Skip to main content

Marigny-Marmande


La région fut occupée dès la préhistoire, comme le montrent le site voisin de Doux (commune de Pussigny), où les travaux de la LGV ont mis à jour une importante nécropole néolithique, ainsi que la découverte, dans le cimetière de Ponçay (voir ci-après) de 7 haches en bronze, datant de – 1500.

Le nom de Marigny apparaît pour la première fois en 862 dans les Actes de Charles II le Chauve sous la forme Madriniacus évolution de Matriniacus ou « domaine agricole de Matrinius » (patronyme romain bien connu). Au 17ème siècle la paroisse est appelée Marigny-sous-Marmande étant donné que le seigneur de Marigny ( ….) était propriétaire du fief de Marmande (aujourd’hui sur la commune de Vellèches, dans le 86). Quant au toponyme Marmande, il apparaît au 11ème siècle sous la forme Mariniacus ou « domaine agricole de Marinius ».

Ce toponyme indique qu’il y avait là, au début de notre ère, un domaine agricole gallo-romain. D’autres domaines se trouvaient à Nancré (voir ci-après), qui apparaît au 11ème  siècle, dans la charte 106 du cartulaire de Noyers, sous la forme Nancriacum ou « domaine de Nancrius » ainsi qu’à Noiré (voir ci-après), venant de Nigracum ou « domaine du Noir » et à Ponçay, que l’on trouve au 12ème dans la charte 445 du cartulaire de Noyers, sous la forme Pontiacus, ou « domaine de Pontius » (autre patronyme bien connu).

Il est probable que des domaines existaient aussi à Messemmé, venant de Maximiacum ou « domaine de Maximius »,  à Psé, venant de Bettiacum ou « domaine de Bettius », et au Rillé, venant de Rilliacum ou « domaine de Regulius ».

Au Moyen-Âge, le fief de Marigny dépendait de la seigneurie de Marmande (commune de Vellèches), dont le premier seigneur connu fut, au 11ème siècle Zacharie de Marmande[1], qui fit don à l’abbaye de Noyers de l’église Saint-Hilaire de Nancré. Une sœur de ce Zacharie, Sophise de Marmande, épousa Adraud de Nouâtre, de la famille des seigneurs de Nouâtre. C’est ce qui explique que Marigny s’appela ensuite Marigny-sous-Marmande (17ème siècle) puis Marigny-Marmande.

La seigneurie de Marmande resta dans la famille de Marmande jusqu’au 14ème siècle avec Pierre de Marmande, cité en 1379, seigneur de Marmande, de Faye-la-vineuse, de La Haye et de La Roche-Clermault. Elle passa ensuite dans la famille du Bueil[2], puis dans la famille Gillier (voir Ports-sur-Vienne), par le mariage de René Gillier (né en 1482) avec Isabelle du Bueil, dame de Marmande et fille d’Edmond du Bueil. La seigneurie resta dans cette famille jusqu’en 1730, année où elle fut acheté par Marc-Pierre d’Argenson (voir le château d’Argenson à Maillé).

Mais à cette époque la seigneurie de Marigny était indépendante de celle de Marmande et appartenait à Louis Bouin de Noiré (mort en 1721), seigneur de Noiré et de Marigny, « maire » de Châtellerault de 1694 à 1718. Elle appartint ensuite à l’un de ses fils : Louis Claude Bouin de Marigny (1688-1767) tandis qu’un autre de ses fils : Louis Bouin de Noiré (1691-1758), lieutenant général au baillage de Chinon, fut seigneur de Nancré et de Noiré, du gué de Marcé et de la Touchevoisin (voir Crouzilles). Un des fils de Louis Claude Bouin de Marigny : Jean Fortuné Bouin de Marigny (né en 1735) épousa à Nouâtre en 1757 Marie Geneviève de Tourneporte (sur la Famille Bouin, voir Ligré, page 219).

Un autre fief important sur le territoire de la commune actuelle était le fief de Mondon (voir ci-après), dont le nom apparaît en 1040 dans la charte 12 du cartulaire de Noyers, qui nous apprend, par ailleurs, que ce fief était un alleu[3]. Ce fief faisait partie de la paroisse de Nancré. Le premier seigneur connu est Guyon Le Roy (1455-1525), vice-amiral du roi Louis XII et constructeur de la ville du Havre. Ce dernier était également seigneur de la Touche d’Avrigny (commune de Saint-Gervais-les-trois-châteaux) et du Chillou (commune de Jaulnay).

Une fille de Guyon Le Roy : Anne Le Roy épousa François II du Plessis et fut la mère de Louis du Plessis, seigneur de Mondon, ainsi que l’arrière-grand-mère d’Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu, né, selon les preuves que possède le propriétaire actuel, dans ce château du Chillou.

Au-début du 17ème siècle, la seigneurie de Mondon, comme celle de La Touche d’Avrigny appartenait à la famille de Saint-Gelais. En 1651 Marie de Saint-Gelais, dame d’Avrigny épousa Henry François de Vassé (1622-1684), seigneur d’Azay-le-Rideau, lieutenant-général des armées du roi, gouverneur héréditaire du château de Plessis-les-Tours, qui devint ainsi seigneur de Mondon et en 1767, un de ses petits-fils : Armand Mathurin de Vassé (1708-1788), écrasé de dettes, vendit toutes ses seigneuries, y compris celle de Mondon, à Jean Cadet (1756-1781), roturier qui s’était enrichi en étant munitionnaire général des troupes royales au Canada !

Après la Révolution, la paroisse de Marigny-sous-Marmande, qui était dans le Poitou, devint la commune de Marigny-Marmande et fut incluse dans le département d’Indre-et-Loire ; elle s’agrandit avec le rattachement des communes de Ponçay et Nancré en 1832.

L’abbé Louis-Auguste Bosseboeuf[4], qui deviendra Président de la Société Archéologique de Touraine en 1901 fut curé de Marigny-Marmande de 1878 à 1885.

Marigny-Marmande fait partie du Parc Naturel Anjou-Touraine et est considérée comme la capitale de la truffe noire, dite « truffe du Périgord en Richelais ».

Carte de la commune

Le Bourg

Château de l’Ardoise : le fief de l’Ardoize, faisait partie de la paroisse d’Antogny-le-Tillac. Le château, construit sur une ancienne villa gallo-romaine, fut vendu comme bien national après la Révolution. Il reste quelques vestiges des bâtiments ainsi que le grand portail d’entrée, du 16ème siècle, un peu trop restauré à mon goût, avec le blason de la famille de Marigny (mais je ne suis pas sûr que cette famille ait jamais possédé ce château). Le « banc » situé devant ce portail semble bien être une pierre d’attente des morts. Une partie des communs de ce château a été transformée en maison de retraite.

L’église Saint-Vincent, qui n’a rien de remarquable, était sans doute, à l’origine, la chapelle du château.

Un lavoir, situé à l’angle de la D 110 (en direction de Mondion) et de la D 20 (en direction de Séligny) a été restauré avec l’aide du CFPPT (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion du Travail) qui est un organisme marocain).

Ponçay

 

Cette ancienne paroisse, orthographiée aussi Pontçay et devenue commune après la Révolution, avec 136 habitants en 1804, fut rattachée à Marigny-Marmande en 1832 ; son nom apparaît en 1124 dans la charte 445 du cartulaire de Noyers sous la forme Pontiacus ou « domaine de Pontius » ; le petit cours d’eau appelé Bonosse ou Bonasse ou Veude de Ponçay y prend sa source à la Fontaine de la Boissière avant de se jeter dans la Vienne au Moulin Bertaut (commune de Pussigny).

On peut y voir notamment les ruines de l’église Saint-Philibert (12ème) et du prieuré voisin (15ème), qui appartenait aux jésuites en 1650. C’est dans le cimetière de Ponçay que furent découvertes les 7 haches de l’âge du bronze.

L'église fut vendue à la Révolution et sa cloche fut transférée à Marigny-Marmande. Le château de Ponçay, aujourd'hui détruit, appartenait au 16ème siècle à Antoinette Raffin, dame d'Azay-le-Rideau et petite-fille du vice-amiral Guyon le Roy (voir ci-dessus).

Les Gapiaux, La Chasseigne et Le Coudray

 

Les Gapiaux est un lieu-dit apparaît au 18ème sur la carte de Cassini. Il s’agissait d’un fief faisant partie de la paroisse de Ponçay, comme le montre la présence d’un imposant pigeonnier. On sait en effet que seuls les biens nobles pouvaient avoir un pigeonnier (appelé fuye dans la région) et cette région de Marigny-Marmande est remarquable par la présence de très nombreux pigeonniers.

La Chasseigne : fief qui faisait lui aussi partie de la paroisse de Ponçay et qui est maintenant à cheval sur les communes de Marigny-Marmande et de Pussigny, apparaît au 11ème siècle dans le cartulaire de l’abbaye de Noyers sous la forme « allodium de Chassania ou Cassania ». Cette citation précise que ce fief était un « alleu », c’est-à-dire qu’il était libre de tout droit féodaux.

Un certain Jehan de la Chasseigne apparaît comme chanoine de l’église Notre-Dame-la-grande à Poitiers en 1337 et Jacques de Ferrou (1595-1663) est seigneur de Mondion et de la Chasseigne. Le manoir de ce fief appelé aujourd’hui « Le Colombier » a conservé un beau pigeonnier.

Le Coudray : ce toponyme, très répandu, figure sur la carte de Cassini. Le pigeonnier carré de ce manoir est coiffé d’un lanternon : petite construction, ici hexagonale, qui avait un aspect décoratif et qui souvent permettait l’entrée des pigeons.

Nancré

Cette ancienne paroisse est citée en 1083, dans la charte 106 du cartulaire de Noyers sous la forme : « In parochia de Nancreio » et en 1087, dans la charte 140 du même cartulaire, sous la forme : « In parochia Ecclesiae quae dicitur Nancret » (paroisse de l’église qui est dite Nancret).

Cette église, consacrée à Saint Hilaire, était encore, en 1782, desservie par un curé choisi par l’abbé de Noyers mais on n’y disait plus la messe en 1807 et elle est, aujourd’hui, complètement disparue.

La commune de Nancré a été rattachée à celle de Marigny-Marmande en 1832.

La Métairie, Les Côtières et La Fuye

La Métairie : située à côté du centre, cette ancienne métairie du 16ème siècle, appelée « la petite métairie » possède un pigeonnier carré surmonté d’un lanternon et de quatre lucarnes permettant l’entrée des pigeons.

Les Côtières : ce manoir du 15ème siècle possède une tour hexagonale, avec meurtrières pour tir d’armes à feu, dont le toit repose sur des corbeaux (éléments saillants).

La Fuye ou La Fuye de Nancré : ce fief est cité en 1442, sous la forme « domus de la Fuye » ; il appartenait alors à la famille de la Jaille (voir La Tour Saint-Gelin, pages xx et xx). Au 17ème siècle, il faisait partie des biens de la famille de Remigeoux.

Psé

Cette ancienne villa gallo-romaine, devenue une grande propriété agricole est remarquable par son magnifique pigeonnier rond du 17ème siècle, comprenant 1940 boulins[5] (ce qui correspond à un domaine de 970 hectares).

Les fouilles faites à l’occasion de la construction de la ligne LGV, toute proche, ont mis à jour des aménagements funéraires datant de – 1000 et surtout une exploitation agricole du 9ème/10ème siècle avec un atelier de forge.

J’ai pu visiter, grâce à l’obligeance du propriétaire : Monsieur Martial Geoffrey, cette ancienne ferme, dans laquelle Maurice Pialat a tourné, en 1991, une partie du film Van Gogh, avec Jacques Dutronc. On remarque, devant l’ancienne entrée de la ferme, un pavage formé de gros blocs de granit, qui date, peut-être de l’époque gallo-romaine.

Mondon

Ce fief important (voir la partie Histoire) est cité en 1040 dans la charte 12 du cartulaire de Noyers, dans laquelle il est dit que Thomas, chanoine de Saint-Martin de Tours a donné aux moines de Noyers « l’alleu de Mondon ». Il reste des vestiges impressionnants du château fortifié complètement reconstruit à la fin du 16ème siècle.

L'entrée se faisait par une porte à fronton qui était précédée d'un pont-levis. Elle s'ouvre au milieu du côté Ouest de l'enceinte dont l'angle sud-ouest est défendu par une tour à meurtrières, couronnée d'un dôme. La cour accède à une seconde porte avec poternes, flanquée de pilastres, laquelle donne accès à la cour d'honneur. Les logis seigneuriaux ont presque entièrement disparu.

Le château s'étendait au sud de la cour, mais il n'en reste que l'étage inférieur du mur sud. Ce mur aboutit à un pavillon d'angle rectangulaire. Au sud de cet ensemble se développent les murs occidental et méridional d'une enceinte rectangulaire, ouvrage de défense avancé dont les angles portent des échauguettes. Au milieu du mur sud, une grande console soutenait une tourelle disparue. A l'angle Nord-Est, une grosse tour cylindrique, dont il ne reste que l'étage inférieur, renforçait l'enceinte. Voir http://touraine-insolite.clicforum.fr/t1156-Le-Chateau-de-Mondon.htm

Noiré

Le château, du 17ème siècle, a été remanié au 19ème. Le cadran solaire gravé, dit-on, par le Père Eusèbe, desservant la chapelle du château avant la Révolution, semble avoir disparu. Un pigeonnier massif, sur porche, se trouve dans la ferme du château. Voir la partie histoire.

Ne pas confondre avec un autre château, appelé lui aussi Noiré, sur la commune de Chinon.

Tour du télégraphe Chappe

 

La tour carrée de ce télégraphe, large de 4 m et haute de 5 m, ne se trouve pas au-dessus de la Madelone, comme l’indique par erreur la carte IGN, mais 300 m plus haut, à gauche de la D 107, en direction de Jaulnay.

Ce système de communication par sémaphore a été mis au point par Claude Chappe (1763-1805) en 1794. La tour de Marigny-Marmande, située sur la ligne Paris-Bayonne, via Bordeaux, qui  a fonctionné de 1823 à 1853, se trouvait après celle de Ports (à 8,3 km) et avant celle de Saint-Gervais dans la Vienne. Un signal mettait 12 mn pour aller de Paris à Bayonne.

Située au point le plus haut de la commune (131 m.), cette tour était, à cette époque, entourée de vignes. Voir BSAT 51.2005.

[1] Voir note xx, page xx.

[2] Voir note xx, page xx.

[3] Voir note 1, page 7.

[4] Voir note xx, page xx.

[5] Voir note xx, page xx.


Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User