Skip to main content

Cormery


Le nom de cette commune, située au sud-est de Tours et sur la rive gauche de l’Indre, apparaît en 843, dans un acte de Charles II le Chauve*, fils de Louis le Pieux, sous la forme Cormarius, venant de Curmeriacus, signifiant soit « domaine du germain Curmerus », soit, tiré du gaulois corma, « domaine du cormier ».

Histoire

Le site a été occupé dès le paléolithique et quelques vestiges néolithiques ont été découverts, en 1930, au Chaisneau, à l’est du bourg, mais la région était réputée sauvage et déserte lorsque l’abbaye y fut fondée en 791.

Cependant, Jacques Dubois* a vu, au lieu-dit la Taille-Haute, à l’est du bourg, des traces de ce qu’il considère comme une enceinte gauloise (voir BSAT 38, 1976).

Deux voies gallo-romaines se croisaient dans la région : celle qui suivait la rive gauche de l’Indre et une voie qui allait de Nouâtre à Azay-sur-Cher ; cette dernière voie franchissait l’Indre au moyen d’un gué se trouvant dans le prolongement de l’actuelle rue de l’abreuvoir, qui continue l’ancienne voie. Il est possible qu’à ce gué arrivait aussi une voie secondaire venant de Loches à travers la Champeigne.

À la fin du 8ème siècle un prieuré, appelé « cella S. Pauli » (la cellule de Saint-Paul) y fut fondé par Ithier, abbé de Saint-Martin de Tours de 775 à 796 et chancelier de Charlemagne.

Le successeur d’Ihier, Alcuin d’York (abbé de 796 à 804) transforma ce prieuré en abbaye bénédictine. Élève et successeur d’Alcuin, Frédegis (mort en 834) reconstruit les bâtiments vers 830.

En 837, un diplôme de Louis le Pieux (778/840), fils de Charlemagne donne à Cormery le domaine de Coussay, qui dépendait de l’abbaye Saint-Martin. Ce diplôme est le plus ancien document des archives départementale 37.

En 853, l’abbaye fut endommagée par les Normands, puis, après quelques réparations, protégée par les seigneurs de Nouâtre et par les comtes d’Anjou dont ces derniers étaient vassaux. La consécration solennelle d’une église neuve eut lieu en 1054. Le monastère se dota vers 1230 d’un superbe réfectoire gothique à deux nefs.

Parmi les abbés, qui ont succédé aux trois fondateurs, on peut noter :

  • Guy d’Anjou (mort en 996), fils de Foulques II d’Anjou, abbé de 965 à 976, puis évêque du Puy.
  • Richard (abbé de 1007 à 1026), ami de Marric de Nouâtre (mort en 1023), qui fut enterré dans l’abbaye, et de son fils Malran (990/1035), qui donna à l’abbaye le domaine de Montchenain (voir Esvres-sur-Indres).
  • Jean de La Brosse (abbé de 1268 à 1271), oncle du Pierre de La Brosse (1230/1278), qui fut seigneur de Langeais, chirurgien de Louis IX puis chambellan de Philippe III le Hardi.
  • Thibault III de Chalon (abbé de 1293 à sa mort en 1332), qui fit bâtir le premier manoir de Montchenain et qui fit reconstruire une grande partie de l’abbatiale, dans laquelle il fut inhumé.
  • Denis Briçonnet (1473/1535) fils de Guillaume, abbé commendataire de 1519 à 1535, évêque de Lodève et de Saint-Malo.
  • Jean du Bellay (1498/1560), abbé commendataire de 1536 à 1545, évêque de Bayonne puis de Paris, cardinal, petit-cousin de Joachim, qu’il protégea.
  • Charles de Lorraine (1524/1574), dit le cardinal de Lorraine, abbé commendataire de 1548 à 1550.
  • Armand Jean Du Plessis, dit Richelieu (abbé commendataire de 1630 à 1631).

Grâce à la présence de cette abbaye, la ville se développa mais dut faire face en 1353 à l’occupation des troupes de Basquin du Poncet, capitaine gascon au service des anglais, en 1412 aux exactions de ces mêmes Anglais qui occupaient Beaulieu-lès-Loches, et, en 1523, à la peste, qui fit périr la moitié des habitants (500 personnes) et la moitié des moines.

En 1741 on ne comptait plus que 10 religieux dans l’abbaye.

Au 18ème siècle, la nouvelle route royale du Berry (actuelle RN 143), qui traversait Cormery, suscita la construction d’auberges et assura la prospérité de la ville, qui cependant fut mise en péril par la crue du 25/26 novembre 1770, détruisant 25 maisons et tuant 38 personnes.

À voir dans et près du bourg

L’abbaye :

L’église abbatiale, a disparu et il n’en reste que des traces dans les maisons, les caves et les greniers de part et d’autre de la nef qu’occupe l’actuelle rue de l’Abbaye. 

La Tour Saint-Paul (11ème siècle) était le clocher porche de l’église abbatiale. La façade occidentale se caractérise par une décoration en losange et par deux motifs sculpturaux dont l’un, encore visible, représente l’entrée du Christ à Jérusalem. La façade orientale aux baies obstruées donnait sur la nef empruntée aujourd’hui par la rue de l’abbaye.

Un escalier à vis conduit à une magnifique salle au 1er étage où se trouve une très belle coupole à 16 pans dont les deux doubleaux retombent sur des colonnes aux chapiteaux finement sculptés.

Au-dessus, le beffroi avait deux étages, bien visibles sur les images anciennes et les photos d’avant 1891. A la suite de l’effondrement de la flèche en 1891 entrainant un étage du beffroi et endommageant la toiture du réfectoire, le beffroi est maintenant ouvert. Il abritait 5 cloches très bien accordées dont la dernière Christus (1850 kg) « exilée » à Tours en 1807 malgré la résistance de la population est la plus grosse cloche de la cathédrale de Tours.

La Chapelle de la Vierge (15ème siècle) est en réalité la chapelle absidiale nord de l’abbatiale gothique, Elle a été édifiée entre 1490 et 1517 par l’abbé Jean Du Puy (abbé de 1490 à 1497) pour y abriter sa sépulture. Elle possède de superbes clefs de voûtes peintes ainsi que de beaux chapiteaux, et on peut voir sur les colonnes, de fines sculptures de feuilles de vignes et de raisins.

Le cloitre (13ème, 15ème s. s’étendait perpendiculairement à l’église abbatiale formant un rectangle de 40 mètres de long sur 29 mètres de large.  Au centre se trouvait un puits et une fontaine. La salle capitulaire, longtemps transformée en grange, a gardé sa façade d’entrée où de très fines sculptures sont réapparues lors de travaux récents ; on peut voir au-dessous des arcades une sculpture représentant une tête de basilic avec un corps d’argile terrassant un moine

Le réfectoire (13ème siècle) occupe le côté ouest du cloitre. C’est une magnifique salle gothique rayonnante à deux nefs, dont la voute en ogive retombe sur de superbes colonnes minces et sculptées. Sur le mur Ouest du réfectoire était aménagée la chaire destinée au lecteur pendant le repas des moines. Elle forme un balcon saillant à l’intérieur du réfectoire.

Dans le prolongement du réfectoire, l’ancienne cuisine, reconstruite au 17ème siècle, fut ensuite l’habitation de Paul Boyer, grammairien, professeur de russe à l’Ecole des langues Orientales, qui a légué en 1949 son habitation à la ville de Cormery

Contiguë au réfectoire, contemporaine et de même style, la porterie est intéressante par ses voûtes et ses culs de lampe.

Le château de l’abbé : ce logis du 15ème siècle, à cheval sur le mur d’enceinte, surplombe les douves franchies par un pont levis. On peut voir les fenêtres à meneaux un escalier à vis ainsi qu’un pan à colombage. Le Logis s’accompagnait d’une terrasse et d’un vaste parc. Une grange dîmière* considérable abritait les récoltes revenant à l’abbé : elle était encore en place en 1860.

Les logis du sacristain et de l’aumônier :

Le sacristain, qui avait la responsabilité des trésors (objets de cultes, vêtements sacerdotaux, reliques, cloches, etc.) était l’un des officiers principaux de l’abbaye. La maison du sacristain possède dans sa cour la seule trace de l’église romane consacrée en 1054, à savoir la porte du bas-côté Sud. 

L’aumônier était chargé des aumônes mais aussi des contacts avec les personnes de l’extérieur. La façade de sa maison (15ème s.) est percée par des fenêtres à meneaux et flanqué d’un escalier à vis.

La tour Saint-Jean : cette tour du 15ème siècle fait partie des fortifications qui protégeaient l’abbaye et la ville ; elle est composée d’une cave, d’une salle des gardes chauffée, dont le plancher a disparu, et d’une pièce de tir à 3 canonnières.

L’église Notre-Dame de Fougeray : cette église fut construite au 12ème siècle par l’abbaye et pour la population du village qui prenait de l’extension.

À l’extérieur : un simple portail en arc brisé à l’ouest surmonté d’une baie en plein cintre. Le mur nord est aveugle. La façade sud est percée d’une simple porte en arc brisé et de fenêtres en plein cintre. Le clocher, a été reconstruit après l’incendie de 1338

À l’intérieur : les bras du transept sont éclairés par de grandes fenêtres en plein cintre. Dans les arcades aveugles de l’abside, on peut voir 4 statues étranges énigmatiques sculptées dans la tradition des sculptures de Saint Denis ou de Chartre 12ème siècle.

Il reste aussi des traces des fresques décorant l’intérieur, notamment une Vierge à l’enfant, entourée de quatre anges.

On peut aussi remarquer la cuve baptismale, du 13ème siècle et la coupole centrale du chœur à 16 pans sur pendentifs. Dans ce chœur se trouvent 6 stalles du 15ème siècle, venant de l’abbatiale et restaurées en 2006.

La lanterne des morts : dans le cimetière se dresse une colonne de pierre que l’on appelle communément « lanterne des morts ». L’intérêt de cette construction, dont la date est imprécise, réside dans le fait qu’elle est la seule de ce type en Touraine. Au pied se trouve une pierre tombale sur laquelle est gravée une croix de Malte. La dénomination fait référence à un fanal allumé en haut d’une tour en l’honneur des morts. 

Mais, selon certains, il s’agirait d’une croix hosannière ainsi nommée par référence à un hymne chanté le jour des rameaux et commençant par « Hosanna » croix sur laquelle on accrochait des fleurs en l’honneur des morts.

Le moulin :

Texte tiré de https://blog.cgdt37.com/o-comme-oudin/ (remanié PMD)

Cité en 1338 et proche de l’abbaye, le moulin appartenait aux moines. Deux bâtiments construits côte à côte barraient la rivière, l’un destiné aux grains avec deux roues, l’autre avec une roue à fouler la laine. Sur les plans en vue cavalière du 17ème siècle, nous pouvons voir ces constructions jouxtant l’abbaye :

En 1660 les « moulins banaux » furent loués par l’abbaye à Pierre Bourassé et, en 1774, au meunier François Garnier (1734/1802, dont le bail fut renouvelé dix ans plus tard. Vendus comme bien national, ils furent rachetés en 1801 par le fils de François, Antoine Garnier (1777/1821) ; ils passèrent ensuite au fils d’Antoine, Jacques Antoine Garnier (1811/1880) puis au fils de ce dernier, Antoine Léon Garnier (1841/1906).

Celui-ci s’associa avec Charles Claude Habert (1843/1925), huilier aux moulins de Vontes à Esvres-sur-Indre. Les deux moulins furent transformés et agrandis au fur et à mesure du temps avec les améliorations techniques, pour ne former qu’une seule bâtisse avec la maison d’habitation du propriétaire en retour du bâtiment.

Le moulin fut vendu en 1896 à Ernest Jules Challou (né en 1859), meunier venant du moulin d’Artannes-sur-Indre. Mais les 1er et 2 février 1908, un incendie détruisait le moulin et la maison d’habitation. Il fut reconstruit sur les fondations du précédent en séparant le bâtiment d’habitation de la minoterie.

Le nouveau moulin, doté de deux grandes roues, fut vendu dans les années 1930 à Henri Gustave Oudin (1876/1941) de Truyes, qui fit rebâtir un pont plus solide vers 1935.

Il fut équipé de machines et matériels destinés à la fabrication de pâte à modeler et d’ardoises en carton, et employait une cinquante d’ouvriers, principalement des femmes pour la confection des produits, l’emballage et les expéditions à travers l’Europe.

Malheureusement, un nouvel incendie en août 1962, dû à un court-circuit amplifié par les huiles stockées pour la confection de la pâte à modeler, mit fin à l’utilisation du moulin.

Le bâtiment du moulin fut abandonné mais la maison, qui a été épargnée par l’incendie, est toujours habitée.

Le lavoir, aménagé au 19ème siècle, ce lavoir est situé au bord de l’Indre, en bas de la rue de l’Abreuvoir, non loin du gué où la voie gallo-romaine Nouâtre/Azay-sur-Cher franchissait cette rivière (voir Histoire).

Dans la Rue Nationale, on peut voir un cadran solaire, au n°31, et, au n° 46, sur une ancienne serrurerie, l’enseigne d’un maréchal-ferrant, qui a utilisé pour cela son « bouquet de Saint-Éloi », nom donné au chef-d’œuvre réalisé par l’apprenti maréchal-ferrant à la fin de son tour de France, ainsi qu’un médaillon portant le portrait d’Olivier de Serres (1539/1619), qui figure là, sans doute, en tant qu’agronome réputé.


Aucun commentaire

Laissez votre commentaire

En réponse à Some User