vue sur le centre d’Avon.

19 Lavoir de Jautrou photo PMD avril 2012Lavoir de Jautrou (photo PMD avril 2012

À voir à l’est

Oignié : ce toponyme, venant du gallo-romain Oniacum ou « domaine d’Onius » indique qu’il y avait là un domaine agricole ; ce fief appartenait en 1639 à Guy Aldonce de Durfort (voir Histoire). On peut y voir un pigeonnier circulaire contenant 1 000 boulins. De ce lieu on a une très belle vue sur les Roches-Tranchelion.

20 Oignié photo PMD avril 2013Oignié (photo PMD avril 2013)

À voir au sud

Naie : Le nom de ce fief apparaît pour la première fois au 11ème siècle sous le nom de Terra de Anais (charte 168 du cartulaire de Noyers) mais il y avait bien là avant une villa gallo-romaine (Nasia villa) comme le montrent les nombreux fragments de tuiles retrouvés au Petit Naie (voir Histoire).

21 Le Petit Naie photo PMD avril 2013Le Petit Naie (photo PMD avril 2013)

Le fief appartenait, en 1480, à Louis I de La Trémoille, seigneur de L’Île-Bouchard et, en 1484, à Jacques de Bernezay ; il fut ensuite possédé par la famille de La Barre (voir histoire) puis, en 1754, par Paul Jean Baptiste Barjot de Roncé (né en 1731) (voir Crouzilles et Panzoult). La fille de ce dernier, Marie Joséphine Caroline Barjot de Roncé (née en 1759), épousa en 1779 Jean Marie Louis Le Bascle (1749/1793) ; le fief fut saisi comme bien national en 1794.

Le château, édifié au 15ème siècle, fut alors acheté par le « citoyen » Savatier de Trogues (dont la chapelle funéraire est dans le cimetière) ; il fut ensuite largement modifié à partir de 1870, par la famille Savetier, qui posséda le domaine jusqu’en 1909.

La ferme voisine comprend un pigeonnier cylindrique aménagé dans une ancienne tour de défense. Il y avait aussi un moulin sur la Manse, qui figure sur un plan du 18ème siècle et qui a fonctionné jusqu’en 1950.


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