Couziers
Le nom de cette commune, située au sud de Candes-Saint-Martin, n’apparaît qu’au 13ème siècle sous la forme Parrochia de Cousies, venant, soit du latin cotarias (lieux pierreux), soit du gaulois courzar (houx). À l’époque gallo-romaine, une villa rustica existait sans doute à Lessigny, (voir ci-après), venant de Liciniacus ou « domaine agricole de Licinius ».
Histoire
À l’époque gauloise, Les Caves d’Ingrande* se trouvaient à la frontière entre les Turons*, les Pictons et les Andécaves, comme l’indique ce toponyme ; c’est aujourd’hui un lieu sauvage au sud du bourg et à l’est de Lessigny, situé près de la Courance, qui coule un peu au nord de ce lieu et qui matérialisait peut-être la frontière. Une voie gallo-romaine* allant vers Loudun passait probablement près de là.
Le Carroi-Musée de Chinon, conserve dans ses collections deux objets de l’époque gallo-romaine, découverts aux Masis, au nord du bourg, à côté de Château-Gaillard : un élément décoratif de harnais, en forme de pelte (petit bouclier en croissant) et une boîte à sceau émaillée en forme de goutte d’eau.
Les eaux de la Fontaine-Sainte-Radegonde (au nord-est du bourg, près de la Vienne) avaient la réputation de guérir les fièvres et une fête patronale y avait lieu le dimanche suivant le 13 août.
Le fief de Couziers appartenait à l’abbaye de Fontevraud.
À voir dans le bourg
L’Église Sainte-Radegonde était un ancien prieuré-cure de l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers.
Voir https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/couziers-eglise-sainte-radegonde/
« Il ne reste de l’édifice roman qu’une portion du mur gouttereau nord, dans un bel et moyen appareil très régulier, surmonté d’une moulure qui doit marquer le sommet de l’élévation originelle. Une longue et étroite fenêtre romane, au linteau échancré en plein cintre, aujourd’hui murée, en confirme l’origine.
Toute l’église a été surélevée et reconstruite au 15ème siècle. On a élevé alors un chœur à chevet plat, pourvu d’une fenêtre d’axe à remplage flamboyant et de deux fenêtres en arc brisé à double ébrasement, intérieur et extérieur, sous une voûte surbaissée, à croisée d’ogives à moulures prismatiques et retombant sur des culs-de-lampe sculptés.
La nef, couverte de charpente à l’origine, a été divisée en deux travées conçues dans le style du chœur, avec des voûtes de plâtre prolongeant des faisceaux de colonnettes.
Une chapelle s’élevait sur le côté nord, dont on voit l’arrachement à l’extérieur et le grand arc qui lui donnait accès. Une autre, sur le côté sud, a été ménagée dans le mur gouttereau avec une légère excroissance du plan. [Note PMD : l’une des deux était sans doute celle qui, selon le Dictionnaire de Carré de Busserolles fut fondée en 1526 par Marc de l’Espinay (voir Le Grand Lessigny].
On pénètre dans l’église au sud par une porte en arc surbaissé surmonté d’une moulure en chapeau de gendarme. Le clocher-mur, au-dessus du pignon ouest, est doublé par un coffrage de charpente.
Un grand retable de pierre, autour du maître-autel, obstrue en partie la fenêtre d’axe. Encadré par deux hautes colonnes sous entablement et corniche, il comporte deux niches avec les statues de Sainte Radegonde et Saint Vincent et, au centre, au-dessus du tombeau de l’autel, un panneau rectangulaire, lui-même encadré de colonnes moins importantes ; un grand fronton couronne le tout, avec des cornes d’abondance et des pots de feu. Armoiries et initiales permettent d’attribuer cet ensemble au mécénat de Diane d’Albret, abbesse de Sainte-Croix entre 1650 et 1680 [date de sa mort].
On notera également la plaque funéraire de Jean Louis Rogier (mort en 1736), seigneur de Belleville et du Grand-Lessigny [voir ci-après]. Cette plaque correspond peut-être à la chapelle seigneuriale du nord, aujourd’hui détruite.
Des graffiti sont visibles sur le mur extérieur sud, évocation de voyage ou de pèlerinage. »
Le Presbytère est une maison du 16ème siècle, très remaniée ; il y a une cheminée du 18ème siècle à l’intérieur. Communs à grenier ouvert.
À voir au nord
La Trochoire (au nord-est, près de Saint-Germain-sur-Vienne) :
Le fief appartenait, en 1622, à Philippe Rochin, écuyer, en 1645, à Pierre Rochin, contrôleur d’artillerie de la garnison d’Arras, chef du gobelet d’Anne d’Autriche et en 1675 à un autre Philippe Rochin, écuyer.
En 1745, La Trochoire devint la propriété d'Alexandre III Cailleau (1708/1779), entrepreneur des ouvrages du roi, constructeur du pont Cessart à Saumur, et de son épouse Anne Miette (1713/1753). À la mort d’Alexandre Cailleau, le domaine échut à sa fille, Victoire Julie Sophie Cailleau (née en 1746), qui avait épousé en 1772, Louis de Foucauld de Pontbriand (1742/1833), maréchal de camp (général de brigade). Ces derniers revendirent la propriété en 1780 au fils aîné d’Alexandre III, Alexandre IV Jean Baptiste Cailleau (1739/1828).
Ce dernier, entrepreneur de travaux publics, dirigea en 1774 la construction du pont Fouchard à Saumur, ville dont il fut le maire de 1791 à 1795 ; il s’était marié en 1767 avec Julie Geneviève Ponneau et fut le père de Jean Baptiste Cailleau (1776/1872), maire de Saumur de 1830 à 1837.
Alexandre IV Jean Baptiste Cailleau vendit la propriété en 1801 à Jean Baptiste Cadéot (1769/1848), procureur du roi à Cayenne sous la Restauration, qui avait épousé en 1794 Marie Adélaïde Brunet (née en 1765). Leur fils, Jean Baptiste Armand Cadéot (1795/1849), gouverneur de la Guyanne épousa en 1824 Marie Joséphine Aurore Capdeville (1799/1854) et fut le père de Marie Adélaïde Gabrielle Cadéot (morte en 1894) qui se maria avec Charles Walther (1819/1902), médecin, directeur du service de santé de la Guadeloupe, puis médecin inspecteur général de la marine.
En 1884, La Trochoire fut vendue à Raymond Gilles de Fontenailles (1854/1901), qui avait épousé en 1879 Blanche Longuet de La Giraudière (1858/1923) et qui sera maire de Couziers.
Le château, construit au début du 17ème siècle et modifié au 18ème possède une chapelle du 18ème surmontée d’un clocheton d’ardoise et un pigeonnier circulaire, comprenant 600 boulins environ, qui a conservé son arbre tournant ; ce pigeonnier est recouvert par une coupole de pierre, reposant sur des modillons, percée de 4 lucarnes et surmontée d’un lanternon.
Domaine viticole aujourd’hui :
voir https://www.lapassionduvin.com/loire/49583-chateau-la-trochoire
À voir à l’est
La Cour : le fief, qui relevait de La Roche-Clermault, appartenait, en 1526, à Robert Le Maire, écuyer et, en 1663, à Guillaume Bonneau.
Le manoir du 15ème siècle, a gardé une tourelle d’escalier à vis, polygonale.
Le Coteau : on peut voir dans ce hameau des habitations troglodytiques, sur 3 niveaux, des 14ème et 15ème siècle, ainsi qu’un pigeonnier mural avec 75 boulins.
À voir au sud
La Goujonnière (sud-ouest)
Le fief appartenait, en 1550, à Michel de Chavigny, écuyer, archer des gardes-du corps du roi, marié avec Perrine de Champeaux, et père de Florence de Chavigny, qui épousa, en 1550, René de Hellaud, archer lui-aussi des gardes-du-corps du roi. Un de ses descendants, François de Chavigny, est cité comme seigneur de La Goujonnière, en 1667, et Joseph de Chavigny, en 1731 et en 1745.
Le fief passa ensuite à la famille de Romans, suite au mariage, en 1702, de François de Romans (né en 1673) avec Marie Madeleine de Chavigny ; son petit-fils, Charles Louis Joseph de Romans (né en 1733), seigneur de La Goujonnière comparut en 1789 à l’assemblée de la noblesse de Saumur. Sa fille, Amélie Jeanne de Romans (1769/1859), qui avait épousé en 1796 Joseph Le Roux de Mazé (1750/1824), vendit le domaine en 1832 à Pierre Louis Pillerault.
Ce dernier était le père d’Adélaïde Claire Pillerault (1817/1845), qui épousa en 1834 Auguste Le Brecq (1803/1876) ; ceux-ci furent les parents de Gustave Arthur Le Brecq (1835/1887), maire de Couziers de 1869 à 1887, qui fut le père de René Auguste Louis Paul Le Brecq (1876/1952), député du Loiret de 1914 à 1924 et d’Henri Alphonse Joseph Le Brecq (1878/1918), tué le 27 mai 1918 au Chemin des Dames.
René Auguste Louis Paul Le Brecq, n’ayant pas d’enfant, fit don de la Goujonnière, en 1919 à l'Association des Veuves Militaires, qui fut dissoute en 1934 et l'un des liquidateurs, Marguerite Murat (1886/1956), descendante du maréchal de France Joachim Murat (1767/1815), vendit La Goujonnière au fermier qui l'exploitait : Georges Guérin (mort en 1980), qui sera maire de Couziers de 1936 à 1976.
Le manoir est composé de deux bâtiments, l’un du 15ème et l’autre du 16ème siècle ; un appentis cache un puits dont la niche est en plein cintre ; l’escalier d’entrée conduit à une pièce où se trouve une cheminée à hotte.
Le Grand et Petit Lessigny (sud-ouest)
Le fief du Grand Lessigny appartenait, en 1536, à Marc de L'Espinay (voir église), en 1663, à Vincent d'Orioust, capitaine des gardes du roi, en 1736, à Jean-Louis Rogier (voir église), en 1772, à Charles Gillon, clerc à Angers. Les propriétaires de ce fief avaient le droit de sépulture dans l'église de Couziers.
Le manoir, édifié à la fin du 16ème siècle, avait une chapelle, fondée, le 28 juillet 1528, par Marc de l'Espinay qui était en ruine en 1714. Il a été très remanié au 19ème siècle et seul, le portail est intact. L’énorme pigeonnier cylindrique est éventré.
Le Petit Lessigny, qui était probablement la ferme du Grand Lessigny, édifié lui aussi à la fin du 16ème siècle, a gardé une tour demi-cylindrique, dont le dernier étage a été arasé.