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Chaveignes


Le nom de cette commune, située à proximité de Richelieu, n’apparaît qu’en 1247 sous la forme Chavengnes ; on trouve ensuite Chaveignes-sur-Veude au 17ème siècle, Chaveigne au 18ème et enfin Chaveignes à partir de 1823.

01 Carte IGN avec annotations PmD Carte IGN avec annotations PmD

Histoire

Préhistoire et antiquité

Le site a été occupé dès la préhistoire comme le montrent les silex paléolithiques découverts à la Pichardière  (voir ci-après), les outils néolithiques trouvés à Chizeray (voir ci-après), à la Courtaudière (nord-est) ou au Verger (voir ci-après) ainsi que la belle hache à talon de l'âge du bronze de La Ferrandière (nord-est) ; voir Gérard Cordier : une nouvelle trouvaille de bronze chinonaise, in BAVC 6.1 1956/57 (pages 10/11).

02 Hache à talon de la Ferrandière dessin G. CordierHache à talon de la Ferrandière (dessin Gérard Cordier)

Le toponyme La Grande Pierre (au nord-ouest) indique sans doute l’existence à cet endroit d’un mégalithe disparu.

À l’époque gallo-romaine, plusieurs domaines agricoles (villae rusticae) se trouvaient dans la région, occupée par les Pictons, comme le montrent les toponymes suivants : Chaveignes, venant Caviniacus ou « domaine de Cavinius », Chizeray (voir ci-après), venant Civiriacus ou « domaine de Civirius », cité dans la charte 96, de 1082, du cartulaire de l’abbaye de Noyers et Tablé (lieu qui ne figure pas sur les cartes), venant de Tabuliacus ou « domaine du Caissier » (voir ci-après).

03 Le Colombier à Chizeray photo PmD juillet 2016Le Colombier à Chizeray (photo PmD juillet 2016)

L'existence d'un domaine gallo-romain à Chizeray, est sans doute confirmée par le fait que la grosse ferme, appelée le Colombier, avec son pigeonnier-porche, est largement située largement en-dessous de la route actuelle. 

Des tuiles et des céramiques gallo-romaines ont également été découvertes à la Courtaudière (nord-est) lors de la sécheresse de 1976.

Histoire ancienne, moderne et contemporaine

Il semble bien que la seigneurie ait d’abord appartenu à la famille de Brizay et la charte 231, de 1094, du cartulaire de Noyers, cite un Payen de Brizay.

La charte 384, de 1112, de ce même cartulaire nous dit que les moines de Champvent (sud-ouest) ont édifié à côté du prieuré une chapelle dédiée à Saint-Nicolas. Il n'y a plus trace de ces constructions mais par contre, il reste le moulin, construit ensuite sur le Mable (voir ci-après). Champvent faisait partie de la paroisse du Sablon, qui fut supprimée par ordonnance de l’évêque de Poitiers en date du 27 mai 1638 et partagée entre les paroisses de Richelieu et de Braye-sous-Faye. Il y eut cependant à la Révolution une commune du Sablon qui n’avait ni chef-lieu, ni église et comprenait les hameaux de Champ-Vent, La Maison Neuve, Le Buisson Penot, La Pichardière et qui fut rattachée à la commune de Chaveignes par ordonnance royale du 13 août 1823.

En 1434, le seigneur de Chaveignes est Nicolas Ribot, maître d’hôtel de la reine Marie d’Anjou, épouse de Charles VII, qui fonda en 1430 la chapelle du Pardon, à Chinon.

En 1477, Guillaume de Clermont, seigneur de Chaveignes et de Maulévrier (à Lerné) vend Maulévrier à Jacques Odart, baron de Curçay, seigneur de Sammarçolles (Vienne) et chambellan du roi Louis XI.

En 1631, la seigneurie de Chaveignes, qui appartenait alors à la famille Becdelièvre, fut incorporée au duché de Richelieu.

Parmi les nombreux moulins existant sur la commune et situés sur la Veude, qui coule du sud vers le nord à l'ouest du bourg, on peut citer : 

  • Le Moulin de Thuet, cité dès 1082 dans la charte 96 du cartulaire de Noyers, sous la forme Molendinus de Tueth ; il fut saisi en 1791 comme bien national sur les prêtres de La Mission de Richelieu. 
  • 04 Ancien Moulin de Thuet photo PmD juillet 2016Ancien Moulin de Thuet (photo PmD juillet 2016)
  • Le Moulin de Tablé, cité dès 1093 dans le cartulaire de Noyers sous la forme Molendinus de Tableto, dit aussi Le Moulin de Tablay en 1619 : moulin détruit après un accident de carrosse impliquant le dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI, et sa jeune épouse Marie-Antoinette, qui eut lieu dans la nuit du 9 au 10 juin 1770 et qui fut considéré comme un mauvais présage.
  • Le Moulin d'Allion, cité en 1693, fonctionnait encore en 1845. Élevage de chevaux aujourd'hui, voir https://www.elvdumoulin.com/.
  • Le Moulin Blanc, dit aussi Le Moulin à l’Eau ou Le Moulin Gilbert, dans la paroisse du Sablon, cité en 1716.
  • Le Moulin Chauvin, cité en 1721, qui figure sur la Carte de Cassini, est maintenant un gîte ; voir https://www.valdeloire-france.com/chambre-hotes-location/moulin-chauvin/.
  • Le Moulin de Verrières, cité en 1724, reconstruit en 1733. 
  • Le moulin de Langlée, dit aussi Moulin de L'Anglée, cité en 1730.
  • Le moulin Achard, cité en 1731, dépendait de la seigneurie de La Vrillaye (voir ci-après).
  • Le Moulin Pinsard, dans la paroisse du Sablon, cité en 1772.

05 Ancien Moulin de Champvent photo PmD juillet 2016Ancien Moulin de Champvent (photo PmD juillet 2016)

Il y avait aussi, sur le Mable (à l'ouest du bourg et marquant la limite avec Richelieu) , le Moulin de Champvent, cité en 1082, dans la charte 96 du cartulaire de Noyers, sous la forme Molendinum Aucherii de Rajacia, apud Camventum  (le moulin d'Auchier de La Rajasse, près de Champvent) ; il fut reconstruit après 1896.

06 Chaveignes vue de Purzon photo PmD juillet 2016Chaveignes, vue de Purzon (photo PmD juillet 2016)

Un beau panorama peut-être vu du plateau de Purzon, qui culmine à 117 mètres.

À voir dans le bourg

Église Saint-Pierre :

Dédiée à Saint Pierre, l’actuelle église paroissiale de Chaveignes date de 1873. L’ancien édifice, incendié au 19ème siècle, appartenait, au 12ème siècle, au prieuré de Saint Cosme (commune de La Riche). Il n’en reste plus qu’une chapelle seigneuriale carrée du 15ème, voûtée sur croisées d’ogives et éclairée par une baie circulaire surmontée d’un entablement que supportent quatre colonnes corinthiennes ; elle sert maintenant de sacristie.

07 Église Saint Pierre photo PmD juillet 2016Église Saint-Pierre (photo PmD juillet 2016)

On peut voir, dans cette église, une Vierge à l’enfant du 17ème siècle inscrite à l’inventaire des monuments historiques, des vitraux des ateliers Lobin et un sarcophage mérovingien provenant de la Pataudière, à Champigny-sur-Veude.

08 Vierge à lenfant photo PmD juillet 2016Vierge à l'enfant (photo PmD juillet 2016)

Le presbytère : construit, en 1740, dans le prolongement de la chapelle du 15ème, par le curé de Chaveignes : René Percheron, pour la somme de 6 000 livres, (60 000 euros environ) ;  c’est un bâtiment simple édifié en moellons et coiffé d’un comble à la Mansart avec trois lucarnes au fronton courbe.

09 Ancien presbytère photo PmD juillet 2016Ancien presbytère (photo PmD juillet 2016)

On accède à la cour par un portail doublé d’une porte piétonne. Au-dessus de la porte centrale, on peut lire, selon André Montoux, l’inscription « Satis Morituro 1740 » (Suffisant pour quelqu’un destiné à mourir). Mais en fait, l’inscription actuelle est « SALIS MORIT-URO » et je ne vois pas ce qu’elle peut vouloir dire, « morit » n’existant pas en latin ! Il est fort possible qu’à l’origine l’inscription ait bien été « satis morituro » et que, par la suite, elle ait été plus ou moins effacée puis refaite par quelqu’un qui ne connaissait pas le latin !

10 Ancien four à pain photo PmD juillet 2016Ancien four à pain (photo PmD juillet 2016)

Four à pain : Il y a deux fours à pain : le premier est situé derrière la mairie et le second derrière la salle des fêtes.

11 Ancien lavoir photo PmD juillet 2016 Ancien lavoir à pont mobile (photo PmD juillet 2016)

Lavoir à pont mobile (derrière l’église) : ce type de lavoir était destiné à s'adapter à des hauteurs d'eau très variables.

À voir au nord

La Vrillaye (nord-est) : le fief appartenait en 1536 à Méry Testu, receveur des tailles de Saintonge, dont la fille Marie Testu fut l’épouse de Laurent II Le Blanc (mort en 1583), maire de Tours en 1558/59 (voir aussi Neuillé-le-Lierre, Neuillé-Pont-Pierre, Reugny et Tours) puis, en 1556, à François Testu. En 1618, le seigneur de La Vrillaye était Geoffroy de Beaufils. Les seigneurs suivants furent, en 1667, Josias Pierres, de religion protestante, puis Jean Jacques Thubert, suite à son mariage en 1724 avec  Marie Pierres, petite-fille de Josias et dame de la Vrillaye, puis leur fils, Jean Jacques René Thubert (1726/1806), époux de Jeanne Le Blanc (1731/1802), puis leur fils, Gabriel Thubert de la Vrillaye (1761/1842), chef d’escadron, dont la fille Marie Elisa Thubert de La Vrillaye (1801/1838) épousa Gabriel de Morineau (né en 1790). Leur fils Isidore Gabriel de Morineau (1821/1885), époux de Félicité Élisabeth de Bessay (décédée en 1886), hérita de La Vrillaye.

12 La Vrillaye photo PmD juillet 2016La Vrillaye (photo PmD juillet 2016)

Il reste, près de l'entrée, une grosse tour cylindrique : c'était le pigeonnier, qui a conservé ses rangées de boulins et son arbre tournant.

L'ensemble a été largement modifié au 19ème siècle et un château moderne a été construit. Après avoir été réquisitionnée pendant la première guerre mondiale, La Vrillaye devint en 1940 une colonie de vacances pour les enfants du personnel de l'Aciérie et Laminoirs de Beautor (Aisne). C'est aujourd'hui une propriété privée.

13 La Haute Ruchelière photo PmD juillet 2016 La Haute-Ruchelière (photo PmD juillet 2016)

La Haute Ruchelière (nord-est) : la propriété, qui produit maintenant du vin (voir https://routes-des-vins.com/vignoble/domaine-la-haute-rucheliere),  a conservé un pigeonnier carré.

À voir au sud

Le Fourneau :

Depuis le 17ème siècle au moins, le Fourneau appartenait à une famille Jahan, qui exerçait la charge de sénéchal de Richelieu ;  le premier seigneur connu est Jean II Jahan, dit d'Ambourné (1587/1638), arrière-grand-père de Jean Jahan (1677/1755), père lui-même de Jean François Jahan (1703/1780). 

Il faut noter cependant que la généalogie de cette famille Jahan n'est pas très claire et selon certains ce Jean Jahan serait l'arrière-petit-fils de Louis Jahan de la Méraudrye (1567/1634), notaire royal et procureur de la seigneurie de Nouâtre. On sait aussi qu'un certain Jahan Dufournau (alias du Fourneau) fut maire de Chaveignes en 1806.

 Jean François Jahan fut le père de Jean Baptiste Jahan (1733/1813), dont le fils, Armand Jahan dit de Belleville (1769/1857) fut préfet et maire de Richelieu de 1812 à 1815.

14 Le Fourneau photo PmD juillet 2016Le Fourneau (photo PmD juillet 2016)

Voltaire (1694/1778) séjourna dans ce manoir et y écrivit une ou deux lettres. 

L’allée arrière menant à ce manoir est marquée par deux tours quadrangulaires, dont le toit est surmonté par un lanternon octogonal et qui servaient de pigeonnier. Selon André Montoux, il y avait, dans cette propriété, un cadran solaire, qui fut vendu vers 1889, après le décès du propriétaire, qui était toujours quelqu’un de la famille Jahan.

Le Verger (sud-est) :

Le fief, situé sur l’ancienne paroisse du Sablon, appartenait au 14ème s. à la famille de Mosson ; par la suite, il fut la propriété de la famille du Carroy. Un François Du Carroy est cité en 1634 comme « capitaine du château et ville de Richelieu ». Au 18ème s. le fief passa à la famille Torterüe (voir Sazilly), suite au mariage en 1703 de Jean François Torterüe (né en 1676), avocat au parlement de Richelieu, avec Catherine Du Carroy.

15a Le Verger façade sud en 1950 photo Robert Ranjard Le Verger, façade sud, en 1950 (photo Robert Ranjard)

Jean René Torterüe, cité en 1789 et 1790, fut maire de Richelieu pendant la Révolution ; son fils Louis Torterüe, quant à lui, cité en 1815, fut maire de Richelieu en 1823 puis maire de Chaveignes. Son fils aîné, prénommé également Louis, né en 1816, épousa en 1864 Marie Suzanne Temple, fille, selon J. X. Carré de Busserolle, de l’amiral anglais François ou Francis Temple (1770/1863).

15b Le Verger en 1975 photo André Montoux1Le Verger en 1975 (photo André Montoux)

Le château, construit au 15ème siècle, est entièrement entouré de douves. On accède à la cour par un pont dormant aboutissant à une porte, qui ressemble à celles de l'enceinte de Richelieu, ornée de gargouilles provenant du château de Mondon à Marigny-Marmande. Dans le parc, s’élève une énorme tour circulaire : c’était la fuie, qui a gardé ses boulins.

16 Le Verger photo PmD 24 juillet 2016aLe Verger (photo PmD juillet 2016)

Le château fut remanié au 17ème, 18ème et 19ème s. Les communs sont reliés au logis par une chapelle, qui est celle du château primitif. Un lavoir avait été aménagé sur les douves.

17 Le Verger ancien lavoir photo PmD 24 juillet 2016Le Verger, ancien lavoir (photo PmD juillet 2016)

Selon le médecin et archéologue Louis Dubreuil-Chambardel, il y avait dans la prorpriété un cadran solaire du 18ème siècle portant la devise "Fugit hora" ;  voir Les cadrans solaires tourangeaux in Mémoires de La Société Archéologique de Touraine, 51 1922 (page 122).

La Pichardière (sud-est) : à côté de la maison bourgeoise du 19ème siècle, subsiste un logis du 18ème, qui appartint aux Archambault de la Pichardière puis à la famille des Poirier, suite au mariage, en 1723 de Louise Archambault avec Henri François Poirier, petit-fils de Pierre Prégent Poirier (1621/1679), procureur du roi au grenier à sel de Richelieu, dont le fils,  Louis Poirier (1650/1718),  fut premier médecin du futur Louis XV.


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