Francueil
Le nom de cette commune, située sur la rive gauche du Cher, à l’est de Bléré, apparaît pour la première fois en 1105 sous la forme Parochia de Francolio, venant du gallo-romain Francoilios ou « champ (ialos) du Franc ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
La voie gallo-romaine qui suivait la rive gauche du Cher traversait le territoire de Francueil, en passant près de Ouldes (voir ci-après), où a été trouvé un trésor monétaire contenant plus de 500 potins à tête diabolique* et, franchissait peut-être le Ruisseau de Francueil, à côté de là, au Moulin à Tan, où des dalles anciennes auraient été vues.
Elle passait ensuite à Vingtain, qui pourrait être à 20 lieues gallo-romaines (44,400 km) de Caesarodunum et qui est effectivement à une quarantaine de km de Tours puis à Coulommiers où il y avait une colonne (columna), qui aurait été à l’origine de ce toponyme et qui aurait été une borne milliaire ; c’est là aussi que dans les vestiges d’un castellum, édifice de 120 mètres sur 40 mètres, de nombreux fragments de poteries sigillées* et une monnaie de Néron (empereur de 54 à 68) ont été découverts.
Des fours à chaux gallo-romains furent explorés par l'abbé Casimir Chevalier* en 1864 près de Port-Olivier (voir ci-après).
Une villa gallo-romaine* fut repérée par l’archéologie aérienne dans les années 1960 aux Sables de Coulommiers, non loin de l'ancienne voie romaine.
Histoire du fief :
Le fief appartenait à la famille Marques et, en 1274, un certain Guillaume Marques le donna au prieuré de Montoussan (Souvigny-de-Touraine) mais il revint ensuite dans les mains des seigneurs du château de Chenonceau (rive droite du Cher), dont une partie du parc s’étend d’ailleurs sur le territoire de la commune de Francueil.
C’est dans cette partie que se trouve le tombeau de Louise de Fontaine, plus connue sous le nom de Mme Dupin (voir Chenonceaux). Accessible par le GR 41, ce tombeau, inspiré de l’Antique, est soutenu aux angles par de larges pattes de lion et repose sur une base imposante comprenant trois marches au nord et cinq au sud. Dans cette partie du parc, on peut aussi voir le moulin de Vingtain (voir ci-dessus).
Histoire contemporaine :
Au 19ème siècle, il y avait un bac* sur le Cher ; le passage, dit de Port-Olivier, était situé entre Port-Olivier, à Francueil, sur la rive gauche, là où il y a actuellement le camping du Moulin-Fort et un port d’abordage se trouvant sur la rive droite, en aval de l’écluse du barrage au sud du bourg de Chisseaux.
En 1516, Jacques Bérard, seigneur de Chisseaux et de Thoré à Civray-de-Touraine, vendit les « port et passage » du Port-Olivier, et autres domaines, à Thomas Bohier (1460/1524), constructeur du château de Chenonceau.
Le bac* fut sans doute supprimé après la construction, à la fin du 19ème siècle, du pont sur le Cher entre Chisseaux et Francueil (D 80 aujourd’hui) ; celui-ci fut presque intégralement détruit en 1940 par le génie militaire pour freiner la progression des Allemands, et le bac fut remis en service jusqu’à la reconstruction du pont en 1955 sur les appuis restants.
Pendant l’occupation, la ligne de démarcation suivait le Cher et Francueil se retrouva en zone libre ; le bac et le barrage rendirent alors de grands services aux résistants et aux personnes fuyant la zone occupée.
À voir dans le bourg
Église Saint-Thibault :
L'église, dédiée à saint Thibault, placée autrefois sous le vocable de Notre-Dame, date de plusieurs époques. La plus grande partie de la nef appartient au 11ème siècle ; la chapelle du prieuré, qui communiquait avec le prieuré voisin (voir ci-après) date du 15ème siècle, comme la chapelle Sainte-Barbe, ancienne chapelle seigneuriale, très fréquentée par Louise de Lorraine, après l’assassinat de son époux Henri III en 1589 ; le chœur et la nef, du 16ème siècle, furent restaurés en 1726 puis au 19ème siècle.
Cette église appartenait à l'abbaye de Villeloin (Villeloin-Coulangé), qui fut confirmée dans cette possession par une charte d’Angebault, archevêque de Tours de 1146 à 1157. On la voit figurer encore, comme propriété de ce monastère dans une bulle du pape Adrien IV (pape de 1154 à 1159).
De la nef romane subsistent le mur sud en petit appareil irrégulier et sa porte méridionale en plein cintre encadrée de colonnes engagées et chapiteaux à feuillage. La façade occidentale a été modifiée au 16èmee siècle. L’archivolte de la porte en arc surbaissé s’appuie sur deux culs-de-lampe à personnages mutilés. La nef est couverte d’une charpente lambrissée. La chapelle seigneuriale du 15ème s. au nord est voûtée sur croisée d’ogives ; elle communique à l’est avec une petite chapelle aménagée dans la base de l’ancien clocher et voûtée sur croisée d’ogives prismatiques. Le chœur reconstruit au 16ème s. est très homogène : deux travées droites voûtées sur croisées d’ogives et une abside à cinq pans, voûtée sur six ogives dont la clé porte un blason meublé de trois clefs sur champ d’azur. Le tout est éclairé au sud et à l’est par cinq grandes baies à remplage flamboyant.
On peut voir à l’intérieur :
- Une statue de Sainte Barbe, du 16ème siècle (dans la chapelle Sainte-Barbe).
- Une Vierge à l’enfant, du 17ème siècle (dans la chapelle du prieuré).
- Une statue de Saint Thibault (ou Thibaud) du 17ème également (dans le chœur).
- Les armes de Thomas Bohier (voir Chenonceaux) (dans le chœur).
- Des vitraux de Julien Léopold Lobin et d’Armand Clément (voir Maîtres-verriers tourangeaux*).
- Un tableau représentant une Vierge à l’enfant, offert par Napoléon III en 1861.
Ancien presbytère :
Ce bâtiment du 15ème siècle a conservé, au nord, une tour d’escalier polygonale en brique avec chaînage d’angle en pierre de taille. Il abrita par la suite la poste, puis la cantine scolaire avec logements de fonction.
Il a été réhabilité en 2014 pour réaliser deux appartements sociaux ainsi que la salle du conseil.
Puits (rue du Château d’eau) :
Près du prieuré, un puits du 19ème siècle est muni d'une roue en bois pour remonter les seaux d'eau. C'est un "puits-chapelle" typique de cette région. Une voûte de pierre en plein cintre permet de réduire l'évaporation et d'éviter que l'eau soit souillée par les feuilles mortes.
Ancien prieuré :
Ce prieuré de l’abbaye de Villeloin (Villeloin-Coulangé), du 15ème siècle, a gardé au nord une tour d’escalier polygonale ; les marches sont en bois, sauf pour celles allant au sous-sol, et la main-courante est creusée dans le noyau. La chapelle prieurale, signalée en mauvais état en 1776, a disparu.
À voir au nord
Les Ouldes ou Les Houdes :
Ce fief est cité pour la 1ère fois en 1282, sous la forme Hosdes, comme appartenant à Alise, dame de Pauliac (charte de Jean de Montsoreau, archevêque de Tours de 1271 à 1284).
La seigneurie passa ensuite à la famille Marques ; en 1411, Jean I Marques, seigneur également de Chenonceau, livra aux Bourguignons ses seigneuries, qui furent incendiées et rasées par Jean II Le Meingre, dit Boucicaut (1353/1421). Le petit-fils de Jean I, Pierre Marques, vendit le domaine en 1468 à Adam de Hodon, seigneur de Mayet (Sarthe), père de Jean de Hodon et grand-père de Adam de Hodon, dit Monsieur de Varennes.
Jean de Hodon revendit le fief en 1494 à Thomas Bohier (1460/1524) (voir Chenonceaux), qui, en 1514, le réunit à son fief de Chenonceau et dès lors l’histoire des Ouldes se confond avec celle de Chenonceau.
En 1979, le domaine fut acheté par la comtesse Renaud de Laforcade, épouse de Renaud de Laforcade (1936/1998).
Le premier château des Ouldes, incendié par le maréchal Boucicault en 1411 fut reconstruit par Adam de Hodon au 15ème siècle. Seules deux tours isolées de cette construction subsistent, ainsi que la tourelle d'escalier du manoir actuel reconstruit en 1867 dans le même style.
Le château passa dans le domaine royal en 1535, et Catherine de Médicis y créa une magnanerie, planta des mûriers et convertit le bâtiment principal en filature. Ce fut ensuite, au 18ème siècle, un domaine viticole au 18ème siècle, lorsque Chenonceaux appartenait au fermier général Claude Dupin.
Le fils de ce dernier, Louis Dupin de Francueil (1715/1786), grand-père de George Sand (1804/1876), y séjourna souvent en compagnie de Jean-Jacques Rousseau.
Le manoir des Petites Ouldes, à quelques centaines de mètres au sud, rue Sylvain Chollet, a été construit à la fin du 19ème siècle.
Port-Olivier (nord-est) (voir ci-dessus) :
En 1516, le fief appartenait à Jacques Bérard (voir Bléré et Chisseaux), qui, cette année-là, le vendit à Thomas Bohier, seigneur de Chenonceau.
Le moulin a été construit en 1855 par Martin Pinon-Truchon, architecte à Bléré.
À voir ailleurs
Cambalu (ouest) :
Cette ancienne closerie fut construite en 1623 sur une cave importante. Elle était entourée de douves, qui furent comblées vers 1930.
On peut y louer deux gites : voit
https://www.gites.fr/gites_gite-le-cambalu-des-douves_francueil_h2286645.htm
https://www.valdeloire-france.com/organiser/hebergements/gites-et-locations/le-cambalu-des-vignes
Moulin Neuf (à la sortie du village, en allant vers Loches, au sud) :
Ce lieu appartenait, en 1754, à Jean Baptiste Desmarets, curé de Francueil, qui, cette année-là, vendit le moulin au fermier général Claude Dupin.
Le moulin actuel, du 19ème siècle, loue des chambres d’hôtes. Voir https://www.chambres-hotes.fr/chambres-hotes_le-moulin-de-francueil_francueil_h4748719.htm