Les voies de la Vienne au Cher (6.1, 6.2 et 6.3)
Trois voies reliaient la vallée de la Vienne à celle du Cher : une allant de Vouneuil-sur-Vienne à Montrichard, via Barrou, une autre partant de Dangé-Saint-Romain pour se diriger vers Thésée et une troisième allant de Nouâtre à Azay-sur-Cher
De Vouneuil-sur-Vienne (86) à Montrichard (41)
À Moussais (Mocciacum), dit aujourd’hui Moussais-la-Bataille, où se serait déroulée une des « batailles de Poitiers » (commune de Vouneuil-sur-Vienne), deux grandes voies se croisaient : celle qui suivait la rive gauche de la Vienne (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-vienne-voies-4-1-et-4-2) et celle qui reliait Bordeaux à Bourges en allant, pour ce qui est du territoire de Turons, de Barrou à Montrichard
Croisement de Moussais (photo PMD août 2011)
Après avoir longé la réserve actuelle du Pinail, où il y avait un oppidum sur lequel une pièce en bronze de Galba a été trouvée, la voie franchissait la Vienne au gué de Ribes, hameau qui comptait encore une centaine d’habitants en 1900 ; des grottes troglodytiques et des silex taillés indiquent l’ancienneté de ce lieu, également riche en minerai de fer, d’où l’ancien nom de Forges, donné à ce hameau.
Le gué de Ribes (photo PMD août 2011)
Il y avait là, à l’époque gallo-romaine, un temple et un port (de chaque côté de la rivière) qui fut encore utilisé lors de la construction du pont Henri IV de Châtellerault, en 1609. Le gué a ensuite été remplacé par un bac. Selon une tradition locale, la Vienne était ici appelée « la Rivière-aux-Oies » ; peut-être s’agit-il, comme pour le Pont-aux-Oies de Joué-lès-Tours (voir voie Nouâtre/Vaas), d’une déformation de « voie (gallo-romaine) ».
Ancienne voie entre Ribes et Chenevelles (photo PMD août 2011)
Après Ribes, la voie allait vers Chenevelles (Canabella = champ de chanvre) en passant par le Bois-de-Foi ou de-La-Foye et en franchissant l’Ozon au gué de Maugeant. Elle traversait ensuite le territoire des Pictons, avant de traverser la Creuse entre Mairé et Barrou (voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-creuse).
Communes traversées : Barrou, Le Grand-Pressigny, Betz-le-Château, Verneuil-sur-Indre, Saint-Jean-Saint-Germain, Sennevières, Montrésor, Beaumont-Village, Orbigny et Céré-la-Ronde.
Barrou (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2).
La voie, reprise par l’actuelle D 60, se dirigeait ensuite vers Le Grand-Pressigny, en passant à côté du lieu-dit Soulanger (Subalaniacum) ; cette région, très riche en silex turonien, a fourni des lames de 40 cm exportées, au néolithique, dans toute l’Europe ; des restes d’une villa rustica et d’un aqueduc gallo-romains ont été trouvés à La Blanchetière, au nord de cette commune, où un très beau musée préhistorique a été installé dans le château du 12e siècle.
Ancienne voie entre Barrou et Le Grand-Pressigny (photo PMD août 2011)
Des domaines agricoles gallo-romains (villae rusticae) existaient sans doute à Grignon (au sud-est du bourg), venant de Grinionem ou « propriété de Grinius », où il y a une ferme abandonnée, à La Villatte (au nord-ouest du bourg, sur la rive gauche de la Claise), venant de Villetta ou « le petit domaine », à Moisay (également au nord-ouest du bourg, sur la rive gauche de la Claise), venant Mosiacum ou « domaine du gaulois Mausios » et à Valençay (au sud-ouest du bourg, sur la rive gauche de la Claise), venant de Valentiacum ou « domaine du Fort ».
Selon Jean-Claude Marquet, la voie franchissait la Claise sur un pont de pierre.
La Celle-Guénand, Saint-Flovier et Betz-le-Château
Après Le Grand-Pressigny, la voie se dirigeait vers Betz-le-Château et elle est peut-être reprise par un chemin qui croise la voie Tournon-Saint-Pierre/Le Mans (voir voies du sud au nord) au lieu-dit La Haute-Borne (commune de La Celle-Guénand), à l’entrée du bois de Paulmy, où il y a encore une croix, qui indique un croisement et qui a peut-être remplacé un ancien menhir, comme c’est parfois le cas.
Croisement de la Haute-Borne (photo PMD août 2011)
Cette voie franchissait le Brignon à Sainte Jullite (commune de Saint-Flovier) et traversait tout le territoire de Betz-le-château, à l’est du bourg ; elle a été repérée dans le Bois de Chevreux, à La Biche et à La Faisanderie, avant d’entrer sur la commune actuelle de Verneuil-sur-Indre.
À Betz-le-Château se trouvait l’oppidum turon de La Châtre occupé sans doute dès le néolithique, qui s’étendait sur 30 ha d’un éperon naturel entre le Brignon et une « Courance » (fossé rempli d’eau) ; il était du type « éperon barré » et fermé par un rempart de terre ; il est considéré comme l’un des cinq grands oppida des Turons, bien qu’il soit un peu difficile de comprendre quel était son intérêt stratégique.
Betz-le-château, oppidum de la Châtre (photo PMD août 2011)
On y a aussi découvert une nécropole gallo-romaine située à côté de l’ancien cimetière contenant des sépultures à inhumation et à incinération, avec des céramiques funéraires et sigillées noires, du 1er siècle après JC.
Un musée, installé dans l’ancienne et la nouvelle mairie, présente du mobilier néolithique, dont un polissoir découvert près de la ferme du Verger (sud-ouest, sur le plateau dominant le bourg et la vallée du Brignon) ainsi que des céramiques de la nécropole.
La voie, qui se dirigeait ensuite vers Verneuil-sur-Indre en traversant une forêt dans laquelle s’abritait le maquis Césario durant la dernière guerre, a été repérée par Jacques Boussard (voir Gallia 5.2, 1947, pages 452/454) à l’ouest du Murget, lieu près duquel Jean-Mary Couderc a découvert une double enceinte gauloise, ayant une fonction funéraire et religieuse (voir BSAT 40, 1984, pages 73/788).
Ancienne voie au Murget (photo PMD août 2011)
Elle passait ensuite au sud immédiat du château de Verneuil-sur-Indre, où Jacques Boussard a aussi découvert son assise de graviers, de 10 m de large.
Saint-Jean-Saint-Germain et Sennevières
Elle rejoignait au gué de Rouvray (commune de Saint-Jean-Saint-Germain) la voie de la rive gauche de l’Indre puis, après avoir franchi ce gué, elle croisait la voie de la rive droite (voir Les voies longeant l’Indre).
Saint-Jean-Saint-Germain : gué du Rouvray (photo PMD juin 2011)
La voie continuait ensuite vers Sennevières où un monastère fut fondé au 6e siècle par un certain Ursus, inhumé après sa mort à Loches sous le nom de Saint-Ours puis vers la commune de Montrésor.
Montrésor est une des plus belles communes d’Indre-et-Loire : on peut y voir le donjon de la forteresse édifiée au tout début de 11e siècle par un vassal de Foulques Nerra, et le château (14e et 15e s.) qui lui a succédé ainsi que quelques vieilles maisons à colombages des 15e et 16e siècles (rue Branicki) ou encore la maison du Chancelier (1581) avec sa tourelle à encorbellement (Grande-Rue) ; il y a aussi La halle-aux-Laines ou aux-Cardeux (18e siècle), le cardage de la laine étant l’activité principale de la région jusqu’au 19e siècle.
Montrésor : aqueduc de la Ronde(photo PMD déc.2011)
Près de l’ancienne gare de la ligne à voie métrique Loches/Montrésor (aujourd’hui La Poste), sur la rive gauche de l’Indrois, subsistent les restes de deux aqueducs gallo-romains : celui de Gravier et celui de La Ronde, qui partait d’une source située dans la vallée du Ruisseau-d’Aubigny (Albiniacum), près du lieu-dit Villiers (Villaris), sur la commune de Villeloin-Coulangé, pour alimenter en eau potable une villa gallo-romaine située entre Montrésor et Chemillé-sur-Indrois.
Beaumont-Village, Orbigny et Céré-la-Ronde
La voie passait ensuite près de la commune actuelle de Beaumont-Village et du domaine de Cephou, sur la commune d’Orbigny (Urbiniacum) venant de Cofiacum, avant d’arriver à La Croix Mouzé (Maletiacum), où elle croisait la voie Dangé-Saint-Romain/Thésée (voir ci-après) puis à La Maison-Rouge (commune de Céré-La-Ronde), où elle est encore bien visible. Ce toponyme de « la ronde » vient du gallo-romain rotunda (villa) ou « domaine en rond ».
Céré-la-Ronde : ancienne voie près de la Maison Rouge (photo PMD déc 2011)
Après la Maison Rouge, la voie montait vers le point culminant de l’Indre-et-Loire, qui se trouve au Signal-de-La Ronde (136 m.), d’où l’on voit la vallée de l’Indrois au sud et la vallée du Cher, au nord, avant de continuer vers Faverolles-sur-Cher, sur la rive gauche du Cher et Montrichard, sur la rive droite (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-lindre-voies-3-1-et-3-2).
De Dangé-Saint-Romain (86) à Thésée (41)
Cette voie était une portion d’une voie importante allant de Poitiers à Blois, qui deviendra ensuite une des routes d’Espagne et un des chemins de Compostelle.
Communes traversées : Dangé-Saint-Romain, Les Ormes, Buxeuil, Descartes (Balesmes), Cussay, Ligueil, Ciran, Varennes, Loches, Beaulieu-lès-Loches, Ferrières-sur-Beaulieu, Genillé et Céré-La-Ronde.
Dangé-Saint-Romain et Les Ormes
À partir de Dangé-Saint-Romain, dans la vallée de la Vienne (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-vienne-voies-4-1-et-4-2), une voie partait vers la vallée du Cher, à l’est, et il est possible que sa trace soit conservée par le chemin des-Ameuls puis par le chemin qui traverse le parc actuel du château de La Fontaine-Dangé (Les Ormes) pour arriver à Saint-Sulpice où il y eut, bien avant le prieuré, un oppidum néolithique puis gallo-romain. Après Saint-Sulpice la voie continuait par un chemin passant par Les Podevins et rejoignant l’actuelle D 58.
Les Ormes, ancienne voie au château de La Fontaine (photo PMD nov 2011)
Buxeuil et Descartes (Balesmes)
Après Le Poteau-Rouge (à la limite entre Les Ormes et Buxeuil), la départementale oblique à droite tandis que l’ancienne voie continuait tout droit ; elle est encore bien marquée et pavée dans la descente vers Buxeuil, près du sanctuaire de Notre-Dame-de-Vaugibault, ancien lieu de pèlerinage.
Buxeuil : ancienne voie à côté de Vaugibault (photo PMD août 2011)
Elle croisait alors la voie qui suivait la rive gauche de la Creuse (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2), près de l’église Saint-Pierre de Buxeuil, avant de traverser à gué cette rivière pour arriver dans l’ancienne commune de Balesmes, toponyme gaulois, venant de la déesse Belisama : la très brillante ou la très puissante, déesse du feu et des forgerons, mais aussi protectrice des sources, qui était une grande divinité gauloise, assimilée à Minerve et associée à Belenos, l’Apollon gaulois.
L’église Saint-Pierre de Balesmes fut fondée au 11e siècle puis agrandie au 12e siècle ; dans les environs se trouve un grand dolmen, appelé Le Chillou-du-Feuillet et situé sur les terres de La Barbotinière, qui appartint à l’écrivain René Boylesve.
Descartes : le Chillou du Feuillet (photo PMD juillet 2010)
Il est probable que cette église Saint-Pierre de Balesmes soit liée à l’église Saint-Pierre de Buxeuil, qui a sans doute pris la place d’un temple dédié à Belisama ; le culte de cette déesse était en effet souvent célébré près des sources et l’on trouve, à proximité, l’importante source de la Crosse, qui, encore aujourd’hui, alimente en eau toute la région.
La commune de Balesmes fut rattachée en 1966 à celle de Descartes, anciennement La Haye puis La Haye-Descartes.
Ancienne voie à la sortie de Descartes (photo PMD déc. 2011)
La voie sortait de Balesmes-Descartes par ce qui est aujourd’hui la rue de La Vauberde puis la route de-Cery (Servacum) qui passe à l’ouest de la source du Bonnet-Rouge ; après Migné (Magniacum), elle est continuée par un chemin bien marqué dans le paysage, qui se dirige vers La Pilaudière ; elle est ensuite reprise par une route se dirige vers la commune actuelle de Cussay (Curtiacum).
Ancienne voie entre Descartes et Cussay, près de la Pilaudière (photo PMD déc. 2011)
Cussay et Ligueil
Cette route passe entre La Folie (à l’ouest) et La Maison-Rouge (à l’est), avant d’arriver à La Roche-d’Anchaille, qui fut probablement un oppidum, où il y eut ensuite un château au 13e siècle.
Ancienne voie entre Cussay et Ligueil (photo PMD sept 2014)
Après Cussay, la voie se dirigeait vers la commune actuelle de Ligueil, en passant à côté du domaine d’Épigny (Hispaniacum), appartenant à un Espagnol, comme l’indique le toponyme, puis par la rue du Paradis, où une nécropole gallo-romaine a été découverte à la fin du 19e siècle.
Elle croisait la voie Tournon-Saint-Pierre/Le Mans (voir voies du sud au nord) près de l’église actuelle, fondée au 4e siècle par Saint Martin, qui a probablement remplacé un temple gallo-romain, dédié peut-être au dieu Lug qui, selon certains, aurait donné son nom à ce lieu ; temple qui se serait trouvé au carrefour de ces deux voies, avant d’être détruit par saint Martin, qui était coutumier de ces faits. On peut dire en effet que, pratiquement toujours, « là où Saint Martin est passé, un culte romain est trépassé » (proverbe personnel et païen).
D’autres domaines existaient dans la région, notamment à Noizay (Nautiacum) et à Cerçay (Sarciacum), près de la voie Tournon-Saint-Pierre/Le Mans ainsi qu’à Mareuil (Maroialum), site occupé depuis le néolithique, qui a fourni des structures d’habitat, des sépultures, des outils taillés sur place : haches, grattoirs, lames, burins, perçoirs, pointes de flèches, dont certains peuvent être vus au Musée du Grand Pressigny, ainsi que de nombreux fragments de céramiques avec des décors imprimés à motif orthogonal, puis d’importants vestiges d’un établissement gallo-romain : murs, dallages et tuiles.
Ligueil : croisement des voies 6.2 et 7.3 (photo PMD juin 2018)
La voie sortait de Ligueil par l’actuelle avenue Léon Bion (D 390), mais elle est perdue après Goussard. Il se peut qu’elle passât ensuite par Mareuil et Les Lauderies (comme de Ligueil), au Gué-Meunier (commune de Ciran), où elle franchissait l’Estrigueil, au Petit-Aulnay (frontière entre Ciran et Varennes), puis, sur l’actuelle commune de Varennes, au Mazery (du latin Maceriae = les Ruines) et au Château-de-Saint-Senoch, près duquel Saint-Martin édifia un oratoire au 4e siècle.
Ancienne voie entre Ligueil et Ciran (photo PMD sept. 2014)
On la retrouve ensuite sous la forme d’un chemin qui longe la rive droite de l’Estrigueil, puis sous la forme d’un autre chemin qui va de la Fontaine-de-La-Bobinière (sources de l’Estrigueil) à La Boutière, où elle entrait sur la commune actuelle de Loches, et enfin sous la forme d’une route allant de Beaucée à Fretay. Au moyen-âge, cette dernière partie de la voie était un chemin de pèlerinage vers l’abbaye Saint-Martin de Tours.
La voie longeait la propriété du château de Fretay (Frittiacum), du 18e siècle, qui a été construit à la place d’une ancienne commanderie des Templiers, dont il reste un pigeonnier du 15e siècle, ayant remplacé elle-même une villa gallo-romaine.
Ancienne voie à Fretay (photo PMD oct. 2022)
Nous sommes maintenant sur la commune actuelle de Loches, où notre voie croisait les voies suivant le cours de l’Indre (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-lindre-voies-3-1-et-3-2) avant d’arriver à Beaulieu-lès-Loches, qui fut pendant longtemps la rivale de Loches ; au début du 11e siècle, Foulques Nerra, en expiation d’un meurtre, y construisit une abbaye, dans laquelle il fut inhumé.
Notre voie (actuelle rue Brûlée) y croisait au bien nommé Carroir la voie suivant la rive droite de l'Indre (ancienne route d'Espagne et actuelle rue Bourgeoise).
Beaulieu-lès-Loches : Le Carroir (photo PMD juillet 2021)
Ferrières-sur-Beaulieu et Genillé
À la sortie de Beaulieu-lès-Loches, en allant vers Ferrières-sur-Beaulieu, la voix passait à Guigné (Winiacum), où l’on peut voir entre de vieilles bâtisses un escalier appelé l’escalier du diable.
La voie arrivait ensuite sur la commune actuelle de Genillé, où l’on a découvert des poignards en silex provenant du paléolithique inférieur et près de laquelle se trouve le dolmen d’Hys, sur la commune du Liège.
Des domaines agricoles gallo-romains existaient aussi à Logny (Launiacum), Rigny (Reginiacum) et à Rassay (Recciacum) ; celui de Rigny est continué par une ferme ayant un pigeonnier-porche contenant 500 boulins et celui de Rassay par un manoir du 18e siècle qui a remplacé un logis du 13e siècle.
Genillé : ancienne voie à Montaigu (photo PMD sept 2019)
La voie est encore bien visible à Montaigu, où se trouve une source, protégée par une construction au 18e siècle ; cette source, qui avait la réputation de guérir les maladies d’yeux et de faire maigrir, est sans doute une source antique qui a été christianisée. Il y a là aussi une maison forte, qui a peut-être remplacé un castrum qui protégeait la voie. Après Montaigu, un chemin, en partie empierré (Flânerie-des-Bords-d’Indrois) suit la rive gauche de l’Indrois, et un gros tas de pierres, à gauche de cette voie, constitue peut-être les vestiges d’un dolmen détruit.
L’ancienne voie disparaît ensuite ; elle traversait peut-être L’Indrois au Îles puis longeait la rive droite (chemin-des-Îles), franchissait un petit affluent de l’Indrois au Gué-de-Poulin, continuait vers La Ferme-Neuve, propriété, qui fut au 19e siècle une ferme modèle dépendant du château de Marolles, où naquit l’écrivain Michel de Marolles, où elle est de nouveau bien visible.
Ancienne voie entre Genillé et Céré-la-Ronde,, du côté de la Ferme neuve (photo PMD nov 2011)
Elle passait sans doute ensuite au Carroi-du-Chêne-de-l’Évangile (carrefour entre les communes de Genillé, Le Liège et Céré-La-Ronde), avant d’arriver à la Croix-Mouzé (commune de Céré-La-Ronde)., où elle croisait la voie précédente puis elle montait aux Pyramides avant de continuer vers Pouillé et Thésée (voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/04-les-voies-sur-la-rive-droite-du-cher).
Céré la Ronde : ancienne voie aux Pyramides (photo PMD nov 2011)
De Nouâtre (37) à Azay-sur-Cher (37)
Communes traversées : Nouâtre, Maillé, Pouzay, Sainte-Maure-de-Touraine, Sainte-Catherine-de-Fierbois, Saint-Branchs, Cormery, Truyes et Azay-sur-Cher.
Nouâtre et Maillé
Nous avons vu dans l'article concernant les voies qui longeait la Vienne, que la voie de la rive droite de la Vienne passait à Nouâtre. À la sortie nord-ouest de l’agglomération, au lieu-dit Talvois, une voie partait vers l’est en direction de la vallée du Cher via Sainte-Maure-de-Touraine et Cormery.
Cette voie passait d’abord sur la commune actuelle de Maillé (tristement connue pour le massacre du 25 août 1944), entre Les Gaudeberts et le château d’Argenson, qui appartint à la famille de Marc René de Voyer de Paulmy d’Argenson (1652/1721), lieutenant général de police pendant 21 ans.
Pouzay et Sainte-Maure-de-Touraine
Après l’ancienne villa gallo-romaine de Douce (Dulciacum), sur la commune de Pouzay, devenue un manoir au 15e siècle, la voie continuait vers Sainte-Maure-de-Touraine en passant, au lieu-dit Les Raudières, à côté de La Pierre-Fondue, dolmen connu aussi sous le nom de dolmen de Boumiers ou de Bommiers.
Ancienne voie près du dolmen de Bommiers (photo PMD mai 2011)
Peu après, la ferme de La Petite-Baillolière est un ancien fief dépendant du château d’Argenson. Il y a là plusieurs grosses pierres provenant, selon le témoignage du propriétaire, d’un lieu appelé « Les Trois-Croix », au bord d’une petite route allant vers Maillé.
Selon une tradition locale, c’est à cet endroit que se serait déroulée une dernière « bataille de Poitiers », après laquelle Charles Martel aurait déposé son épée dans une chapelle, située ensuite sur la commune actuelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois, où elle aurait été retrouvée, beaucoup plus tard, par Jeanne d’Arc ; quant aux corps des Maures tués, ils auraient été enterrés sur les terres d’un domaine voisin, La Bommelière, où le maire Mathurin Martin-Tiffeneau dit avoir trouvé de très nombreux ossements, dont l’origine est inexpliquée (Voir https://www.noyers-nouatre.fr/e-la-bataille-de-sainte-maure/).
Non loin de là, à l’ouest, sur une petite butte, le manoir d’Anzay (Anciacum) continue une villa gallo-romaine et, près de là, on a découvert vers 1910, en refaisant la route allant à Sainte-Maure, une nécropole dans laquelle on a dégagé des poteries, notamment une cruche d’origine grecque, une cruche locale, deux écuelles en terre rougeâtre et une carafe en verre ainsi qu’une hachette en fer.
Ancienne voie près de la Croix Treflée (photo PMD mai 2011)
On arrive ensuite près d’une croix tréflée, entourée d’un petit déambulatoire et située sur ce qui devint l’un des plus importants chemins de Compostelle, dit via turonensis ; de l’autre côté de la route actuelle, la voie est encore bien marquée à l’intérieur d’une propriété privée.
Ancienne voie à l'arrivée sur Sainte-Maure (photo PMD mai 2011)
L’ancienne route, maintenant disparue, passait entre une petite colline appelée Le Peu-Blanc et le lieu-dit Les Chauffeaux, où l’un des plus anciens habitats turons, datant de la Tène I, a été repéré ; les fouilles ont mis à jour un carquois en bronze et en fer du 5e siècle av. J.-C. ainsi que des pièces de métiers à tisser, montrant qu’il y avait là des moutons dont la laine était travaillée.
La voie contournait ensuite par l’ouest l’ancienne citadelle gallo-romaine, dont le nom primitif était Arciacum, en franchissant la Manse par l’actuelle rue du moulin, prolongée par les rues Auguste Chevallier et du docteur Patry puis par l’impasse du-ha-ha (le ha-ha ou saut-de-loup étant une disposition, dans les fortifications, utilisée dès l’antiquité, pour retarder les assaillants).
Sainte-Maure, oppidum des deux Manses (photo PMD avril 2011)
Au lieu-dit Les Poteries (à l’ouest, sur la route de Saint-Épain), se trouvait l’une des places fortes principales des Turons, connue aujourd’hui sous le nom « d’oppidum des deux Manses » ; c’était un oppidum du type « éperon barré », protégé par la Manse et le Courtineau. Cette place-forte couvrait huit hectares et le rempart, qui fait 12 mètres d’épaisseur à la base, est encore bien visible par endroit ; mais c’est une propriété privée à laquelle l’accès n’est pas toujours aisé.
La voie sortait de Sainte-Maure par l’actuelle rue de Sainte-Catherine et se dirigeait vers Sainte-Catherine-de-Fierbois, où elle rencontrait la voie Chinon/Loches (voir voies de la Vienne à l’Indre) à La Croix-des-Barres. Les fouilles faites en 2013 à l’occasion de la construction de la LGV ont mis à jour, un peu avant ce croisement, à La Croix-de-Berre (ouest du bourg) un site occupé depuis l’âge du bronze jusqu’au haut moyen-âge. Il y eut notamment à cet endroit une villa gallo-romaine avec des thermes, des fossés, une palissade, une tour-porche. On y a trouvé, outre une pointe de flèche en silex de l’âge du bronze, des monnaies romaines, des outils en fer et des appliques en bronze.
Abandonné à la fin du 3e siècle, le site fut réoccupé au 7e siècle et une chapelle sur poteaux, entourée d’une nécropole, y fut édifiée. Peut-être s’agit-il du premier emplacement de la future agglomération.
Ancienne voie entre Sainte-Catherine et Saint-Branchs (photo PMD mai 2011)
Ancienne voie entre Saint-Branchs et Cormery (photo PMD mai 2011)
La voie arrivait ensuite sur le territoire de la commune de Saint-Branchs, où elle croisait une voie allant Tournon-Saint-Pierre au Mans (voir voies du sud au nord) avant de franchir l’Échandon au Pont-Girault (à cheval sur les communes de Saint-Branchs et d’Esvres-sur-Indre). Ce pont, dit aussi Pont-Romain ou Pont-aux-Fées, date en fait du 13e siècle ; la voie ancienne, pour sa part, traversait ce cours d’eau par un gué, situé, comme de coutume, en aval du pont et encore bien visible.
Saint-Branchs, le Pont-Girault et le gué (photo PMD mai 2011)
De l’autre côté de l’Échandon, la voie remontait en longeant l’ancien mur du château de Montchenain (à la limite entre Esvres-sur-Indre et Cormery), qui, au 11e siècle, appartenait aux seigneurs de Nouâtre, puis se dirigeait vers Cormery où elle traversait l’Indre, sans doute en face de la rue de l’Abreuvoir, à l’angle de laquelle il reste une tour des anciennes fortifications, en croisant les deux voies suivant le cours de cette rivière (voir voies 3.1 et 3.2).
Cormery (photo PMD mai 2011)
Après Cormery, la voie arrivait sur la commune actuelle de Truyes ; elle passait au Faubourg, où elle croisait la voie suivant la rive droite de l’Indre, continuée aujourd'hui par la rue des Sources, où coule un aqueduc ; elle était ensuite reprise par un chemin, qui peut être vu à La Croix-de-l’Apothicaresse (au nord et à l’est de la D 82), puis qui suit la limite communale avec Athée-sur-Cher, passe aux Granges-Rouges et se dirige vers Azay-sur-Cher.
Truyes : ancienne voie à La Croix de l'apoticaresse (photo PMD février 2021)
À partir des Granges-Rouges, la voie est continuée par un chemin, qui se perd après le prieuré de Saint-Jean-de-Grais, mais que l’on retrouve à La Gitonnière (site paléolithique), d’où un chemin, suivant la rive droite du Ruisseau-de-La Gitonnière et passant à Rochecave (site paléolithique et néolithique), arrive dans le bourg actuel d’Azay-sur-Cher. Après avoir croisé la voie longeant la rive gauche du Cher, la voie traversait la rivière au moyen d’un gué (remplacé plus tard par un bac) et allait jusqu’à La Perrée-du-Roi (Roi venant sans doute du gaulois ritum = gué), où passait la voie qui suivait la rive droite du Cher et qui permettait d’aller à Caesarodunum.
Plan Ponts et Chaussée d'Azay-sur-Indre (annotations PMD)