Neuil
La petite commune de Neuil est située sur la D 57, entre Saint-Épain (voir cette commune) et Villaines-les-Rochers, sur la route qui était le « Chemin de Grande Circulation n° 57 » comme l’indique une plaque indicatrice placée sur une maison (au numéro 18) de la Grand’Rue.
Son nom vient du gallo-romain novoialus, signifiant « champ nouvellement défriché » et apparaît pour la première fois en 1084 sous la forme Niolus dans la charte 112 du cartulaire de Noyers[1] qui précise qu’il s’agit d’un domaine faisant partie de la paroisse de Crissay (voir cette commune) et appartenant à « homme noble de l’Île » nommé Vivien Brochard.
Cette commune porta aussi les noms de Nuillé (1152 Cartulaire de Noyers), Nuel (13ème s. Cartulaire de l’archevêché de Tours), Nueil (14ème s. Cartulaire de l’archevêché de Tours, Neuil-sous-Crissé (17ème s.), Nueil (18ème siècle), Nué (an 12).
Il y avait, dans le village le château de La Gagneraie (voir ci-après) et ce toponyme à la même signification que Neuil (terre nouvellement gagnée = défrichée) mais Neuil dépendait des seigneurs de La Charpraie (lieu où le charpe = charme, abonde) (voir ci-après).
Le fief de la Charpraie et de Neuil appartenait en 1559 à Charles Turpin de Crissé (Voir famille Turpin, à Crissay). Le domaine passe ensuite en 1564 à Jean Potaire, seigneur de la Haute-Chancelée, à Ligré, et en 1574 à Geoffroy de Chezelles, maître des requêtes ordinaires du roi de Pologne (futur roi de France Henri III, qui avait été roi de Pologne de 1573 à 1575).
Il appartint ensuite, en 1600, à Charles de Chezelles, puis, vers 1610, à Anne de Chezelles, qui avait épousé Claude de Beauvau, descendant de Bertrand de Beauvau (sur cette famille, voir Crissay), puis en 1620 à Christophe de Chezelles qui était capitaine de cinquante hommes d’armes, gouverneur de Sedan et marié à Marie de Montléon, sœur de Jeanne de Montléon, épouse de Guy Pierres (voir famille Pierres à Anché).
Après avoir appartenu brièvement, en 1667 à Jean d’Armagnac (voir le château de la Motte à Marcilly-sur-Vienne), La Charpraie appartint à François de Beauvau, seigneur de Rivarennes et capitaine de François 1er, à Gabriel-Henry de Beauvau, à Armand-Louis de Ruzé, à Gabriel de Ruzé (voir Chezelles), à César-Gabriel de Choiseul (voir Montgoger à Saint-Épain) et, pour finir, à Pierre François Jacques le Breton.
Ce dernier, né en 1732 et descendant de Jehan I le Breton (voir Les Berthaisières à Cravant), fut, comme son père François Jean le Breton, seigneur de Noiré, à Chinon, Procureur royal au bailliage de Chinon et Trésorier de France. Après la Révolution, il acheta Profond Fossé, à Trogues.
Le bourg et l’église Saint-Perpet
Cette église est mentionnée en 1084 dans la charte 112 du cartulaire de Noyers, où il est écrit qu’ «un homme noble de l’Île a donné à Dieu et à Sainte Marie et à l’église de Noyers, ainsi qu’aux moines qui servent Dieu en ce même lieu, une église qu’on appelle Niolus, qui était dans la paroisse de l’église de Crissay ».
L’église actuelle, dédiée à saint Perpet (évêque de Tours vers 464) date du 12ème siècle ; le chœur fut remanié au 15ème s. et le clocher, avec sa flèche octogonale et sa balustrade richement ciselée, au 16ème ; à côté, l’ancien presbytère, agrémenté maintenant d’un palmier, est devenu la mairie.
La façade sud est percée d’une porte en plein cintre reposant sur quatre colonnettes surmontées de chapiteaux érodés, avec, au-dessus de la porte une rangée de six masques mystérieux.
Un cadran solaire, daté de 1648, se trouve en bas du clocher. La façade ouest a été murée puis repercée au 16ème siècle d’une porte encadrée par 4 colonnes à chapiteaux corinthiens[2].
Un pan de mur gallo-romain (à gauche de la maison que l’on voit sur la photo ci-dessous) a été en partie détruit et transformé.
Il reste deux lavoirs dans la commune : un derrière l’église et un autre rue de la tour.
De nombreuses cartes postales anciennes peuvent être vues sur le site http://www.neuil.com. Se promener dans Neuil est très agréable et on y voit plusieurs anciennes maisons.
La Gagneraie
La rue de la tour conduit à la Gagneraie où se trouvait un manoir, dont on peut encore voir une partie du porche d’entrée et au fond les vestiges d’un pigeonnier.
La Charpraie
La Charpraie, non loin de la route allant à Villaines-les-Rochers, était le château seigneurial, il y avait là, au 13ème siècle, une place-forte entourée de douves mais elle tombait déjà en ruine au 17ème siècle. Une partie des douves a ensuite été comblée. Actuellement, le site est devenu une ferme. (voir la partie Histoire).
[1] Voir note 2, page 7.
[2] Chapiteau décoré de deux rangées de feuilles d’acanthe.