Dolus-le-Sec
Le nom de cette commune, située au sud-est de Reignac-sur-Indre, apparaît pour la première fois à la fin du 6ème siècle, dans Histoire des Francs de Grégoire de Tours, sous la forme Dolus, graphie abrégée du patronyme Dolutius ou toponyme formé sur le gaulois dolon, signifiant « endroit plat et sec ».
Histoire
Des domaines agricoles gallo-romains (villae*) existaient sans doute à Leugny (nord-est du bourg), venant de Lupiniacus ou « domaine de Lupinius », à Mézière (nord-ouest) venant du latin maceriae, signifiant « ruines (antiques) » et à Villiers (nord-est), toponyme formé sur le terme villa.
Notons aussi le lieu-dit Tressort (nord-est) « les trois sorties », qui se trouvait au carrefour de trois voies gallo-romaines et notamment à proximité de la voie qui allait de Poitiers à Amboise, via Manthelan. Cette voie suivait pendant plusieurs kilomètres la frontière entre Tauxigny et Dolus-le-Sec et passait à l’ouest des Hauts-de-Dolus, où Jacques Dubois* a vu en 1978 une grande enceinte trapézoïdale, probablement gauloise, et où des tuiles ainsi qu’un vase sigillé* du 2ème s. après JC ont été découverts.
Le fief de Dolus, qui appartenait à l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches, fut conquis au 11ème siècle par Péloquin 1er, seigneur de L’Île-Bouchard et resta dans cette famille au moins jusqu’à Barthélémy III (mort vers 1288).
Au 16ème siècle, il était la propriété de Jacques de Liniers (1468/1519), également seigneur de Neuilly-le-Noble (aujourd’hui Neuilly-le-Brignon).
Au 18ème siècle, le seigneur de Dolus était Jean Louis Barberin (mort en 1719), également seigneur de Reignac. Sa fille Julie Céleste (1696/1754) épousa Charles Yves Thibaud de La Rivière et leur fille Julie Louise Céleste (1721/1753) épousa Joseph Yves de La Rivière (mort en 1770). Leur fille Marie Louise Julie (1737/1770) épousa Michel Louis Du Motier de La Fayette (1733/1759) et leur fils, Marie Joseph Du Motier de La Fayette (1757/1834), le célèbre Marquis de La Fayette, fut le dernier seigneur de Dolus-le-Sec.
À voir dans le bourg
Église Saint-Venant : une première église, consacrée à Saint-Pierre, fut édifiée au 5ème siècle par l’évêque de Tours Eustoche (évêque de 443 à 460) et reconstruite au 11ème siècle. Cette nouvelle église romane, dont on voit encore le mur en petit appareil sous le crépi du mur nord de la nef, fut consacrée à Saint Venant puis agrandie à la fin du 12ème siècle. On peut y voir, dans le chœur, un vitrail du 19ème siècle, représentant Saint Gatien, œuvre du maître-verrier Amand Clément (1840/1895), natif de Chédigny et élève de Julien Léopold Lobin, ainsi qu’une bannière de procession, du 19ème également, avec la représentation de Saint Eustoche et de Saint Venant.
Près de l’église, le monument aux morts, réalisé en 1921, est une œuvre de Georges Delperrier (1865/1936), auteur de nombreux monuments aux morts de Touraine, notamment ceux de Ligueil et de Loches.
On peut voir aussi à la sortie sud du village une éolienne Bollée* installée en 1896 pour alimenter en eau la commune. Cette éolienne de 15 m de haut avec une turbine à vent de 2,50 m pompait l'eau à 12 m de profondeur grâce à une pompe trois corps, qui présente la particularité d'être immergée. La turbine à vent mettait en route l'éolienne dès que le vent atteignait 6 m/s. L'eau se déversait alors dans un bac où les habitants pouvaient puiser l'eau potable, puis dans un lavoir qui servait aussi d’abreuvoir pour les animaux (!). L'éolienne a fonctionné jusque dans les années 1950, puis a été remplacée par un moteur électrique, car son débit était devenu insuffisant. En 1998, la décision fut prise de la restaurer et l’inauguration a eu lieu le 26 mai 2002. Cette éolienne est mise en route pendant les vacances et à certaines occasions, comme pour les Journées du Patrimoine.
À voir au nord-ouest
L’Épinay : ce fief, qui relevait du Fau (ancien nom de Reignac), appartenait en 1318 à Guyon de Précigné.
Au 16ème siècle le fief appartenait à la famille Du Fau ; Hardouin II Du Fau, seigneur de l’Épinay arrière-petit-fils de Jean Du Fau (mort en 1484), maître d’hôtel de Charles VII puis de Louis XI, fut le père de Marthe Du Fau, qui épousa en 1580 Alexandre Gillier (mort en 1625), fils de Bonaventure Gillier (1514/1584), seigneur de Marmande.
Marthe Du Fau échangea son fief avec un de ses cousins, Adrien Le Breton, seigneur de Chanceaux-près-Loches, qui fut le père de Renée Le Breton, citée comme dame de L’Épinay en 1644 et en 1668, ainsi que d’Enoch Le Breton, qui épousa en 1628 la protestante Madeleine Bazin, petite-fille de Jean Bazin (1538/1592), ambassadeur d’Henri de Valois (futur Henri III), alors roi de Pologne.
Marie Le Breton (morte en 1697), fille d’Enoch, qui épousa en 1653 Aymar II de Chouppes (1612/1677), lieutenant général des armées du roi, fut dame de L’Épinay, du Fau et de Chanceaux-près-Loches. Leur fils, Aymar III de Chouppes, cité en 1709, hérita des trois seigneuries et l’histoire du fief de L’Épinay fut liée à celle du Fau (voir Reignac).
En 1792, les trois domaines furent vendus à Pierre Charles Avril Poitier ou Pottier, qui en 1794 revendit L’Épinay à Balthazar Symphorien Joseph Besnard ; ce dernier légua sa propriété à l’une de ses nièces, Marguerite Besnard, qui avait épousé en 1821 Claude Baillou ; leur fils, Charles Baillou (1824/1886), fut maire de Dolus en 1867 et en 1871/
Le château fut reconstruit au 18ème siècle puis modifié entre 1925 et 1930 par l’architecte Philippeau (ajout de la partie nord du château et d’une galerie à l’est). La façade ouest est parfaitement symétrique. La porte centrale, accessible par un perron de cinq marches, est surmontée par une fenêtre avec balcon en fer forgé. Le tout est couronné par fronton triangulaire avec un oculus. Les combles sont éclairés par des lucarnes en pierre. Son parc renferme un pigeonnier rond du 16èmesiècle, avec des boulins en poteries ovoïdes percées d'un trou circulaire.
Malicorne (à l’extrémité nord-ouest de la commune) : le fief relevait de Chanceaux-près-Loches et d'Azay-sur-Indre ; il appartenait depuis le début de 14ème siècle à la famille de Chourses, qui remonte à Bouchard, dit de Chourses (dans le Maine), seigneur de Brizay, vivant en 1080. On peut voir dans ce hameau la Fontaine de Bonnet.
À voir à l’ouest
Le Puy : le fief appartint, en 1668, Antoine Loulet (mort en 1680), élu en l'élection* de Loches, puis au fils de ce dernier, Jacques Loulet (mort vers 1725), qui fut maire de Loches de 1694 à 1705 puis en 1722. À la veille de la Révolution, ce domaine était la propriété de Marie Joseph Du Mottier de La Fayette, dit Lafayette. Il fut vendu comme bien national à un certain Pierre Buot, marchand à Beaulieu-lès-Loches.
Le manoir, construit au 16ème siècle et modifié en 1685, est formé d'un logis à hauts pignons et de bâtiments annexes. La façade sud du logis a conservé, dans sa partie est, son ouverture à meneaux. Un portail du 17ème siècle a été replaqué sur la façade. Il est formé d'un arc en plein cintre dont le linteau est soutenu par deux pilastres ioniques (base Mérimée).