Beaumont-en-Véron
Le nom de cette commune, située près de Chinon, au sud-ouest du département, apparaît pour la 1ère fois en 1022 dans une charte de l’abbaye Saint-Florent de Saumur sous la forme latine Bellus Mons (Beau Mont).
Histoire
Le site fut occupé au paléolithique (burins et lames de La Fosse, au nord-est du bourg), au mésolithique (polissoir portatif du Ruau) et au néolithique comme le montrent le dolmen de La Grosse-Pierre (voir ci-après), le dolmen disparu de Coulaines ou du Puy-Bourde, dont la photographie se trouve dans l’ouvrage publié en 1983 par Pierre Acier et intitulé En ce bon pays de Véron ainsi que l’herminette polie découverte à Pourtourny (nord-est) et la hache polie trouvée au Ruau (nord-ouest du bourg).
Burins paléolithiques provenant de Beaumont-en-Véron (photo PmD juillet 2019, écomusée du Véron)
Le dolmen de La Grosse-Pierre, se trouve au bord de la Vienne, à 2,3 km au sud-ouest du bourg, à côté de La Maçonnière. Il subsiste une portion de la table, un support de 3 m. de long et quelques débris d’un autre support. Louis Bousrez signalait les débris d’une deuxième table parmi ceux des supports. Quelques débris de poteries et des ossements y ont été trouvés.
Dolmen de la Grosse-Pierre (photo PmD sept. 2012)
La voie gallo-romaine (via publica au 10ème siècle) qui longeait la rive droite de la Vienne est maintenant un chemin ombragé (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-vienne-voies-4-1-et-4-2 ).
Ancienne voie gallo-romaine à Beaumont-en-Véron (photo PmD sept. 2012)
Les riches terres agricoles du Véron étaient exploitées par des domaines agricoles gallo-romains (villae rusticae), notamment ceux de Coulaines ou Colonica = « domaine confié à un colon », Danzay ou Damitiacus = « domaine de Damasus », Détilly ou Distilliacus = « domaine du Distillateur », Isoré ou Isuriacus = « domaine d’Isurius », Le Villy ou Villiacus = « domaine de Villius » Razilly ou Rasilliacus = « domaine de Rasilius », Signy ou Seniacus = « domaine du Vieux », et Turpenay ou Turpiniacus = « domaine de Turpinus » (voir ci-après pour la plupart de ces domaines, devenus des châteaux).
Des sarcophages mérovingiens du 7ème siècle ont été découverts au sud-est de l’église et, au moyen-âge, il y avait trois souterrains-refuges, un dans la Rue-des-Cinq-Pères (nord-est), un autre à Saint-Jérôme (sud-est) (voir ci-après) et le troisième, dans le bourg, dont l’entrée se trouvait dans l’église même, ce qui est le seul exemple connu en Touraine.
Le fief de Beaumont appartint, à partir du 13ème siècle, à Renaud de Beaumont, puis à son fils Geoffroy de Beaumont, seigneurs de Cravant (aujourd’hui Cravant-les-Coteaux). Les seigneurs de Beaumont furent ensuite, en 1438, Jean II de Razilly, chambellan de Charles VII (voir Razilly, ci-après) et ancêtre de Claude de Razilly, qui acheta le fief en 1627 (voir ci-après) puis François de Maillé (1470/1501), vicomte de Tours, également seigneur de Benais, fils d’Hardouin IX de Maillé (1415/1487), puis René de Bastarnay (1513/1587), seigneur de Montrésor.
René de Bastarnay eut deux filles : Françoise de Bastarnay (1538/1617), qui épousa François d’Ailly (mort en 1560), vidame d’Amiens, commandant militaire des évêques d’Amiens, et Marie de Bastarnay (1539/1595), qui épousa Guillaume II de Joyeuse (1520/1592), maréchal de France. Leur fils, Henri de Joyeuse (1563/1608), également maréchal de France et gouverneur de Touraine, devint prêtre capucin en 1587, après la mort de son épouse, Catherine de Nogaret (morte en 1587) sous le nom de Père Ange (gravure ci-contre) et la seigneurie passa à sa fille Henriette Catherine de Joyeuse (1585/1656), qui épousa d’abord, en 1597, Henri de Bourbon (1573/1608), duc de Montpensier, puis, en 1611, Charles de Lorraine (1591/1640), 4ème duc de Guise et amiral de France.
C'est ce dernier qui vendit la seigneurie, en 1627, à Claude de Launay-Razilly (1593/1654), , fils de François I de Razilly (1545/1600), descendant de Jean II de Razilly (voir ci-dessus), amiral et gouverneur de l’Acadie. La seigneurie passa ensuite à son fils Gabriel III de Razilly (1648/1712), lieutenant-général de Touraine puis à son petit-fils, Michel Isaac de Razilly (1688/1769) ; ce dernier étant mort sans descendance, la seigneurie revint au fils de son frère Louis Melchior de Razilly (1692/1765), Gabriel Clair de Razilly (1720/1806), chef d’escadre, également seigneur de Savigny-en-Véron, qui fut le dernier seigneur de Beaumont-en-Véron.
À voir dans et près du bourg
L’église Notre-Dame-du-Rosaire :
En 1025 fut édifié le prieuré augustinien N. D. du Rosaire, dépendant de l'abbaye de la Trinité de Mauléon (Deux-Sèvres).
La chapelle prieurale fut remplacée au 13ème siècle par une église paroissiale, édifiée au 19ème siècle sur les plans de l'architecte Robert Daviau, en conservant le chœur de l'édifice primitif, avec des vitraux de Charles Joseph Vantillard (1836/1909).
Église et presbytère (photo PmD oct. 2024)
À côté de l’église, le logis prieural fut reconstruit au 17ème siècle pour servir de presbytère.
Halle (photo PmD août 2009)
En face de l'église on peut voir une halle du 13ème siècle, soutenue par 3 piliers en tuffeau.
Place de l'Église (photo PmD août 2009)
Un cèdre bicentenaire (25 m. de haut et 3,50 m. de diamètre à 1 m. du sol) s'élève sur la Place de Verdun, en face de l'église ; il s'agit en fait de 2 arbres qui n'en forment plus qu'un.
Le Clos Touillaut (dans le bourg, à l’est) : demeure du 16ème siècle avec deux hauts pignons à rondelis ; puits coiffé d’une pyramide d’ardoises ; cheminée du 17ème.
Velors (près du bourg, à l’ouest) : le fief de Velort est cité dès le 11ème siècle. Le premier seigneur connu fut, au 14ème siècle, Jean I de Faye, qui fut le père de Jean II de Faye, cité en 1380, également seigneur de Marçay (37), lui-même père de Jean III de Faye (né vers 1390), dont la fille, Simonne de Faye épousa en 1431 Jean II de Razilly (voir Razilly, ci-après) ; les seigneurs suivants furent René I de Faye, cité en 1485, petit-fils de Jean III, puis le fils de ce dernier, René II de Faye, cité en 1525. Voir Émile Millet (voir Montour, ci-après) in BSAT 7.7 1973 (pages 649/657).
À partir du 16ème siècle, le fief revint aux seigneurs du fief de Beaumont-en-Véronn descendants de Jean II de Razilly (voir ci-dessus).
Château de Velors (photo PmD oct. 2024)
Construit en pierre et brique au 15ème siècle, le château occupe la partie sud d'une terrasse rectangulaire, entourée de douves et précédée d'une avant-cour limitée à l'est et à l'ouest par des communs du 18ème siècle. Il comprend un bâtiment principal dont la façade nord est flanquée d'une tour polygonale d'escalier. La porte en est surmontée d'une accolade et timbrée d'armoiries. La façade sud a été refaite en pierre de taille au 18ème siècle. Deux pavillons carrés occupent les angles nord de la cour d'honneur. Celui de l'ouest contient la chapelle, celui de l'est, une salle de bain.
Tourelle de Velors, mur d'enceinte (photo PmD mai 2021)
Une fuye cylindrique du 16ème siècle subsiste au nord des communs ouest. Une tourelle en brique et pierre du 15ème siècle se dresse à l'angle sud-est de l'enceinte, près de l’entrée de la commune d’Avoine.
À voir au nord
Isoré (nord-est) : toponyme venant d’Isuriacus ou « domaine d’Isurius », géant légendaire dans les chansons de geste. Le premier seigneur connu est, en 1580, Jean II d’Armagnac, également seigneur de La Motte-Yvon (voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/chateau-de-la-motte-marcilly-sur-vienne). Il fut acheté en 1772 par Claude Christophe Courtin (1729/1806), avocat au parlement de Paris.
Le château, du 16ème siècle, fut remanié au 17ème, avec notamment a construction d’une grange à dîme et d’une chapelle. Un cadran solaire porte la date de 1674.
Château d'Isoré (cp)
Pendant la 1ère guerre mondiale le château fut réquisitionné par l'armée française, comme en témoignent les inscriptions sur les portes au 2ème étage et il fut ensuite transformé en ferme. En 1983, la commune d'Avoine l'acheta et installa dans le parc un centre équestre ; puis le revendit en 2009.
On peut y louer des chambres d’hôtes. Voir https://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-indre-loire-chateau-a-beaumont-chateau-d-isore.html
Pontourny (nord-est) : Le château fut construit au 18ème siècle pour la famille Richard de Pontourny ; il appartenait au 19ème siècle Alphonsine Richard de Pontourny (1816/1885), épouse d’Hippolyte Jean Marc de Gréban, lieutenant de vaisseau ; le château fut ensuite la propriété de leur fils Alphonse de Gréban de Pontourny (1841/1896) ; ce dernier le légua à son cousin, Jean-Baptiste Turquet, avec comme condition que « le domaine doit avoir pour mission une œuvre charitable chrétienne avec obligation du culte catholique » ; celui-ci fonda alors l'asile Saint-Joseph et le légua à son tour à l'État en 1902 avec les mêmes conditions.
Château de Pontourny (photo PmD oct. 2024)
L'Assistance publique, puis le Ministère des affaires sociales, Sous-direction d'aide sociale à l'enfance, en fit un établissement d'éducation, puis un centre de formation professionnelle pour jeunes filles en difficulté. En 2016, un projet est mis en place pour ouvrir au château de Pontourny le premier centre de réinsertion pour les jeunes de 18 à 30 ans susceptibles de basculer dans l’islam radical. Il s'agissait d'un projet pilote qui devait être suivi de 13 autres centres du même type mais en juillet 2017, le gouvernement décida de fermer ce centre, qui n'accueillait déjà plus aucun pensionnaire.
Vendu aux enchères en juin 2023, le château devrait devenir un lieu dédié au tourisme.
À voir à l’est
Saint-Jérôme : vestiges de la Chapelle des Bénédictins du 16ème siècle. Souterrain refuge.
Les Coudreaux (4 rue des Trois-Cheminées) : pigeonnier souterrain.
À voir à l‘ouest
Détilly : le fief est cité en 938, sous la forme « Destilliacus villa » et en 954, sous la forme « in villa Destilliaco » dans des chartes de l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Cette villa, comme celle de Danzay (voir ci-après), appartint à l’église et Joseph II, archevêque de Tours de 946 à 957, le donna en 954 au chevalier Gunbaldus (Gombaud ou Guinbaud) et à son épouse Bathehildis (Bathilde). Voir Émile Millet (voir Montour, ci-après) in BSAT 7.9 1975 (pages 877/894).
Du 13ème au 15ème siècle, le fief fut la propriété de la famille de Brizay, parmi laquelle on peut citer Alo IV de Brizay, tué en 1356 à la bataille de Nouaillé-Maupertuis (près de Poitiers), au cours de laquelle le roi Jean II le Bon fut fait prisonnier par les anglais, son petit-fils, Gilles de Brizay, fait prisonnier en 1396 à la bataille de Nicopolis, qui opposa l’armée des croisés au sultan ottoman Bayezid 1er (1354/1403), et mort en 1399, ainsi que le fils de ce dernier, Jean de Brizay 1396/1452), qui vendit le fief en 1446 à Louis de Valory (1410/1462), capitaine de Charles VII et époux de sa fille Catherine de Brizay (morte vers 1483) (voir aussi Lublé).
Château de Détilly (cp)
Parmi les membres de la famille de Valory, qui resta propriétaire du château jusqu'au 19ème siècle, il y eut Philippe de Valory, arrière-petit-fils de Louis, qui subit en 1562 l’incendie de son château et le massacre de ses habitants par les huguenots commandés par Gabriel I de Montgommery (1530/décapité en 1574) (voir Avon-les-Roches), son fils Antoine de Valory (né en 1574), qui se distingua au service d’Henri de Navarre, futur Henri IV, lors de la bataille d’Ivry en 1590, au cours de laquelle aurait été prononcé le fameux « Ralliez-vous à mon panache blanc ». Le fils d’Antoine, Louis I de Valory (1609/1684) ainsi que son petit-fils Louis II de Valory (1636/1702) moururent et furent inhumés à Détilly.
Le dernier seigneur de Détilly fut Louis Marc Antoine de Valory (1740/1792), petit-fils de Louis II, maréchal de camp (général de brigade) mais la famille, n’ayant pas émigré, resta propriétaire du château, qui fut acheté en 1991 par Alfred Sirven (1927/2005), connu pour son implication dans de nombreuses affaires de corruption et de détournement d'argent, comme l’affaire Elf. Le mobilier du château fut entièrement saisi par la justice, puis le château lui-même fut vendu aux enchères en 2001. Depuis 2020, la demeure appartient à un couple franco-australien, qui propose des chambres d'hôtes. Voir http://www.chateau-detilly.fr/
Château de Détilly en 1949 (photo Robert Ranjard pour pop-culture)
Le château actuel, avec sa porte d’entrée monumentale à l’intérieur du parc a été reconstruit au 16ème siècle, après l’incendie de 1562.
La chapelle est une construction rectangulaire datant du 13ème siècle. Temporairement convertie en cellier et grenier avant de revenir à son état initial, elle est composée d'une simple nef avec une couverture en charpente, refaite au 16ème siècle. On y pénètre par une porte en arc brisé ouverte dans la façade, et elle est éclairée par des fenêtres de même dessin.
À voir au sud
La Roche Honneur : la ferme de la Roche Honneur conjugue pavillon de maître et communs dans un parfait ensemble d'imitation des demeures seigneuriales. Au fond de la cour on aperçoit une imposante bâtisse. La cour est fermée par un portail encadré de hauts et puissants piliers ouvragés. Ils sont doublés de chaque côté par une porte piétonnière. Cette demeure est le symbole de l'enrichissement des propriétaires terriens.
Au sud du bourg, se trouvent les restes de 3 moulins, dont deux moulins cavier :
Beau-Puy (sud-est) : Ce moulin à vent, dont il ne reste que la tour ; appelé aussi Tour-du-moulin-à-vent ou Tour à Plouzeau, fut construit en 1640 par Claude de Launay-Razilly (voir Razilly) ; en 1690, il était affermé à André Beugnet, sieur de La Tranchée, huissier royal. À quelques pas de celle-ci se trouvent les restes d'une probable ancienne loge de vigne ou l'habitation même du meunier. Elle est aujourd'hui transformée en roncier.
Puy Prieur (sud-est, rue du Puy Prieur) : Moulin cavier du 19ème siècle, appelé aussi le moulin Boyer.
Moulin du Cruchon (sud-ouest) : selon Monique Groussin, Trésorière du Centre Généalogique de Touraine in https://blog.cgdt37.com/les-moulins-de-bourgueil/ Le premier meunier connu est Eustache Angibert, dont la fille Louise (née en 1800) épousera en 1822 Jean Jusseaume (né en 1797), fils de François Jusseaume (né vers 1767).
Le Moulin du Cruchon (cp)
Ce moulin cavier était, à la fin du 19ème siècle, une belle construction très connue des collectionneurs de vieilles cartes postales. L’intérieur, au centre, est de construction cylindrique à la base, puis vient l’amorce de la coupole sur le montant de la chambre des meules, éclairée par quatre fenêtres à la hauteur de la tour conique émergeant de la masse ; la voûte d’entrée se raccorde à la base cylindrique du « massereau » (tour conique qui supportait la hucherolle disparue) par une sorte d’arc très élégant. Il n’y a plus ni meule ni mécanisme : le dernier meunier y mit le feu pour détruire un nid de frelon ! Celui-ci brûla toute la partie de bois, hucherolle et ailes comprises, et réduisit le moulin à l’état de ruine.
Il a été restauré et transformé en logis en 1951. il appartenait alors au champion olympique d'escrime, Roger Ducret (1888/1962). Gite.
Coulaine (sud-est) : le fief appartint conjointement, du 13ème au 15ème siècle, aux familles Le Boucher et de Garguesalles puis intégralement à Jean III de Garguesalles (1400/1470), écuyer de Louis XI et gouverneur de Chinon, suite à son mariage avec Jehanne Le Boucher (née en 1430) ; les seigneurs suivants furent leurs deux fils : Jean IV (né en 1447) et son frère Jean V puis Jean Charles de Garguesalles (mort en 1526), fils de Jean V, puis René de Garguessalle (mort vers 1544), fils de Jean Charles, puis Baudouin de Garguessalle, fils de René (mort sans enfant vers 1571) et sa sœur Françoise de Garguesalles, épouse d’Antoine de Méaussé. La seigneurie passa ensuite à leur fils, Lancelot de Méaussé, cité en 1608 et 1610 puis à son fils François I de Méaussé (mort en 1642) puis au fils de ce dernier, François II de Méaussé, cité en 1663 et 1689, qui fut le père de Charles Joseph de Méaussé (mort en 1705), dont la fille, Madeleine de Méaussé épousa Urbain de Souvigné.
Château de Coulaine (photo PmD août 2009)
Leur fille, Marie-Madeleine de Souvigné épousa en 1685 Jean Charles de Fesques (1659/1721) et leur fille, Jeanne Charlotte de Fesques (1695/1742) fut la propriétaire du domaine. Celle-ci avait épousé Henry Quirit IV de Vauricher (1692/1725), qui fut assassiné par sa belle-sœur Marie Madeleine de Vassé (1695/1786), surnommée la Diablesse, épouse du fils aîné de Jean Charles de Fesques, Louis Joseph de Fesques (1686/1721), qui se prétendait, à juste titre semble-t-il, héritière de Coulaine (voir château de Marcilly-sur-Maulne).
Le fils d’Henry IV, Henry Quirit V de Coulaine et de Vauricher (1721/1808) hérita du domaine, qui fut ensuite la propriété de son fils, Augustin Pierre Quirit de Coulaine (né en 1756), qui fut le père d’Auguste Henry Edmé Quirit de Coulaine, polytechnicien et ingénieur en chef des ponts-et-chaussées et d’Henry Anatole Quirit de Coulaine, polytechnicien, officier supérieur du génie, ancêtre de la famille Denys de Bonaventure, qui exploite actuellement le domaine viticole. Voir https://www.chateaudecoulaine.com/.
François Rabelais, dont le père, Antoine était le notaire de la famille de Garguesalles et fréquentait le domaine, cite Coulaine en 1534 dans Gargantua (chapitre 39). Voir https://turonensis.fr/categories/rabelais-en-touraine/dans-le-veron-et-au-nord-de-chinon
Le château actuel, de style gothique flamboyant, est l’œuvre de Jean III de Garguesalles. Jusque vers 1850 Coulaine conserva une structure caractéristique des manoirs tourangeaux : devant le château, une cour fermée, encadrée des communs agricoles, avec accès par un porche en tuffeau. Sous l’impulsion d’Eugène Viollet-le-Duc, les ouvertures furent reprises avec rajouts sculptés issus du répertoire gothique (crochets, « feuilles de choux », pinacles...). Une belle orangerie fut rajoutée à l’extrémité sud des communs encore existants : du plus pur style « néo-gothique » avec ses immenses ogives vitrées, non loin des caves de tuffeau (carrières de pierres de construction à l’origine). Un vitrail du 16ème siècle, provenant de l’ancienne église prieuriale de Saint-Louans (voir Chinon) se trouve dans la chapelle du château.
La Courtinière (sud-est, près de Coulaine) : le manoir appartint au 17ème siècle à Jehan Dreux, procureur au bailliage de Chinon, également seigneur de La Chancellerie (Huismes), puis à François Mangot (1684/1718), secrétaire du roi, neveu de Charles Mangot (voir Danzay ci-après), puis à Augustin Pierre Quirit de Coulaine (voir Coulaine, ci-dessus)), puis, de 1824 à 1830, à Denis Dumoustier ou Du Moustier, maire de Beaumont-en-Véron. Il est appelé « le Temple des Huguenots » sur une carte postale, en référence à une tradition locale, qui n’a, semble-t-il, aucun fondement.
La Courtinière en 2023 (photo Isabelle Girard)
Cette ancienne ferme dépendant du prieuré de Beaumont-en-Véron, conserve un portail d'entrée surmonté d'une galerie qui devait limiter un chemin de ronde, et quelques vestiges de façades sur la cour présentant une décoration originale de pilastres et motifs sculptés. Ces parties, qui appartiennent au 16ème siècle, peuvent être, soit les vestiges d'un ensemble aujourd'hui démoli, soit les prémices d'une ferme somptueuse dont la construction a été abandonnée en cours d'exécution. Au nord-est de la cour se trouvent les restes de l'ancienne chapelle. Fuie carrée.
Voir Frédérique Guilbaud (ancienne archiviste à la mairie de Chinon) : Une demeure aux champs de la Renaissance : le manoir tourangeau de La Courtinière à Beaumont-en-Véron. Voir https://journals.openedition.org/insitu/2413
Domaine viticole. Voir https://maisondesvinsduveron.com/nos-vignerons/annick-francis-audebert/
Chamboizay (sud-est, près de Coulaine) : maison de notable du 19ème siècle. Les fenêtres du premier étage sont surmontées de frontons triangulaires.
Près de Coulaine aussi, dans la rue du Véron, on peut voir une cabane du 17ème siècle, dite la Maison de Pierre et entièrement construite en pierre.
la Maison de pierre (photo PmD oct. 2024)
Notons aussi qu’au sud-est du bourg se trouve le Puy du Perrou (le puy roux), un des points culminants de la commune, site inscrit à l'Inventaire National du Patrimoine Naturel et faisant partie du Réseau Natura 2000, dont la gestion est assurée par le Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Région Centre. Près de 50 espèces végétales déterminantes ont été observées sur le secteur après 1990. Parmi ces espèces, un certain nombre sont particulièrement rares. Arenaria grandiflora, notamment, qui n'est présente qu'en deux stations en région Centre : ici et à Bléré, également en Indre-et-Loire.
Razilly (sud-ouest) : le premier seigneur connu du fief de Razilly fut Renaud de Razilly, vivant en 1070 et cité en 1110, qui légua le fief à son fils Herbert de Razilly, qui aurait ramené de croisade un lionceau avec lequel il aurait été enterré dans l’église de Beaumont et qui, en 1140, donna le tiers de la dîme de Razilly à l’abbaye de Turpenay (Saint-Benoît-la-Forêt). On peut ensuite citer, l’arrière-petit-fils de ce dernier, Mathieu de Razilly, cité en 1269 puis son arrière-petit-fils, Pierre II de Razilly, cité en 1340, puis son fils, Raoul de Razilly, mort en 1398 et enterré dans l’église de Beaumont, puis le fils de celui-ci, Jean I de Razilly, mort sans enfant en 1401.
La seigneurie passa alors à un de ses petits-neveux, Louis de Razilly, cité en 1409 sous la forme Ludovicus de Razilleio, qui y fonda une chapelle en 1406 et qui fut le père de Jean II de Razilly, chambellan de Charles VII, qui lui donna en 1439 l’autorisation de fortifier son château et qui résida à Razilly en mai, juillet et septembre 1446.
Jean II fut le père de Jean III de Razilly, chambellan de Louis XI puis maître d’hôtel de Charles VIII, qui eut pour fils Charles de Razilly (mort en 1540) et pour petit-fils Gabriel de Razilly (mort en 1579), maître d’hôtel d’Élisabeth d’Autriche (épouse de Charles IX) puis de Louise de Lorraine (épouse d’Henri III). C’est à son époque que Razilly fut dévasté par les Huguenots en 1568.
Gabriel de Razilly fut le père de François I de Razilly (1545/1600), gouverneur de Loudun, père de François II, Isaac et Claude. La seigneurie passa donc à François II (mort en 1621), amiral de France, puis à son frère Isaac (1587/1635), vice-roi de la Nouvelle France, puis au fils de François II, Charles (mort en 1654) puis au 3ème frère, Claude (1593/1654) ; elle suivit dès lors la destinée du fief de Beaumont (voir ci-dessus).
Razilly : façade est en 2007 (photo pop-culture)
Le château actuel fut édifié dans la 1ère moitié du 15ème siècle mais l’aile est fut entièrement refaite vers 1770 ; le petit logis au nord de la cour et une partie du logis est conservent des cheminées de la première moitié du 15ème siècle. Côté jardin, le bâtiment présente des restes de pavillons du 15ème siècle très mutilés, et un corps de logis du 18ème siècle. Au 19ème siècle, ces bâtiments ont été transformés en ferme. Au sud de la cour s'élèvent les murs d'une chapelle construite au 15ème siècle. Dans le parc, un pigeonnier, couvert d'une coupole et d'un lanterneau en pierre, contient 1104 boulins.
Danzay (sud-ouest) : le fief est cité dès 974 sous la forme « in villa Dumciaco » puis vers 1000, sous la forme « villa quae dicitur Domzia » dans des chartes de l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Cette « villa », comme souvent, appartenait à l’église (voir Détilly) et Hardouin, archevêque de Tours de 960 à 980, en avait donné la gestion à son neveu Waldebert.
Le fief fut acquis vers 1460 par Jean III de Garguesalles (voir Coulaine, ci-dessus). Il appartint ensuite, en 1621, à Charles Jouye (mort en 1628), receveur des tailles de Chinon puis, en 1643, à son fils Philippe Jouye (né en 1620) également receveur des tailles de Chinon, puis à Charles Mangot (1615/1665), qui avait épousé en 1632 Marie Jouye (1618/1643), fille de Charles ; (voir La Courtinière, ci-dessus) e dernier seigneur fut Louis Charles Lenée (1730/1807), lieutenant criminel à Chinon.
Danzay (photo PmD oct. 2024)
Le colombier et la chapelle, dont le clocheton fut détruit en 1918, datent de la fin du 16ème siècle ; les cheminées datent des 14ème et 18ème siècle et la façade sur cour fut remaniée en 1767. C'est une demeure dont l'intérêt réside surtout dans ses deux escaliers polygonaux.
Montour (sud-ouest) : le manoir appartenait, en 1672, à Robert Robineau, sergent royal, époux de Marguerite Fournier (1628/1676), en 1697, à Marie Diboisne (morte en 1697), veuve de Charles Beuglier, greffier, en 1702, à Gabriel Joulin, lieutenant de la maréchaussée de Chinon. Ce dernier vendit le domaine, en 1709, à Louis Jean Bernard, receveur des tailles en l’Élection de Chinon, qui le transmit à son fils Louis François Bernard (né en 1701), officier des finances, dont le fils, Louis Jacques Bernard (1768/1793), capitaine de cavalerie et ancien garde du corps de Louis XV, se lança dans la sériciculture. Le domaine fut vendu comme bien national en 1796.
Sur la famille Bernard de Montour, voir Émile Millet (1887/1983), fondateur de l’Association Les Amis de Rabelais in BAVC 6.7 1962/63 (pages 358/365) et BAVC 6.9 1965 (pages 512/515).
Manoir du 17ème siècle, composé d'un pavillon rectangulaire accosté à l'ouest d'une aile, avec une verrerie comprenant 3 cheminées, utilisée comme magnanerie au 18ème siècle. Au nord-est se trouve la chapelle de plan presque carré. Deux pilastres à bossages soutiennent un entablement avec un tympan triangulaire et encadrent une porte en arc plein cintre, construit en 1789 par Louis Jacques Bernard.
La Giraudière (sud-ouest) : le premier seigneur connu de ce fief, appelé aussi fief de La Mort au 12ème siècle, est, en 1298, Josbert de La Mort, seigneur de Saint-Benoît-la-Forêt.
La Giraudière (photo PmD oct. 2024)
Ce manoir du 17ème siècle, construit en tuffeau, possède un pigeonnier contenant 901 boulins. C’est actuellement un hôtel. Voir https://www.giraudiere.com/