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3E. Les ponts sur la Vienne tourangelle : les anciens ponts de L'Île-Bouchard

Pont Saint-Gilles et pont Saint-Maurice (rue de la mairie = D 760)

00 Plan avec annotations PmD

Plan panneau municipal avec annotations PmD

Les premiers ponts (1127/1680) 

un premier pont, en bois, est mentionné en 1127 dans une charte de Foulques V d’Anjou, puis un double pont de pierre fut construit en 1159, entre les paroisses Saint-Maurice (rive gauche de la Vienne) et Saint-Gilles (rive droite), à l’instigation d’Henri II Plantagenêt et du seigneur de L’Île-Bouchard (probablement Barthélémy de Bueil (1106/1170), alors « baron de l’Isle-Bouchard » ; ce dernier bénéficiait du péage, comme le reconnaît Louis II de La Trémoille (1460/1525 à Pavie), dans un aveu de novembre 1499, où la paroisse de Saint-Maurice est d’ailleurs nommée « de Saint-Maur ».

Du côté de l’île, qui était protégée par une enceinte, une porte défendait l’entrée de chaque pont.

Le pont Saint-Maurice avait la particularité d’être établi en oblique par rapport au lit du fleuve, afin d’avoir des assises sur un sol solide. La culée du côté de l’île est toujours visible sur la rive, derrière la mairie et le débouché du pont se trouvait à hauteur de la rue du Saumon.

01 Culée de lancien pont Saint Maurice photo PmD février 2022Culée de l'ancien pont Saint-Maurice (photo PmD février 2022)

En 1615, les ponts étaient encore utilisables, bien qu’ils fussent mal entretenus et couverts de planches.

Ces ponts furent en grande partie détruits le 4 février 1638 par une crue provoquée suite à la débâcle des glaces, comme l’indique une inscription gravée dans une pierre du clocher de l’église Saint-Maurice.

IB 1647Pont Saint-Maurice en 1647 (détail de la gravure de Johan Peeters ; photo Michel Charreau)

La gravure du peintre flamand Jan Peeters (1624/1678) parue en 1657 dans Topographia Galliae (livre édité entre 1655 et 1661, écrit en allemand et illustré de nombreuses planches décrivant la France), montre que la partie détruite en 1638 avait été reconstruite en bois mais en 1680 ce pont n’existait plus et la traversée de la Vienne se faisait en bac ; le 16 mai 1680, en effet, jour de marché, le bac rompit ses amarres à cause du mauvais entretient et les 30 passagers furent noyées. Une pierre, fixée à l’origine sur la margelle d’un puits situé près de la Manse, rappelle ce désastre. Voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-la-vienne

À cette époque, le fief de L’Île-Bouchard était un foyer important pour l’église réformée mais en 1629, le seigneur du fief, Henri 1er de La Trémoille (1598/1674), vendit la seigneurie pour 180 000 livres au cardinal de Richelieu (1585/1642) ; ce dernier, qui avait fondé sa ville nouvelle non loin de là, entreprit d’extirper ce que les catholiques appelaient la RPR (Religion Prétendue Réformée) et de ruiner systématiquement L’Île-Bouchard. Les protestants trouvèrent alors refuge à Crouzilles.

Des vestiges des piles du pont Saint-Gilles sont visibles, dit-on, en période de basses eaux, en aval du pont actuel ; les pilotis présentent l’aspect de troncs de cône striés.

03 Vestiges de lancien pont Saint Maurice en 1929 B.N

Les ponts suspendus (1832/1925) 

Dès 1827, il fut envisagé de remplacer les bacs par des ponts à péage ; un premier projet de ponts en charpente, estimé à 260 000 francs, fut jugé trop onéreux et un projet de ponts suspendus, devant coûter 180 000 francs, fut établi, avec l’idée de confier la construction à un concessionnaire, qui bénéficierait du péage en contrepartie.

En juin 1831, sous l’impulsion du général-comte Louis Ernest Joseph de Sparre (1780/1845), pair de France et propriétaire du château du Haut-Brizay, fut créée la Société Anonyme pour la construction du pont de L’Île-Bouchard, avec une dizaine d’actionnaires, parmi lesquels se trouvaient le colonel de gendarmerie Jacques Jean de Foucault (1771/1851), propriétaire du château de Brou, à Noyant-de-Touraine, Arthur Marie Pierre de Quinemont (1808/1883), propriétaire du château de Paviers à Crouzilles, qui sera maire de cette commune ainsi que député d’Indre-et-Loire et Louis Charles Drouin (1753/1837), propriétaire du château de La Brèche à Parçay-sur-Vienne, maire de cette commune.

04 Entrée du pont suspendu Saint Maurice avec maison du gardien et bureau du péage cpEntrée du pont suspendu Saint-Maurice avec maison du gardien et bureau du péage (cp)

La concession fut octroyée à cette société le 15 septembre 1831 ; le coût ayant été estimé à 250 000 francs et, le département ayant donnée une subvention de 30 000 francs, les 220 000 francs restant furent couverts par 440 actions de 500 francs. Notons que les actionnaires ne firent pas une mauvaise affaire, puisque, dès 1834, le péage rapporta 120 000 francs par an !

05 Pont suspendu Saint Maurice en 1924 cpPont suspendu Saint-Maurice en 1924 (cp)

À cette époque, il y avait alors deux communes : Saint-Gilles, sur la rive droite (avec 797 habitants) et Saint-Maurice, avec 805 habitants, comprenant l’île, qui était une propriété privée, ainsi que la paroisse de la rive gauche.

05bis Pont suspendu Saint Gilles cp Pont suspendu Saint-Gilles (cp)

Ces deux communes fusionnèrent en février 1832 et la nouvelle commune de L’Île-Bouchard acheta l’île (pour un prix de 15 000 francs). Les deux ponts suspendus, dits « les ponts de fil », larges de 4 m. et d’une longueur totale de 180 mètres (85 m. pour le pont Saint-Gilles et 95 m. pour le pont Saint-Maurice), furent rapidement construits, par l’entreprise Marc Seguin, puisque l’ouverture eut lieu le 5 septembre 1832.

08 Logo de la communeSur la maison d’un des deux employés du péage, une girouette, qui était au musée de L’Île-Bouchard, lequel malheureusement n'existe plus, et reprise dans le logo de la commune (photo ci-contre), célébrait la réunion des deux communes et la traversée de nouveau possible.

Cependant, ces ponts étaient à voie unique et l’attente, qui était parfois de 20 à 25 mn pour pouvoir traverser, provoquait disputes et altercations, d’autant plus qu’il était nécessaire d’emprunter ces ponts, soit pour aller au marché, sur l’île, soit à l’école de garçons, du côté de Saint-Maurice, soit à l’école de filles, du côté de Saint-Gilles.

Les tarifs du péage étaient les suivants : personne à pied = 5 centimes, charrette vide = 57 centimes, voiture à quatre roues, non suspendue = 1 franc ; voiture à quatre roues, suspendue = 4 francs. Les fonctionnaires dans l’exercice de leur fonction étaient exemptés. Pendant quelques années, l’instituteur de l’école de garçons paya le péage pour les enfants de Saint-Gilles mais finalement une école de garçons fut aussi construite sur cette paroisse.

06 Les ponts suspendus cpLes deux ponts suspendus (cp)

Afin de supprimer le péage, prévu pour une durée de 99 ans, les ponts furent rachetés en 1886 pour la somme de 98 435 francs, la municipalité ayant été aidée financièrement par le département et par une souscription ayant rapporté 34 007,50 francs. Un livre d’or contenant la liste des souscripteurs fut édité à cette occasion et le 1er mai 1886, une grande cavalcade marqua l’abolition du péage.

Dès lors, l’entretien des ponts fut du ressort du département, le gardiennage et l’éclairage étant à la charge de la commune.

En 1895, le maire de la commune se plaignit de devoir payer le salaire des deux gardiens assermentés, alors que ces derniers n’avaient pas dressé un seul procès-verbal en 9 ans !

En septembre et décembre 1914, le garde Daubigny signala que des dégradations volontaires avaient été commises mais on ignore si une suite fut donnée.

En octobre 1918, le préfet ordonna que, vu la présence des troupes alliées, les instructions suivantes soient affichées en français et en anglais : temps d’arrêt obligatoire avant de s’engager ; vitesse d’un homme au pas ; présence d’un seul véhicule sur le pont ; indication du poids maximum de 5 tonnes.

En 1921, l’entretien coûta 6 700 francs, contre 6 400 fr. en 1920, étant donné que, suite à la dépression de 1920/1921, le salaire des ouvriers était passé de 1 fr. de l’heure à 1,50 fr. et le m3 de chêne de 250 fr. à 350 fr.

Les ponts métalliques (1926/1944)

Ces ponts suspendus à voie unique étant devenus très insuffisants pour la circulation, des ponts métalliques furent construits en 1924/26, en aval des ponts suspendus.

09 Pont métallique Saint Gilles cpPont métallique Saint-Gilles (cp)

La 1ère pierre fut posée le 29 juin 1924 par Louis Dien (1875/1939), conseiller général et maire de 1918 à 1939, député de 1928 à 1932 ; ils furent inaugurés le 26 septembre 1926.

10 Pont métallique Saint Maurice cpPont métallique Saint-Maurice (cp)

Le pont Saint-Maurice mesurait 100 m. de long avec 2 piles et 3 travers ; le pont Saint-Gilles, avec 4 piles et 5 travers, avait 121 m. de longueur ; ils étaient larges de 6,70 mètres avec une chaussée de 4,50 m. et des trottoirs de 0,75 m.

11 Pont métallique Saint Maurice en1944 musée Pont métallique Saint-Maurice détruit en1944 (photo du musée prise par PmD)

Le 31 août 1944, les allemands en retraite les firent sauter, en même temps que le pont ferroviaire et le pont de Pouzay (voir https://turonensis.fr/categories/certains-ponts-tourangeaux/3b-les-ponts-sur-la-vienne-tourangelle-les-ponts-ferroviaires). De nouveau, il fallut avoir recours à des passeurs et à une passerelle pour les piétons jusqu’à fin 1945.

Les ponts provisoires (1945/1959)

Ces ponts, de 2,60 m. de large, avec des trottoirs de 0,50 m. étaient interdits aux véhicules de plus de 12 tonnes.

Les ponts actuels (depuis 1959)

En 1955, le Conseil Général lança un emprunt pour reconstruire les ponts ; les travaux de construction des nouveaux ponts débutèrent le 1er juin 1957, et le 16 août 1959, eut lieu, en présence de M. Michel Debré,1er Ministre depuis le 8 janvier 1959¸ l’inauguration des deux ouvrages que nous connaissons.

12 Les ponts actuels vus davion cpLes ponts actuels vus d'avion (cp)

 Ces ponts sont larges de 6 m. avec des trottoirs de 1,50 m.

13 Les ponts actuels vus de lancien pont ferroviaire photo PmD nov. 2013Les ponts actuels vus de l'ancien pont ferroviaire (photo PmD nov. 2013)

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