Skip to main content

1C. Ponts détruits en 1870 et 1940 : le pont de Port-Boulet

Pour remplacer le bac (voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/01-les-passages-sur-la-loire-tourangelle-liste ), un pont suspendu à péage sur la Loire fut construit entre 1834 et 1837 entre Avoine et Port-Boulet (commune de Chouzé-sur-Loire) par l’entreprise Seguin Frères pour un coût de 259 773 francs, avec une subvention de 190 000 francs dont 90 000 francs provenant des communes de Chinon, Bourgueil, Beaumont-en-Véron et Avoine, 50 000 francs de l’État et 50 000 francs du département.

Ce pont à péage, qui à l’époque était, sur la Loire, le seul entre Tours et Saumur, de 350 m. de long sur 5,20 m. de large, avait 5 travées ; il fut mis en service le 21 mai 1837 et, le péage étant prévu pour 23 ans et 9 mois, il fut remis à l’État le 22 février 1861.

00 Le pont suspendu de Langeais

Je n'ai pas trouvé de représentation du pont suspendu de Port-Boulet,qui ressemblait peut-être au pont suspendu de Langeais (photo ci-dessus)

En 1834, au moment de l’adjudication, les tarifs de ce péage, qui servit de référence pour les autres péages de la région, allaient de 5 centimes pour une personne à pied jusqu’à 2 francs pour une charrette chargée et attelés de 3 chevaux ou mulets.

Pendant la guerre de 1870/71, après la défaite de l’armée de la Loire (voir Introduction), le 19 janvier 1871, à 7h. du matin, alors qu’il faisait encore nuit, les câbles d’une travée furent coupés, sur ordre du préfet, pour empêcher le passage des prussiens ; ceci malgré les protestations sur place des maires de Bourgueil et de Chouzé-sur-Loire, qui dénoncèrent ensuite dans l'Union Libérale « l’acte de vandalisme du sieur Bert, ingénieur ordinaire à Chinon ».

Cette travée fut ensuite rétablie mais elle ne put supporter les essais de charge, ce qui provoqua l’écroulement complet du pont.  Après cet accident, un pont de bois fut établi jusqu’à la reconstruction, entre 1874 et 1876, d’un pont en pierre de 16 arches ayant 26 m. d’ouverture, mesurant 495,80 mètres de long, 7 mètres de large plus 2 trottoirs de 1,50 m.

01 Le pont de Port Boulet cpLe pont de pierre (carte postale)

En fait, comme on le sait, ce pont se situe à 3 km en amont de Chouzé-sur-Loire mais il est souvent placé, sur les anciennes cartes postales, tantôt dans la commune de Chapelle-sur-Loire, tantôt dans celle de Bourgueil ! Pour permettre le passage d’une voie ferroviaire allant de la gare de Port-Boulet à la gare de Port-de-Piles (voir https://turonensis.fr/categories/voie-ferree-de-port-boulet-a-port-de-piles/02-de-port-boulet-a-chinon ), un second pont, large de 4 mètres, fut accolé au pont routier.

02 Le pont avec voie chemin de fer en 1882 cpLe pont avec voie chemin de fer en 1882 (cp)

En juin 1940, une partie des troupes des 1er et 2ème cuirassés, commandés par les lieutenants-colonels Henri de Vernejoul (1889/1969) et Jean Touzet Du Vigier (1888/1980), chargés de la défense de la Loire de Candes à Savonnières, arriva à Port-Boulet le 14 juin (voir aussi Langeais) ; quatre tentatives pour faire sauter le pont, faites le 18 et le 19 juin, échouèrent ; le 20 juin, enfin, à 0h30, les mines explosèrent et provoquèrent une brèche de 1,50 mètres sur le pont routier mais le pont où passait la voie ferrée résista.

Ce même 20 juin, à 19h45, Le 1er bataillon de cyclistes allemands passa la Loire en bateau et traversa le pont en vélo ; le lendemain, les allemands réparèrent provisoirement le pont pour que des chars puissent circuler puis occupèrent le château des Réaux. C’en était fini de la défense de ce secteur.

03 Le pont en1944 source AD 37

04 Schéma du pont en 1944 source AD 37 Le pont en 1944 : photo et schéma (source AD 37)

En 1942, les allemands firent aménager des chambres de mines sur le pont mais elles ne furent pas utilisées car les bombardements des alliés entraînèrent, en juin 1944, l’effondrement de 8 arches et de 2 piles provoquant ainsi une brèche de 234 mètres.

05 Le pont et le bac en 1946collection privéeLe pont et le bac en 1946 (collection privée)

Après la Libération, un bac fut mis en place mais celui-ci assurait la traversée d’une façon très aléatoire, soit par manque d’essence, soit à cause de la baisse des eaux de la Loire ; et un pont provisoire fut donc installé au-dessus de la brèche.

Ce pont métallique de 235 m. de long, était composé de 8 passerelles du type Arromanches, raccordées entre elles par des travées en bois et installées sur les piles « plus ou moins réparées ou surélevées par des échafaudages en bois ». Le tablier était recouvert d’un double platelage en bois, avec un revêtement goudronné, et de 2 trottoirs. Il ne fut mis en service qu’en 1950, notamment à cause du manque de boulons, pour lesquels il fallut fournir 5 T. de « monnaie-matière » (de l’acier). Son coût fut de 3 349 114 francs.

06 Installation des passerelles métalliques en 1946 photo NR Installation des passerelles métalliques en 1948 (photo NR)

La circulation sur ce pont à sens unique était alternée et strictement réglementée : vitesse maximum 20 km/h., poids maximum des véhicules 16 T., cavaliers au pas, etc.). L’autorisation de passer était donnée, de jour, par des gardiens placés de chaque côté du pont et de nuit par des feux automatiques, fonctionnant plus ou moins bien ; cela donnait donc lieu à de longues attentes et beaucoup d’automobilistes ne respectaient pas cette réglementation, ce qui provoquait de nombreuses altercations avec les gardiens ; ces derniers travaillaient en alternance 9 h. par jour en été et 8 h. par jour en hiver pour un salaire mensuel de 5 500 francs en été et de 4 800 francs en hiver ; ils n’avaient qu’un jour de congé par mois.

07 Le pont métallique provisoire en 1950 source AD 37 Le pont avec les passerelles métalliques en 1950 (source AD 37)

Ce pont était prévu pour une durée de 2 ans mais en 1954 il était encore en service et d’ailleurs, dans un courrier du 28 avril de cette année-là, il est dit « semi-provisoire » ! En effet, faute de crédits, les travaux de reconstruction d’un pont en dur tardèrent.

Le 22 mars 1955, Auguste Correch (1887/1959), maire de Chinon et conseiller général de 1945 à sa mort en 1959 (voir BSAT 6.4 1959 pages 158/163), écrivait au ministre des transports : « le pont a été détruit pendant l’occupation et depuis la Libération remplacé par une méchante passerelle, jetée sur ses piles endommagées et d’une solidité douteuse. L’entretien de cette passerelle de fortune est une source de dépense considérable. (…) Le numéro 5 lui a été attribué sur la liste des ponts à remplacer, mais, comme à la loterie nationale, ce numéro est au nombre de ceux qui ne sortent jamais. »

08 Le pont en reconstructionphoto NR parue le 22 mai 1958Le pont en reconstruction (photo NR parue le 22 mai 1958)

Après une adjudication infructueuse en 1956, la reconstruction fut adjugée le 9 août 1957, pour la somme de 375 225 440 francs, à l’entreprise Billard, qui refit 8 arches en béton, conforta 2 autres avec du béton et renforça 4 piles par des pieux en béton armé. Un dispositif de mines fut installé dans les piles 5, 6 et 11.

L’entreprise promit que la reconstruction serait terminée pour le 1er mai 1959 mais l’inauguration n’eut lieu que le 1er novembre 1959.

10 Le pont en1986 inspection source AD 37Le pont en 1986 (source AD 37)

En 1979, des « travaux confortatifs » furent faits pour permettre le passage des cuves et des générateurs nécessaires à l’aménagement des tranches 3 et 4 de la centrale nucléaire d’Avoine.

11 Le pont aujourdhui photo PMD oct. 2023Le pont aujourd'hui (photo PMD oct. 2023)

  • Vues : 21

Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User