Noyant-de-Touraine
Le toponyme de cette commune vient du gallo-romain Noviomagum, signifiant « le nouveau marché » ; le territoire était en effet longé, à l’ouest, par la voie romaine Poitiers-Tours et il est probable qu’un marché se soit implanté près de cette voie, qui passait entre la Billette (commune de Pouzay) et la Barre (commune de Noyant), deux toponymes indiquant un lieu où il y avait un péage et par conséquence la limite entre deux juridictions.
Il y avait aussi sans doute une villa gallo-romaine à Noizay, venant de Nautiacum, signifiant « domaine de Nautius (le Marin) » (voir ci-après) ainsi qu’à Baugé, fief cité en 1642, venant de Balbiacum, ou « domaine de Balbius (le Bègue) ». Un autre toponyme apparaît dans quelques documents : la Jaulnaye, du gallo-romain Galliniacum ou « domaine du Gaulois » et désignant une propriété à l’est de l’église, où il reste une maison du 15ème siècle, dans laquelle se trouvent des vestiges de constructions beaucoup plus anciennes.
Il y avait autrefois sur le territoire de Noyant deux dolmens prouvant une occupation ancienne mais ils ont pratiquement disparu : celui de la Hacherie, a été vendu en 1848 et la carrière de pierres a été utilisée pour la construction du pont voisin de la Sauneraie, où passe la ligne SNCF Paris-Bordeaux. Quant à celui des Piraudières (toponyme cité en 1461), à 1500 m. au sud-est du hameau, il reste en quelques traces et au 19ème siècle l’abbé J.J. Bourassé a encore vu deux piliers plantés en terre ainsi que la table renversée en partie couverte de terre et d’herbes.
Le site fut ensuite occupé à l’époque mérovingienne ; un important cimetière contenant 23 sarcophages fut découvert en 1962 au croisement de la D 58 (Pouzay/Saint-Épain) et de la D 760 (Sainte-Maure/L’Île-Bouchard).
Au moyen-âge le château seigneurial, entouré d’une muraille crénelée, était La Barre, dont il reste quelques vestiges, non loin du centre, mais au 15ème siècle, les seigneurs de Noyant s’installèrent dans le château de Brou (voir ci-après).
Le premier seigneur connu, cité en 1262, fut Guillaume de Chergé. En 1443, la dame de Noyant est Marguerite de Mimes et au milieu du 15ème siècle, le fief appartenait à la famille de Gébert.
En 1722, Pierre Gabriel de Gébert, pressé de dettes, vendit le fief à ses deux frères : Joseph François (mort en 1751) et André Thomas (mort en 1746). Joseph François mourut sans héritier après avoir légué la propriété à sa petite-nièce, petite-fille de Pierre Gabriel, Louise Madeleine de Gébert (née en 1730).
Celle-ci avait épousé en 1746 Armand Antoine Félix d’Absac (1729-1787). Après la Révolution, le château de Brou fut mis sous séquestre car leur fils, Louis Armand d’Absac avait émigré mais leur fille, Antoinette Madeleine d’Absac finit par récupérer le château et, dès lors, l’histoire des seigneurs de Noyant se continue avec l’histoire des propriétaires du château de Brou.
La petite D 210, qui va de Saint-Épain à Sainte-Maure passe sous l’impressionnant viaduc des Besnault. Construit par l’architecte Jules de la Morandière (1813-1905) et long de 303 mètres, il domine de 34 mètres la vallée de la Manse, qu’il permet à la ligne ferroviaire Paris/Bordeaux de franchir. Il fut inauguré en 1852 par Louis Napoléon Bonaparte.
Non loin de là se trouve le lavoir des Besnault, construit en 1822 et restauré par des bénévoles en 2008.
Cette commune s’appelait autrefois Noyant et le suffixe « de Touraine » a été ajouté en 1925. Une aire de jeux et de loisirs a été aménagée aux étangs de Fosson.
Carte de la commune
Le Bourg
L’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais[1] a été construite en 1874 dans le style néo-gothique ; elle a remplacé une église construite au 12ème siècle et agrandie au 15ème siècle ; le clocher, qui vient d’être restauré, a été construit en 1890 selon les plans de l’architecte Guérin[2]. Près de cette église, derrière la mairie, on peut voir un des sarcophages mérovingiens découverts en 1962.
Près du centre de la commune, il reste, à l’intérieur d’une propriété privée, quelques vestiges de l’ancien château féodal de la Barre.
Brou
Ce toponyme vient du gallo-romain bracus, mot d’origine celtique signifiant vallée ; en effet en 1475 François de Gébert édifia au bord de la vallée de la Manse un très grand château, avec de nombreuses tours, une chapelle et une fuie[3] (voir histoire).
Antoinette Madeleine d’Abzac, qui avait récupéré le château après la Révolution, le vendit en 1813 à son beau-frère Jacques Jean de Foucauld (1771-1854), qui avait émigré et fait partie de l’armée des Princes mais qui était devenu colonel une fois rentré en France.
En 1859, ses héritiers vendirent le château à Marie Ernest Troncin, médecin-chef de l’École Polytechnique, qui, à son tour, le vendit en 1865 à Paul Charles Victor de Moges (1832-1903), qui, avec son épouse Alix de Menou (décédée en 1900), fit restaurer complètement ce château, qui en avait bien besoin, par Jules de la Morandière. Dans la chapelle, un grand vitrail de Lobin[4] fut installé.
Sans enfant, ils léguèrent le château à leur nièce, Ida de l’Aigle (morte en 1966) qui installa dans l’enceinte du château un orphelinat à vocation agricole : l’œuvre des petits jardiniers de Brou. Pendant la première guerre mondiale, le château devint une annexe de l’hôpital de Sainte-Maure, avec Mademoiselle Ida de l’Aigle comme infirmière en chef.
En 1950, elle céda la propriété à la Société des Amis des Jeunes, association de soutien à la formation professionnelle.
En 1997, Bernadette et Christian Girault achetèrent la propriété ; ils transformèrent le château en hôtel de luxe et firent enclore l’ensemble du domaine au bénéfice de riches chasseurs. Voir https://www.chateau-de-brou.com/fr/accueil/
Chaque année, le 1er dimanche de septembre, l’association Les Chevalets de Courtineau organise dans les anciennes allées du château de Brou une exposition qui réunit de nombreux artistes.
Bouroflers et Noizay
Au sud de la commune, près de la limite avec Pouzay, deux anciens fiefs ont gardé quelques bâtiments intéressants.
Le nom de Bouroflers apparaît dans un document de 1546 ; on peut y voir un beau petit pigeonnier construit en tuffeau.
Quant à Noizay, ce toponyme, qui vient de Nautiacum, signifiant « domaine de Nautius (le Marin) », apparaît sous la forme « Nouezay, alias les Aubiers » dans un document de 1423. Un autre document de 1489 indique qu’il y avait là un « hostel fort et forteresse ». Ce fief, situé sur la paroisse de Nouâtre, dépendait de cette seigneurie. Au 15ème siècle, il appartenait à la famille Jupille, descendant de Guillaume Jupille, chevalier en 1223. Par la suite les seigneurs en furent Pierre de Betz, chevalier, en 1489 et François de Betz, écuyer, en 1506. Un membre de cette famille : Catherine de Betz, était la belle-mère de Jean II des Aubuis, seigneur de Talvois, à Nouâtre (voir page xx).
[1] Voir note xx, page xx.
[2] Voir note xx, page xx.
[3] Voir note xx, page xx.
[4] Voir note xx, page xx.