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Voies de la Vienne à l'Indre (6.4 et 6.5)


De Chinon à Loches

Communes traversées : Chinon, Cravant-les-Coteaux, Panzoult, Avon-les-Roches, Crissay-sur-Manse, Saint-Épain, Sainte-Catherine-de-Fierbois, Le Louroux, Manthelan, Chanceaux-près-Loches et Loches

ChinonCravant-les-CoteauxPanzoult et Avon-les-Roches

Cette voie sortait de Chinon en empruntant d'abord, jusqu’aux Loges, la voie longeant la rive droite de la Vienne (voir voie 4.1) , puis après ce lieu-dit, l’ancienne voie est sans doute continuée par une petite route qui passe au-dessus de Malvault, du château de Nueil et de Narçay (Nartiacum), trois lieudits situés sur la commune actuelle de Cravant-les-Coteaux.

01 Le carefour des Loges carte IGN annotations PMDLe carefour des Loges (carte IGN, annotations PMD)

02 Ancienne voie au dessus de Nueil photo PMD déc. 2011Ancienne voie au-dessus de Nueil (photo PMD déc. 2011)

Cette route disparaît ensuite mais on la retrouve au-dessus du beau château de Sonnay  (Sunnacum), reprise par une voie, qui selon Fernand de Saint-Exupéry serait une ancienne voie préhistorique ; ce château, cité dès le 13e siècle, fut reconstruit d’abord au 15e siècle, puis, en grande partie, au 19e siècle. Du château du 15e, subsiste, à l’est, une tour carrée ainsi que la chapelle, restaurée en 2002 par Frédéric de Foucaud, aujourd'hui (2024) président honoraire de la SHCVL.

03 Plan Fernand de Saint ExupéryPlan Fernand de Saint-Exupéry

Au-dessus de ces domaines, commence la forêt dite de Chinon, contenant de très nombreux vestiges gaulois et gallo-romains : voir la voie Ligré/Azay-le-Rideau, ci-après (voie 6.5).

L’ancienne voie est continuée aujourd’hui par la rue de la Voie Romaine, qui conduit au vieux bourg de Cravant, où se trouvaient le château et l’église Saint-Léger, une des plus anciennes de la région, puisque la nef date du 9e siècle, puis par  le GR 48 qui franchit le Ruisseau-de-Saint-Mexme au Moulin-à-Tan ; on perd ensuite sa trace mais il est vraisemblable qu'elle franchissait le Ruau près du Croulay (Cruciliacum), (commune de Panzoult), site troglodytique, où se trouve un gué que Rabelais empruntait quand il se rendait au couvent voisin des Cordeliers, fondé au 15e siècle. 

04 Cravant le Moulin à tan photo PMD mai 2013Cravant : le Moulin à tan (photo PMD mai 2013)

Sur cette commune de Panzoult, se trouvent aussi les anciens domaines de Coulaine (Colonica villa), où se dressent les tristes ruines d’un vieux château, près duquel passait sans doute la voie, qui se dirigeait ensuite vers l’ancienne commune d’Avon-les-Roches, où, au lieu-dit La Maison-Rouge, il y avait peut-être une auberge pour les voyageurs empruntant cette voie, qui est peut-être continuée par la D 21 actuelle.

05 Panzoult ruines du château de Coulaines photo PMD déc. 2011

Panzoult : ruines du château de Coulaines (photo PMD déc. 2011)

Juste après la D 136 à droite, se trouve, à droite le château de Naie (Nasia villa), qui a remplacé une villa gallo-romaine se trouvant au lieu-dit Le Petit-Naie, où des fragments de tuiles ont été découverts. Cette route suit d’un peu loin le cours de la Manse, sur laquelle il y a le Moulin-de-Monmay, lieu-dit appelé aussi Maumay ou Mournay (Maurinacum) ; de l’autre côté de la route (vers le nord) on aperçoit, au loin, le domaine d’Oignié (Oniacum), où il reste un ancien pigeonnier contenant un millier de boulins.

06 Avon la Maison Rouge photo PMD avril 2013 Avon-les-Roches : la Maison-Rouge (photo PMD avril 2013)

De là on voit bien Les Roches-Tranchelion (commune d’Avon), qui est un beau site où se trouvent les ruines d’un château du 15e siècle, dans lequel le roi Charles VII, qui y séjourna plusieurs fois, réunit en 1449 le Grand Conseil du Royaume, ainsi que celles d’une collégiale (16e siècle), continuant un ancien prieuré.

07 Avon les Roches Tranchelion photo PMD déc. 2011Avon-les-Roches : les Roches Tranchelion (photo PMD déc. 2011)

Crissay-sur-Manse et Saint-Épain

La voie continuait ensuite vers la commune actuelle de Crissay-sur-Manse, village considéré comme l’un des plus beaux du département, qui conserve plusieurs belles maisons des 15e et 16e siècles ainsi qu’un château du 15e siècle, dont une grande partie est en ruines, ayant remplacé un château du 12e siècle, qui appartint jusqu’au 17e siècle à la famille des Turpin de Crissé, dont le premier connu est Lancelot Turpin de Crissé.

08 Crissay sur Manse Le Carroi photo PMD mai 2013 Crissay -sur-Manse : Le Carroi (photo PMD mai 2013)

Après Crissay-sur-Manse, la voie passait à côté d’une autre Maison-Rouge, cette fois sur la commune de Saint-Épain (anciennement Brigogalus) où elle croisait l’importante voie allant du sud au nord (voir voie de Nouâtre à Vaas).

09 Saint Épain la Maison Rouge photo PMD déc. 2011Saint-Épain : la Maison Rouge (photo PMD déc. 2011)

Après ce croisement, la voie existe encore, sans doute, sous la D 21 et l’on peut voir, à droite, les tristes vestiges du château de Montgoger ; là se dressent les ruines d’un château considéré par Louis XIII comme « une des plus belles maisons de (son) royaume », mais sur lequel la malchance ou la malveillance semble s’être acharnée ; en effet, ce château abrita, dit-on, des faux-monnayeurs à la fin du 18e siècle puis fut dévasté par deux incendies, en 1883 et en 1943. 

10 Saint Épain chateau de Montgoger photo PMD janvier 2016Saint-Épain : le château de Montgoger (photo PMD janvier 2016)

Au carrefour de La Billette, la voie est sans doute continuée par l’actuelle route des Aiguilliers, qui passe en dessous de plusieurs sites troglodytiques et néolithiques, dont celui du souterrain-refuge de La Cave Fourte, près de La Morinière. Au-dessus de ce souterrain, au lieu-dit les Bardons, toponyme venant du gaulois barodunum, signifiant « colline fortifiée » des habitations troglodytiques ont été occupées au néolithique.

12 Saint Épain la Cave Fourte photo PMD janv. 2016Saint-Épain : la Cave Fourte et les Bardons (photo PMD janv. 2016)

La voie continuait en direction de Sainte-Catherine-de-Fierbois, en passant près de lieu Les Maisons-Rouges puis de Vrillé, ou « Domaine de Celui qui est né en avril » (commune de Saint-Épain).

13 Saint Épain Vrillé photo PMD janvier 2016 Saint-Épain : Vrillé (photo PMD janvier 2016)

Sainte-Catherine-de-Fierbois

Après avoir traversé l’actuelle D 910 (ancienne RN 10) la voie arrivait sur la commune actuelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois, où elle croisait la voie allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher (voir voie 6.3). Après Sainte-Catherine, le tracé de la voie devient hypothétique, car nous n’avons trouvé aucune trace ni aucun témoignage à son sujet.

Le Louroux et Manthelan

Il est possible que la voie passât à Mazère (toponyme qui indique souvent une ancienne agglomération gallo-romaine) et au Grand-Bray (commune du Louroux), puis à Manthelan, ancien lieu de commerce, dont le toponyme gaulois (Mantalomagos), qui signifie « le marché de la route », apparaît dès le 6e siècle après JC. 

14 Le Louroux Mazère photo PMD déc. 2011Le Louroux : Mazère (photo PMD déc. 2011)

Cette région fut occupée dès le néolithique comme le montrent le dolmen ruiné de La Roche, le cromlech maintenant dispersé de La Chauvellière (près de Laleu) et l’abri sous roche du Vigneau, découvert en 1898, où l’on trouva plusieurs squelettes, des débris de poteries, des silex taillés, des haches polies et des parures en os, qui peuvent être vus au Musée du Grand Pressigny. Là passaient aussi la voie La Celle-Saint-Avant/Amboise (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2.) ainsi que la voie Tournon-Saint-Pierre/Le Mans (voir voie 7.3).

Chanceaux-près-Loches et Loches

Après Manthelan, la voie passait, peut-être, à côté du petit menhir, appelé d’une façon paradoxale, La Haute-Borne ou La Grande-Borne, qui, selon la légende, serait « une pierre qui pousse » et que l’on peut trouver à droite de la D 760, un peu avant la ferme des Passoires, sur la commune de Chanceaux-près-Loches, elle desservait peut-être ensuite le domaine de Neuville (nova villa), sur la commune de Loches, avant de rejoindre la voie longeant la rive gauche de l’Indre (voir voie 3.2).

15 Chanceaux près Loches la Haute Borne photo PMD déc. 2011 Chanceaux-près-Loches : la Haute Borne (photo PMD déc. 2011)

De Rivière à Azay-le-Rideau

Une voie ancienne, venant de Poitiers, et donc de chez les Pictons, passait par Saint-Jean-de-Sauves (86), où, sur le site des Jumeaux, il y eut une agglomération importante avec un théâtre, des thermes et plusieurs temples, qui fut occupée du 1er siècle av. J.-C. au 4e siècle après JC. (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-vienne-voies-4-1-et-4-2).

16 Voie à La Chaussée photo PMD avril 2011Ancienne voie à La-Chaussée (photo PMD avril 2011)

Après La Chaussée (dans la Vienne), toponyme indiquant généralement l’existence d’une voie ancienne, encore bien visible, elle se dirigeait vers Sammarçolles et entrait sur le territoire des Turons au lieu-dit Touraine (à la limite entre Marçay et Ligré) : toponyme caractéristique d’une frontière, qui, à l’époque n’était pas exactement la même que celle entre la Vienne et l’Indre-et-Loire aujourd’hui.

17 Voie à Marçay photo PMD oct. 2011Ancienne voie à Marçay (mauvaise photo PMD oct. 2011)

Communes traversées : Ligré, Rivière, Chinon, Cravant-les-Coteaux, Panzoult, Saint-Benoît-la-Forêt, Villaines-les-Rochers, Saché et Azay-le-Rideau.

Ligré et Rivière

Cette voie, après être passée près du dolmen du Carroir-Bon-Air, puis par les Roches-Saint-Paul (locus Rupibus Sancti Pauli) (commune de Ligré), où plusieurs objets, dont un poignard en silex, furent découverts dans un tumulus néolithique, arrivait au bord de la Vienne à Rivière, où, comme nous l’avons vu (voir voie 4.2) une voie longeait la rive gauche de cette rivière.

18 Ligré Le Carroi Bon Air photo PMD sept. 2016Ligré : Le Carroir-Bon-Air (photo PMD sept. 2016)

 Notre voie traversait la Vienne au gué de La Motte, croisait la voie de la rive droite (voir voie 4.1), puis la voie Chinon/Loches (voir voie 6.4), et continuait vers la forêt de Cravant, qui n’est en fait qu’un prolongement de la forêt de Chinon.

Chinon et Cravant-les-Coteaux

Cette région, particulièrement riche en sites gaulois et gallo-romains, a été étudiée d’une façon approfondie par Jean-Mary Couderc (1939/2024), mais elle a aussi été grandement défigurée par le déboisement et par l’aménagement de larges voies coupe-feu, de sorte qu’il est souvent difficile de retrouver les sites.

21 Les voies dans la forêt de Chinon carte J. M. CoudercLes voies dans la forêt de Chinon (carte J. M. Couderc)

Panzoult et Saint-Benoît-la-Forêt

L’ancienne voie, dite via turonensis (le chemin de Tours, à ne pas confondre avec le chemin de Compostelle qui porte le même nom) passait entre les domaines de Turpenay (Turpiniacum) sur la commune de Chinon et de Givré (Gabriacum) sur la commune de Cravant, puis à côté des lieux-dits suivants : L’Étang (commune de Saint-Benoît-la-Forêt), où il y avait une villa gallo-romaine,  La Maison-Brûlée, où des fragments de céramiques des 1er et 2e siècles ont été trouvés et Le Carroi-de-la-Branche-Torse avant d’arriver à la ferme Saint-Hubert (commune de Panzoult).

Cette ancienne voie, aujourd’hui perdue, permettait, comme son nom l’indique, de rejoindre Tours en franchissant l’Indre à Port-Huault (commune d’Azay-le-Rideau), où Picrochole « passe l’eau » (Voir Rabelais, Gargantua, chapitre 49). À Saint-Hubert, elle était rejointe par une autre voie venant de Chinon, dite via vetuta (l’ancien chemin).

20 Forêt de Chinonancienne voie à Saint Hubert photo PMD juillet 2011

Forêt de Chinon : ancienne-voie à Saint-Hubert (photo PMD juillet 2011)

Cette via vetuta sortait de Chinon par l’actuelle rue du Collège (voir voie 7.1), passait ensuite à Grammont puis dans la forêt, où Jean-Mary Couderc a vu, semble-t-il, une « ruette (petite rue) pavée » un peu avant le Carroi-de-la-Jarrie, mais malgré plusieurs explorations de cette partie de la forêt nous n’avons pas réussi à la retrouver.

Peu après, le site de La Fosse-Sèche (commune de Saint-Benoît-la-Forêt), occupé de 50 à 200 apr. J.-C., a livré des monnaies ainsi que des fragments de céramiques et de verreries ; à côté, le site 2 a fourni des pesons de métier à tisser et des fragments de céramiques de Mougon (voir voie 4.1).

Près de la ferme Saint-Hubert (commune de Panzoult), Jean-Mary Couderc a fouillé un site où il a trouvé des pièces de monnaie de Trajan et d’Antonin-le-Pieux.

Villaines-les-Rochers, Saché et Azay-le-Rideau

Après Saint-Hubert, la voie passait sans doute au Carroi-des-Larrons et à La Baillière, mais elle n’est plus repérable. Par contre, elle est encore bien visible, en étant reprise par une route, qui entre sur le territoire de la commune actuelle de Villaines-les-Rochers, où l’activité vannière, encore fort active, existe depuis le 7e siècle, au Grand-Javesnon, puis passe à La Fosse-Laslin et croise la D 57 à La Croix-Duveau, où la croix, encore visible en 2011, est maintenant disparue.

22 Ancienne voie à Villaines les Rochers photo PMD janvier 2021Ancienne voie à Villaines-les-Rochers (photo PMD janvier 2021)

Elle traversait la voie qui suivait la rive gauche de l’Indre (voir voie 3.2) un peu après le Gué-Droit (commune de Saché) et franchissait l’Indre au gué du Moulin-Neuf pour rejoindre à Mazère (commune d’Azay-le-Rideau) la voie qui longeait la rive droite de l’Indre (voir voie 3.1).


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