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Civray-de-Touraine


Le nom de cette commune, qui s’étend, à l’est de Bléré, sur les deux rives du Cher, apparaît pour la première fois, au 6ème siècle, dans la Vie de Saint Germain de Venance Fortunat, sous la forme Severiacum villa ou « domaine agricole de Severus ». Cette commune porta d’abord le nom de Civray-sur-Cher et fut nommé Civray-de-Touraine par un décret de 1954.

Histoire

Préhistoire et antiquité :

La découverte de quelques vestiges de la préhistoire sont signalés par le Patrimoine des Communes d’Indre-et-Loire (Flohic 2001), telle que celle d’une hache néolithique à la Taille Carrée (au nord du bourg) ou d’une nécropole de l’âge du bronze à la Noue Drouin (au nord-ouest du bourg).

De l’époque gauloise un magnifique torque (collier) en or, du 4ème siècle avant JC, ayant sans doute une fonction cultuelle, a été découvert fortuitement par un homme qui travaillait dans son champ situé au lieu-dit Bondion (au nord-ouest du bourg). Ce collier est maintenant au Musée des antiquités de Saint-Germain-en-Laye.

Deux voies gallo-romaines longeaient le Cher. Celle de la rive droite (aujourd’hui D 47 et rue Nationale) passait par La Rousselière (ouest du bourg), où des vestiges de fours (à chaux ou de tuiliers) ont été trouvés. Celle de la rive gauche (aujourd’hui D 976, D 376 et route de Tours), dont il reste quelques traces, passait à côté de Thoré (voir ci-après) et à La Canardière (au sud de bourg), où la découverte d’une nécropole située, comme de coutume, le long de la voie, indique qu’il y avait une agglomération dans les environs.

Des fouilles faites à Bondion, sur le site de la découverte du torque, ont révélé la présence, dans une fosse, de tuiles et de tessons du 1er siècle après JC, laissant supposer qu’il y avait peut-être là un petit temple, continuant la célébration d’un culte gaulois.

Lors de la reconstruction de l’église (voir ci-après) en 1861, on a trouvé un dolium (grande jarre) converti en cuve baptismale pour l’église primitive, du 6ème siècle, qui a été donné à la SAT.

Outre le domaine indiqué par le toponyme de la commune, un autre domaine gallo-romain* se trouvait à Thoré (voir ci-après), venant de Tauriacus ou « domaine du Taureau ».

Histoire ancienne, moderne et contemporaine :

Selon Venance Fortunat*, Saint Germain de Paris (496/576) fonda l’église et le fief de Civray, qui appartint ensuite à la famille d’Amboise. En 1431, Louis d’Amboise (1392/1469), compagnon de Jeanne d’Arc à Orléans, ayant conspiré contre Georges I de La Trémoille (1384/1446), grand chambellan de Charles VII, fut condamné à mort puis gracié mais ses biens furent confisqués et annexés aux domaines de la Couronne.

En 1480, le fief est cédé, à titre d’engagement*, à Jehan Gossart, garde des sceaux de la châtellenie de Pontoise (à ne pas confondre avec le peintre Jehan Gossart (1478/1532), dit Mabuse) ; puis, en 1501, à Adrien de Bernaige, écuyer de Charles VIII ; ensuite, de 1534 à 1544 à Jehan Bourtryé, par don gracieux de François 1er.

En 1571, l’usufruit, qui appartenait alors à Pierre de Bray et à son épouse Isabeau Chanteloup (ou Isabelle de Chanteloup), fut racheté par Henri de Valois (futur Henri III), qui le donna à son ancienne nourrice Guillemette Bézard, épouse de Denis Chereau, contrôleur général de la Maison de la reine. Mais, en 1591, Henri IV, qui avait besoin d’argent, ordonna la revente de tous les domaines engagés et le fief fut alors racheté par Jean Mathias Salviatris.

En 1603, le domaine fut racheté par Marie de Beaucaire (1535/1613), fille de Jean de Beaucaire (mort en 1578), grand sénéchal du Poitou ; celle-ci était alors veuve de Sébastien de Luxembourg (tué en 1569 lors du siège de la place forte protestante de Saint-Jean-d’Angély par Charles IX). Leur fille, Marie de Luxembourg (1562/1623) épousa en 1575 Philippe Emmanuel de Lorraine (1558/1602), dit le duc de Mercœur, frère de Louise de Lorraine, épouse d’Henri III. Leur fille, Françoise de Lorraine (1592/1669) fut l’épouse de César de Bourbon (1594/1665), fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, grand amiral de France. Dès lors, le fief fut englobé dans celui de Chenonceau.

Au 19ème siècle, il existait un bac* sur le Cher, cité en 1803 ; ce passage, dit de Thauré, reliait le gros hameau de Thoré (voir ci-après) au bourg de Civray ; il partait de La Canardière, sur la rive gauche, juste en amont du pont actuel et arrivait au Port, sur la rive droite.

En 1841, un barrage à aiguilles (voir Chisseaux) fut établi sur la rivière.

À la fin du 19ème siècle, poussée par les habitants qui se plaignaient des longues attentes sur les berges et de la lenteur de la traversée, la municipalité réclama la construction d’un pont, qui fut construit en 1891, sous le mandat du tonnelier Étienne Gaillard, maire de 1882 à 1892 ; ce pont métallique, à voie unique, reposant sur trois piles en pierre de taille, fut détruit en juin 1940 par l’armée française pour entraver la progression des allemands et le bac reprit du service.

Pendant l’occupation, la ligne de démarcation suivait le Cher et toute la partie sud de Civray se retrouva en zone libre ; le bac et le barrage rendirent alors de grands services aux résistants et aux personnes fuyant la zone occupée.

À la Libération, sous l’impulsion de l’ancien résistant Marc Deschamps, maire de 1944 à 1953, une passerelle en bois fut construite entre les deux rives ; les enfants de Thoré devaient nécessairement l’emprunter car leur école avait été définitivement fermée et afin d’assurer leur sécurité, le garde-champêtre assisté d’un conseiller municipal, surveillait la traversée !

En 1953, la passerelle, donnant des signes évidents de fatigue, fut démontée et remplacée par un « pont Pigeaud », pont métallique ayant mis au point pendant la 2ème guerre mondiale par Gaston Pigeaud (1864/1950), ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées ; pendant la durée des travaux, de 1953 à 1955, il fallut de nouveau avoir recours au bac pour permettre la traversée des 35 enfants de Thoré, des piétons, des cyclistes et du facteur.

En 2020/21 enfin le pont a été reconstruit en ciment mais toujours à voie unique ; avec l’appui de la municipalité, un bac, le Rivalôtre, a été mis en service pendant cette reconstruction.

On peut noter qu’il y a quatre lavoirs dans la commune :

  • Fontaine Besnard (nord-est, rue des Caves)
  • La Canardière (sud, rive gauche)
  • Mesvres (nord-ouest)
  • Vaux (ouest)

À voir dans et près du bourg

L’Église Saint-Germain occupe l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien : on a retrouvé au 19ème siècle, les vestiges d'un baptistère du 6ème siècle, équipé d'une cuve en poterie qui devait être à l'origine une grande jarre gallo-romaine utilisée pour le stockage du grain.

Les parties les plus anciennes datent du 11ème siècle : il s'agit de la nef et du transept. Le chœur, à chevet plat et voûte angevine, date du 13ème siècle. Le mur nord de la nef est percé d'une porte en arc brisé à double rouleau, qui date également du 13ème siècle.

L'ancien clocher a été remplacé par le clocher actuel, bâti en 1861.

À l’intérieur, dans le chevet, les vitraux du 13ème siècle ont été soufflés par une bombe en 1944, mais ils ont été restaurés et remontés en 1951. Ils représentent des scènes de la Passion, la vie de Saint Nicolas et de Saint Germain. Une partie de ces vitraux proviendrait de l'ancien prieuré de Montoussan, aujourd'hui en ruine et situé en forêt d'Amboise sur la commune de Souvigny de Touraine.

À l'intérieur également, une pierre d'autel armoriée provient du donjon de Mesvres (voir ci-après).

Au milieu du 12ème siècle, l'église de Civray appartenait à l'abbaye de Villeloin (Villeloin-Coulangé), ce qui est constaté par une charte d'Engebault, archevêque de Tours de 1146 à 1157. Par des bulles d’Adrien IV (pape de 1154 à 1159) et d’Innocent IV (pape de 1243 à 1254), l'abbaye fut maintenue dans cette propriété qui, par la suite, se trouva réduite au seul droit de présentation au titre curial.

Un acte du 17ème siècle fait mention d'une chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire et qui était desservie dans l'église.

Château (rue de Chenonceaux, dans le bourg, à l’est) : bâti en 1715 à l'emplacement d'un édifice plus ancien pour le tourangeau Louis Lhomme de Pinsonnière, selon des plans que l’architecte Germain Boffrand (1667/1754) aurait établis pour un premier projet de Montgeoffroy en Anjou ; il fut ensuite remanié sous la Restauration et prolongé par deux petits pavillons. La propriété de 4 ha dispose d'un parc paysager. Un jardin régulier précède le château orienté nord-sud, deux terrasses dominent au sud un parc paysager, arrêté en contrebas par le remblai de la voie ferrée. Dans le parc, une crypte abrite le caveau familial. L'angle nord-est de la propriété est occupé par la cour des communs, datés de 1635.

Chambres d’hôtes https://www.chateaudecivray.com/

L’Hôtel du Petit-Champ ou Logis de Diane : le logis, flanqué d’une tour demi-cylindrique au centre de la façade ouest, a été édifié, au milieu du 16ème siècle, pour Diane de France (voir Bléré) fille naturelle d’Henri II. Il devint ensuite la propriété d’Antoine Charles Louis de Valois (1649-1701) dit « le chevalier d’Angoulême », fils naturel de Louis Emmanuel de Valois, 2ème duc d’Angoulême (1596-1653).

Il abrita la mairie et l’école, jusqu’en 1955.

Château de L’Île (1 rue de l’écluse, près du bourg, au sud) : demeure du 13ème siècle, reconstruite au 19ème siècle et transformée en hôtel en 1986. Chambres d’hôtes depuis 2021. Parc de 13 hectares. Voir https://lisledomaine.com/

L'ensemble d'éclusage sur le Cher (près du bourg, au sud) (voir Chisseaux), haut de deux mètres, est muni d’aiguilles que l’on retire en période de hautes eaux. La maison-éclusière porte les marques des deux grandes crues de mai et juin 1856.

À voir au nord

La Grillonnière : manoir des 15ème et 16ème siècle, remanié au 19ème siècle. Le logis, qui comporte des pignons à rondelis fleuris, est flanqué, à l’ouest, de deux tourelles cylindriques en poivrière à toit conique. Une double porte d’entrée, charretière et piétonne, donne accès à la propriété. Le fermier logeait dans le grand pavillon du 17ème siècle, bâti dans la cour intérieure.

Le Petit Bois (nord-est) : le château é été édifié au 17ème siècle et modifié au 19ème. En 1790, Pierre de La Haye était qualifié de seigneur du Petit Bois.

La Gaudionnerie (nord-est) : cette propriété des Feuillants de Tours fut vendue comme bien national en 1791.

Les Cartes (nord-est) : le manoir avait une chapelle dédiée à Saint Roch. Chambres d’hôtes. Voir http://les-cartes.chez-alice.fr/

Le fief était important et le château du Paradis, à La Croix-en-Touraine, en dépendait.

Mesvres (nord-ouest) : la vallée de Mesvres s’étend sur près de 2 km le long du ruisseau du même nom, lui-même affluent du Cher. Le château occupe une position centrale dans la vallée. Les parties les plus anciennes datent des 12ème et 13ème siècle mais le bâtiment fut en grande partie reconstruit au 15ème.

Des vestiges importants de la forteresse du 12ème sont constitués par d’épaisses murailles en opus spicatum (appareil en épi) qui furent conservées et utilisées au 15ème, lors de la reconstruction du château.

On peut encore voir, au sud, un donjon carré, reconstruit à plusieurs époques, comme en témoignent les reprises. La base est du 13ème siècle et le sommet du 15ème. La porte en tiers-point aujourd’hui remplacée par une baie, était défendue par un pont-levis et par une bretèche (ouvrage de défense en saillie).

A l’est du donjon, la chapelle (désaffectée) dont le mur sud date du 13ème siècle, fut refaite au 15ème. Une cheminée indique qu’elle fut utilisée comme habitation.

À voir au sud

Thoré (sud, rive gauche) (voir ci-dessus) :

Le fief appartenait, en 1431, à Olivier de Nouray, en 1480, à François I Bérard, En 1515, Jacques Bérard (voir Bléré et Chisseaux), petit-fils de François I, le vendit à Thomas Bohier, seigneur de Chenonceau, Général des finances (voir Généralité*) de François 1er et en 1524, la dame de Thoré était Catherine Briçonnet, veuve de Thomas Bohier. En octobre 1557, Diane de Poitiers obtint des lettres qui déclarèrent incorporés à la châtellenie de Chenonceaux plusieurs fiefs dont celui de Thoré. En 1770, ce fief appartenait à Étienne Jacques François de Bray.

Le château a été reconstruit au 19ème siècle.


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