Skip to main content

La Chapelle-Blanche-Saint-Martin


Le nom de cette commune, située au nord de Ligueil, apparaît au 10ème siècle sous le nom Ecclesia San Petri Capellae (église de la chapelle de Saint-Pierre), puis elle fut appelée, au 12ème siècle, Sancti Martini de villa, que dicitur Capella (chapelle dite du domaine de Saint-Martin). Le nom de Capella Alba (la Chapelle-Blanche), qui apparaît, pour sa part, au 13ème siècle, vient, soit de la blancheur de l’église (voir ci-après), construite en tuffeau, soit du miracle des fleurs blanches d’un prunier qui aurait fleuri en plein hiver, lors du passage des reliques de Saint Martin, au retour de Bourgogne, comme le figure un vitrail de l’église. (Voir aussi la Fontaine Saint-Martin, ci-après).

Ce n’est qu’en 1918 que le vocable actuel fut fixé pour distinguer cette commune de La Chapelle-sur-Loire, qui s’appelait aussi La Chapelle-Blanche.

Histoire

Histoire antique :

Le site a été occupé dès le néolithique et le Patrimoine des Communes d’Indre-et-Loire (Flohic, 2001) publie la photo d’un couteau à moissonner de cette époque mais ne donne aucune précision sur l’endroit précis de cette trouvaille.

Une très belle hache polie du néolithique, découverte à La Petite-Croix, au nord du bourg, peut être vue au musée du Grand-Pressigny

La Fontaine-Saint-Martin (voir ci-après) est probablement une ancienne source sacrée, christianisée par Saint-Martin*, située au bord d’un chemin, qui reprend sans doute une voie gallo-romaine.

Cette voie qui allait de Tournon-Saint-Pierre au Mans et plus précisément en ce qui concerne cette commune, de Ligueil à Manthelan est reprise par le chemin évoqué ci-dessus, qui franchit la Ligoire au gué de Montfouet et qui, plus au nord, est continué par un chemin portant le nom de « chemin pavé de Louis XI » et servant de limite entre La Chapelle Blanche et Vou, où elle peut être vue près du lieu-dit Les Saulquins.

Histoire ancienne et moderne :

Le nom de la seigneurie de Grillemont apparaît pour la première fois en 1064, dans une charte de l’abbaye Saint-Martin de Tours, sous la forme Grislomons ; le seigneur en est alors Geoffroy de Grillemont ; on trouve ensuite les formes Grislum mons (1095), Fortelicia de Grislemont (1205), Domus de Grillemont (13ème s.), Ville de Grillemont (1464). Ce qui confirme que le village primitif se trouvait près de ce château, où Louis XI serait venu au 15ème siècle.

Cette ancienne châtellenie relevait de la baronnie de Ligueil à foi et hommage lige et un roussin de service. Le jour de la Saint Laurent, le châtelain devait fournir à l'église de Ligueil un homme d'arme pour la garde de la vigile.

On voit, par un acte de 1443, que le seigneur de Betz était tenu de payer une livre de poivre au seigneur de Grillemont, le jour de la mi-août ou le dimanche d'après.

Le seigneur de Grillemont possédait un droit appelé « fleurs de Grillemont », qui consistait en une redevance qu'il percevait sur les bœufs existant dans le ressort de sa justice : trois sols un denier pour deux bœufs labourant dix arpents de terre, six sols deux deniers pour quatre bœufs labourant dix arpents de terre, etc...

Après avoir appartenu à la famille de Grillemont, la seigneurie appartint ensuite à la famille de Payen, également propriétaire de Boussay, de Chambon et de Preuilly et en premier lieu à Barthélémy de Payen (né vers 1190) qui participa à la 5ème croisade.

Ce dernier fut le père de Geoffroy de Payen, cité en 1223, qui épousa Isabeau de Preuilly, citée en 1245, et qui fut le père de Jean de Payen, cité en 1318, qui, avec son épouse Isabeau de Palluau, eut une fille, Jeanne de Payen, mariée à Nicolas III de Menou, seigneur de Boussay.

En 1375, le fief fut acheté par Ingelger II d’Amboise (mort en 1410), seigneur de Rochecorbon, fils d’Ingelger I d’Amboise, dit le Grand (mort en 1373) et père de Louis d’Amboise, seigneur d’Amboise et de Bléré, qui, en 1400, le donna à sa sœur, Péronnelle d’Amboise (morte en 1405), épouse d’Olivier Du Guesclin (mort en 1403), frère du connétable de Charles V, Bertrand Du Guesclin (mort en 1380).

Par la suite, Roland de Lescoët (mort en 1467) acheta la seigneurie et fit construire, vers 1460, une importante forteresse, qui a été, en partie, démolie et réaménagée (voir ci-après).

Ce dernier fut notamment chambellan de Louis XI et Grand Veneur de France, charge dans laquelle il remplaça, en 1457, Jean Soreau (mort vers 1482), frère d’Agnès Sorel (1422/1450), ainsi que gouverneur de la ville et du château de Loches ; il mourut sans doute le 10 décembre 1467 et fut enterré dans la collégiale Saint-Ours. Son tombeau était composé de quatre lames de cuivre rouge, attachées par des bandes plates, avec cette épitaphe :

« Sous ce piteulx édifice doland, se gist le corps de messire Rolland De Lescouet très léal chevalier. En son vivant châbellan côseiller du roy des Francs, et grand veneur de France. De Montargis bailly de grand prudence. Maistre des eaulx et forests de Touraine. De Loches fut général capitaine, et de Bourgoin ; moult vaillant et expert ; Seigneur aussi estoit de Kéripert et de Kemblec, voire de Grillemont, qui trespassa, comme tous vivans font, le jour mortel dixième de décembre Mil et cinq cens … ; de ce suis je remembre. Et puis lui mort fut mis soubz cette lame. Priés à Dieu qu’il veuille avoir son âme. »

Roland II de Lescoët (mort en 1557), arrière-petit-fils de Roland, fut le père de Jeanne de Lescoët, qui épousa en 1576 René de Vaucelles, également seigneur du Rouvray à Saint-Jean-Saint-Germain.

Une maladrerie fut édifiée au 17ème siècle.

Le château, acheté en 1739 par François Balthazar Dangé d’Orsay (1696/1777) (voir Bossée et Bournan), fut légué à son neveu René François Constance Dangé d’Orsay (1773/1795), qui fut également seigneur de Civray-de-Touraine, de Manthelan et de Vou.

C’est à cette époque que le village fut transplanté près de l’église appelée la Chapelle blanche.

A voir dans le bourg

L'église Saint-Martin, construite au 12ème siècle (nef unique et clocher carré), a été agrandie au 13ème siècle (chœur gothique à chevet plat). La façade romane fut épaulée en 1520 par deux contreforts. Elle a été remaniée au 16ème siècle (collatéral Sud du chœur et chapelle Nord) puis restaurée au 17ème siècle et en 1922 (fausse voûte de la nef).

L’église, à l’origine, était placée sous le patronage de Saint Pierre. Celui de Saint Martin* lui succéda à la fin du 12ème siècle, certainement à l’occasion de la reconstruction du monument qui était sous l’influence de l’Abbaye de Saint-Martin-de-Tours, propriétaire de l’église.

Dans le chœur, à droite (collatéral sud), subsistent des vestiges de peintures murales du 16ème siècle, parmi lesquels une Sainte Radegonde, reconnaissable à ses attributs traditionnels (le sceptre et la couronne) ainsi qu’à l’inscription en lettres gothiques, qui la surmonte.

Dans la chapelle de gauche, on peut admirer une Piéta du 15ème siècle, retrouvée en 1902 en plusieurs morceaux dans les murs du clocher. Très mutilée, elle a été d’abord reconstituée sommairement et affreusement modifiée ; cette Piéta, sculptée dans un seul bloc de tuffeau, conserve des restes de la polychromie originale ; elle a été restaurée en 1994.

Cette église est une des plus riches en représentations historiées de la vie de Saint Martin. Trois vitraux du 19ème siècle rappellent chacun un épisode de la vie de Saint Martin, événements prodigieux qui seraient survenus à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin et dans les alentours. Ces verrières sont les œuvres des derniers maîtres de la dynastie Lobin : Julien Prosper Florence et Étienne Lobin.

Le vitrail du centre, le plus ancien, est celui du transfert de la châsse de saint Martin et des paralytiques. Il s’inspire d’un tableau alors conservé dans la chapelle du château de Grillemont, et représente la « réversion de saint Martin », le retour des reliques du saint, qui furent ramenées de Bourgogne, où elles avaient été mises à l’abri au moment des invasions normandes, à Tours vers 885 pour y être installées définitivement. Deux paralytiques, profitant du passage du cortège, demandèrent l’aumône. Des rayons d’or s’échappèrent de la châsse et vinrent miraculeusement guérir ces infirmes. Privés désormais de leur gagne-pain, ils fuirent, pour continuer à vivre d’aumônes. Mais, comprenant qu’ils ne pouvaient dissimuler leur guérison, ils annoncèrent le miracle, et comme témoignage de reconnaissance, portèrent leurs béquilles à l’église. C’est alors que les arbres se mirent à verdir et fleurir, bien que l’on fût en hiver. Dans le fond, se devinent le château de Grillemont et l’église de la Chapelle Blanche.

Le vitrail de droite représente l’agression des muletiers dont Martin fut victime près de la Ferme de la Varenne. La colère de Dieu s’étant manifestée par un violent orage, les agresseurs se repentirent et, sous un ciel redevenu clair, s’agenouillèrent aux pieds du saint, pendant qu’un âne buvait à la source miraculeusement jaillie au lieu-dit « Montfouet », devenue « Fontaine Saint-Martin ».

Le vitrail de gauche évoque le déplacement de Saint Martin au Carroir Jodel (entre le Louroux et Bossay) pour y détruire le dernier des temples païens de la région. Pour narguer Saint Martin, le Diable, monté dans un peuplier, fit tomber une grosse branche près du saint et le tira de sa méditation. Martin reconnut le Diable qui lui dit « Tu n’en ferais pas autant, toi ». Alors Saint Martin monta dans l’arbre, et avec son couteau fit tant et si vite qu’il ne resta plus rien pour soutenir le diable, qui tomba et s’enfuit.

Devant l'église, on peut observer une pierre d'attente (ou dépositoire funéraire) sur laquelle étaient déposés les cercueils pour être bénis avant la cérémonie funèbre. Il s’agit sans doute, à l’origine, d’une pierre d’autel médiévale.

A côté, un puits en pierre de tuffeau, datant du moyen âge a été restauré en 1924. Il a longtemps servi de puits communal.

Deux cimetières se trouvaient derrière ce puits, un pour les enfants et un autre pour les adultes. Au 18ème siècle, ils furent déplacés sur ce qui est aujourd’hui la place centrale du bourg ; le calvaire, qui y était se trouve dans le cimetière actuel, à gauche de la route de Manthelan.

À voir au sud-est

Fontaine Saint-Martin

On dit que Saint Martin*, alors qu’il évangélisait la Touraine accompagné de son âne, fut attaqué et blessé par des muletiers dont l’attelage avait été effrayé à la vue du saint et de ses vêtements. Mais aussitôt, alors que le ciel était serein jusque-là, un violent orage se déclencha. Les muletiers, comprenant leur sacrilège, se jetèrent aux pieds de Martin. Celui-ci calma sans peine l’orage, pardonna aux repentis et les bénit. On ajoute que cette agression eut lieu près de la ferme de la Varenne mais cela me semble peu probable.

En effet, cette ferme se trouve à près d’un kilomètre de l’ancien chemin pavé de Louis XI, qui reprend sans doute une voie gallo-romaine allant de Ligueil à Tours via Manthelan et que Saint Martin empruntait probablement pour regagner son évêché. Il est plus vraisemblable que Saint Martin ait été attaqué à Montfouet, qui viendrait de Male factum (là où le mal a été fait) et qui se trouve sur cette ancienne voie ; il y avait là un gué, situé à 750 mètres environ de la source, où Saint Martin aurait été laver ses plaies.

Cette fontaine fut longtemps considérée comme miraculeuse. Les pèlerins y conduisaient leurs jeunes enfants un peu faibles et encore incapables de marcher, pour leur fortifier les jambes. Une croix de bois a été dressée près du bassin. Des pèlerinages y étaient organisés de 1922 à 1940, le premier dimanche de juillet, puis après la guerre et jusqu’en 1955, en septembre, après la coupe des foins.

C’est là aussi que se serait situé, vers 885, le miracle du transfert de la châsse de Saint Martin (voir le vitrail de l’église).

À voir à l’ouest

Le château de Grillemont (voir histoire ancienne et moderne)

La forteresse de Bertrand de Lescoët, construite vers 1460, était primitivement défendue par des douves et des étangs. Les trois grosses tours circulaires subsistent et l’une a gardé ses mâchicoulis.

Au 18ème siècle, le château fut modifié par François Balthazar Dangé d’Orsay : le donjon fut rasé pour remblayer la cour d'honneur et les mâchicoulis furent supprimés des deux tours ouest.

La cour d'honneur a conservé l'ordonnance du 18ème. L'aile orientale était prolongée  par un bâtiment de briques qui a été détruit pour être remplacé par un pavillon,  édifié dans le style du 18ème. Un autre pavillon prolonge l'aile opposée.

Sous le Second Empire, un salon de musique a été aménagé avec un décor en faux marbre.

La cage d'escalier,  conçue au 18ème, a été remaniée au 19ème. Les communs du 18ème siècle  sont édifiés au nord sur un plan en U. Les trois ailes sont disposées autour d'une cour rectangulaire.

Ce château fut acheté en 1850 par le banquier Gérasime Lecointre (1809/1888) pour y loger ses 17 enfants. Son fils Pierre Lecointre (1841/1928), qui épousa Henriette Delamare de Monchaux (1854/1911), petite-fille de Hubert Joseph Lyautey (1789/1867), général du second empire et grand-père du maréchal de France Hubert Lyautey (1854/1934), fit restaurer et moderniser le château par l’architecte Charles Guérin (1847/1919), fils de Gustave.

Pierre Lecointre fut le père du géologue Georges Louis Lecointre (1888/1972), lui-même père de Colette Lecointre (1920/2017), dite comtesse de Saint-Seine, suite à son mariage, en 1943 avec le comte Christian de Saint-Seine (1916/1995).

Pendant la seconde guerre mondiale, le château fut d’abord occupé par une partie du gouvernement puis par les Allemands, qui y installèrent un poste de douane surveillant la ligne de démarcation passant à 4 km du village ainsi qu’une prison, dans laquelle 846 personnes furent internées.

Ce château peut être visité en été.


Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User