Restigné
Le nom de cette commune, située au nord-est de Bourgueil, apparaît au 9ème siècle, dans une charte de l’abbaye Saint-Martin de Tours, sous la forme Restignacus, venant de Restiniacus ou « domaine agricole de Restinius ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
Une grande et belle hache-marteau du néolithique a été découverte à l’est de Saint-Saunay (au nord-est) ; voir Gérard Cordier* : Instruments perforés (…) in BSAT 97-4, 2000.
Un dolmen, dit le dolmen des Couplets, existait au Peu-Muleau (au nord-est) ; la table, évaluée à 100 tonnes, était en grès de couleur ocre violacé et mesurait 8 m. sur 4,70 m. avec une épaisseur variant de 0,35 à 0,40 m. Il fut détruit en 1856 pour servir à la consolidation de la levée de la Loire ; les fouilles ont mis à jour un poignard en silex, une flèche en silex et 40 squelettes. Voir la communication à la séance du 31 mai 1859 de la SAT de M. Louis Pierre Rouillé-Courbe (1797/1883), viticulteur à Saint-Avertin et conseiller municipal de Tours.
Dans les bois, au nord de ce Peu-Muleau, on peut voir, selon Jean-Mary Couderc* (voir Les enceintes en terre, in BSAT 40, 1985) Le Vieux-Château, appelé aussi Le Camp-Romain, qui serait une enceinte préhistorique ou protohistorique ; le côté ouest est délimité par un fossé, profond de 4 m. dont la largeur est de 2,50 au fond et de 5 m. au sommet ; cette enceinte serait bordée, à l’est, par un « chemin gaulois », passant aussi aux Caves-de-Saint-Martin (au sud-ouest du Peu-Muleau) et près du dolmen.
En dehors du domaine indiqué par le toponyme de la commune, d’autres domaines gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Louy (voir ci-après), venant de Laudiacus ou « domaine du Vantard », à Lossay (à l’est), venant de Laussiacus ou « domaine de Laussius », au Marnay (au sud-est), venant de Materniacus ou « domaine du Maternel », à Saint-Saunay (au nord-est), venant de Solonacus ou « domaine du gaulois Solonis » et à Santenay (à l’ouest), venant de Sentennacus ou « domaine du gaulois Santennos ».
Deux voies gallo-romaines se rencontraient sur le territoire de cette commune : la grande voie suivant la rive droite de la Loire, reprise par la D 35, croisait à La Croix-Morte, une voie allant de Chinon au Mans, reprise par la D 469.
Histoire des fiefs :
Il y avait deux fiefs à Restigné : le fief de la Prévôté (voir ci-après), qui appartenait à l’abbaye Saint-Martin de Tours, et le fief de la Mairie, dont les propriétaires furent, en 1500, Jacques d’Argouges, chanoine de la collégiale Saint-Martin et de, 1757 à 1775, André Berthelot de Villeneuve (1715/1782), également seigneur de Vauricher à Langeais et de la Plâtrerie (voir ci-après).
Histoire contemporaine :
À la fin du 19ème siècle, le bourg fut réaménagé avec notamment le redressement de la Grand’Rue, la création de la Place de l’église et la construction d’une nouvelle mairie, comprenant, au rez-de-chaussée des halles, un logement pour le garde-champêtre et une prison.
À voir dans le bourg
Église Saint-Martin (Place de l’église) :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097936
« Le chœur de la fin du 12e siècle ainsi que la petite chapelle nord présentent une architecture d'influence angevine. La chapelle sud a été ajoutée au 14e siècle. La nef du 11e siècle est couverte d'une charpente du 15e. Le clocher, commencé au 12e siècle, a été achevé au 14e, de même que sa tourelle d'accès. »
Le mur sud a conservé ses fenêtres en plein cintre, précédé par un porche charpenté du 16ème siècle, appelé caquetoire (du verbe « caqueter » signifiant « bavarder à tort et à travers »). Sous ce porche, le portail sud présente un tympan composé de 4 pierres sculptées figurant un lion, 2 animaux fantastiques et Daniel dans la fosse aux lions. À l’intérieur, 4 vitraux de 1935 concernent Saint Martin*. Dans une niche, à gauche du maître-autel, une statue représente Saint Martin* évêque, vêtu d’une chasuble rouge et d’une aube bleue.
La Prévôté (7 place de l’église) :
Restigné était une des quinze Prévôtés dépendant autrefois de la Collégiale Saint-Martin de Tours. Le Prévôt, seigneur de la Paroisse, était un grand personnage, gérant les biens de la Collégiale et ayant droit de justice. De 1618 à 1624, le Prévôt fut Charles de Chambes (né en 1594), fils d’un autre Charles de Chambes, comte de Montsoreau (1549/1621), surtout connu pour avoir assassiné Louis de Bussy d’Amboise (1549/1579), amant présumé de son épouse, ce qui inspira en partie La Dame de Montsoreau d’Alexandre Dumas père (1802/1870), roman paru en 1845.
Le manoir du 15ème, remanié au 17ème, est accompagné d’une tour d’escalier polygonale en briques et pierre et, dans le jardin, d’une autre tour cylindrique, elle aussi en briques et pierre, qui serait un pigeonnier, selon Tourainissime, et qui aurait servi de prison, selon le site de la commune. Le bâtiment a servi de presbytère au 20ème siècle ; c’est aujourd’hui une habitation privée.
Dans le cimetière (3 rue des Chevaliers, au nord du bourg), le monument aux morts, inauguré en 1920 et sculpté par Léon Bigot, représente un enfant, avec un sabre à la ceinture, tenant un fusil dans la main gauche et une palme dans la main droite.
Au n°4, rue de Lossay (au sud du bourg), se trouve un hôtel particulier du 16ème siècle.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097937
« D'après la tradition, le bâtiment du 16e siècle aurait été construit en 1555. Il présente un étage sur rez-de-chaussée, et un comble éclairé au nord par deux lucarnes à gâble sculpté. La façade sud est accompagnée d'une tour polygonale contenant une vis de pierre. A l'est de cette tour, la façade 16e est masquée par l'aile rajoutée au 18e siècle, en retour d'équerre. Le pignon ouest du 16e siècle est amorti par un épi sculpté représentant un personnage grotesque assis sur deux taureaux. »
À voir au nord-est
La Maison Fleury (2 rue des Chevaliers) : construction du 19ème siècle, dont la façade est très travaillée et dont les grilles sont tenues par des piliers cannelés.
La Plâtrerie :
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097939
« Manoir typique des constructions tourangelles des 17e et 18e siècles. Le fief relevait de la baronnie de Saint-Michel-sur-Loire. La collégiale de Saint-Martin était propriétaire de la métairie. Le bâtiment central et l'escalier datent du 17e siècle. La façade de réception sud a été complètement refaite en pierre de taille dans la seconde partie du 18e siècle. De part et d'autre du logis central se trouvent deux ailes en pavillons datant du 17e siècle, auxquelles ont été rajoutés, au 18e, des frontons triangulaires, puis un prolongement mansardé. A l'intérieur, escalier central à l'italienne du 17e siècle. A l'arrière du jardin, plus au nord, se trouve une orangerie du 18e siècle. Côté entrée, au sud, se trouvent deux pavillons du 17e siècle, symétriques, celui de l'ouest contenant la chapelle. »
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Manoir_de_la_Pl%C3%A2terie
« La Plâterie, au xvie siècle, est le siège d'un fief dont les seigneurs sont successivement Florent de Lesme (1589) ; René de Lesme (1611) ; Pierre de Lesme (1643) [aucun membre de cette famille de Lesme n’apparaît dans les archives] ; Jean Guesdier, sous-doyen de Saint-Martin (1664) [également seigneur du fief de la Mairie en 1667 (voir ci-dessus)] ; Anne Lefebvre (1681) ; François de Montplacé (1667) ; N. de Montplacé (1712) ; André Berthelot de Villeneuve [André Berthelot (1715/1782), également seigneur du fief de la Mairie (voir ci-dessus), fut le père de François André (1743/1799), lui-même père de Théodore François Berthelot de Villeneuve (1776/1816), maire de Restigné de 1801 à 1812 ; dont le fils, le saint-cyrien Philippe Théodore Berthelot de Villeneuve (1805/1896) vendit le château en 1858.]
La façade sud du logis principal, parfaitement symétrique, porte un tympan courbe au-dessus de l'entrée principale et du balcon du premier étage. L'édifice est flanqué de deux pavillons d'ailes en légère avancé dont le fronton est triangulaire. De part et d'autre, un rez-de-chaussée est construit, muni de combles à la Mansart. La cuisine du logis et un escalier desservant une cave voûtée peuvent être datés, eux, du xvie siècle.
Parmi les bâtiments annexes figure une orangerie du xviiie siècle, à façade à arcades, couverte elle aussi d'un toit mansardé3.
Le mur d'enceinte, en bordure de la route, s'appuie sur deux pavillons dont l'un est une chapelle vouée à saint Laurent. Ce bâtiment est consacré en 1753 par Germain Chasteigner de la Chasteigneraye [(1712/2781, évêque de Saintes en 1763)] abbé commendataire de l’abbaye de Bourgueil, peut-être à l'issue d'une reconstruction de la chapelle. En 1958, Robert Ranjard [1881/1960] mentionne une tour cylindrique formant l'angle sud-ouest de l'enceinte du parc [route de Tours].
L'ensemble est édifié est grand appareil de pierre de taille, avec chaînages d'angle proéminents. Les toitures sont en ardoise. »
Dit aussi Manoir de Restigné, peut être loué : voir https://www.abcsalles.com/lieu/manoir-de-restigne-37
Brûlon :
Ce fief, cité en 1100 sous la forme Brullum, signifiant « terre défrichée par le feu » appartenait en 1579 à Louis de Dampierre, mariée à Anne de Lournay (morte en 1618), citée comme dame de Brûlon en 1590, également dame de Fouinais à Pernay ; ces derniers furent les parents de Julienne de Dampierre, qui épousa Antoine de Savonnières (né vers 1571) et qui fut la mère de Charles de Savonnières (1595/1669), capitaine de vaisseau, également seigneur de Maison Rouge à La Bruère-sur-Loir (Sarthe), père de Nicolas de Savonnières (1630/1704) et d’Anne de Savonnières (1636/1702).
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097938
« Ancien fief relevant de la châtellenie de Benais. Le logis du 16e siècle présente un étage sur rez-de-chaussée et un comble éclairé de lucarnes. La façade sud est accompagnée d'une tour hexagonale contenant une vis de pierre. Au premier étage, deux des salles sont chauffées par des cheminées à hotte oblique. Le manteau de l'une d'elles est décoré d'une peinture avec rinceaux et feuillages. Une décoration picturale civile pouvant dater du 16e siècle, subsiste dans la salle ouest du premier étage. Des arbres sont disposés de part et d'autre de représentations animales. Une seule scène est à personnage. »
Domaine viticole : voir article https://www.france-voyage.com/villes-villages/restigne-12927/manoir-brulon-21238.htm
« L'édifice auquel on accède par un portail en anse de panier doté d'une porte piétonne est désormais le joyau patrimonial d'un domaine viticole réputé. Outre des animations régulièrement organisées dédiées à la découverte de l'œnologie, le manoir est ouvert au public pour des visites avec dégustation du lundi au samedi. Informations au 06 27 12 17 14. »
À voir à l’est
La Philberdière (43 route de Lassay) :
Le château, du 15ème siècle, reconstruit au 17ème, appartenait en 1862 à Théodore Princé, maire de la commune, dont le fils, Edgar Princé est cité comme propriétaire en 1883. Du château primitif, il reste une tour polygonale au centre de la façade actuelle ; on peut voir aussi le portail en plein cintre, encadré de pilastres doriques ainsi que, dans le parc, un pigeonnier de 8 m. de diamètre intérieur, dont les murs ont 90 cm d’épaisseur et une éolienne Bollée*, de 1885.
Une tour, vestige de l’enceinte du 15ème, est visible depuis la rue des Clos-Barbins.
Un lavoir, de 18 m. de long est accolé au mur du parc, près du portail.
Domaine viticole : voir https://www.vinbourgueil.com/domaines/chateau-de-la-philberdiere/
Louy (111 route de Lossay) (voir Préhistoire et antiquité) :
Le lieu est cité en 852 sous la forme Colonia quae dicitur Locus dans une charte de Charles II le Chauve* (roi des Francs de 843 à 877)
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097935
« Ancien fief connu depuis le 9e siècle, mentionné dans une charte de Charles le Chauve confirmant les possessions de la collégiale Saint-Marau [?]. C'est un ensemble de bâtiments du 17e siècle n'ayant pas été dénaturés. L'accès se fait au sud par un grand portail en plein cintre menant à une grande cour fermée par trois différents corps de bâtiments. Au nord, le bâtiment principal d'habitation se divise en un corps central et deux pavillons en avancée. Deux petites tours carrées encadrent le bâtiment principal. En retour se trouve la chapelle rectangulaire surmontée d'un clocheton carré en lanternon, terminé par un dôme. A l'est et à l'ouest de la cour, deux bâtiments bas servent de communs, leurs toitures s'imbriquant dans le logis et la chapelle. »
Ce manoir des 17ème et 18ème siècle, avec son grand portail en pleine cintre, peut être loué : voir https://www.booking.com/hotel/fr/le-clos-de-louy.fr.html