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Barrou


Le nom de cette commune, située au sud du département, sur la rive droite de la Creuse, apparaît pour la première fois dès 490 dans le testament de Saint Perpet, sous la forme Barraum, venant du gaulois barravus, ou « domaine agricole (villa rustica) du gaulois Barro ».

01 Plan de Barrou panneau touristiquePlan de Barrou (panneau touristique)

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Des sites importants du néolithique et de l’âge du bronze ont été découverts, notamment aux Ayez (au nord-ouest du bourg) et à La Creusette (à 3,5 km à l’ouest du bourg). De grandes lames en silex, tirées de livres de beurre et provenant de la cachette de ces lieux peuvent être vues au Musée du Grand Pressigny. Voir Michel Geslin : Le dépôt de La Creusette, in Gallia Préhistoire 18.2 1975 (pages 401/422) et Gérard Cordier : Le dépôt des Ayez, in Revue archéologique du Loiret 32 2007 (pages 19/30).

02 Lames néolithiques découvertes à La Creusette Musée du Grand Pressigny photo PMD mars 2019Lames néolithiques découvertes à La Creusette (Musée du Grand Pressigny, photo PMD mars 2019)

Un habitat du néolithique final, avec trois trous de poteaux, a été découvert dans le bourg, rue des jardins ; il a fourni 264 fragments de mobilier céramique ou lithique.

Le site de L’Assignat, près du Moulin-à-Vent (voir ci-après), à la sortie ouest du bourg, particulièrement important, était habité par des hommes relevant de la civilisation dite des champs d'urnes. Voir Nicole Mallet : L’Assignat, in RACF 24.1 1985 (pages 101/102).

04 Vase gallo romain BSAT 1979 photo Jacques DuboisVase découvert à L'Assignat (BSAT 1979, photo Jacques Dubois)

Ce site a fourni de grands vases tronconiques, des fragments de coupes, d’assiettes, de gobelets, de bracelets, des fusaïoles (pièces de métier à tisser), des vestiges de murs et de calages de poteaux, ainsi que des pointes de flèches, des tranchets, des couteaux et des grattoirs en silex, témoins d’une occupation néolithique ou de la survivance de technique ancienne.

Une agglomération gallo-romaine a existé sur les bords de la Creuse au Moulin-à-Vent, où se trouvait un gué, emprunté par une voie gallo-romaine reliant la vallée de la Vienne à celle de l’Indre, qui croisait là une autre voie longeant la rive droite de la Creuse. On y a trouvé un four de potier, de la vaisselle en céramique, datée du 1er au 3ème siècle après JC, des parures, des monnaies ainsi qu’un ex-voto, laissant supposer qu’il existait peut-être à cet endroit un culte lié à l’eau. Voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2.

03 Statuette gallo romaine Gallia 1980On y a aussi découvert une statuette haute de 17 cm et représentant une femme nue, le bras droit allongé le long du corps et tenant une cruche, le bras gauche levé et ayant une coupe à la main, ce qui a donné lieu à deux interprétations : soit une « libante », c’est-à-dire une femme se préparant à faire des libations, soit une femme versant du vin. Voir photo ci-contre in Gallia 38.2 1980 (page 329)

Vers 1890, les fouilles faites Place du Prieuré, (au bord de la Creuse), où se trouvait probablement un temple gallo-romain, remplacé par l’église fondée par Saint Perpet, (voir ci-après), mirent à jour 12 puits funéraires contenant des tessons de poteries noires et rouges, dont l’un porte la marque IVSTI, qui est celle du potier Justus, actif à La Graufesenque (Millau, Aveyron) au 1er siècle après JC, ainsi qu’un vase contenant des ossements calcinés d’homme et de cheval. Voir Christian Dechêne : Découvertes gallo-romaines à Barrou, in BSAT 39 1979 (pages 75/98)

Un domaine agricole gallo-romain existait à Soulanger, à 2 km au nord-est du bourg, toponyme venant soit de Solemniacus ou « domaine du Solennel », soit de Subalaniacus ou « domaine de la source ».

Histoire ancienne :

En 583, suite au conflit entre deux fils de Clotaire 1er, roi des Francs de 511 à 561 : Chilpéric 1er, roi de Soissons de 561 à 584 et Gontran, roi d’Orléans de 561 à 592, Barrou fut dévasté par Bérulfe, chambellan de Chilpéric 1er, duc de Touraine et du Poitou. Ce dernier fut assassiné en 585, accusé du meurtre de Chilpéric 1er de la part de son épouse Frédégonde (545/597), qui était peut-être en réalité l’instigatrice du meurtre. (Voir aussi Chambon et Yzeures-sur-Creuse).

Deux seigneuries existaient sur le territoire de Barrou : la commanderie de templiers de l'Épinat et la seigneurie des Courtils (voir ci-après).

Histoire moderne et contemporaine :

Déjà sous l’ancien régime, il existait deux passages ou bacs entre la rive gauche de la Creuse (département de la Vienne) et Barrou : un venant de Lésigny ainsi qu’un autre venant de Mairé. Au 17ème siècle, ils appartenaient au vicomte de La Guerche (voir cette commune), qui fut, entre 1678 et 1688, Gilles Fouquet (1637/1694), frère cadet du surintendant Nicolas Fouquet (1615/1680). Voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-creuse.

Le passage entre Lésigny et Barrou fut en service jusqu’en 1835, année où fut inauguré un pont suspendu (actuelle D 60). Après l'apparition, en 1937, d'un trou béant sur le pont suspendu, un nouveau pont fut reconstruit à proximité immédiate de l'ancien mais celui-ci fut détruit le 22 juin 1940 par l'armée française afin de freiner l'avancée allemande.

Reconstruit par les allemands, il supportait en son milieu une guérite marquant la frontière entre la zone libre (Barrou) et la zone occupée (Lésigny) ; il fut détruit de nouveau le 29 août 1994 par les Alliés pour contraindre un convoi allemand à emprunter le pont de La Roche-Posay. Quelques jours plus tard, le convoi fut décimé par la Royal Air Force sur la route de La Roche-Posay. Le pont actuel fut reconstruit en 1947.

Le bac entre Mairé et Barrou, qui est représenté sur le cadastre napoléonien, allait du Port de Mairé (au bout du chemin du Vieux-Port actuellement, au nord-est du bourg) à un point d’abordage situé à Barrou, en-dessous des Rioms, sur la rive droite, où il y a aujourd’hui un camping.

05 Bac entre Mairé et Barrou cadastre napoléonienBac entre Mairé et Barrou (cadastre napoléonien, annotations PMD)

Sous l’ancien régime, il était très surveillé par les gabelous (officier chargé de la perception de l’impôt sur le sel, dit la gabelle) car les habitants de la Touraine devaient payer cette taxe tandis que ceux du Poitou étaient exemptés, la gabelle ayant été supprimée pour eux en 1549 par Henri II (roi de de 1547 à sa mort en 1559), après la « jacquerie des Pitauds », en 1548.

Le passage appartenait au seigneur de Mairé et, selon le site de la commune de Mairé, le passeur devait laisser passer gratuitement « ce seigneur et sa maison » ; son fermage consistait en « 15 ou 20 livres de poissons ».

En 1845, le bac coula et la traversée fut de nouveau arrêtée jusqu’à la construction d’une grande charrière de 12,40 m. de long sur 4,25 m. de large pour les voitures et les charrettes ; le fermier disposait aussi alors d’un passe-cheval de 9,85 m. sur 2,60 m. pour les piétons et les bestiaux. En 1862, la charrière fut remplacée par un nouveau bateau, réalisé par un certain Jean Bruneau, charpentier en bateau à Cenon-sur-Vienne (Vienne).

Cependant, le fermier n'entretenait pas les bateaux et de l'herbe poussait à l'intérieur du bac. Vu sa dégradation et le fait que les charrettes et les voitures utilisaient le pont de Lésigny (voir ci-dessus), la décision fut prise de ne plus utiliser le bac et de se contenter du batelet pour faire traverser les piétons.

En 1888, le service n'avait lieu qu'entre 8 h. à 9 h. du matin et 5 h. à 6 h. du soir et le passeur n'acceptait plus que les piétons sans chargement. Le même contrat fut reconduit jusqu'en 1903.

17 Mairé La maison du passeur en 1916La maison du passeur à Mairé en 1916

Le passeur du bac étant décédé en 1913, le bail de 9 ans qu’il venait de signer à compter du 1er janvier 1913, fut transféré à son neveu, M. Glain, qui était aussi coiffeur, barbier, sacristain, pêcheur, vendeur d’anguilles (!) et passeur, sans doute jusqu’en 1922. Un panneau, indique que sa maison de Mairé, qui existe toujours, était à gauche de la rue du Vieux-Port et que les personnes voulant traverser l’appelaient en criant « Au bateau ! Au bateau ! ».

En 1940, étant donné que la ligne de démarcation se trouvait entre l’est de la Touraine (zone libre) et la Vienne (zone occupée), le bateau de 1862 fut utilisé pour des passages clandestins (voir aussi La Guerche).

À voir dans le bourg

L’église Saint-Maurice : une première église, dont les murs reposaient sur des tambours de colonnes gallo-romaines (voir ci-dessus), fut fondée vers 475 par Saint Perpet, au bord de la Creuse, (place du-Prieuré actuellement) ; elle s’effondra en 1763 et il en reste quelques vestiges au bord de l’eau.

06 Vestiges de la première église photo PMD août 2011

Vestiges de la première église (photo PMD août 2011)

L’église actuelle, construite entre 1765 et 1768 sur un terrain donné par la famille Le François (voir Les Courtis ci-après), fut agrandie au milieu du 19ème siècle et restaurée en 1925. Les tambours qui étaient dans la première église, dont l’un fut creusé en bénitier, s’y trouvent. Deux d’entre eux supportent des statues, dont une, de Saint Maurice, en terre cuite du 18ème siècle ; l’autre, en pierre dure du Grand Pressigny, représentant une femme dont les mains jouent avec son manteau et ses tresses, est datée du 12ème siècle et a été découverte en 1939 dans le jardin de la cure ; certains pensent qu’il s’agir d’une statue de Sainte Maure. Vitraux de Lux Fournier.

07 Église Saint Maurice photo PMD août 2011Église Saint-Maurice (photo PMD août 2011)

La dîme de l’église constituait un fief, qui, après avoir appartenu à la famille des Courtils, était en 1651 la propriété de Georges Ysoré (1606/1678), marquis de Pleumartin, lieutenant-général du roi en Touraine et père de Mathieu Ysoré (1647/1716), archevêque de Tours en 1693.

08 Tambour de colonne gallo romaine transformé en bénitier photo PMD août 2011Tambour de colonne gallo-romaine transformé en bénitier (photo PMD août 2011)

Le presbytère date vraisemblablement de 1676 (date portée à un moellon de la façade principale) ; l'escalier, de cette époque, est différent de celui représenté au plan de 1811 ; il est à quatre noyaux interrompus ; le puits semble aussi du 17ème siècle ; au 18ème siècle, on modifia les baies et on construisit une cheminée dans l'actuelle cuisine ; en 1811, le presbytère fut acheté par la commune ; dans la deuxième moitié du 19ème siècle, un portail et une poterne furent construits.

09 Le presbytère photo Tourainissime Le presbytère (photo Tourainissime)

La Grande Maison, dite aussi Le Vieux Logis : bâti certainement dans la seconde moitié du 16ème siècle, le bâtiment présente, sur sa façade postérieure, deux petites loges superposées peut-être construites au 17ème siècle ; l'arcature du niveau supérieur est incomplète ; porte en plein cintre, encadrée de deux pilastres doriques ; cheminées.

10 La Grande Maison cpLa Grande-Maison (cp)

Le Moulin à vent (à l’ouest du bourg, au lieu-dit Le Moulin-à-vent, voir ci-dessus) : moulin du 19ème siècle, transformé en habitation.

11 Moulin a vent transformé en habitation photo TourainissimeMoulin a vent transformé en habitation (photo Tourainissime)

À voir au nord

Les Courtis : le fief des Courtis, appartenait en 1442 de Léonor (ou Léonet) de Mauléon, époux de N. Des Courtils, fille de Perrot Des Courtils et en 1560 à René de Beauval, également seigneur de Soulanger (voir Histoire). Il fut acquis en 1600 par Honorat François (mort en 1651), capitaine-gouverneur du château du Grand-Pressigny. Il passa ensuite à son fils aîné, Antoine François, puis à un autre de ses fils, César François (né en 1616), qui fut le grand-père de Jean François (mort en 1722), lui-même père de Louis Jean Théodore Le François (mort en 1757), dont le fils, Jacques Jean Le François (1745/1797), vendit le fief en 1788 au colonel de cavalerie Antoine Charles Vincent de Carvoisin (1761/1837), qui fut le dernier seigneur des Courtis.

12 Les Courtis cp Les Courtis (cp)

Le domaine passa ensuite à la famille Du Bois des Cours puis à René Louis Ambroise de La Poëze (1781/1851), capitaine de cavalerie, suite à son mariage en 1809 avec Charlotte Séraphin Du Bois des Cours (1789/1815). Ce dernier, après la mort de son épouse, se remaria en 1817 avec Louise Virginie d’Harambure (1798/1870) (voir Chaumussay et Yzeures-sur-Creuse) et leur fils, Gabriel François Marie de La Poëze d’Harambure (1826/1906) installa aux Courtis un équipage de chasse à courre. Cet équipage fut repris, de 1954 à 1977, Jean-Pierre Lemaigre-Dubreuil, fils de Jacques Lemaigre-Dubreuil, né en 1894 et assassiné au Maroc en 1955, PDG du groupe Lesieur.

Le château, construit au 17ème siècle à la place d’une maison forte du 15ème siècle, dont il reste des vestiges, et agrandi au 18ème siècle, fut reconstruit en 1969, en conservant un pavillon du 17ème siècle et deux du 18ème siècle, en moellon enduit avec un étage carré, des travées et un toit à longs pans et croupe.

La ferme des Courtils est du 18ème siècle ; elle fut agrandie et close par deux portails en 1866. Un pigeonnier cylindrique fut ajouté au début du 20ème siècle.

Le Bois des Courtis est célébré dans le roman Eusèbe Lombard, de l’écrivain André Theuriet (1833/1907), publié en 1885.

Le Bois des Cours (nord, nord-est) : pigeonnier carré du 19ème siècle avec un fournil au rez-de-chaussée.

L’Épinat (nord-ouest) : la première mention de la « Maison militaire du Temple de Lespinaz » date de 1164 et les premiers précepteurs connus sont, en 1178, Aimelius, en 1217, le frère B. Du Mesnil, en 1243 Renaud de Nançay, et, en 1288, Jean Le Berruer. Le dernier précepteur, brûlé en 1314, fut Guido Dalphinus, alias Guy Dauphin, fils de Robert II, comte de Clermont, dauphin d’Auvergne de 1273 à 1282 et de son épouse, Mahaut ou Mathilde d’Auvergne (1230/1280). Au début du 14ème siècle, après la dissolution de l’Ordre du Temple, la Maison passa à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et devint la « Commanderie de Saint-Jean de L’Épinat ».

13 LÉpinat photo passion patrimoineL'Épinat (photo passion-patrimoine)

Des anciens bâtiments de la commanderie, il ne restait, en 1791, qu’une petite habitation, une grange, une tour placée au milieu d’un préau et une petite chapelle tombant en ruines. Aujourd’hui, ne subsistent de la chapelle que le portail (restauré), une portion de mur de l’abside et des chapiteaux épars. Sur la façade Nord, le portail en plein cintre possède quatre voussures dont seule la plus basse est complète.

La nef, en deux parties, se termine par un chevet en hémicycle qui présente trois ouvertures murées, séparées par des contreforts. Le mur, côté Sud-Est, porte les traces d’un escalier détruit et en-dessous d’une porte murée. La deuxième partie de la nef, plus petite et moins élevée, est percée de deux ouvertures. Une pierre encadrée porte une croix tréflée en relief. On y a trouvé en 1968 la sépulture d’une femme, datant du 12ème ou 13ème siècle.

Voir Jean-Marie Geffard : L’Épinat in BSAT 35, 1968 (pages 295/303).


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