Alfred de Vigny (1797/1863)
Alfred de Vigny, né à Loches le 7 germinal an 5 (27 mars 1797), était le 4ème fils de Léon Pierre de Vigny (1737/1816) et de Marie Jeanne Amélie de Baraudin (1747/1837), qui avaient été emprisonnés brièvement en 1793 en tant que « parents d’émigrés ».
Vigny en 1832 par Antoine Maurin
En effet, comme le raconte Vigny dans son Journal d’un poète, publié en 1867, le père de sa mère, Didier de Baraudin (1724/1797), propriétaire du logis du Maine-Giraud, en Charente, avait été emprisonné à Loches en 1782 et ses parents l'avaient suivi dans sa captivité.
De 1827 à sa mort, Vigny fut propriétaire de ce manoir, situé en Charente sur la commune de Champagne-de-Blanzac, rebaptisée Champagne-Vigny et c’est là qu’il écrivit son célèbre poème, publié en 1843, La mort du loup.
La famille de Vigny était très présente en Touraine au 18ème siècle :
La sœur de son père, Adélaïde de Vigny (1744/1793) était l’épouse de Louis Gaëtan de Thienne (né en 1723), propriétaire de Razay à Céré-la-Ronde.
Le frère de son père, Claude Louis Victor de Vigny (1730/1807) fut le père de Christiane Henriette de Vigny (née en 1775), qui épousa en 1800 Charles Henri Victor Le Breton du Plessis (1761/1821), propriétaire de La Borde à Neuillé-Pont-Pierre, et qui fut la mère d’Hector Le Breton du Plessis (né en 1812), propriétaire, pour sa part, de Dolbeau à Semblançay.
Ce dernier avait épousé en 1841 Alexandrine Bléré (née en 1817). Vigny séjourna chez eux, à Dolbeau, en 1846 et certains disent qu’il eut une liaison avec Alexandrine ; ce qui est sûr, c’est qu’il se rendit encore plusieurs fois à Dolbeau en 1848, 1849, 1853 et qu’il échangea avec sa petite-cousine une correspondance suivie, dans laquelle il lui confia ses observations sur les élections académiques, lui conseilla des lectures et lui confia même les causes de sa dernière maladie : un cancer de l’estomac, qui l’emporta à l’âge de 66 ans.
On peut encore voir à Loches sa maison natale, 10 rue des Jeux.
Maison natale de Vigny (photo PmD juillet 2010)
Vigny ne resta que deux ans à Loches, car ses parents, ayant perdu la plupart de leurs propriétés et de leurs revenus après La Révolution, allèrent s’installer à Paris en 1799. Néanmoins, il est fort honoré dans cette ville avec notamment une rue, un lycée Alfred de Vigny et une école du même nom ainsi qu’avec une statue, réalisée en 1909 par François Sicard (1862/1934) (photo ci-dessous) ; celle-ci, d'abord installée Place de Verdun, se trouve aujourd’hui Place de la Marne, à l’entrée de la ville. L’école, ouverte en 1884 au 10 rue Alfred de Vigny, a été fermée en 2016 et a été transformée en logements.
Ancienne école Alfred de Vigny (photo PmD octobre 2022)
On peut noter que René Boylesve (1867/1926), dans L’enfant à la balustrade, dont l’action se déroule à Descartes, remplace la statue du philosophe par celle de Vigny, sans doute parce qu’il se reconnaissait mieux dans le pessimisme actif du poète que dans le cartésianisme.
La Touraine est très peu présente dans l’œuvre poétique et romanesque de Vigny, à l’exception de Cinq-Mars ou Une conjuration sous Louis XIII, publié en 1826 et inspiré par le complot que le marquis de Cinq-Mars, Henri Coëffier de Ruzé d'Effiat (1620/1642), mena contre le cardinal de Richelieu (voir Cinq-Mars-la-Pile).
Il écrit au début de ce roman : « Connaissez-vous cette contrée que l’on a surnommée le jardin de la France, ce pays où l’on respire un air si pur dans les plaines verdoyantes arrosées par un grand fleuve ? Si vous avez traversé, dans les mois d’été, la belle Touraine, vous aurez longtemps suivi la Loire paisible avec enchantement, vous aurez regretté de ne pouvoir déterminer, entre les deux rives, celle où vous choisirez votre demeure, pour y oublier les hommes auprès d’un être aimé. »
Vigny par Nadar (source wikipedia)