Voies du sud vers le nord (7.1, 7.2, 7.3, 7.4 et 7.5)
De Chinon au Lude et du Lude à Vaas
Communes traversées : Chinon, Huismes, Avoine, Restigné, Bourgueil, Continvoir, Gizeux, Parçay-les-Pins, Noyant, Dénézé-sous-Le Lude, Dissé-sous-Le Lude et Le Lude
Chinon
Cette voie partait de Chinon par l’actuelle rue du Collège, à côté de l’église Saint-Étienne, puis sortait de la ville par ce qui sera ensuite la porte de la Barre ; là une bifurcation permettait d’aller, soit vers Tours, à l’est (voir voie Rivière/Azay-le-Rideau) soit vers Le Mans, au nord.
Chinon : rue du collège (photo PMD juillet 2011)
La voie est ensuite continuée par les actuelles rue Saint-Jean, route de Huismes et route des Puys qui se dirigeait vers l’Indre, en passant à côté d’une villa gallo-romaine, découverte au 19ème siècle par l’historien Gustave de Cougny, auteur notamment de Chinon et ses environs, habitant alors le château de la Grille, qui avait pris la place de cette villa.
Huismes et Avoine
La voie sortait de Chinon par l’actuelle Route des Puys, qui se transforme en chemin après La Jonjarde et qui redevient une route (D 301) à L’Épinay, où elle entrait sur le territoire de Huismes.
Après Le Carroi-Godreau, on arrive à une bifurcation et il y a deux hypothèses :
En prenant à gauche, la D 301 conduit à La Perrée (bourg du Néman, commune d’Avoine), où il est encore possible, en empruntant l’ancienne Allée d’Ingrandes (appelée ensuite Pont du Néman et qui n’a plus de nom maintenant) de franchir l’Indre pour arriver au bord de la Loire, où l’on peut voir des vestiges d’un gué, permettant de rejoindre La Croix Rouge sur la rive droite de la Loire) puis Ingrandes-sur-Loire ou Restigné.
Ancienne voie vers la Perrée (photo PMD août 2011)
En prenant à droite, une route conduit à Ribot puis franchit le Douay sur le pont de La Chaumine puis la Riasse avant d’arriver dans le bourg. Après le bourg, la route des Perrés (anciennement chemin vicinal n° 6 de Huismes à Ussé), arrive au Vivier, où plusieurs chemins permettent d’atteindre l’Île Saint-Martin, entre l’Indre et la Loire, hameau qui, au moyen-âge, relevait de la paroisse de Restigné (sur la rive droite de la Loire), ce qui laisse à penser qu’il y avait là un gué permettant de rejoindre cette rive droite, où la voie continuait vers le nord.
Les domaines agricoles étaient très nombreux dans le Véron, cette riche plaine agricole entre Vienne et Loire ; on peut citer, sur la commune de Chinon : Neuville (Nova villa) et Le Villier (Villare) ou encore, sur la commune de Beaumont-en-Véron, Signy (Seniacum), qui appartint, au 17e siècle à Louise d’Aviau, veuve de Jean d’Armagnac (voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/chateau-de-la-motte-marcilly-sur-vienne) ; sur la commune actuelle de Huismes, il y avait sans doute des domaines à Azay (Avitiacum), Benais (Benniacum), Cuzé (Cusiacum), Le Laré (Larriacum), Mouzilly (Musilliacum), Rassay (Recciacum) et La Villaumaire (Villa majoris), voir https://turonensis.fr/categories/rabelais-en-touraine/dans-le-veron-et-au-nord-de-chinon.
Des vestiges de villae gallo-romaines ont également été découverts aux Grandes Garantes, près de Mouzilly (Musilliacum) et à L’Étui près du centre de Huismes.
Restigné et Bourgueil
Ayant passé, soit le gué d’Avoine, soit celui de l’Île-Saint-Martin, la voie continuait vers la commune actuelle de Restigné (Rastiniacum) ; toute cette région faisait partie, dans l’antiquité du territoire des Andécaves, dont la ville principale, Juliomagos deviendra Angers, puis, au moyen-âge la capitale de l’Anjou.
Sur la commune de Restigné, des domaines agricoles se trouvaient aux lieudits suivants : L’Azé (Avitiacum), Lassis (Lattiacum), Le Marnay (Materniacum), Lossay (Laussiacum), Louy (Laudiacum) et Saint-Saunay (Solonacum).
Ancienne voie au lieu-dit Santenay (photo PMD février 2019)
Il est probable que l’ancienne voie soit reprise par une petite route, qui suit la rive droite du Changeon, en passant, sur la commune actuelle de Bourgueil, par Santenay (Sentenacum), La Gitonnière, le hameau du Pont-de-Gué et Marcé (Marciacum).
Ancienne voie au lieu-dit le Pont du gué (photo PMD février 2019)
C’est là qu’elle croisait l’importante voie Orléans-Angers (voir voie 1.1) qui franchissait le Changeon au Pont-du-Gué, (ne pas confondre le pont et le lieu-dit), puis elle suivait la rive droite du Changeon jusqu’à Touvois (commune de Bourgueil), à ne pas confondre avec Touvoie à Rochecorbon (voir ci-après). À partir de là, la voie entrait sur le territoire des Aulerques Cénomans et le tracé est hypothétique, car nous n’en avons pas trouvé de traces sur le terrain.
Continvoir, Gizeux, Parçay-les-Pins, Noyant, Dénézé-sous-Le Lude, Dissé-sous-Le Lude et Le Lude
Selon nous, la voie continuait vers Continvoir où on trouve Le Jaunay (Gallinacum) ou « domaine du gaulois » ainsi que Les Maisons-Rouges ; un lieu-dit du même nom est rencontré près de la voie un peu plus loin, sur la commune de Gizeux. Puis elle passait sans doute entre le dolmen de La Cardinière (à l’ouest de Gizeux) et, à l’est, les ruines du dolmen de Continvoir, détruit par Saint Martin selon la tradition.
On peut encore voir à Gizeux le grand château du 12e siècle qui fut la propriété de la famille de Joachim Du Bellay de 1315 à 1660.
Ancienne voie entre Gizeux et Parçay-les-Pins (phto PMD août 2011)
Il est probable que la voie passât ensuite sur la commune de Parçay-les-Pins, où l’on rencontre Les Quarts, lieu-dit que l’on retrouve sur la commune de Noyant (Maine-et-Loire), où il y avait, à l’époque mérovingienne, une villa royale, qui était sans doute la suite d’une villa gallo-romaine.
Ancienne voie entre Noyant et le Lude (photo PMD août 2011)
À Noyant, arrivait aussi une voie venant de Saumur et devenue un chemin de Saint-Jacques ; après Noyant, la D 767 rectiligne, reprend peut-être l’ancien tracé de la voie qui se dirigeait vers Le Lude en passant par La Boissière (commune de Dénézé-sous-Le Lude), où se trouve l'ancienne abbaye de La Boissière, du 12e siècle puis à Laurière (commune de Dissé-sous-Le Lude), où plusieurs dolmens (en mauvais état) ainsi qu’un menhir, qui, selon la légende se réunissaient tous les 33 ans, jalonnent peut-être la frontière entre les Andécaves et les Aulerque Cénomans ; on entre en effet, après Laurière dans la Sarthe, bien que toute la région fasse partie de l’Anjou sous l’ancien régime.
Voie secondaire du Lude à Vaas
Communes traversées : Aubigné-Racan et Vaas
Au Lude, où existe un lieu-dit La Chaussée, le château de la Renaissance a remplacé une forteresse du 10e siècle ; la voie principale continuait vers Le Mans tandis qu’une voie partait à l’est vers Vaas, où passait la voie Nouâtre/Le Mans (voir voie suivante).
Cette voie passait par Cherré (Cariacum), dans la commune actuelle d’Aubigné-Racan (Sarthe), où l’on peut visiter (gratuitement) les imposantes ruines d’un sanctuaire gallo-romain situées près d’un oppidum gaulois aménagé au 4e siècle avant notre ère : l’éperon fortifié du Camp-de-Vaux.
Situé à proximité de trois peuples gaulois : les Turons, les Aulerques Cénomans et les Andécaves, ce sanctuaire était un grand lieu de rassemblement saisonnier et une sorte de marché aux bestiaux, car de nombreux ossements d’animaux ont été retrouvés sous le forum.
Cherré (photo PMD août 2016)
Outre le forum, les constructions, édifiées aux 1er et 2e siècles de notre ère, comprenaient notamment un théâtre pouvant accueillir 3 000 personnes, plusieurs temples et des thermes alimentés par un aqueduc ; sous le théâtre, une nécropole du 5e siècle av. J.-C. a été découverte, avec cinq blocs mégalithiques et huit tumuli recouvrant des tombes à incinération, protégeant des urnes funéraires.
Cherré : théâtre (photo PMD août 2011)
De Nouâtre à Vaas
Communes traversées : Nouâtre, Noyant-de-Touraine, Trogues, Saint-Épain, Thilouze, Pont-de-Ruan, Artannes-sur-Indre, Ballan-Miré, Joué-lès-Tours, Fondettes, Charcenay, Saint-Roch, Semblançay, Sonzay, Brèches, Chenu et Vaas
Nouâtre, Noyant-de-Touraine et Trogues
Carte Jean-Marie Couderc (annotations PMD)
À la sortie de Nouâtre, au hameau de Chenevelles, à cheval sur les communes de Nouâtre et de Pouzay, se trouvait la bifurcation avec la voie 4.1 ; la voie principale continuait à droite de La Piraudière, où elle a été vue d’avion, longeait un petit bois et est encore bien visible sous la forme d’un chemin, servant de limite entre Pouzay et Noyant-de-Touraine, qui arrive au lieu-dit La Billette, où il y avait vraisemblablement un octroi, ce lieu étant à la limite entre trois communes (Pouzay, Noyant-de-Touraine et Trogues) et où une hache polie en jadéite a été découverte en 1900.
Ancienne voie (photo PMD janvier 2020)
Elle se dirigeait ensuite vers Saint-Épain et, un peu avant la Motte du Donjon (commune de Trogues), où se trouvait un ancien château médiéval, elle était rejointe par une voie secondaire venant des Grandes Varennes (limite entre Pouzay et Trogues), où passait la voie suivant la rive droite de la Vienne (voie 4.1).
Ancienne voie à La Motte du Donjon (photo PMD février 2011)
Elle bifurquait légèrement à l’est vers Le Louriou (peut-être du latin oratorium) où un site gallo-romain a été repéré puis, sous la forme d’un beau et large chemin, vers l’entrée actuelle de Saint-Épain, au lieu-dit La Boue, où l’on peut voir un menhir christianisé, et où un gué permettait de franchir la Manse, dont plusieurs bras convergent à cet endroit marécageux.
Ancienne voie à l'entrée de Saint-Épain (photo PMD sept 2010)
Comme souvent, c’est l’existence de cette voie et de ce gué qui a donné naissance au vicus de Brigogalus (le lieu de la citadelle) ; ce dernier nom apparaît encore dans un texte de 774, mais, au 11èmesiècle, ce village, qui devrait logiquement s’appeler Brigueil, prit le nom d’un fils de Sainte Maure : Saint Épain, qui aurait été tué près de là, au 4e siècle après JC.
Ancienne voie à la sortie de Saint-Epain (photo PMD janvier 2016)
En sortant de Saint-Épain, l’actuelle D 8, qui porte encore le nom de Grand Chemin, se dirige vers Thilouze en suivant le tracé de l’ancienne voie et en empruntant une tranchée taillée dans le rocher ; mais à 2 km avant Thilouze, la D 8 oblique vers l’est et une autre route part vers Saché ; la voie romaine, pour sa part, continuait tout droit vers Pont-de-Ruan et elle est encore bien visible par endroits sous le nom de Voie Ferrée.
Ancienne voie entre Saint-Épain et Pont-de-Ruan, dite la Voie férrée (photo PMD nov. 2010)
Ce toponyme, que l’on trouve aussi sous la forme Chemin Ferré désigne souvent une ancienne voie romaine ainsi nommée soit par référence aux scories de fer qui parfois servaient à consolider les voies romaines, soit, selon la définition du Littré, : chemin « dont le fond est ferme et pierreux et où l’on n’enfonce point ».
Le chemin passe à l’ouest du bourg et longe pendant plusieurs kilomètres la limite entre Thilouze et Villaines-les-Rochers. Il a été photographié d’avion, en 1980, par Jacques Dubois, à côté de La Charpenteraie.
Pont-de-Ruan et Artannes-sur-Indre
Il entrait ensuite sur la commune actuelle de Pont-de-Ruan (Rotomagos = le Marché du gué) entre La Pacotterie et La Pinardière. Un peu avant le bourg de Pont-de-Ruan, il arrivait à un embranchement : la Croix-Billette, où il croisait une voie qui suivait la rive gauche de l’Indre. C’est à Pont-de-Ruan, que l’on franchissait l’Indre et l’on voit encore, près de l’ancien gué, les restes d’un important moulin construit au 13e siècle (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-lindre-voies-3-1-et-3-2).
Après Pont-de-Ruan, la voie passait sans doute près du Village-des-Roux (commune d’Artannes-sur-Indre), mais le tracé de la voie romaine est mal connu, car il n’est pas certain que la D 8 reprenne son parcours, comme on le dit parfois, cette route se trouvant en dessous de la ligne de crête, qui est à 1 km (environ) à l’ouest.
Continuant vers le nord, on arrive sur le territoire des communes de Ballan-Miré et de Joué-lès-Tours. L’ancienne voie, comme c’est très souvent le cas, indique la frontière entre deux communes ; en effet le chemin, où une portion pavée peut encore être vue, passe entre le Bois-de-la-Motte (commune de Ballan-Miré) et le Bois-de-la-Petite-Pépinière (commune de Joué-lès-Tours). Sur la carte de Cassini, le chemin porte le nom de « Route de Chinon » et passe entre « Le Bois-de-Ballan » et « La Petenière ».
Ancienne voie au Bois-de-la-Petite-Pépinière (photo M. Moreau 1980)
Ancienne voie au Bois-de-la-Petite-Pépinière-(photo PMD janvier 2010)
À la sortie du bois, une bifurcation permettait soit d’aller vers le château de La Carte et Fondettes (c’était la voie principale à l’époque gauloise), soit, en traversant les Landes-de-Charlemagne, de rejoindre Caesarodunum (voie préférée à l’époque gallo-romaine) ; entre Les Landes-de-Charlemagne et La Vieille Carte, deux sites gallo-romains ont été repérés à Bois-Gibert (commune de Ballan-Miré) et au Grand-Porteau (commune de Joué-lès-Tours).
Ancienne voie aux Landes de Charlemagne (photo PMD janvier 2011)
On pense généralement que ce « Charlemagne » (Carolus Magnus) ne désigne pas le célèbre empereur, mais son grand-père Charles Martel et qu’une « bataille de Poitiers » (appelée aussi « bataille de Tours ») se serait passée à cet endroit, où des armes maures auraient été retrouvées.
Ce nom de La Carte indique parfois un endroit se trouvant à quatre lieues gallo-romaines de Caesarodunum ; le château de La Carte, qui est maintenant une résidence hôtelière appartenant à l’EPAF (Éducation Plein Air Finances), date du 15e siècle, mais a remplacé un château antérieur où, selon certains, serait né, au 13e siècle, Simon de Brion, le futur pape Martin IV.
Jusqu’au 19e siècle, cette ancienne « Route de Chinon » était un chemin encore souvent emprunté et Balzac par exemple l’utilisait pour aller de Tours à Saché. C’est aussi, au début de Le lys dans la vallée, roman en grande partie autobiographique, le chemin qu’emprunte Félix de Vendenesse pour se rendre chez son parrain, au château de Frapesle (en fait le château de Valesne, à côté de Saché).
La voie principale descendait vers la vallée de la Loire, traversant le vieux Cher, soit au Pont-aux-Oies (commune de Joué-lès-Tours), appelé antérieurement le Pont-à-Voie (gallo-romaine ?), soit à L’Arche du Pin, où subsistent les vestiges d’un pont du 13e siècle ; elle croisait ensuite la voie Pouillé/Huismes (voir voie 2.2), puis le Cher à l’est de Port-Cordon (commune de La Riche) et arrivait ensuite sur la rive gauche de la Loire, en face de l’ancien oppidum turon de Montboyau, à Fondettes, un peu en aval de l’actuel pont de Saint-Cosme.
Ancienne voie à La Riche, (photo PMD oct. 2019)
Fondettes
On a cru, pendant longtemps, que la Loire était franchie à gué avant que les Romains ne construisent un pont, mais dans les années 1970 toute une série de pilotis quadrangulaires ont été remarqués, puis datés au carbone 14 ; trois dates ont été obtenues : 100 avant notre ère, 6 avant notre ère et 106 après JC. Il y a donc eu à cet endroit un pont construit par les Turons puis sans doute reconstruit et élargi à l’époque gallo-romaine. Malheureusement beaucoup de ces pilotis ont été arrachés en 1987 pour permettre le déroulement d’une compétition de descente de la Loire en planche à voile !
Vestiges du pont entre Fondettes et La Riche (photo PMD mai 2011
Cet oppidum de Montboyau (Mons Boelli), au croisement de deux voies importantes, était, sinon l’oppidum principal des Turons comme certains le pensent, du moins une de leurs principales places-fortes (voir voie 1.1).
Charcenay et Saint-Roch
Après l’oppidum, la remontait la vallée de la Choisille (rue des Trois Mariés puis rue de-Morienne) en passant par Charcenay (Carciniacum) et rejoignait l’actuelle D 36, qui se dirige vers Saint-Roch et qui reprend sans doute le tracé de l’ancienne voie ; plusieurs lieudits aux abords de cette route sont visiblement d’anciens toponymes : Château-Gaillard, Tartifume, Les Maisons-Rouges, La Chaise-du-Diable, Les Cartes.
Ancienne voie à Saint Roch (photo PMD février 2011)
La D 36 franchit la Choisille à l’entrée du bourg de Saint-Roch ; à cet endroit, sur la droite, part un chemin, qui est la voie gallo-romaine, dont le pavement est encore bien visible par endroit.
Appelé localement « Chemin de César » et « Chemin qui conduit au Serrain » dans une charte de l’abbaye de Marmoutier, ce chemin suit la limite est de la commune sur plus de 4,5 km et a été utilisé comme digue pour l’étang de Jumeau (au nord-est du bourg).
Ancienne voie entre Saint-Roch et Le Serrain (photo PMD août 2011)
Charentilly et Semblançay
La voie suivait la limite ouest de Charentilly, dans le Bois-de-Poillé, toponyme venant de Paulliacum ou « domaine de Paullius », avant d’entrer sur le territoire de la commune de Semblançay et d’arriver au Carrefour-des-5-Croix sur Le Serrain, ancienne commune rattachée à Semblançay en 1821.
Carrefour des Cinq-Croix (photo Jacques Dubois, annotations PMD
À ce Carrefour-des-5-Croix, arrivaient aussi deux voies secondaires, une venant de Luynes, au sud-ouest, et une venant de Saint-Symphorien, au sud-est, passant par Saint-Cyr, où le pavage de cette voie est encore bien visible, sur une grande longueur.
Entre ce carrefour et Le Serrain, deux meules gallo-romaines et des monnaies romaines ont été trouvées.
Sonzay
Après Le Serrain, la voie est reprise par la route qui va vers Sonzay et qui rentre sur le territoire de la commune actuelle au niveau du gué de Bresme (du latin Brennius, patronyme gallo-romain dérivé de Brennos, patronyme gaulois).
Ancienne voie entre Le Serrain et Brèches (photo PMD août 2011)
Elle passe ensuite au Rond-des-Blagueurs, dans le Bois-du-Mortier-aux-Moines, où de larges dalles ont été vues, puis au Petit-Cherbourg. Après 1 km, la route oblique à gauche tandis que la voie continue tout droit et on peut la voir à La Croix-de-la-Rue.
Elle traverse ensuite la route allant du Petit-Cheray à Gast, où, vers 1945, l’archéologue Henri Auvray a vu « le dallage de la voie romaine », puis la D 68, à côté d’un calvaire, qui a été déplacé, puis la route qui va de Sonzay à Saint-Paterne-Racan, au niveau d’un autre calvaire.
Après ce croisement, la voie traverse la D 766, avant de redevenir une route, qui passe à côté de La Harpinerie, où Jacques Dubois a vu des traces de constructions gallo-romaines et qui porte le nom d’Ancienne-Voie-Romaine en entrant sur la commune actuelle de Brèches au niveau de la D 69.
Brèches
À l’entrée de Brèches, se trouve la Pierre-Saint-Martin (photo PMD ci-contre, août 2011) ; on ne sait pas exactement de quelle époque date ce mégalithe sanctifié par Saint Martin. Selon certains, il s’agit soit d’un menhir du néolithique ou de l’âge du bronze, soit d’une borne milliaire de l’époque gallo-romaine, soit encore d’un menhir transformé en borne milliaire. Haut de 1,60 mètre, ce mégalithe est creusé à son sommet d’une cavité dans laquelle on déposait des pièces de monnaie ou des offrandes alimentaires pour être sûr de se marier dans l’année, survivance probable d’un rite antique.
Brèches, anciennement Bricca villa, où Saint Brice fonda une église dès le 5e siècle, se trouve actuellement à la frontière entre l’Indre-et-Loire et la Sarthe, mais, dans l’antiquité, était encore chez les Turons.
Chenu et Vaas
En effet l’ancienne frontière avec les Aulerque Cénomans se trouvait après Chenu (72 500), vers où se dirigeait la voie, reprise par la D 30, qui porte aussi le nom d’ Ancienne-Voie-Romaine, au lieu-dit Les Halles (commune de Vaas), car c’est probablement ce lieu qui est indiqué sous la forme Fines (Frontière) sur la Table de Peutinger et qui est à 16 lieues gauloises, soit 39 km, de Vindunum (Le Mans).
La D 30 traverse le Loir au Moulin-de-Rotrou pour arriver sur la rive droite, actuellement rue du Port-Liberge près du centre de Vaas : ancien vicus, où les traces d’un fanum (temple) ont été repérées, sur la colline, où s’éleva ensuite une abbaye (actuellement ancienne mairie) ; on a découvert aussi à Vaas de nombreux fragments de céramique, des monnaies, des meules et surtout une petite statuette en bronze, appelée l’amour argenté de Vaas, qui peut être vue au Carré Plantagenêt au Mans. Il existe aussi, sur cette commune, le dolmen de La Pierre-Couverte.
De Vaas une voie secondaire partait vers le Lude en passant au milieu de l’immense sanctuaire de Cherré sur la commune d’Aubigné-Racan (voir ci-dessus).
Après Vaas, la route montait vers Verneil-le-Chétif en empruntant une voie naturelle encore utilisée par la D 30 et passait à côté d’un dolmen au lieu-dit Le Tertre (près du Grand-Fief et des Vieilles-Maisons) puis elle arrivait à Vindunum (Le Mans), la capitale des Aulerques Cénomans.
Après Le Mans, le voyageur, s’il n’était pas exténué, pouvait continuer son voyage vers Condate Riedonum (Rennes), par exemple, la capitale des Riedones, ou vers Aregenua (Vieux-la-Romaine, en Normandie), la capitale des Viducasses, ou encore vers Lutèce (qui cependant n’était pas encore Paris !).
De Sainte-Maure-de-Touraine à Tours
Communes traversées : Sainte-Catherine-de-Fierbois, Sorigny et Veigné
Un peu avant La Croix-des-Barres, au niveau de la D 101, un embranchement permettait de se diriger vers Tours, en passant près de La Rainière puis en continuant vers Sorigny (voir ).
Cette voie, devenue ensuite une partie de la via turonensis vers Compostelle, puis du GR 655, était en fait une ancienne voie gauloise allant de l’oppidum de Montboyau à Fondettes (voir ci-dessus) à celui des Deux-Manses (à Sainte-Maure-de-Touraine).
Ancienne voie à l'Enfer (photo PMD nov.2020)
Elle est encore bien visible aux Bertinières, à L’Enfer et en traversant la petite route allant de La Poste (de Sorigny) à La Génétrie.
Ancienne voie aux Bertinières (photo PMD nov. 2020)
Elle arrivait à Sorigny dans l’actuelle rue des Écoles et cette arrivée est aujourd’hui marquée par une croix de pierre.
Ancienne voie arrivant rue des Écoles à Sorigny (photo PMD nov. 2020)
Après Sorigny, la voie passait par la commune actuelle de Veigné. Appelée localement « le Chemin Blanc », elle est encore visible à plusieurs endroits, notamment à Sardelle puis à La Tortinière, lieu avant lequel elle devait franchir l’Indre à gué, peut-être sur celui dont un pavage a été repéré dans le lit de la rivière en aval du bourg, et enfin dans le Bois-de-Saint-Laurent.
Ancienne voie près de La Tortinière à Veigné (photo PMD mars 2023)
C’est dans ce Bois qu’au 4e siècle Saint Martin aurait « christianisé » une source gauloise soignant les maladies de peau, en la consacrant à Saint Laurent (215/258), dont la peau avait été brûlée, comme on le sait. Il aurait édifié à proximité un oratoire, transformé en chapelle au 11e siècle. La chapelle, que l’on peut voir aujourd’hui, date du 16e siècle.
On la perd ensuite du fait de l’urbanisation.
De Tournon Saint-Pierre à Villedieu-le-Château
Communes traversées : Tournon-Saint-Pierre, Bossay-sur-Claise, Preuilly-sur-Claise, Le Petit-Pressigny, La Celle-Guenand, Paulmy, Ligueil, La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, Manthelan, Esvres-sur-Indre, Saint-Avertin, Tours (Caesarodunum), Notre-Dame-d’Oé, Chanceaux-sur-Choisille, Cérelles, Rouziers-de-Touraine, Beaumont-la-Ronce, Neuvy-le-Roi, Épeigné-sur-Dême, Chemillé-sur-Dême et Villedieu-le-Château
Tournon-Saint-Pierre
Cette voie est aujourd’hui un chemin de Saint-Martin, connu sous le nom de « Chemin de l’évêque de Tours », car selon l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours, Saint Martin, alors évêque de Tours, se rendit, vers 380, à Tournon par la voie romaine qui allait de Tours à Argenton-sur-Creuse. Il y détruisit le temple païen et y édifia la première église chrétienne de la commune qu’il dédia à Saint Pierre (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2).
Tournon-Saint- Pierre : la Croix-de- Pierre (photo PMD nov. 2011)
La voie, qui est probablement reprise par la rectiligne D 14, passait à côté de Vonne venant de Votanus ou « propriété du gaulois Votos », sur la commune de Tournon-Saint-Pierre puis, sans doute, au point culminant de la région, situé à La Grosse-Borne (138 mètres), où il y avait probablement un dolmen, dont il reste quelques pierres.
Ancienne voie à la Grosse Borne (photo PMD déc. 2011)
Bossay-sur-Claise et Preuilly-sur-Claise
Elle longeait ensuite, à l’ouest, le domaine rural de Villejésus, sur commune actuelle de Bossay-sur-Claise, où le site des Maîtreaux, un peu au nord de Villejésus, a fourni 60 000 vestiges de matériel lithique du paléolithique : grattoirs, perçoirs, burins, lames, nucléus, abandonnés par les tailleurs de silex qui faisaient halte à cet endroit. Un musée, fondé par Henri Thiennet expose dans des vitrines la quasi-totalité des objets lithiques préhistoriques trouvés sur le territoire de la commune.
Ancienne voie à Villejésus (photo PMD août 2020)
La voie arrivait à Preuilly-sur-Claise et franchissait la Claise, sans doute grâce à un gué en aval du pont actuel ; elle est ensuite reprise par la rue de la République, en face de ce gué puis par la rue du Cygne puis par la rue du Pouët, qui longe Le Mireuil, où une enceinte et un site gallo-romains ont été photographiés par Jacques Dubois. Les objets découverts sur ce site (moulins, amphores, pièces) sont au musée situé dans l’ancienne poterne du château féodal de Preuilly, qui existait dès le 10e siècle, mais qui fut reconstruit plusieurs fois.
Il reste également à Preuilly-sur-Claise le pilier central d’un vieux pont sur la Claise, appelé Pont de la Clau (ou Clo, Clos, Clot) et considéré comme un pont gallo-romain, sur une voie allant d’un côté vers Charnizay et Loches, d’un autre côté vers Boussay, La Roche-Posay (voir voie 5.2) et Poitiers ; mais nous pensons qu’il s’agit plus vraisemblablement d’un pont et d’une voie médiévale. Par contre il est possible qu’une voie suivît la rive gauche de la Claise pour rejoindre la voie suivant la rive droite de la Creuse (voir voie 5.1) à Abilly.
Le Petit-Pressigny et La Celle-Guenand
Après Preuilly, la voie contournait certainement par l’ouest Le Petit-Pressigny, en passant par Le Vignoux, La Carte et Le Château-Neuf, à côté du domaine gallo-romain de Narçay (Nartiacum), puis en franchissant l’Aigronne au Moulin-Neuf avant de rejoindre La Celle-Guenand, en passant par le Moulin-de-Civray (Severiacum).
Ancienne voie près du Vignoux (photo PMD déc. 2011)
À La Celle-Guenand, site occupé dès l’époque néolithique, il y avait, outre le domaine de Civray, ceux de Crançay (Crescentiacum), Marnay (Madrianiacum) et Rasilly (Rasilliacum).
Une villa gallo-romaine avec thermes a aussi été découverte sur la commune voisine de Saint-Flovier à L’Aulnaye (D 59), où l’on a trouvé des fragments de poteries sigillées et de tuiles ainsi que des médailles et une clé en bronze.
Paulmy
Entre La Celle-Guenand et Paulmy, la D 99 reprend probablement le tracé de l’ancienne voie et elle croise, à la côte 119, au lieu-dit La Haute-Borne un chemin qui continue sans doute la voie allant de Barrou à Montrichard (voir voie 6.1).
Anciennes voies à La Haute Borne (photo PMD déc. 2011)
Paulmy est également un site occupé au néolithique comme le montre le dolmen de La Pierre-Chaude (- 3 500) qui se trouve au bord de la route en direction de Neuilly-le-Brignon, un peu après Le Châtelier ; à 200 mètres au sud de ce dolmen se trouvait la source sacrée de Fontenay ainsi qu’au nord, des cromlechs et un célèbre alignement de mégalithes, connu sous le nom d’alignement de Brune ou du camp gaulois de Brenne.
Statue gauloise de Pauvrelay (musée du Grand Pressigny) (photo PMD mai 2018)
La D 99 continue au nord de Paulmy, en direction de Ligueil, et passe à côté du site paléolithique de Pauvrelay, où l’on a découvert en 1937 une statue de la Tène III, haute de 71 cm et représentant un dieu avec un torque, tenant un poignard dans sa main droite qui a 6 doigts ; cette statue était destinée à être plantée en terre. Elle se trouve maintenant au Musée du Grand Pressigny.
Près de Pauvrelay, au nord-ouest, la villa gallo-romaine de La Cormerie (Cormariacum) a livré du mobilier des 1er et 2e siècle après JC.
Ligueil, La Chapelle Blanche-Saint-Martin et Manthelan
Anciennes voies à Ligueil (photo PMD juin 2018)
La voie se dirigeait ensuite vers Ligueil, où elle croisait la voie Dangé-Saint-Romain/Thésée-la-Romaine (voir voie 6.2) puis vers La Chapelle Blanche-Saint-Martin ; selon certains, l’ancienne voie serait continuée, non par la D 50, parfaitement rectiligne, mais par un chemin, dit « Chemin pavé de Louis XI », qui passe, à Ligueil près de Cerçay (Sarciacus) et au Vau, où 250 m. de voie pavée ont été découverts, puis à la Fontaine-Saint-Martin (commune de la Chapelle Blanche-Saint-Martin).
Ancienne voie entre Ligueil et Manthelan : hypoyhèse chemin de Louis XI (photo PMD août 2014)
Ce chemin rejoint à Manthelan l’actuelle D 50, qui passe par Bel-Ébat et qui croise dans le centre de Manthelan deux voies transversales, allant de La Celle-Saint-Avant à Amboise (voie 6.6) et de Chinon à Loches (voie 6.4), puis, après Manthelan, il se dirigeait vers Le Louroux en passant près du Petit- Bray.
Ancienne voie au Louroux ? (photo PMD 2011)
Esvres-sur-Indre, Saint-Avertin et Tours (Caesarodunum)
Après cette commune, la voie se dirigeait vers Esvres-sur-Indre, mais le tracé n’en est pas bien connu ; elle pouvait passer, soit par Saint-Branchs, où elle aurait croisé la voie allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher (voie 6.3), soit par Tauxigny et Cormery.
À Esvres-sur-Indre, la voie croisait les deux voies des rives de l’Indre (voir voies 3.1 et 3.2) et en sortant de cette cité, la voie passait notamment par La Chaussée, avant de continuer vers Saint-Avertin (voir voie 2.2).
La voie se dirigeait ensuite vers Caesarodunum en empruntant l’actuelle rue de Rochepinard et en traversant le Cher au moyen d’un gué, dont Jacques Dubois, chargé par la Société Archéologique de Touraine de surveiller les travaux de réfection du Cher entre 1968 et 1970 (voir BSAT 36, 1970, pages 109/141), a repéré les pieux de soutènement sous les vestiges des anciens Ponts-Longs, construits au 12e siècle par Henri II Plantagenêt.
À Caesarodunum le pavage de cette voie, creusé d’ornières, est encore visible sous la poterne sud-est du castrum de Tours, édifié au 4e siècle (voir voie 1.2).
Une fois arrivé là, le voyageur voulant continuer vers le nord devait traverser la Loire jusqu’à Saint-Symphorien (voir voie 1.1) puis emprunter une voie continuée par l’actuelle rue du Pas-Notre-Dame qui va vers Notre-Dame-d’Oé.
Notre-Dame-d’Oé
Une agglomération gauloise ou gallo-romaine existait vraisemblablement à Mazières, venant du latin Maceriae, signifiant « les Ruines », mais constituant en fait le centre du vieux village avec le château et l’église. À proximité se trouve aussi le lieu-dit Couleuvrou, venant du latin colombarium signifiant « nécropole à incinération ». Non loin, à l’est, il y a aussi le lieu-dit Cussé, venant de Curtiacum ou « domaine de Curtius ».
Ancienne voie à Notre-Dame-d'Oé (photo PMD juin 2011)
La voie traversait la commune du sud au nord ; elle est aujourd’hui reprise au Carroi-du-Chat par la rue Jean Rostand, qui, après Champeigné, devient l’avenue de Champeigné, qui passe à l’Hôpitau et aboutit dans la rue du Vieux-Bourg. On retrouve l’ancienne voie un peu avant La Martinière, avec la rue de la Perrée, qui franchit le ruisseau du même nom puis avec la rue de l’Aquitaine, prolongée par un chemin conduisant aux Guessières, sur la commune de Chanceaux-sur-Choisille.
Chanceaux-sur-Choisille
La voie entrait sur la commune actuelle de Chanceaux-sur-Choisille, où la présence gauloise est attestée par un établissement rural turon au lieu-dit La Grande-Pièce-de-la-Ferme-de-Chanceaux ; cette ancienne ferme, située près du centre, est maintenant remplacée par un ensemble de pavillons résidentiels.
Jacques Dubois a également photographié les traces d’une enceinte datant du 1er ou du 2e siècle après JC et se trouvant dans une agglomération secondaire (vicus) située à La Prairie-de-La-Bourdillère (à 750 m au nord) : lieu qui a pu être exploré grâce à la construction de l’autoroute A 28.
Il y avait à l’intérieur de cette enceinte deux temples enchâssés, dont l’un avec une cella carrée, et une maison, que Jacques Dubois interprète comme « la maison du gardien ».
Cérelles, Rouziers-de-Touraine et Beaumont-la-Ronce
Après Chanceaux-sur-Choisille, la voie traversait la Choisille dans le bourg de Langennerie (à cheval sur les communes de Chanceaux-sur-Choisille et de Cérelles) ; il y avait là un gué, près duquel Ronsard dormit « sous les saules plantés le long d’une prairie » comme il le raconte dans son Voyage de Tours (1560), et un pont de bois entretenu par le meunier du Moulin-de-la-Planche (15e siècle).
Ancienne voie à Langennerie (photo PMD juin 2011)
Il est probable que la voie passât ensuite sur la commune de Cérelles, où l’on trouve le lieu-dit La Carte, puis sur la commune de Rouziers-de-Touraine, où existe le lieu-dit Semblançay (Simpliciacum) avant d’arriver sur la commune de Beaumont-la-Ronce où elle continuait sans doute à gauche du menhir de Montifray, appelé aussi « La Pierre-du-Pont-Champion », puis entre le dolmen de La Haute-Barde, se trouvant juste derrière une très grande bâtisse, qui fut jadis une annexe de l’hôpital Bretonneau de Tours, construit en 1906, mais dont l’accès est maintenant interdit, vu l’état de délabrement des bâtiments, et l’ancien domaine agricole de Mauny (Mausonacum).
Dolmen de la Haute Barde (photo PMD oct. 2011)
Ce menhir de Montifray ou de Pont-Champion, se trouve, en fait, à 500 m. au nord-ouest du château de Montifray et à 2,5 km à l’ouest du bourg, à droite de la D 766 quand on va vers Neuillé-Pont-Pierre ; il mesure 2,80 m. de haut et c’est un des plus grand de Touraine. Il reste quelques pierres du cromlech, qui, selon le libraire et photographe Louis Bousrez (1848/1912), entourait à l’origine ce menhir. D’après Louis Dubreuil-Chambardel (1876/1927), des silex taillés ont été découverts près de ce menhir.
Neuvy-le-Roi
La voie arrivait ensuite sur la commune de Neuvy-le-Roi, qui fut habitée dès l’époque néolithique et où il y eut vraisemblablement une ancienne agglomération (vicus) puisqu’au 6e siècle ce lieu fut appelé novus vicus, au moment où une chapelle fut fondée en l’honneur de Saint André.
Elle traversait du sud ou nord le territoire de cette commune et elle est aujourd’hui continuée par la D 2 qui passe par Le Moulin et Le Château, qui traverse le bourg, sous le nom de rue Saint-André, où des dalles auraient été vues près de l’ancienne église Saint-André, du 6ème siècle et qui continue vers Épeigné-sur-Dême en passant par Valentinay et La Fontaine-Saint Martin.
Des sites gallo-romains ont été repérés et fouillés aux lieudits L’Oie et Mazy (Masiacum) où une métairie est signalée au 15e siècle ainsi qu’à La Thivinière, où nous avons pu visiter, grâce à l’obligeance de la propriétaire, le manoir du 16e siècle dont les fondations reposent peut-être sur l’ancienne villa.
La Thivinière (photo PMD ctobre 2011)
Épeigné-sur-Dême, Chemillé-sur-Dême et Villedieu-le-Château
Après Neuvy-le-Roi, la voie franchissait la Dême entre Épeigné-sur-Dême et Chemillé-sur-Dême, à un endroit que les gens du pays appellent « L’Inferneau », où se trouvent encore de grandes dalles permettant aux piétons de franchir le gué à pied sec ; juste avant ce gué, la voie est encore bien visible sous le nom d’Allée-Romaine ; après le gué le chemin continue jusqu’à la D 72 où il aboutit à côté d’une croix blanche (côte 79) ; de l’autre côté de la départementale, l’ancienne voie, qui sert de limite entre les deux communes, peut encore être distinguée.
Ancienne voie avant l'Inferneau (photo PMD oct 2011)
Après Chemillé-sur-Dême on arrive à la frontière entre trois départements : Indre-et-Loire (37), Loir-et-Cher (41) et Sarthe (72) correspondant aux territoires de trois peuples gaulois : les Turons, les Carnutes et les Aulerques Cénomans ; ce qui explique le nombre important, dans la région, de noms de lieux indiquant une frontière ou la proximité d’une limite :
- La Grande-Borne (commune de Beaumont-sur-Dême, dans la Sarthe) qui est sans doute un ancien dolmen, mais qui n’est indiqué sur aucune carte.
- Le Gué-Bordier (ancienne commune de Rorthe, annexée à Epeigné-sur-Dême en 1822), et à côté le gué de Rorthe, où la voie ancienne passait vraisemblablement ; ces deux gués sont sur le Ruisseau de Rorthe, qui indique la frontière entre l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher.
- On trouve aussi, de part et d’autre de ce ruisseau, deux lieux-dits nommés Ingrande, nom qui, on le sait, indique une frontière gauloise : il s’agit d’Ingrande, sur la commune de Chemillé-sur-Dême, donc dans l’Indre-et-Loire, au bord de la D 68 et d’Ingrande sur la commune de Villedieu-le-Château, donc dans le Loir-et-Cher.
Ancienne voie au gué de Rorthe (photo PMD oct 2011)
En continuant le chemin qui passe au Gué-Bordier, on trouve le lieu-dit La Grande-Pierre (commune de Villedieu-le-Château) puis, peu après, le menhir des Cormiers, situé près du lieu-dit Le Ragot, ces mégalithes étant souvent à proximité d’une frontière.
Villedieu-le-Château : menhir des Cormiers (photo PMD octobre 2011)
Ce menhir en grès de 2,35 m. de haut ressemble vaguement à une tête et plusieurs légendes y sont attachées : il est appelé localement « La Pierre-Druidique » ou « La Pierre-du-Sacrifice », sur laquelle les victimes présumées étaient attachées par des liens passant dans les deux trous de la pierre, figurant les yeux ; on l’appelle aussi « Pierre qui tourne à midi » parce qu’elle aurait la propriété de pouvoir tourner sur elle-même !
Après Villedieu-le-Château, où subsistent les ruines imposantes d’un prieuré reconstruit au 12e siècle, la voie continuait, chez les Aulerques Cénomans, en direction du Mans.
De Rochecorbon à Villeporcher
Pour aller de Caesarodunum à Autricum (Chartres), il fallait traverser la Loire et aller à Saint-Symphorien, comme indiqué ci-dessus puis prendre, vers l’ouest, la voie suivant la rive droite de la Loire (voir voie 1.1) jusqu’à Rochecorbon.
Communes traversées : Rochecorbon, Parçay-Meslay, Monnaie, Auzouer-en-Touraine, Saunay et Villeporcher
Rochecorbon, Parçay-Meslay et Monnaie
À Rochecorbon, juste après l’oppidum de Château-Chevrier (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/02-les-voies-sur-la-rive-droite-de-la-loire), une voie partait à gauche ; elle est continuée maintenant par la rue Vauvert puis par un chemin suivant la limite entre Rochecorbon et Parçay-Meslay ; elle passait ensuite près de Touvoie (ne pas confondre avec Touvois à Bourgueil, voir ci-dessus), aux Souchots et à La Blanchetière, avant d’arriver sur la commune actuelle de Monnaie, où il existait peut-être un atelier monétaire, ce qui expliquerait la présence de la tête de Junon sur le blason de la commune ; en effet le nom commun « monnaie » vient du fait, qu’à Rome, c’était dans le temple de Juno Moneta (Junon la conseillère) qu’étaient frappées les monnaies romaines.
Rochecorbon : Touvoie (photo PMD juin 2011)
Sur la commune de Monnaie, elle passait vraisemblablement à côté de La Cave-Blanchette (au sud-ouest du bourg) où la construction de l’autoroute A 10 a permis la découverte d’un établissement rural turon. Peu après, l’ancienne voie est encore bien visible entre Le Boulay et La Carte ; elle traverse l’ancienne N 10, aujourd’hui D 910, là où se dresse un monument en l’honneur de deux aviateurs morts accidentellement en 1925.
Ancienne voie entre le Boulay et la Carte (photo PMD oct 2011)
Cette ancienne voie romaine fut continuée par une des deux routes de Paris vers l’Espagne, qui à Monnaie passait par la rue du Plat-d’Étain, parallèle à la rue Nationale, où les anciens relais de poste et auberges sont encore visibles.
Monnaie : rue du Plat-d'étain (photo PMD oct 2011)
Auzouer-en-Touraine et Saunay
Peu après Monnaie, la voie se dirigeait sans doute vers Auzouer-en-Touraine en passant près du dolmen du château de Pierrefitte (petra fixa = pierre plantée) et rejoignait à La Chaumine une voie venant de Vernou-sur-Brenne et allant vers Saunay (voir voie 1.1).
L’existence d’une ancienne voie, encore utilisée à l’époque mérovingienne, est attestée à Saunay ; en effet une Vie de Saint Léger écrite au 7e siècle et relatant la translation des reliques de ce Saint Léger vers Poitiers, indique que le cortège passa à Saunay où il y eut un miracle.
Saunay : église N.D. (photo PMD oct.2011)
Il y avait là une agglomération gallo-romaine (vicus) avec un temple détruit par Saint Martin vers 380 et remplacé par une église à l’emplacement de laquelle on voit maintenant l’église Notre-Dame, construite au 11e siècle. Selon Pierre Audin, une voie venant d’Amboise (voir voie 1.2) et passant à Pocé-sur-Cisse (voir voie 1.1) arrivait aussi à Saunay.
À la sortie de Saunay, à droite de la route qui va vers Villechauve, il y avait sans doute une nécropole, continuée par le cimetière actuel, dans lequel on a trouvé en 1912 un trésor monétaire enfermé dans une céramique enchâssée dans un coffret en bois ; ce trésor était composé de plus de 200 monnaies romaines en bronze ou en argent, dont certaines de Volusien et d’Aurélien.
La voie continuait vers Villeporcher, dans une région qui est aujourd’hui dans le Loir-et-Cher, mais qui était alors sur le territoire des Turons et la frontière, peut-être matérialisée par la Brenne, se trouvait sans doute du côté de Saint-Amand-Longpré. La voie passait ensuite chez les Carnutes et se dirigeait vers Chartres (Autricum), une de leurs deux capitales, via Vendôme.