Mazières-de-Touraine
Le nom de cette commune, située au nord-ouest de Cinq-Mars-la-Pile, apparaît pour la première fois au 13ème siècle sous la forme Mazeriae, venant du latin maceria signifiant « murs de pierres sèches », appellation qui désigne en général des ruines gallo-romaines.
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Le site a été occupé à l’époque gauloise comme le montrent notamment des cercles repérés en 1982 au lieu-dit Le Carroi (au nord-est du bourg) par Jean-Mary Couderc* ainsi que des petits enclos carrés vus en 1983 par Jacques Dubois*, qui précise dans la Revue archéologique de Picardie, n° spécial 17, 1999 que ces deux types de structures coexistaient souvent dans les nécropoles de l’âge du fer.
Non loin de là, près du Moulin-du-Breuil (voir ci-après), trois silos destinés à conserver le blé ou l’orge peuvent encore être vus, creusés dans le calcaire, et il se peut que ces silos aient été utilisés dès l’époque gauloise.
Un « trésor » gaulois a été découvert à la fin du 19ème siècle comme l’indique l’archéologue Octave Bobeau (1857/1937) dans une lettre du 24 avril 1896 adressée à la SAT (voir BSAT, 10, 1895/96, pages 330/331) au lieu-dit Bois-Forget, au sud-est du bourg à la limite avec Cinq-Mars-la-Pile : il était contenu dans deux vases en poterie commune et comprenait 200 pièces, dont 85 potins à la tête diabolique*. Dans ce même numéro (pages 380/383), l’abbé C. Peyron remarque que ces potins, coulés selon lui à l’imitation des monnaies massaliotes, pesaient 2,9 gr. et figuraient une tête humaine à l’avers et un taureau au revers. À proximité, ont été découverts des débris de vases et des vestiges d’habitations rondes, en pierres taillées.
À l’époque gallo-romaine des domaines agricoles (villae*) existaient au Geay (nord-est), toponyme venant de Gaiacus ou « domaine de Caius » ainsi qu’à Louy (sud-est), venant de Laudiacus ou « domaine du Vantard », ainsi qu’à Crémille (voir ci-après), signifiant « domaine de Cremius).
Histoire ancienne et moderne :
Les deux fiefs les plus importants de cette paroisse étaient ceux du Breuil et de Crémille.
Histoire du fief du Breuil :
Ce fief fut la propriété, en 1500, de Pierre Baudet, en 1717 d’André Brochain et vers 1740 de Jean Eléonor de Petitjean (1695/1749), père de Jean Louis Abel de Petitjean (né en 1730), cité en 1751, qui épousa en 1749 Armande Scholastique Louise de Ruzé, dite d’Effiat, fille de Gabriel de Ruzé (1693/1754) (voir Cinq-Mars-la-Pile).
En 1774, Jean Paul Courier (172/1796) (voir Luynes), père de l'écrivain pamphlétaire Paul Louis Courier (1772/1825), acheta la propriété, qu’il revendit en 1779 à Alexis Auguste Duveau, président de Bureau des finances de Tours (voir Ballan-Miré)
L’écrivain Édouard Ourliac (1813/1848), auteur de nouvelles réalistes et ami de Gérard de Nerval (1808/1855), a résidé au milieu du 19ème siècle dans le château du Breuil (voir ci-après), ce qui lui a inspiré certains de ses écrits, comme La procession de Mazières ou La Petite Loiseau.
Histoire du fief de Crémille (voir Préhistoire et antiquité) :
Le premier seigneur connu est, en 1399, Jehan de Crémille ; plus tard les propriétaires furent, en 1494, Joachim Paumart ; en 1583, Pierre de La Roussière ; en 1651, Jean Louis Abel de Petitjean (voir ci-dessus) ; en 1678, Alexis de Jussac, lieutenant général d'artillerie, né en 1652 et mort à Crémille en 1719, père d’Alexis Hyacinthe de Jussac (1652/1719)
Cet Alexis de Jussac, dit le marquis de Jussac, était le fils de René de Jussac, arrière-petit fils d’Antoine de Jussac (mort en 1575), seigneur de La Follaine à Azay-sur-Indre, dont une sœur, Marguerite de Jussac (1619/1662) épousa Jean Jacques Du Verdier (mort en 1675), seigneur de Rilly-sur-Vienne, qui fut la mère de Françoise Du Verdier (1640/1710), dont une fille fut l’épouse de Jacques de Rémigioux cité comme seigneur de Crémille en 1722.
Le propriétaire suivant, René César Couraud (né en 1683), dit de Bonneuil, également seigneur de Chemilly à Langeais, vendit le fief, en 1742, à Marie Anne Denion, épouse de Baresme et mère de Jean Nicolas de Baresme, cité en 1772 lequel fut suivi, en 1781, par Philippe Jean-Baptiste Mignon de la Mignonnerie (mort en 1806), seigneur de Nitray (à Athée-sur-Cher).
En 1835, la propriété était en possession de René Valentin Barrier, dont la fille, Lucie Sidonie Barrier, épousa, en 1836, Edmond Baillou de La Brosse (1807/1877), propriétaire également de l’abbaye de Noyers à Nouâtre.
Histoire moderne :
Article Wikipedia : « Ancienne usine Pal Pack : en activité depuis 2006, l'usine cesse son activité et est liquidée en 2011. Quoique n'ayant déclaré aucune activité polluante à son ouverture (récupération de palettes en bois et commerce de bois en gros), les riverains, alertés par la mort des poissons des étangs voisins, ont découvert un grand nombre de futs de produits toxiques. La mairie avait déjà alerté les autorités préfectorales en 2008 sur de possibles activités polluantes de la société. Les essais, menés par les autorités au cours de la procédure préfectorale de gestion de site pollué abandonné commanditée par la DREAL, confirment les suspicions de pollution sur les 1 000 m2 du terrain, recelant des teneurs élevées en chlorure, nitrate, orthophosphate soluble, sulfate ou encore de carbone organique total. »
À voir dans le bourg
Église Saint-Pierre :
Site de la commune : https://www.mazieresdetouraine.fr/fr/166/tourisme/la-commune/monuments.html
« L'église Saint Pierre constitue un très bel exemple d'architecture romane d'économie rural.
Le corps principal, de forme simplement rectangulaire, a été construit à la fin du XIè siècle, en petit appareil disposé en « arêtes de poisson ». Au cours du XIIè siècle, un pignon clocher, qui rappelle curieusement l'architecture romane du Midi de la France, est venu consolider la façade de l'édifice et la porte principale fut repoussée vers la droite. L'archivolte du portail primitif est encore visible. Les pignons furent surélevés au XVIè siècle : les pierres n'ont plus la même disposition régulière qu'à la base de la construction. Une baie de style gothique flamboyant, maintenant occultée, fut ouverte dans le mur sud. Les fenêtres latérales ont été restaurées en 1892, légèrement au-dessous des fenêtres originelles dont on remarque les arcs romans inclus dans la maçonnerie.
L'intérieur de l'église n'est intéressant que par son plafond de bois voûté en berceau et ses vitraux de Lobin, maître verrier de Tours du XIXè siècle.
Le mariage des parents de Paul Louis Courier [voir Histoire du fief, ci-dessus] y fut célébré en 1777 alors que l'enfant avait déjà cinq ans. Ils étaient propriétaires du château du Breuil et par conséquent, avaient droit de banc à l'église. »
Un cadran canonial se trouve sur le mur sud, mais il n’est plus guère éclairé par le soleil, du fait que des maisons ont été construites à côté de l’église.
Un cadran solaire, daté de 1656 ou 1660, peut être vu sur le mur d’une maison moderne, au n° 6, rue Pasteur.
À voir au nord
La Touche (nord-est) :
Le château a été construit vers 1860. Il y a, dans le parc, une éolienne Bollée, installée directement sur un puits.
Crémille (nord-ouest) (voir Préhistoire et antiquité et Histoire du fief) :
Article http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-indre-loire-chateau-a-maizieres-chateau-cremille.html
« Ferme fortifiée au moyen-âge, manoir au XVIIe siècle, aujourd’hui le château est toujours entouré de douves en eau formant un pentagone. Un pigeonnier est installé dans une ancienne tour de défense au sud-est. L’accès se fait par des ponts de pierre, l’un enjambant le canal, et l’autre les douves. Il est rentré dans la famille [Baillou de la Brosse] par achat le 14 juillet 1834, le domaine était une propriété de chasse, il n’a pas changé depuis des siècles, sa caractéristique principale est son calme au milieu des bois. Pendant la deuxième guerre mondiale, lors du déplacement du gouvernement à Tours, en Juin 1940, il abrita l’ambassade de Chine, puis fut occupé par la Kommandantur allemande. La famille est originaire de Baillou près de Vendôme. Elle descend d’un médecin d’Henri IV dont le fils est venu s’installer en 1613 en Touraine ».
Chambres d’hôtes : voir https://www.charme-traditions.com/fr/chambres-d-hotes/org/5478/chateau-de-cremille
À voir à l’est
Le Breuil (voir Histoire du fief) :
Le château du 18ème siècle, modifié au 19ème se trouve à proximité du petit cours appelé le Breuil (du gaulois broga, signifiant « lieu boisée », qui a donné son nom au château et qui alimentait quelques moulins, dont ceux du Breuil et de Cutaisson (au sud-est).
Les Landes : dans le Bois de l’Oucherie, à l’extrémité est de la commune, se trouve le château des Landes, du 19ème siècle.
À voir à l’ouest
Les Méris
Ce fief se trouve cité sous les graphies suivantes : Laymerie (1639), L’Hemery (1667), Lemery (1668), L’Esmerye (1673), L’Hemerye (1677), Les Meries (18ème), Limery (1813), Hemeris (1808), Les Meris (1935).
Le château date de la fin du 19ème siècle.
À voir au sud-est
La Grange : logis du 16ème siècle.
La Barre :
Le fief appartenait, en 1399, à Jean de La Barre, peut-être le même que celui qui est cité comme bailli du Lude et seigneur du fief de la Cour d’Avon (Avon-les-Roches), en 1380
Ce lieu est situé à l’extrémité sud-est de la paroisse et servait de poste frontière avec Saint-Étienne-de-Chigny.
Il y avait là une grande ferme seigneuriale, où une chapelle est signalée en 1727 et dont, selon la légende, les caves auraient caché des tonneaux remplis de pièces d’or (!) ; seuls subsistent aujourd’hui, de vastes bâtiments de la fin du 15ème siècle, qui ont été restaurés.
Velantan : souterrain-refuge
Selon l’article très complet de Raymond Mauny* et Gérard Cordier* sur les souterrains-refuges in BAVC 7.1 1967 (pages 13 à 95), « une cave très connue » se trouve au lieu-dit Le Coteau, « à 2,5 km de Mazières, au bord et au sud du sentier suivant le ruisseau au milieu des bois » c’est-à-dire à Velantan, d’après Tourainissime.
Voici la description qu’en fait Raymond Mauny, qui a fait un relevé de cette « cave des seigneurs » en 1965 : « Il s’agit d’une grande cave (13,5 m de long sur 5 m de large en moyenne) avec pilier creusé, puits vers la surface d’où des éboulis sont tombés, et deux amorces de souterrains au fond d’une galerie allant vers l’Ouest, comblées de terre, sans doute par des blaireaux ou renards. Ces souterrains débouchaient probablement sur des salles, mais on ne le saura qu’en déblayant. Rainure de fermeture à l’entrée de la cave pour fermeture par le dehors. Souterrain refuge probable, aménagé sans doute plus tard en écurie cachette pour les animaux, que l’on pouvait y remiser, en particulier en hiver, à l’abri des loups. L’on ne saurait expliquer autrement que par cet usage d’écurie la fermeture par le dehors, la hauteur du plafond et le puits d’aération. »