Château de La Motte (Marcilly-sur-Vienne)
Situé sur la rive gauche de la Vienne, cet ancien château-fort est sur la commune de Marcilly-sur-Vienne mais, au moyen-âge, il faisait partie du système de défense de la seigneurie de Nouâtre (voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/03-la-seigneurie-et-le-chateau).
Le premier seigneur connu du fief de La Motte est Antier de la Motte, fils d’Archambault le long, frère de Malran de Nouâtre. La fille d’Antier de la Motte épousa Ivon, seigneur de Tavant et leurs fils devinrent les héritiers de ce fief, que, pendant des siècles, on appela « La Motte au-fils-Ivon » ou « Motte-Yvon »
Au 14ème s. le château appartenait à Pierre III de La Jaille (1360-1420), » seigneur des Roches et de La Mothe-Yvon », descendant de Yvon IV de La Jaille, qui descendait peut-être lui-même d’Ivon de Tavant. Il fut ensuite la propriété de Charles II de La Jaille (1400-1453) « seigneur des Roches, de La Mothe, de Draché et de La Tour Saint-Gelin » puis de son petit-fils, Pierre IV de La Jaille, dont la fille, Catherine de La Jaille (décédée en 1528), « dame de La Mothe » épousa Jean II de Crevant (décédé en 1491) et leur cinquième fils : Claude de Crevant, qui fut blessé en 1525 à Pavie, devint le seigneur de La Mothe ainsi qu’un des Trois Seigneurs de Pouzay. Plus tard, la fille de ce dernier, Éléonore de Crevant (1552/1575) « dame de La Mothe » épousa Charles II Turpin de Crissé (né vers 1545).
Carte postale (collection Philippe Gautron)
Au 17ème siècle, par l’intermédiaire de Louise d’Aviau de Piolant (1604/1677) « dame de La Mothe » et descendante des Turpin de Crissé, le château devint la propriété de Jean II d’Armagnac, qu’elle avait épousé en 1628. (Ne pas confondre avec un autre Jean II d'Armagnac (1333/1384), dit le Bossu). Ce Jean II d’Armagnac, seigneur de La Motte, fut gouverneur et bailli de Loudun vers 1627 ; il y fit connaissance du curé Urbain Grandier qui, avant de périr sur le bûcher en 1634, vint sans doute au château de la Motte pour y déguster « les excellents melons de Touraine » dont le gouverneur parle dans une des 47 lettres qu’il lui adressa.
Jean II d’Armagnac, pour sa part, fut assassiné à Paris en 1635 par JeanDuluc, son ancien valet de chambre, avec qui il était en conflit et sa veuve fit apposer dans l’église de Marcilly, une plaque de marbre noir, qui commémore ce meurtre.
Après 1684, la propriété passa à Mathieu Pierre d’Armagnac (né en 1675), lieutenant des maréchaux de France au bailliage de Chinon, fils de Jean III d’Armagnac (1631/1684) et petit-fils de Jean II d’Armagnac ; celui-ci fut « seigneur de La Motte, Pussigny, La Douce, La Heurtelière, et autres lieux ». Il mourut sans enfants et le château de la Motte devint la propriété des Rabault de Lansonnière, descendant de Jacques de Rabault, qui avait épousé, en 1602, Marie d’Armagnac, sœur de Jean II d’Armagnac.
En 1752, Jacques Rabault de Lansonnière, fils de Louis Rabault de Lansonnière et de Marie-Rose de Veltat, fut accusé du meurtre du prieur de Marcilly-sur-Vienne (voir cette commune). La propriété du château fut alors usurpée par un de ses cousins : Jean Rabault des Rollands, qui en 1764 le vendit à Anne-Perrine de Gréaulme, qui comparut par fondé de pouvoir comme dame de Marcilly à l’assemblée électorale de la Noblesse en 1789.
Le château de La Motte (photo André Montoux)
Après avoir été réhabilité, Jacques Rabault de Lansonnière réussit à récupérer son bien avec l’aide de René-Louis de Tourneporte, alors gouverneur du château de Nouâtre ; le château de La Motte fut ensuite vendu, en 1784, à Guillaume François Marie Martin d’Anzay (né en 1752), procureur au Parlement de Paris.
Le fils de ce dernier : Louis Marie Martin d’Anzay (1785/1853), avocat à Paris, devint maire de Marcilly (de 1837 à 1840) et conseiller général (de 1842 à sa mort) ; sa tombe est dans le cimetière du village (à droite en entrant). Il fut le dernier propriétaire de l’ensemble du château qui fut ensuite morcelé en plusieurs parties.
Pendant quelques années la partie centrale fut utilisée comme mairie et comme école.
Le château en 2009 (photo PMD déc. 2009)
Selon un aveu de 1540, le château était alors pourvu de fortifications importantes et entouré de fossés ; on y pénétrait par un seul pont-levis. Derrière la forteresse (à 40 mètres et au nord) était une motte défendue également par des fossés qui, depuis, a été détruite pour combler les douves. Au bord de la Vienne, un monticule indique l’emplacement du pigeonnier, dont l’assise est encore visible sous les ronces. Il y avait aussi, dans l’intérieur du château une chapelle, dont le titulaire était nommé par l’abbé de Noyers.
Le château en 2024 (photo PMD nov. 2024)
La construction actuelle, qui date du 17ème siècle, a conservé un certain cachet, avec, notamment, un grand escalier pourvu d’une rampe en fer forgé.