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Les passages sur le Cher : liste


Entre Francueil (rive gauche) et Chisseaux (rive droite)

Le passage, dit de Port-Olivier, était situé en aval du barrage de Chisseaux entre Port-Olivier, à Francueil, sur la rive gauche, lieu de passage sur le Cher depuis le 16ème siècle, là où il y a actuellement le camping du Moulin-Fort, et un port d’abordage se trouvant sur la rive droite, en aval de l’écluse du barrage au sud du bourg de Chisseaux.

En 1516, Jacques Bérard, seigneur de Chisseaux et de Thoré à Civray-de-Touraine, vendit les « port et passage » du Port-Olivier, et autres domaines, à Thomas Bohier (1460/1524), constructeur du château de Chenonceau.

Le passage est cité en 1804 (réparation de la rampe d’accès de Port-Olivier) et figure sur le cadastre napoléonien en 1824.

Il fut sans doute supprimé après la construction, à la fin du 19ème siècle, du pont sur le Cher entre Chisseaux et Francueil (D 80 aujourd’hui) ; celui-ci fut presque intégralement détruit en 1940 par le génie militaire pour freiner la progression des Allemands, et le bac fut remis en service jusqu’à la reconstruction du pont en 1955 sur les appuis restants.

01 Le Cher à Chisseaux photo PMD juin 2024

Le Cher à Chisseaux (photo PMD juin 2024)

Pendant l’occupation, la ligne de démarcation suivait le Cher et Francueil se retrouva en zone libre ; le bac et le barrage rendirent alors de grands services aux résistants et aux personnes fuyant la zone occupée (voir ci-après).

Le pont entre le Moulin-Fort et la rive droite du Cher fut démantelé en 1840, suite à la canalisation du Cher ; on rejoignait alors l’île avec un bateau plat tracté par une poulie accrochée à un câble traversant la rivière. Dans les années 1920, le moulin fut transformé en habitation et un pont métallique (privé) fut construit.

Il est possible, de mai à septembre, de faire une promenade en bateau sur le Cher, en passant sous le château de Chenonceau, à partir de la maison éclusière de Chisseaux. Voir https://www.labelandre.com/croisiere-promenade/

Entre les rives gauche et droite à Civray-de-Touraine

Le passage, dit de Thoré, reliait le gros hameau de Thoré au bourg de Civray ; il partait de La Canardière, sur la rive gauche, juste en amont du pont actuel et à 500 m. en aval du barrage.

À partir de 1850, le passage, qui dépendait précédemment de celui de Chandon (voir Athée-sur-Cher, ci-après), fut adjugé séparément à la demande de la municipalité de Civray, d’abord à Victor Dufour pour la période de 1859 à 1864. Mais ce dernier mourut en 1862 ; sa veuve ne pouvant continuer le service, le passage fut provisoirement assuré par les éclusiers du barrage puis, après la résiliation du bail, par François Badier pour les années 1863/1864 ; ce dernier habitait Saint-Georges (commune de Rochecorbon aujourd’hui) et le maire de cette commune signa en sa faveur un certificat « de bonnes vie et mœurs » en précisant qu’il était « d’une capacité bien connue, comme ancien marinier ».

En 1865, le bac fut adjugé à Silvain Alleaume, avec un fermage de 15 francs. Celui-ci fut encore adjudicataire pour les périodes 1871/1876 et 1877/1882 mais, dans un courrier du 27 mai 1879, plusieurs habitants de Thoré se plaignent du passeur en indiquant « il est impossible que le passeur fasse son service plus longtemps car il n’a plus la force de passer et il n’a plus la raison à lui, il insulte et fait des menaces à beaucoup de monde et refuse de passer trop souvent car il a refuser (sic) de passer un mariage aujourd’hui, les éclusiers ont été obligez (sic) de passer le monde ».

De fait ce Silvain Alleaume mourut quelques jours après cette plainte, le 6 juin 1879 ; sa veuve étant dans une situation précaire, l’ingénieur des Ponts et Chaussées préconisa la résiliation du bail ainsi que l’utilisation de la charrière de Chandon, qui était disponible depuis la construction du pont (voir ci-après).

02 Le Cher rive droite au pont de Civray photo PMD juillet 2024

 Le Cher, rive droite, au pont de Civray (photo PMD juillet 2024)

À la fin du 19ème siècle, poussée par les habitants qui se plaignaient des longues attentes sur les berges et de la lenteur de la traversée, la municipalité réclama la construction d’un pont, qui fut construit en 1891; ce pont métallique, à voie unique, reposant sur trois piles en pierre de taille, fut détruit en juin 1940 par l’armée française pour entraver la progression des allemands et le bac reprit du service.

Pendant l’occupation, la ligne de démarcation suivait le Cher et toute la partie sud de Civray se retrouva en zone libre ; le bac et le barrage rendirent alors de grands services aux résistants et aux personnes fuyant la zone occupée (voir ci-dessus).

À la Libération, sous l’impulsion de l’ancien résistant Marc Deschamps (né en 1905), maire de 1944 à 1953, une passerelle en bois fut construite entre les deux rives ; les enfants de Thoré devaient nécessairement l’emprunter car leur école avait été définitivement fermée et afin d’assurer leur sécurité, le garde-champêtre assisté d’un conseiller municipal, surveillait la traversée !

En 1953, la passerelle, donnant des signes évidents de fatigue, fut démontée et remplacée par un « pont Pigeaud », pont métallique, ayant eté mis au point durant la 2ème guerre mondiale par Gaston Pigeaud (1864/1950), ingénieur en chef des Ponts et Chaussées ; pendant la durée des travaux, de 1953 à 1955, il fallut de nouveau avoir recours au bac pour permettre la traversée des 35 enfants de Thoré, des piétons, des cyclistes et du facteur !

En 2020/21 enfin le pont a été reconstruit en ciment mais toujours à voie unique ; avec l’appui de la municipalité, un bac, le Rivalôtre, a été mis en service pendant cette reconstruction.

Entre Athée-sur-Cher (rive gauche) et Saint-Martin-le-Beau (rive droite)

Il y avait deux passages entre les rives gauche et droite : celui de Chandon, et celui de Nitray, où il y a un château, construit au début du 16ème siècle par Émery Lopin, maire de Tours en 1516/1517. Au nord de Nitray, sur la rive droite, il y a un ancien moulin à eau construit au 14ème siècle et situé sur une île placée au niveau du barrage-écluse construit sur la rive gauche en 1841 dans le cadre de l’aménagement du Cher.

Le passage de Chandon était situé, en amont du pont actuel, entre le Port de Chandon, au nord-ouest de Chandon (au nord du bourg d’Athée-sur-Cher) et un lieu-dit, nommé également Chandon, sur la rive droite. Ce passage fonctionna jusqu’à la construction du pont dans les années 1875.

03 Lavandières au niveau du pont de Chandon dans les années 1900 cp

Lavandières au niveau du pont de Chandon dans les années 1900 (cp)

Le passage de Nitray se trouvait au-dessus du barrage actuel, « en amont du pertuis (portes marinières du moulin) ».

« La terre de Nitrai, le moulin, port et passage » sont cités en 1518 comme appartenant à Émery Lopin (voir ci-dessus), ainsi qu’en 1564, année où ils sont donnés à bail par Marie Lopin (fille d’Émery), veuve de Jean IV Binet (maire de Tours en 1543/44).

En 1809, lors de la mise en adjudication pour la période 1809/1813, les enchères furent très disputées entre Martin Pellé et Jacques Pillault ; en effet, alors que la mise à prix était de 40 francs, ce fut ce dernier qui obtint le passage avec une enchère de 120 francs.

04 Le Cher en amont du barrage de Nitray avec le pont de Chandon à larrière plan photo PMD sept 2024

Le Cher en amont du barrage de Nitray avec le pont de Chandon à l'arrière plan (photo PMD sept 2024)

En 1865, les enchères pour la période 1865/70 ayant été infructueuses, le passage fut attribué par soumission directe, avec une redevance de 5 francs, à Martin Pellé « malgré son âge avancé ». De fait, celui-ci mourut en 1869 et sa veuve, qui avait 65 ans, obtint, difficilement, la résiliation du bail.

Pendant l’occupation, le Cher servait de ligne de démarcation ; le moulin de Nitray, sur la rive droite, était situé en zone occupée ; en face, l’éclusier du barrage était en zone libre, et le passage fut un lieu traversées clandestines, utilisé notamment  par l’abbé Marcel Lacour (1883/1944), curé de Véretz de 1933 à 1936 puis d’Athée-sur-Cher de 1936 à sa mort, arrêté par la gestapo le 13 avril 1944, interrogé et torturé pendant un mois à Tours, il fut ensuite envoyé au camp de concentration de Buchenwald, où il mourut le 20 novembre 1944, ainsi que par la communiste Raymonde Delalande (1903/1943), surnommée le Rossignol, qui tenait avec son mari, Paul Sergent (né en 1903 à Bléré) le café-hôtel de l’Union (2 rue d’Amboise, aujourd’hui auberge de la Treille à Saint-Martin-le-Beau) ; arrêtée en septembre 1942, elle mourut du typhus à Auschwitz le 30 avril 1943.

Entre les rives gauche et droite à Azay-sur-Cher

Le passage, qui existait déjà au 18ème siècle, puisqu’il figure sur la carte de Cassini, était situé, en aval du pont actuel, entre La Pêcherie (rue du Vieux-Port), sur la rive gauche, et le Port, sur la rive droite ; indiqué également sur le cadastre napoléonien, il mettait en relation la route Bléré-Tours (actuelle D 76) avec la route La Croix-en-Touraine-Tours (actuelle D 140).

En 1786, le passage appartenait au chapitre de la collégiale de Saint-Martin de Tours, qui percevait les droits sur tous les bateaux chargés qui montaient ou descendaient. Le 29 germinal an IX (19 avril 1801), le passage fut attribué à Simon Pouillard, contre une redevance de 85 francs.

05 Azay sur Cher Le Cher en face du Port photo PMD sept. 2024

Le Cher en face du Port à Azay-sur-Cher (photo PMD sept. 2024)

De 1805 à 1807, le fermier était Louis Henry Gautron ; son fils, Paul Gautron le remplaça  mais ce dernier mourut le 6 mai 1812 pendant son bail ; son frère, Alexandre Gautron estima que c’était à lui de reprendre le passage mais celui-ci fut attribué à Élisabeth Bienvenue, veuve de Paul Gautron, « par le régime despotique de 1813 » comme l’écrit Alexandre Gautron ; un conflit violent s’en suivit entre la veuve et son beau-frère, contre qui elle porta plainte, en indiquant qu’il l’avait injuriée et maltraitée, en la traitant de « sacré putin, sacré garce, sacré caval » comme le procès-verbal du maire, dont l’orthographe était très fantaisiste !

De 1822 à 1831, le passage fut attribué à François Roquet, dit Brunel mais le 8 janvier 1828, le maire, Olivier Joseph d’Hémery (né en 1779) écrivit au secrétaire général de la préfecture pour se plaindre du fermier, qui employait un homme sans certificat de capacité, « habituellement ivre et compromettant à chaque instant la sûreté et l’existence même des passagers ». Ce qui fut constaté le 21 février par le garde-champêtre Pierre Capelle « revêtu du costume prescrit par la loi ». À la suite de cette affaire, le fermier promit d’embaucher « un homme remplissant toutes les qualités exigées dans son bail ».

06 Azay sur Cher Le Cher en face du Vieux Port photo PMD sept. 2024

Le Cher en face du Vieux-Port à Azay-sur-Cher (photo PMD sept. 2024)

Charles Angibault (né le 1er juin 1789) fermier à partir de 1832, causa lui aussi des soucis au maire, qui, en 1836, écrivit au préfet pour signaler que ce dernier « est la terreur du cantont (sic) » et que « personne n’ose plus se présenter à son bac » étant donné qu’il est toujours vis-à-vis de ses passagers « menaçant ou de coup de fusil ou de les jeter à l’eau » !

Le fermier fut condamné à 5 jours de prison et son bail fut résilié ; il fut remplacé par Pierre Angibault (son frère ou son fils ?), lequel « employait des enfants de 12 à 13 ans » ; n’ayant pas payé la somme de 180 francs, qu’il devait pour les deux derniers trimestres de 1839, il fut arrêté et conduit dans la maison d’arrêt de Cormery. On ne plaisantait pas avec les dettes à cette époque !

Ce bac fonctionna jusqu’à ce qu’il fût remplacé en 1857 par un pont à péage, construit pour un coût de 100 000 francs, avec une subvention de 47 955 francs.

Entre les rives gauche et droite à Véretz

Ce passage, qui mettait en relation les communes de la rive gauche du Cher avec celles de la rive gauche de la Loire, était situé entre un lieu se trouvant au bout de l’actuelle rue du Cher, où il y a aujourd’hui une cale de mise à l’eau et Les Granges, sur la rive droite, en amont du barrage-écluse.

07 Véretz le passage rive gauche photo PMD sept.2024

Véretz : le passage, rive gauche (photo PMD sept.2024)

Le 23 juin 1789, l’intendant du château de Véretz écrit à M. Demonrocher, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Tours, que «  les vassaux de Mme la duchesse d’Aiguillon lui ont fait part de la nécessité de garnir son port de Veretz de la charrière, qui est utilisée pour le service du public, car ils ne peuvent plus s’en passer à cause du passage des foins (et que) Mme la duchesse exige que cette charrière, arrivée au port, soit visitée par un charpentier de votre part et un de la sienne, afin de constater les réparations qui sont à y faire et qu’elles soient faites sur le champ, à vos frais» (source AD 37 C 893).

Cette « duchesse d’Aiguillon » était l’épistolière Louise Félicité de Brehan de Piélo (1726/1796), alors veuve d’Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis (1720/1788), duc d’Aiguillon et seigneur de Véretz.

Le 5 fructidor an VII (22/8/1799), le passage fut saisi sur le « ci-devant duc d’Aiguillon, émigré » (Armand Désiré de Vignerot du Plessis [(1761/1800), fils d’Emmanuel Armand et de Louise Félicité, d’abord partisan de la Révolution, puis émigré en 1792, fusillé à Hambourg] et attribué à René Doudou, contre un fermage de 70 francs.

08 Véretz le passage rive droite photo PMD sept. 2024

Véretz le passage, rive droite (photo PMD sept. 2024)

En 1853, il fut décidé de construire en aval du bac un pont à péage, qui fut ouvert au public en 1855 avec une concession de 37 ans. Une arche fut détruite en juin 1940 par l’armée française puis deux arches par les allemands en juin 1944. Je ne sais pas si le bac fut remis en service pendant que le pont était inutilisable.

Entre les rives gauche et droite à Larçay

Le passage, qui mettait en relation les communes de la rive gauche du Cher avec celles de la rive gauche de la Loire, était sans doute situé entre un lieu se trouvant au bout de l’actuelle rue du Cher, où il y a aujourd’hui une cale de mise à l’eau, et Les Granges, sur la rive droite, en amont du barrage-écluse.

09 Larçay Le Cher au bout de la rue du Cher photo PMD sept. 2024

Larçay : le Cher au bout de la rue du Cher (photo PMD sept. 2024)

Sous l’ancien régime, il appartenait à l’archevêque de Tours, seigneur du fief et il fut saisi le 5 fructidor an VII (22 août1799) sur Pierre Suzor (1733/1801), archevêque constitutionnel de Tours de 1791 à sa mort, puis attribué à Antoine Verna (orthographié aussi Vernay et Vernet) en contrepartie d’un fermage de 27 francs.

Entre Saint-Avertin (rive gauche) et Saint-Pierre-des-Corps (rive droite)

Le passage changea plusieurs fois d’emplacement : au départ, il était situé en amont de l’actuel pont d’Arcole, entre un port d’abordage situé en dessous de l’actuelle rue de Rochepinard, sur la rive gauche et l’actuelle Avenue de Florence, à Saint-Pierre-des-Corps sur la rive droite, là où il y a aujourd’hui le Kayak Club de Tours.

En 1815, je ne sais pourquoi, il fut déplacé vers l’aval « à la pointe de l’île, en face du moulin à vent du sieur Tribosc ».

De 1815 à 1822, le fermier, Martin Néret, payait une redevance de 150 francs mais le 1er octobre 1821, le receveur à cheval des contributions indirectes de Tours vint prendre possession provisoirement du passage, étant donné que celui-ci avait une dette envers l’État.

Malgré cela, Edmond Viot-Prudhomme (1774/1855), propriétaire du château de Cangé et maire de Saint-Avertin de 1819 à 1830, délivra en 1822 un « certificat de capacité, solvabilité et moralité » en faveur de ce Martin Néret !

10 Le Cher en face du port de Saint Avertin photo PMD sept. 2024

Le Cher en face du port de Saint-Avertin (photo PMD sept. 2024)

En 1832 le nouveau fermier, Jacques Dupuy, « se tenant à la loge vis-à-vis du passage » écrivit au préfet pour demander que l’État lui rembourse les deux barques, estimées à 650,80 francs dont il avait fait l’acquisition ; l’une était « pour les gens de pied » et l’autre « pour les bêtes de somme, chargées ou non chargées ».

En 1834, il se plaignit que le meunier du moulin à vent amarrait sa toue au port affecté au passage et en 1835 le bac retrouva son emplacement d’origine.

Entre La Riche (rive droite) et Joué-lès-Tours (rive gauche)

Le passage, dit de Saint-François, qui figure sur la Carte d’état-major, partait de la rive droite du Cher, en dessous de Saint-François, où un couvent fut fondé en 1489 par Saint François de Paule (1416/1507), qui était venu en Touraine à la demande de Louis XI un an avant la mort de ce dernier, en août 1483 ; il arrivait, en face, sur la rive gauche, dans la commune de Joué-lès-Tours, aujourd’hui rue du Pont-aux-Oies.

On peut noter qu’il y avait en aval de ce passage, sur la rive gauche, le port du Pavé-du-Roy, ou « pavé du gué », ce « Roy » étant probablement une déformation de « Ré », toponyme venant du gaulois ritos, signifiant « gué ».

Ce passage, qui, avant la Révolution, appartenait au « ci-devant Collège de Tours », fut affermé le 27 fructidor an VII (13 septembre 1799) à Paul Leclerc, qui payait une redevance de 60 francs et qui disposait d’un passe-cheval d’une valeur de 180 francs. Encore fermier en 1825, celui-ci demanda une réduction de son fermage étant donné qu’il avait 8 enfants en bas-âge et que pendant l’été « les gens montés ou même les piétons » pouvaient passer à gué.

De 1871 à 1876, le fermier, Jean Martin, payait une redevance de 120 francs et possédait un « batelet manœuvré au moyen d’un fil de fer attaché à l’embarcation et glissant par l’autre extrémité le long d’un autre fil de fer tendu d’un bord à l’autre. »

En 1877, la mise à prix fut baissée et passa à 80 francs « car la fréquentation a diminué sensiblement depuis que la ligne de la Vendée, qui dessert la commune de Joué, a été livrée au public » indique l’ingénieur des Ponts et Chaussées.

11 Le Cher en face de Saint François photo PMD août 2024

Le Cher en face de Saint-François (photo PMD août 2024)

Lors de la visite semestrielle d’inspection du 26 mai 1879, le contrôleur note « le batelet est en état médiocre ; il a besoin de réparation, consistant principalement dans un calfatage et dans le remplacement des parties du bordage usées et en vétusté. » Comme c’était la règle, un arrêté préfectoral stipula au fermier que les travaux indiqués devaient être faits dans les 15 jours, faute de quoi, ils seraient exécutés d’office et à ses frais.

En octobre 1881, suite au décès du fermier, le bail fut résilié et une nouvelle adjudication fut organisée mais celle-ci resta infructueuse malgré une mise à prix de 25 francs et le passage fut provisoirement fermé. À la suite d’une nouvelle adjudication pour la période de 1883 à 1888, avec une redevance de 2 francs, le passage fut assuré par Jean Brocheriou, qui décéda le 11 juin 1887 et qui fut remplacé jusqu’à la fin du bail par César Poitevin « ancien marinier demeurant à Tours ».

Lors de l’adjudication de 1889, l’ingénieur des Ponts et Chaussées note qu’il convient d’indiquer que ce bac est situé sur la commune de Joué plutôt que sur celle de La Riche-extra, car la première de ces deux communes subventionne le passeur.

César Poitevin décéda le 14 janvier 1894 et son gendre, Louis Girault, assura le passage jusqu’à la fin du bail puis fut fermier de 1895 à 1904, année de sa mort à l’âge de 58 ans ; sa veuve, fille de César Poitevin, le remplaça alors jusqu’au 10 février puis le bail fut résilié et une nouvelle adjudication attribua le passage à Alexandre Lucas, fermier de 1907 à 1912.

Le 18 octobre 1911, l’ingénieur des Ponts et Chaussées indiqua dans un rapport que la dénonciation dite « anonyme ! » selon laquelle M. Lucas était dans l’impossibilité de gagner sa vie depuis qu’une personne utilisait son bateau « au passage du public » était fausse et que le fermier était souvent absent, étant donné qu’il était aussi occupé « à l’enlèvement des boues et immondices de la ville de Tours ».

Ce bac, qui n’avait pas trouvé d’adjudicataire en 1920 et qui « ne fonctionnait plus depuis plusieurs années, dans l’indifférence générale » fut supprimé en 1922.

Entre La Riche (rive droite) et Ballan-Miré (rive gauche)

Le passage, dit de Port-Cordon, se trouvait entre Port-Cordon (commune de La Riche, rive droite) et Le Petit-Port-Cordon (commune de Ballan-Miré, rive gauche).

Sous l’ancien régime, il appartenait à l’abbé de Saint-Julien de Tours, qui, en 1732, accorda le fermage à François Chouin et Paul Cléry moyennant une importante redevance de 60 livres (600 € environ).

12 Le Cher à Port Cordon photo PMD août 2024

 Le Cher à Port-Cordon (photo PMD août 2024)

Un arrêt du 27 août 1776 « maintient les administrateurs du collège royal de Tours et l’abbaye Saint-Julien dans le droit de tenir un bac sur le Cher, au Port-Cordon. »

Cet arrêt précise aussi que les propriétaires sont tenus de « faire construire pour leurs fermiers ou pontonniers un logement aux abords du dit bac, afin d’éviter que les personnes qui se présenteront pour traverser ne soient contraintes de se retourner. »

Les tarifs, indiqués dans cet arrêt, sont les suivants : « par personne à pied : 3 deniers (15 cents). Pour une personne qui voudra se faire passer seule, sans attendre : 1 sou, 6 deniers (80 cents). Pour toutes espèces d’animaux, chevaux, mulets, bêtes à cornes et autres : 6 deniers (30 cents). ».

N.B. Il existait aussi des passages entre La Riche et Joué-lès-Tours (voir ci-dessus) et entre Ballan-Miré et Saint-Genouph (voir ci-après).

Entre Ballan-Miré (rive gauche) et Saint-Genouph (rive droite)

Le passage, dit du Grand-Moulin, qui figure sur la carte d’état-major, était situé entre le Grand-Moulin de Ballan-Miré (rive gauche) et un lieu-dit appelé aussi le Grand-Moulin à Saint-Genouph (rive droite).

13 Plan municipal avec annotations PMD

Plan municipal avec annotations PMD

Ce Grand Moulin de Ballan, existant depuis le 12ème siècle, appartenait alors à l’abbaye Saint-Julien de Tours. Le moulin actuel, en forme d’arche sur le Cher, fut construit entre 1515 et 1520 par le célèbre Jacques I de Beaune. Il fut la propriété jusqu’à la Révolution des seigneurs de Ballan.

Cette belle construction en pierres de tuffeau, reliée à la rive par une passerelle de bois, était un moulin-pendant, c’est-à-dire un moulin muni d'une grande roue à godets disposée de façon à pouvoir être élevée ou abaissée en fonction du niveau de la rivière. C’est le seul qui a conservé son mécanisme d’origine.

Le moulin devint en 1974 une minoterie moderne, qui fonctionne toujours et qui fournit en farine de nombreuses boulangeries locales.

14 Le Grand Moulin cp

En 1877, le passage fut attribué à Jean Baptiste Toulmé, qui fut le fermier jusqu’en 1898 ; en octobre 1893, il demanda une réduction du fermage pour le 3ème trimestre de l’année en cours, étant donné que « la baisse anormale des eaux du Cher ne lui a pas permis de faire usage de sa charrière pendant deux mois. » L’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées donna un avis défavorable, en précisant que le cahier des charges indiquait que le fermier devait prendre en compte les conditions climatiques (glaces, sécheresse).

Jean Baptiste Toulmé décéda le 26 novembre 1898 et son fils, Désiré Toulmé, prit sa suite ; en 1901, pour la période 1901/1906, il proposa d’abord un fermage de 200 francs mais Baptiste Goujon, ancien fermier du Bec-du-Cher (voir Villandry, ci-après), ayant proposé un fermage de 300 francs, le passage lui fut attribué ; cependant, le maire de Villandry refusa de lui donner le certificat de moralité nécessaire et Désiré Toulmé fut déclaré adjudicataire, sa proposition de fermage ayant été acceptée, vu que « à cause du chômage, les foins des prairies du Cher ne sont plus transportés par le bac mais traversent le Cher à gué à l’époque des basses eaux ».

Encore fermier de 1907 à 1919, le bail de 1913 à 1918 ayant été prolongé d’un an à cause de la guerre, Désiré Toulmé ne payait plus qu’un fermage de 120 francs car « les riverains possèdent des bateaux et d’autres habitants traversent avec leur voiture dans un gué situé près du bac ».

En 1920, Désiré Toulmé se proposa pour continuer à assurer le passage jusqu’en 1926, à condition cependant 1 : d’être remplacé s’il tombait malade, 2 : de ne pas passer le vendredi, 3 : d’être le seul à avoir le droit de draguer le sable dans le Cher, 4 : d’avoir une subvention de 240 francs de la part des trois communes intéressées par ce bac  (Ballan-Miré, Saint-Genouph et La Riche) pour l’entretien de son matériel, 5 enfin : que les grosses réparations soient à la charge de ces trois communes !

Étant donné qu’il était sans doute très difficile de trouver alors un fermier, les trois communes acceptèrent ces exigences mais le conducteur des Ponts et Chaussées refusa les clauses 2 et 3 en précisant que le passage devait être assuré tous les jours et que le dragage du sable dans le Cher était libre.

15 le bac au Grand Moulin cp

 Le bac au Grand-Moulin (cp)

Ce passage apparaît pour la dernière fois dans les archives départementales en 1924, année où les trois communes concernées obtinrent du Conseil Général une subvention de 300 francs pour l’acquisition d’une charrière de 13,45 m. sur 3,40 m. d’une valeur de 2 000 francs.

Très fréquenté au 19ème siècle, ce bac est représenté sur de nombreuses cartes postales.

Entre les rives gauche et droite à Savonnières

Ce passage, qui figure dans la liste des péages existant avant la Révolution et racheté à cette époque ainsi que sur la carte d’état-major, était situé à l’ouest du bourg, en aval du pont actuel, et arrivait au lieu-dit Le Port, sur la rive droite.

Un rapport du 30 août 1786 indique que le bac « qui sert de passage pour la communication des paroisses de Savonnières, Villandry, Druis (Druye) avec la Loire » et qui est « la propriété du marquis de Castellane, seigneur de Villandry » (Esprit François de Castellane (1730/1799), a été visité et qu’il a été trouvé en bon état.

16 Le Cher à Savonnières photo PMD août 2024

Le Cher à Savonnières (photo PMD août 2024)

Le 20 fructidor an VII (6 septembre 1799), le passage fut attribué contre un fermage de 90 francs à Charles Caillard (1749/1810) « voiturier par eau au Vaugelé » (en aval du pont actuel, rive gauche).

En 1842, un plan et un devis furent établis pour la construction d’une charrière, destinée à ce passage (source AD 37 S 4788) ; ces documents précisent que « elle aura 13 m. de longueur, tous les bois seront en chêne, sans aubier (partie tendre et blanchâtre qui se forme chaque année entre le bois dur et l'écorce d'un arbre), nœud vicieux ou pourriture (…) ; une cabane de 1,80 m. de longueur destinée à loger le passeur à l’arrière de la charrière (…) ; le ponton embarcadère sera construit au moyen de 5 lambourdes de 2,60 m. de long ».

N. B. Cette charrière, dite la Belle-Passante a été reconstituée et sert à organiser des promenades sur le Cher, organisées par les bateliers du Cher, qui partent d’une rampe située à l’est du bourg, juste avant le camping ; voir  https://www.bateliersducher.net/new-balade.

17 Savonnières le passage vu de la rive gauche photo PMD août 2024

Savonnières : le passage vu de la rive gauche (photo PMD août 2024)

Dès 1850 la Municipalité demanda au Conseil Général d'étudier la possibilité de construire un pont à Savonnières. L'adjudication a lieu le 23 juillet 1851 en faveur de l'entreprise Escarraguel Frères, moyennant un péage de 13 ans et 6 mois et une subvention de 29 500 francs. Le bac fut alors mis en sommeil ; mais ce pont fut détruit par la crue de 1856 (voir l’article Les passages sur la Loire Tourangelle : présentation) et le bac fut remis en service, jusqu’à la construction d’un premier pont suspendu, détruit par les prussiens en 1872 ; celui fut remplacé en 1878 par un second pont suspendu, construit par l’entreprise Eiffel.

Ce nouveau pont fut à son tour détruit en juin 1940 par l’armée française pour couvrir sa retraite puis réparé en 1941 par les allemands, qui, d’une façon étonnante, ne le firent pas sauter en août 1944, comme ils le firent pour beaucoup d’autres, ce qui permit le ravitaillement de Tours, complètement isolée par ailleurs. Le pont actuel fut construit en 1972 en béton précontraint à l'emplacement du pont Eiffel, sur les culées du premier pont. 

À Villandry

Il y avait dans cette commune, célèbre pour les jardins de son château, deux passages sur le Cher : celui dit de Villandry et celui dit du Bec-du-Cher.

Passage dit de Villandry :

Ce passage était situé entre le bourg, sur la rive gauche, et le Port, sur la rive droite.

De 1877 à 1894, le fermier, Auguste Louis Roy, également fermier du bac sur la Loire, entre Cinq-Mars-la-Pile et Villandry (voir l’article Les bacs sur la Loire : liste), disposait d’un passe-cheval pour 15 personnes et d’un batelet pour 8 personnes.

Lors de la visite semestrielle du 12 janvier 1880, le conducteur des Ponts et Chaussées indique « le batelet est en médiocre état, il a été pressé par les glaces et les bordages ont besoin d’être en partie remplacés ; le fermier s’est engagé à faire immédiatement les réparations ».

En octobre 1880, le fermier demanda une réduction de son fermage, comme pour le bac sur la Loire.

Lors de la visite semestrielle du 27 octobre 1887, le conducteur des Ponts et Chaussées recommanda d’interdire l’utilisation du passe-cheval, qui était en mauvais état. Le maire de la commune, qui était alors Édouard Hainguerlot (1832/1888, maire de 1863 à sa mort), intervint alors auprès du préfet en indiquant « la position du fermier est voisine de l’indigence et il n’y a pas grand péril à maintenir l’usage de ce bateau, qui n’est pas complètement hors de service (…) Le passe-cheval ne sert guère au passage des animaux, les propriétaires de bestiaux ayant l’habitude de passer par Savonnières ». L’ingénieur des ponts-et-chaussées accepta alors que ce bateau soit encore utilisé, à condition que le nombre de passagers soit limité à 6.

18 Le bac de Villandry rive gauche photo PMD août 2024

Le passage de Villandry, rive gauche (photo PMD août 2024)

En 1897, les passages de Villandry et du Bec-du-Cher furent interdits à deux reprises à la suite des crues du Cher, qui était monté à plus de 4,50 mètres à l’échelle du pont de Savonnières, le 7 février et le 9 avril ; le maire de Berthenay et celui de Villandry, qui était alors Jacques Moisin (maire de 1895 à 1919) soulignèrent alors que cette interdiction était préjudiciable « aux habitants de Villandry qui demeurent sur la rive droite et à ceux de Berthenay qui ont beaucoup de vignes sur les hauteurs de Villandry. » Le maire de Villandry demanda même que les passeurs soient tenus d’assurer le passage « aux risques et périls des passagers, quelle que soit la hauteur du Cher, afin de mettre au plus vite à l’abri du danger les habitants de la rive droite » ; le fermier du bac de Villandry accepta cette demande mais Baptiste Goujon, fermier du Bec-du-Cher (voir ci-après) la refusa.

En 1901, le fermier avait l’autorisation de percevoir un double droit de passage lorsque le Cher était à plus de 2,50 mètres sur l’échelle du pont de Savonnières.

En janvier1921, pour je ne sais quelle raison (maladie du passeur ?), le passage fut arrêté ; le conseil municipal proposa alors de verser au passeur une subvention de 200 francs par an à condition « d’assurer gratuitement la traversée aller-retour pendant l’année scolaire aux enfants qui vont à l’école et la traversée une fois par jour aux riverains de la rive droite désirant se rendre au bourg. » La fille du passeur accepta alors de le remplacer momentanément.

En 1922, le passeur fut rappelé à l’ordre parce qu’il faisait payer 20 centimes par personne, alors que le tarif homologué était de 10 centimes.

Ce passage fut en service jusqu’en 1926 et l’année suivante, un habitant de la rive droite se plaignit auprès du maire du fait qu’il était obligé de donner 2 francs par jour à un passeur bénévole pour envoyer son fils à l’école.

Passage du Bec-du-Cher :

Ce passage était situé entre les deux rives du Cher, là où cette rivière se jette dans la Loire.

Il est cité en 1781, année où un rapport estime que pour construire une jetée de 100 toises (200 m. environ) au Bec-de-Cher, il faudra « 100 toises cubes (800 m3 environ) de moellons ».

En 1814, les habitants de Bréhémont « obligés de passer le Cher pour chercher dans la commune de Savonnières, comme plus approchante de la leur, les secours dont ils ont besoin (…), ne pouvant se faire entendre pendant la nuit du passager, qui habite au Bec du Cher (…) demandent d’astreindre le nouveau fermier à habiter au moins pendant la nuit sur la levée du Cher ».

19 Le Bec du Cher vu de la rive gauche photo PMD août 2024

 Le Bec du Cher, vu de la rive gauche (photo PMD août 2024)

De 1871 à 1876, le fermier, Martin Bonvin, qui payait une redevance de 12 francs, disposait d’un grand bateau pour 15 personnes ou 1 animal et d’un batelet pour 8 personnes. Mais en 1872, un rapport d’inspection indique que « le fermier a laissé par sa négligence, sa charrière échouer sur la grève et qu’elle prend l’eau (…), que le câble a besoin d’être remplacé et que, faute par le fermier de satisfaire aux prescriptions dans un délai de 10 jours, il y sera pourvu d’office et à ses frais par l’administration des Ponts-et-Chaussées ».

En conséquence, l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées proposa de supprimer ce bac « qui n’avait aucune importance et qui était à peu près complètement délaissé depuis que la charrière est hors service ». Cependant il ne fut pas écouté par l’ingénieur en chef et le fermier remplaça cette charrière par un bac de 12 m. sur 3 m., pour 35 personnes ou 8 animaux, manœuvré au moyen d’un câble supporté par 4 batelets et d’un fil de fer tendu d’une rive à l’autre ; il disposait aussi d’un batelet pour 15 personnes ou 1 animal.

De 1883 à 1888, le fermier ne disposait plus que d’un batelet pour 8 personnes ; son cahier des charges précisait que cette barque devait être manœuvrée par 2 mariniers « dès que la Loire dépassera la côte de 3 mètres à l’échelle principale du pont de Cinq-Mars. »

En 1884, ce fermier établit sans autorisation, un fil de fer à 2 m. au-dessus de l’étiage mais étant donné que ce câble « était susceptible de gêner la navigation et pouvait même occasionner des accidents aux mariniers ou promeneurs montant des bateaux, toues ou canots, manœuvrés soit à la bourde, soit à la rame », il fut mis en demeure de l’enlever mais il fut autorisé à rétablir « son petit câble de manœuvre, au niveau du dessus des levées du Cher ».

En 1889, l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées proposa de mettre à prix ce passage à 10 francs, au lieu de 2 francs, car « ce passage prend un peu d’importance et il est probable que les travaux de déversoir du Cher lui en donneront encore plus pendant une partie du nouveau bail ».

L’adjudication fut remportée par Auguste Breuil mais, en juin 1890, à l’indignation de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, ce dernier demanda une réduction de son fermage sous prétexte que l’accès de son passage était entravé « par les travaux du déversoir » !

Son bail fut résilié en 1891 « pour cause d’insolvabilité du titulaire » et une nouvelle adjudication attribua le passage à Baptiste Goujon, avec un fermage de 4 francs ; cependant, en 1894, la municipalité de Villandry écrivit au préfet pour se plaindre de ce fermier, « homme très grincheux, qui rebute beaucoup de monde (et qui), lorsqu’il fait un passage de nuit, ne se gêne nullement de prendre un prix exorbitant » ; en outre, celui-ci avait refusé d’accorder la gratuité « aux enfants fréquentant nos écoles et aux personnes qui les accompagnent pour leur faire la conduite. »

L’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées donna un avis défavorable concernant la gratuité, en précisant que « le fermier n’était pas tenu de passer la nuit », que s’il le faisait, c’était « par complaisance » et donc qu’il pouvait demander le prix qu’il voulait.

Lors de la visite semestrielle du 23 avril 1904, le conducteur des Ponts et Chaussées indiqua que la barque, étant complètement usée et ne valant pas une réparation, devait être remplacée, sous peine d’interdiction ; le fermier acheta alors un batelet neuf, en chêne, de 9,50 m. sur 1,20 m. au prix de 275 francs. Mais 17 ans plus tard, en 1921, ce bateau était de nouveau hors d’usage et, comme en 1904, le fermier fut mis en demeure d’en acquérir un autre ; le maire écrivit alors au préfet que le fermier, Jacques Lasseray, qui travaillait encore à plus de 80 ans, n’avait pas les moyens de faire l’acquisition d’une nouvelle embarcation et proposa que « les communes intéressées » fissent l’achat, estimé à 1 000 francs, d’un bateau ; un batelet de 9,25 m. sur 1,13 m. fut alors acquis, au prix de 1 050 francs.

Entre les rives gauche et droite à BRÉHÉMONT

Dès le Moyen-âge, le chanvre fut cultivé à Bréhémont, à raison de deux récoltes par an ; pour pouvoir l’utiliser on immergeait les tiges 5 à 7 jours dans le Vieux Cher, sur des routoirs, (bassins de rouissage pour le chanvre), jusqu’à ce qu’elles blanchissent et qu’elles se décollent.

Ce Vieux-Cher, ancien lit du Cher (voir l’article Les passages sur le Cher : présentation) se jette dans la Loire à Rupuanne (commune de Bréhémont), lieu-dit cité en 1643 sous la forme Rupeanne.

Un projet de barrage à Rupuanne faisait partie d'un projet global des Turcies et Levées, et des paroisses aval en lien avec le barrage de Villandry en 1777 ; il devait empêcher que le bras du Cher ne serve de déversoir à la Loire en cas de grandes crues ; Il ne fut pas réalisé tout de suite car les Ponts et Chaussées s’opposèrent à ce projet en indiquant que le remède serait pire que le mal et que les inondations de l'Indre pourraient avoir des effets bien plus graves que le reflux de la Loire. Il fut finalement construit en 1803 aux frais de la commune.

20 Bréhémont cadastre napoléonien

Bréhémont : cadastre napoléonien

Ce barrage ne permettait pas l'évacuation des eaux vers la Loire et un canal de jonction (appelé le Lane) fut réalisé entre le Vieux-Cher et l'Indre ; il se déverse dans l'Indre dans le bras de Port Gautier (commune de Rigny-Ussé), où il y avait un passage sur l’Indre (voir l’article Les passages sur l’Indre).

Ce passage, dit de Rupuanne, permettait les relations avec les communes situées sur la rive gauche de la Loire.

21 Le Vieux Cher à Rupuanne photo PMD août 2024

Le Vieux-Cher à Rupuanne (photo PMD août 2024)

Le 17 prairial an VII (5 juin 1799), ce passage, qui, sous l’ancien régime, appartenait aux chanoinesses de Luynes, propriétaires du fief de Milly (au nord-est de Rupuanne), fut saisi et attribué à Silvain Baillereau. Le bateau, estimé à 260 francs, fut remboursé aux anciennes propriétaires.

N. B. Il y avait aussi, à Bréhémont, un bac sur la Loire, voir L’article Les passages sur la Loire : liste.

 

 


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