Veigné
Le nom de cette commune, située de part et d’autre de l’Indre, au sud de Tours, apparaît au 9ème siècle, dans une charte du cartulaire de Marmoutier, sous la forme Vindiniacus ou « domaine agricole du gaulois Vindinius (Le Blanc) ».
Histoire
Préhistoire et antiquité :
La région fut occupée au paléolithique (biface de Sardelle, voir ci-après) et au néolithique (hache polie découverte par Gérard Cordier* à La Martinière, au sud-est, rive gauche et polissoir mobile de Thorigny, voir ci-après).
Le toponyme Le Chillou, près de Tartifume, au nord-ouest, rive droite, rappelle l’existence d’un menhir de 4 m. de haut, qui fut détruit au 19ème siècle lors de la construction de la ligne de chemin de fer Tours/Châteauroux (voir ci-après).
Jean-Mary Couderc* a repéré aux Malpièces, au nord-ouest, rive droite, une enceinte ayant les caractéristiques de celles de l’âge du fer : fossés profonds, plan trapézoïdal, porte au nord : voir Nouveaux sites antiques de Touraine in BSAT 40, 1982 (pages 97/99 en ce qui concerne cette enceinte).
De l’âge du fer également, date un établissement rural découvert aux Petits-Partenais (sud-est, rive gauche) où Stéphane Joly a mis à jour des vestiges de trois bâtiments agricoles et des fragments d’amphores italiques d’importation du 1er siècle avant JC. ; voir : Découverte d’un nouvel établissement rural de la Tène à Veigné, in BSAT 50, 2004 (pages39/42).
À l’occasion de fouilles préventives programmées par l’INRAP suite à l’élargissement de l’autoroute A 10, Nicolas Fouillet a découvert en septembre 2020, à Vaugourdon (ouest, rive droite) une importante villa gallo-romaine* avec thermes du 2ème siècle après JC, avec une grande et étonnante cuve viticole, destinée à recevoir le raisin pressé, et une vingtaine de sépultures, qui avait déjà été occupée à l’époque gauloise.
D’autres domaines gallo-romains* jalonnaient cette rive droite de l’Indre, empruntée par une voie allant de Villedieu-sur-Indre à Azay-le-Rideau (voir ci-après), notamment à Bourroux ou « propriété de Burrus » à Fontiville ou « domaine de la source », et à Thorigny, venant de Tauriniacus ou « domaine de Taurinus » (voir ci-après pour ces 3 sites).
Trois voies gallo-romaines traversaient le territoire de la commune actuelle : deux qui allaient d’est en ouest en suivant le cours de l’Indre et une qui se dirigeait du sud vers le nord.
La voie qui longeait la rive gauche de l’Indre venait d’Esvres-sur-Indre (rive gauche) et se dirigeait vers Montbazon ; son parcours est mal connu. Elle est peut-être reprise par la D 250 mais on n’en voit plus guère de vestiges, si ce n’est, peut-être, aux Varennes (dans le bourg, au sud-ouest).
La voie qui suivait la rive droite de l’Indre venait de Nantilly (Esvres-sur-Indre, rive droite) ; on perd sa trace du fait de l’urbanisation galopante de Veigné mais on la retrouve à Bourroux puis à Thorigny et au Moulin Fleuri (voir ci-après pour ces 3 sites) ; elle allait ensuite vers Monts (rive droite).
La voie allant du sud vers le nord, qui reliait Sainte-Maure-de-Touraine à Tours, est encore visible à Sardelle (voir ci-après) ; de là un chemin portant le nom d’Impasse des Dames traversait la voie rive gauche avant d’arriver au bord de l’Indre, à l’Effondrée, où, selon la tradition, il y avait un gué, dont le pavage aurait été vu.
De l’autre côté de l’Indre, la voie est reprise par le Chemin de Bourroux, qui longe le domaine de la Tortinière (voir ci-après), puis est continuée par le Chemin des Dames, qui passe aux Maisons Neuves ; de l’autre côté de l’A 85, on la retrouve avec l’Allée du Saint-Laurent, qui mène à l’étang du même nom ; cet étang, à la limite entre Veigné, Chambray-les-Tours et Monts, alimente un petit cours d’eau se jetant dans l’Indre près de Candé (Monts rive droite) ; au bord de cet étang, Saint Martin aurait « christianisé » au 4ème siècle une source gauloise soignant les maladies de peau et l’aurait consacrée à Saint Laurent (215/258), dont la peau avait été brulée, comme on le sait. Il aurait édifié là un oratoire, transformé en chapelle au 11ème siècle puis reconstruite au 16ème (voir ci-après).
Après cet étang, sur la commune de Chambray-les-Tours, un chemin conduit jusqu’à l’A 10 et, après cette autoroute, va jusqu’à la Rocade, où évidemment on perd sa trace.
Histoire ancienne, moderne et contemporaine :
En 843, les chanoines de l’abbaye Saint-Martin donnent leur domaine de Veigné à l’abbaye de Cormery, qui y fonde un prieuré dédié à Saint Maixent (Maixent, mort vers 515, fut abbé de l’abbaye Saint-Hilaire de Poitiers), dont il reste quelques vestiges au nord de l’église actuelle (voir ci-après).
Il y avait deux fiefs principaux : celui de la paroisse, qui relevait de Cormery, appartenant au prieur du prieuré et celui de la Mairie, dépendant du prieuré, dont le seigneur était en 1330 Pierre Subleau.
Les 17ème et 18ème siècle sont marqués par plusieurs crues majeures de l’Indre, en particulier la crue catastrophique des 26/27 novembre 1770, qui emporta le tablier du pont. Voir l’ancien presbytère ci-dessous ainsi que Cormery, Courçay, Esvres-sur-Indre, Montbazon, Monts et Truyes.
La nouvelle route de Bordeaux à Paris (actuelle D 10) est aménagée au milieu du 18ème siècle mais l’ancienne route fut encore utilisée pour amener du sud de la France, les bœufs vendus à Paris et prit le nom de « chemin aux bœufs » ; cette dénomination est encore présente à Veigné pour la route qui prolonge la rue d’Espagne, au nord-ouest du bourg.
La voie de chemin de fer Tours/Loches, mise en service en 1878, passait par Veigné, où une gare fut construite en 1890. Cette ligne à voie unique sera ensuite prolongée jusqu’à Châteauroux.
L’abbé Gaston Pineau (1911/1998), fondateur en 1948 de l’Entr’aide ouvrière de Tours, vicaire général de Tours, est né à Veigné
Les moulins :
L’Indre, qui traverse la commune d’est en ouest, faisait fonctionner de nombreux moulins ; ce sont d’est en ouest :
Les trois moulins du Lavoir, cités au 13ème siècle et construits dans le fief du Lavoir appartenant à l’abbaye de Marmoutier, à l’initiative d’Hugues de Rochecorbon (mort en 1250), abbé de Marmoutier de 1210 à 1227.
Le grand moulin ou moulin Fonteyne, cité en 1296, fut emporté par la crue de 1770 (voir ci-dessus) et fut reconstruit en 1870/74 à l’initiative de Jacques Drake del Castillo (1855/1918), propriétaire du château de Candé à Monts, alors conseiller général du canton de Montbazon et selon les plans de l’architecte Albert Bataille. Son activité cessa en 1960 et il fut racheté en 1981 par la commune, sous le mandat de Sylvain Dazac (maire de 1977 à 1983), qui en a fait un lieu de réunions et d’expositions. Les machineries et engrenages conservés, ainsi que sa roue de 1927, font de l’endroit un véritable petit musée de la meunerie en Val de l’Indre.
Les trois moulins de Bourroux, établis dans le fief de Bourroux (voir ci-après) ; un acte de 1486 parle de 3 moulins « l'ung à bled, l'autre à draps, l'autre à fourbir harnoys (armures). » Selon la tradition, c’est là que fut fabriqué « un harnay complet pour la “Pucelle » Ce dernier, qui ne fonctionnait plus en 1693, fut ensuite transformé en filature par Guillaume Hector Louyrette (voir le manoir, ci-après)
Le Moulin Fleuri : article https://www.mairie-veigne.com/mes-loisirs/tourisme-decouverte/visites-et-balades-veigne
« À l'extrême ouest de la commune, en allant vers Monts, tout au bout d'une petite route, c'est dans un cadre verdoyant que trône cette bâtisse. Ce moulin est cité pour la première fois dans les archives à la date très précise du 20 mars 1592, et portait le nom de « Roulecrottes ». En effet, il se situe au bord du bras secondaire de l'Indre qui porte le même nom. Roulecrottes, ce nom un peu particulier trahit le rôle d'égout que l'on attribuait très souvent jadis à ce type de ruisseau (Roule-Crottes). En 1668 ce ruisseau portait le nom de « Roulemasle » (« qui roule le mal »).
En 1749, Mme Camus de Beaulieu [Marie Thérèse Camus de Beaulieu, morte en 1753] le vend à Joachim-René Testard des Bournais [René François Joachim, mort en 1764] seigneur du Puy D'Artigny [à Montbazon et de Longue Plaine à Sorigny]. Ce moulin restera durant presque deux siècles partie intégrante du Château d'Artigny et sera loué périodiquement à de nombreux meuniers. En 1842-43 César Bacôt [inconnu par ailleurs] le reconstruisit sur le même emplacement de l'ancien bâtiment du XVIème siècle. Le vieux pont à deux arches de pierre qui existe encore aujourd'hui daterait du même siècle. Le crépi du nouveau bâtiment de couleur rose-orangé (caractéristique des moulins du Val de l'Indre) lui donnera le nom de « Moulin Rouge ».
1882, le moulin brûle accidentellement (la poussière de farine mise en contact avec des meules en pierre est très inflammable). Les ruines furent alors vendues au meunier Jules Sentier qui le reconstruisit en 1884. Il transforma l'appentis contre le pignon ouest en fournil, lui permettant ainsi de faire lui-même son pain (contrairement à l'usage respecté en France sous l'Ancien Régime qui interdisait à un meunier « d'être à la fois au four et au moulin »). Dans la nuit du 10 au 11 décembre 1887, Jules Sentier eut une fin tragique.
Alors qu'il revenait d'une foire à Tours, tout près de Thorigny, [voir ci-après] il dut arrêter sa calèche pour dégager le chemin encombré. Un inconnu lui a tiré dans la tête à bout portant, vraisemblablement pour lui voler sa recette. Un certain Basile Rollenfant fut arrêté, mais faute de preuve, il fut relâché et ce n'est qu'en septembre 1895 que l'arme du crime fut retrouvée au « village brûlé » et identifiée comme la sienne. Cet homme fut à nouveau arrêté et condamné en 1896 aux travaux forcés à perpétuité, suite à un procès qui passionna l'opinion publique de la région.
La famille Sentier continua l'exploitation du moulin puis le vendit à M. Challoun qui lui-même le céda en 1912 au parfumeur milliardaire Monsieur François Joseph Sportuno dit « Coty » [Joseph Marie François Sportuno (1874/1934) prit le pseudonyme de François Coty pour commercialiser ses parfums]. Le moulin réintégrait ainsi le domaine du Château d'Artigny. En 1948, à sa cessation d'activité, après plus de 350 ans d'existence, le moulin fut vendu par la fille de M. Coty [Françoise Coty (1904/2005)] à un parisien, Marcel Thierry qui le transforma en « hôtel-restaurant », en 1951.
Puis en décembre 1973, Alain [né en 1943] et Martine Chaplin l'achètent et le rénovent en le rebaptisant « le Moulin Fleuri ». Ce n'est qu'en 2010 qu'ils confient l'affaire à leur fils Michaël [né en 1976] accompagné de son épouse Katia. Tous deux perpétuent la bonne réputation de cet établissement au cœur de ce lieu champêtre.
Voir https://www.moulin-fleuri.fr/
Les fours à chaux :
Au moins six fours à chaux et briqueteries sont signalés dans la commune aux 18ème et 19ème siècle. Tous ces équipements ont disparu, sauf un four à chaux, construit en 1858. Le dernier four à chaux a cessé ses activités au début des années 1870 et a été détruit vers 1900.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA37001584
« Ce four a été construit en 1858 aux Usages [au nord-ouest du bourg, à la limite avec Monts] sur une terre appartenant depuis 1853 à Santiago Drake del Castillo [1805/1871] et qui bordait son domaine du château de Candé à l'Est puis remanié à 3 arches en 1870. Après la mort de Santiago Drake del Castillo, le domaine passe à son fils Jacques [(1855/1918), voir les moulins, ci-dessus] et en 1927, à Charles Eugène Bedeaux [1886/1944]. En 1920, le cadastre fait mention de l'état de ruine du four. Les matériaux produits ont pu être employés aux travaux entrepris à compter de 1864, par le propriétaire, pour la transformation du manoir [de Candé]. Ne faisant apparemment pas commerce de briques, l'exploitation n'a jamais été imposée au titre de la patente. Actuellement, le four qui n'est pas effondré, présente d'intéressants vestiges, des débris divers jetés dans la cuve couvrent la sole, l'entrée des arches est comblée, la végétation se développe sur et le long des murs. Les différentes opérations de fabrication étaient exécutées par des ouvriers ou des journaliers employés sur le domaine de Candé, ce qui ne permet pas de les distinguer dans le recensement de la commune. Les parties constituantes sont une halle (bâtiment) au Sud-Est, un local à l'Est. »
À voir dans le bourg
Église Saint-Maixent (place du Maréchal Leclerc) :
Article https://www.mairie-veigne.com/mes-loisirs/tourisme-decouverte/visites-et-balades-veigne
« Du haut de sa flèche de pierre près de neuf siècles vous dominent ! Le clocher de Veigné, daté par les archéologues des environs de 1140-1160, est le plus ancien édifice de la commune.
Le reste du sanctuaire a, hélas, été rebâti en 1873-1875 en style néo-roman par le spécialiste du genre, le prolifique architecte diocésain Gustave Guérin [1814/1881], qui n'a fait que reprendre ici les mêmes plans que pour la cinquantaine d'églises qu'il éleva en Indre-et-Loire, en étant assisté d'Albert Bataille, architecte à la même date du Grand Moulin voisin, et de l'abbé Pierre Sorin en personne, curé de Veigné [de 1870 à 1874] à cette époque.
Le fier coq gaulois en cuivre, trop fragile et assez abîmé, qui surmontait le clocher a dû être récemment descendu et fort heureusement mis à l'abri à l'entrée de la nef. Il y côtoie ainsi deux bénitiers anciens : l'un en granit du XVIème siècle [en face de l’entrée principale] rapporté en 1960 de la chapelle du manoir de Taffonneau [voir ci-après] et ayant sans doute servi à l'origine de mortier ou de mesure à grains ; l'autre datant vraisemblablement du XVème siècle.
Plus modernes, on remarquera également les deux monuments aux morts, celui des Poilus tombés pendant la Première Guerre Mondiale et la plaque dédiée aux six Vindiniens victimes des nazis.
Quant aux dix vitraux, de belles qualités, sortant de la célèbre manufacture Lobin de Tours en 1880-1881, ils illustrent les vies des patrons de la paroisse : Saint Maixent [(448/515), abbé du monastère du Poitou qui prendra son nom], Saint Roch (qui a droit, de plus, à sa statue placée sur l'un des autels secondaires) et Saint Charles [Saint Charles Borromée (1538/1584)], offert par la famille Vergé [dont fit notamment partie le jurisconsulte Charles Henri Vergé (1810/1890), propriétaire du château du Creuzeau à Montbazon. Voir aussi La Guéritaulde, ci-après.
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Maixent_de_Veign%C3%A9
« Une église [celle du prieuré] est mentionnée à Veigné au xiie siècle dans le cartulaire de Cormery dont elle relève alors. De l'édifice de cette époque sont parvenus la base des murs du chœur ainsi que le clocher en pierre. La nef est reconstruite en 1873.
Le clocher, plus ancienne partie de l'édifice, du xiie siècle, est intégralement construit en pierre meulière. Il affecte la forme d'une mitre octogonale décorée de quatre clochetons aux quatre angles. Cette disposition est assez usuelle dans la vallée de l'Indre. Il comporte dans sa partie haute deux baies en plein cintre munies d’abat-son [ensemble de lames inclinées vers le bas] sur chaque face et encadrées par 3 contreforts plaqués.
Le calcaire qui a servi à reconstruire la nef est très différent de celui qui servit à édifier le clocher. Le chœur se termine par un chevet plat.
Les vitraux qui garnissent les baies en arc brisés sont confectionnés dans les années 1880 dans l'atelier tourangeau de Lucien Léopold Lobin [1837/1892]. »
Parmi les statues (du 19ème siècle), il reste celle de Saint Maixent, au-dessus de l’autel latéral sud mais celle de Sainte Philomène, qui était sur le mur nord de la nef, a été enlevée, son culte ayant été supprimé en 1961, étant donné que cette sainte n’a jamais existé, puisque c’est l’inscription grecque « philomena theou » « aimée de Dieu », trouvée dans un tombeau à Rome, qui est à l’origine de ce nom, et celle de Saint Martin, qui se trouvait à gauche de l’entrée, a été volée en 2009.
À droite de l’autel principal, dit « autel privilégié » car une messe des morts pouvait y être célébrée quelle que soit la fête liturgique du jour, se trouve un vitrail (1924) de Lux Fournier (1868/1962), figurant le Sacré-Cœur de Jésus.
Le vitrail représentant Saint Maixent (de Lucien Léopold Lobin) a été restauré par Jérôme Robert de Continvoir, qui a pris la succession du maître-verrier Van Guy (1930/2017).
La place du Maréchal Leclerc occupe l’emplacement de l’ancien cimetière, utilisé jusque dans les années 1950.
La grange aux dîmes (rue du Moulin) : ce bâtiment du 14ème siècle, proche du chevet de l’église, qui abritait les produits des dîmes, dues au prieuré Saint-Maixent, est l’une des trois plus anciennes du département. Elle a été restaurée en 2013 pour accueillir la bibliothèque de la Communauté des Communes.
Lavoir communal (2, rue Principale, à côté du grand moulin), datant de 1875, est recouvert par une toiture en ardoises, à charpente métallique. Il est inondé quand l’Indre est haute.
Maisons anciennes :
Rue de l’Égalité (ainsi nommée en 1790 parce qu’elle conduisait au cimetière !) :
- N° 3 : maison 15ème : le rez-de-chaussée en pierre est surmonté d’un étage en encorbellement à colombage en brique et en pierre
- N ? : ancienne pompe à bras, fabriquée par l’entreprise Bodin de Bléré (créée en 1920 et existant toujours), alimentée par la Fontaine Rouillée, source ferrugineuse se trouvant rue des Rangs. (plan LV 22)
Rue de l’Huilerie : N ? : vieille grange (plan LV 8)
Rue de l’Opéra (voir l’auberge) :
- N° 1 : maison avec un œil-de-bœuf de la fin du 18ème siècle, réutilisé dans le mur d'un logis plus récent. La niche le renfermant est surmontée d'un fronton triangulaire sculpté.
- N° ? : maison du 16ème siècle. (plan LV 20)
- N° ? : ancienne aumônerie devenue l’auberge de l’Opéra, ainsi nommée parce que la haute société de Veigné y donnait des bals en hiver. Paul Louis Courier (voir Véretz) y avait sa chambre, au-dessus du porche. (plan LV 21)
Rue Principale :
- N°? : ancien presbytère, construit en 1769 par l’abbé Charles Auguste Barnabé, curé de Veigné de 1750 à 1781, avec marque de la crue de 1770 (plan LV 5)
- N°? : maison médiévale (plan LV 7).
- N°? : auberge du Cheval Blanc, tenue au 9ème siècle par Léon Berland (1847/1929), auteur d’un manuscrit intitulé Mémoires d’un vigneron, voir https://excerpts.numilog.com/books/9782854432640.pdf (plan LV 17)
- N ? : maison Louis XV, occupée en 1780 par Vincent Chupeau de La Roche, lieutenant de louveterie (plan LV 19).
Rue du Lavoir, n° ? : maison Louis-Philippe (plan LV 15).
À voir au nord
Fontiville (voir préhistoire et antiquité) :
Autrefois, le site s’appelait la Mauritière. Le manoir actuel a été construit sur une terrasse surmontant la rive droite de l’Indre, en style néo-renaissance, entre 1845 et 1847, pour Benjamin Voisine de La Fresnaye (1810/1904) (voir aussi La Fresnaye à Monts).
Il est composé d’un long bâtiment en tuffeau blanc, encadré par deux pavillons. Le pigeonnier, du 15ème siècle, a été détruit en 1990.
Il a été occupé, de 1973 à 2021, par un lycée hôtelier.
Selon la Nouvelle République du 1/02/2021, un investisseur privé compte y résider et convertir en logements les anciennes cuisines et réfectoires.
Couzières
Le premier propriétaire connu de ce fief fut, en 1437, Jacques de Thais (mort en 1458), chambellan de Charles VII, également seigneur de Thaix à Sorigny, dont la fille, Jeanne de Thais, épousa en 1425 Louis de Menou (1402/1462).
Ces derniers furent les parents de Jean de Menou, mort sans postérité en 1479, et de François de Menou (mort avant 1530), chanoine de Chartres, cité en 1505, qui légua le fief à son neveu, prénommé aussi Jean (mort vers 1556), petit-fils de Louis, dont les filles vendirent le fief, en 1557 à Claude II de l’Aubespine (1510/1567),également seigneur d’Andigny à Saint-Étienne-de-Chigny, maire de Tours en 1557/58, secrétaire d’état à la marine et aux affaires étrangères de 1547 à sa mort ; sa fille, Madeleine de L’Aubespine (1546/1596), épousa en 1561, Nicolas de Neufville (1542/1617), secrétaire d’état à la guerre et aux affaires étrangères de 1594 à sa mort.
En 1598, le fief est acheté par Hercule I de Rohan-Guémené, né en1568 et mort à Couzières en 1654, 2ème duc de Montbazon, seigneur de Montbazon, Nouâtre et Sainte-Maure-de-Touraine. C’est lui qui construisit le château actuel et qui organisa en 1619 « l’entrevue de Couzières », rencontre, qui dura 14 jours, ayant pour objectif de réconcilier la reine-mère Marie de Médicis (1575/1642) et son fils, le roi Louis XIII (1601/1643).
Le domaine resta la propriété de la famille de Rohan-Guémené jusqu’au 2 mars 1781, date à laquelle Jules Hercule Mériadec de Rohan (1726/1788), 7ème duc de Montbazon, également seigneur de La Championnière (voir ci-après), le vendit à Nicolas Bunault de Rigny (mort en 1789), également seigneur de Chambray-lès-Tours.
C’est ce Jules Hercule Mériadec qui fit percer en 1747 une large avenue reliant la route royale de Tours au centre de Veigné, appelée ensuite avenue de Couzières en souvenir de ce seigneur.
Le château fut vendu comme bien national en 1796 à Charles Antoine Padelinetty, négociant à Tours, qui était aussi propriétaire du Plessis à Thilouze.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098272
« Château élevé au début du 17e siècle par Hercule de Rohan, à la place d'une construction plus ancienne dont subsistent deux tours pouvant dater du 16e siècle. L'édifice fut restauré au cours du 19e siècle. L'utilisation d'éléments du château du 16e siècle dans la nouvelle construction, a donné au plan quelques irrégularités. Le château comprend au sud un pavillon dont le grand axe n'est pas perpendiculaire à celui du bâtiment principal. La façade de ce pavillon, sur la cour, a conservé son architecture et sa décoration primitives. La façade donnant sur la vallée se développe entre les deux tours et a été refaite au 19e siècle. La cour est limitée à l'ouest par les communs, et au sud par une partie conservée des douves que franchit un pont dormant. Dans cette cour, un bassin est timbré aux armes de François Ier [1494/1547], Claude de France [(1499/1524), épouse de François 1er] et Louise de Savoie [(1476/1531), mère de François 1er]. A l'est de ce jardin, une grotte fontaine, ouverte dans une architecture ornée de pilastres ioniques et couronnée d'une balustrade, date de la fin du 17e siècle [cette fontaine a la réputation de recouvrir d’une couche de calcaire les objets qui y sont déposés]. »
La Championnière :
Le premier seigneur connu de ce fief fut Guillaume III Odart (mort en 1450), également seigneur de Braslou et de Rilly-sur-Vienne ; son héritier, Jean Odart (né en 1375, chambellan de Charles V et Charles VI, vendit le domaine vers 1460 à Gervais ou Gervaise Goyet, maire de Tours en 1476/77. Ce fief resta la propriété de la famille Goyet jusqu’à François Goyet, cité en 1692, capitaine d’Henri IV, qui, issu d’une famille protestante, se convertit et mourut sans postérité, étant entré dans les ordres.
Le fief passa ensuite à la famille Guimier, avec Jean Guimier (mort vers 1699), également seigneur de La Joumeraie à Pont-de-Ruan, père d’un autre Jean Guimier, cité en 1720, lui-même père de Jean Martin Guimier (né en 1700), propriétaire de 1751 à 1756 et de La Grange-Rouge à Montbazon.
Il fut acheté en 1760 par Jules Hercule Mériadec de Rohan, déjà propriétaire de Couzières (voir ci-dessus).
Le dernier seigneur fut Nicolas Bunault de Rigny (mort en 1789), également seigneur de Couzières (voir ci-dessus).
Article https://touraine-insolite.clicforum.fr/t1711-Le-Chateau-de-la-Championniere.htm#p7325
« Le manoir est construit en 1830. Mais la Championnière est un lieu chargé d’histoire. Dans les années 1600, la carte de Cassini* lui donne l’appellation la « Championnière ». Le premier château est construit en 1440, puis reconstruit en 1695 par Jean Guymier [Jean Guimier, mort vers 1699] sergent royal de Montbazon. De cette époque subsiste l’aile basse, située au sud. De 1763 à 1781, il devient la propriété de Pierre Taschereau des Pictières [ce dernier, né vers 1730, également seigneur de La Carte à Ballan-Miré, n’est pas cité dans le dictionnaire de Carré de Busserolle*]. Ensuite, Jules Roche [fondateur en 1807 rue Nationale à Tours d’une célèbre pâtisserie, citée notamment par Balzac et René Boylesve, qui sera dans les années 1950 la pâtisserie Poirault], en devient propriétaire. Le site actuel, de style néo-toscan, a été conçu en 1833 et 1834 par le colonel Chabert de Prailles [André François Chabert de Prailles (1666/1746), capitaine-major ; un de ses descendants, Mathieu André Chabert de Prailles (1787/1851), sera maire de Nouâtre de 1848 à 1851].
Le pigeonnier, que l’on peut toujours voir, date de cette époque [Non ! ce pigeonnier de 8 m. de diamètre, surmonté d’un lanternon conique, sous lequel se trouvent les ouvertures permettant l’entrée des pigeons, date de 1695]. Cette « fuye » est classée à l’inventaire des Monuments historiques.
Quant au pressoir, il date du XVIIIe siècle car, à l’époque, ce secteur était réputé pour ses vignes. En effet, sous le bâtiment principal, on trouve plusieurs caves voûtées. Les communs datent du XIXe siècle.
L’ensemble, d’une surface de 21 hectares, disposait aussi d’une chapelle, détruite en 1833, dont les matériaux serviront à édifier la tour du château d’eau. Plus récemment, en juin 1940, l’armée allemande s’est installée à la Championnière, et l’a occupée pendant plus d’un mois. »
Article https://www.lanouvellerepublique.fr/indre-et-loire/commune/veigne/la-championniere-un-lieu-charge-d-histoire
« La Championnière est un site remarquable, ouvert tous les jours au public, de 9 h à 19 h, jusqu’au 15 octobre. Un parcours « nature et découverte » attend les curieux, qui peuvent découvrir la faune et la flore du sous-bois, grâce à des panneaux explicatifs positionnés aux endroits stratégiques.
Un châtaignier trône dans la prairie, et est classé arbre remarquable, avec une circonférence de 8,50 m et une envergure de 25 m. [On suppose que cet arbre de 17 m. de hauteur, qui se trouve au nord-est du domaine, a été planté en 1695 par Jean Guimier, dit de La Joumeraie (voir ci-dessus)]. »
Chapelle Saint-Laurent (tout au nord de la commune) :
L’oratoire du 11ème siècle (voir Préhistoire et antiquité) fut reconstruit vers 1575 ; la chapelle, désaffectée en 1767, fut pillée pendant la Révolution (ce qui explique que son bénitier Renaissance se trouve aujourd’hui dans l’église de Chambray-les-Tours) avant de servir de métairie au château de Thorigny (voir ci-après), qui se trouve à 1500 m. environ au sud de ce lieu. Le pèlerinage qui s’y rendait s’est poursuivi jusqu’en 1940.
Elle est actuellement restaurée et ouverte au public lors des journées du patrimoine.
Article https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098271
« Un premier oratoire fut réalisé par Saint Martin* pour détruire le culte païen voué à la source voisine. Au-dessus de la fenêtre absidiale, une inscription effacée rappelait que la chapelle, les murs dans leur ensemble et l'abside sont romans. La voûte en charpente peut dater de la fin du 15e siècle, ainsi que la porte à l'ouest. C'est une chapelle à une seule nef. La maçonnerie de petit appareil date de l'époque romane, ainsi que les quatre fenêtres latérales en plein cintre, et certainement l'abside en cul de four. Des restes de fresques se devinent sur la voûte en maçonnerie de l'abside, figurant un Christ en majesté. »
Voir Alexandre Gordine : La chapelle Saint-Laurent-des-bois et sa peinture murale, in BSAT 58, 2012 (pages 139/150).
La Tortinière (nord-ouest) :
Article https://www.mairie-veigne.com/mes-loisirs/tourisme-decouverte/visites-et-balades-veigne
« L'Histoire de la Tortinière et de ses environs commence dès l'époque romaine. Le chemin qui part de l'entrée du parc et longe le mur de la propriété en direction de l'Indre fait partie du tracé de l'ancienne voie romaine qui menait de Tours à Montbazon [de Sainte-Maure-de-Touraine à Tours, en fait (voir ci-dessus)]. Il portait le nom de "Chemin blanc", sans doute à cause des pierres calcaires qui le composaient.
Le XVIème siècle est en Touraine une période heureuse et prospère. Ce fut sans aucun doute à cette époque que l'on construisit la première Tortinière rustique et massive quoique flanquée de deux tourelles. Le rôle des Fiefs de Touraine nous indique que le domaine appartenait en 1562 à Jean Forget de Villedieu, qui fut maire de Tours en 1599 [Jean Forget, dit de La Tortinière, maire de Tours en 1598/1599, fut aussi seigneur de La Côte à Reugny]. En 1638, il passe entre les mains de la famille Compain qui le garde jusqu'à la fin du XVIIème siècle [Notons cependant qu’un Gabriel Compain, « marchand bourgeois » est déjà cité en 1591 comme « sieur de la Tortinière »]. C'est une famille de soyeux, Tours étant à cette époque une des capitales de la soie.
Louis-Denis Petit du Chastenay, inspecteur à la poudrerie du Ripault [à Monts] vend en 1845 la Tortinière à Françoise Bastard et c'est le 2 mars 1861 que Pauline Dalloz [Pauline de La Ville Le Roux (1816/1900)] (veuve d’Armand Dalloz, auteur du précis du Code Civil) [en fait ce précis a surtout été écrit par Désiré Dalloz (1795/1869), jurisconsulte et député du Jura de 1837 à 1848), avec l’aide de son jeune frère Armand Dalloz (1797/1857)] acheta le manoir.
Ce fut en 1866 qu'à la gentilhommière succéda l'actuel Château construit par Pauline Dalloz. Ce bâtiment de style Renaissance a su s'inspirer à la fois de quelques chefs-d'œuvre de l'époque (Azay-le-Rideau par exemple) et des solides principes de construction du XIXème siècle. Le petit pavillon de la cour d’honneur, ancienne closerie, date de la fin du XVIIIème S.
Jacquemin-Bellisle qui fut l'architecte de la Tortinière est issu d'une longue lignée d'architectes qui ont conçu l'Hôtel-Dieu de Tours, le Palais de Justice et reconstruit la Cathédrale [Jean Charles Jacquemin-Belisle (1814/1869), architecte du Palais de Justice, était le petit-fils de l’architecte Jean Bernard Abraham Jacquemin (1756/1826), rénovateur du quartier Saint-Martin à Tours, lui-même fils de l’architecte Jean Bernard Jacquemin (1720/1786), qui procéda à la restauration de la cathédrale Saint-Gatien.]. Mme veuve Dalloz avait mis en concurrence deux paysagistes Prosper Jolly [Prosper Eugène Jolly (1839/1918)] et Eugène Bühler [(1822/1907), créateur notamment du parc du château de Chanceaux-près-Loches, qui intervint aussi dans le parc de La Guéritaulde (voir ci-après)] pour l'aménagement du parc. Elle a établi un panachage des deux projets et de nombreux arbres aux essences variées ont été plantés. Une orangerie semi-souterraine fut créée et c'est dans un écrin de verdure que le château, tel que vous pouvez le voir aujourd’hui, fut construit.
Puis Louise Désirée Dalloz [(1840/1915), fille d’Armand et de Pauline], mariée à Albert de Rigny [Albert Gaultier de Rigny, né vers 1830] héritera du domaine et redonnera vie à cette propriété un peu engourdie en y accueillant enfants et petits-enfants. Un de ses fils, Roger [né vers 1867], sans enfant, vendra le domaine en 1924. Cette propriété connaîtra une succession de propriétaires. En 1954, M. et Mme Capron l'acquirent pour la transformer en hôtellerie l'année suivante. L'ainée de leur fille, Denise Olivereau-Capron [Denise Capron, dite Liz (1938/2017) épousa en 1963 Joseph Olivereau, dit Jo (né en 1932)] veillera durant 40 ans au bien-être de ses hôtes.
En 1989, son fils Xavier et son épouse Anne, lui succèdent. Tous deux sont très attachés à ce que le domaine, le château ainsi que les nombreuses dépendances gardent leur authenticité. Ils y perpétuent un service de qualité qui fait la renommée de ce Château Hôtel Restaurant de charme [voir https://www.tortiniere.com/fr/hotel.html]
La reddition de la ville de Tours aux allemands pendant la guerre de 1870, fut signée dans le salon aux meubles de citronnier, aujourd'hui disparus. Durant cette même guerre, passa par la Tortinière en mars 1871 le fils de Guillaume 1er [de Hohenzollern (1797/1888)] roi de Prusse puis empereur d’Allemagne], Frédéric III [de Hohenzollern (1831/1888) brièvement empereur d’Allemagne après la mort de son père]. Voir aussi Thorigny, ci-après
Durant la seconde guerre mondiale, l'État-Major allemand s'y est installé. »
Château-hôtel : voir https://www.tortiniere.com/fr/
Thorigny (nord-ouest) (voir Préhistoire et antiquité) :
Le fief, relevant du château de Montbazon, appartenait en 1438 à Antoine Baudet ; son arrière-petite-fille, Guillemette Baudet, épousa en 1525 Antoine de Nossay, dont le fils, Charles de Nossay, également seigneur d’Izenay à Chambray-lès-Tours et de La Roche à Monts, est cité comme seigneur de Thorigny en 1578.
En 1781, Jules Hercule Mériadec de Rohan-Guémené (1726/1788), 7ème duc de Montbazon et son fils, Henri Louis Marie (1745/1788) vendirent le fief à Louis François Daën, seigneur d’Athée-sur-Cher, dont le fils, Lucien François Daën sera seigneur puis maire d’Athée-sur-Cher, de 1802 à 1826
Le château, qui a remplacé un manoir du 15ème siècle, a été construit en 1847, en style néo-classique, pour la famille Le Breton de Vonnes (voir Pont-de-Ruan et Saché) selon les plans de l’architecte Joseph Antoine Froelicher (1790/1866), avec une chapelle, construite en 1883, contenant des vitraux de Lux Fournier (1868/1962) ; il reste dans le parc un puits en bois du 15ème siècle.
Selon Ludovic Vieira (voir PS] à la fin), ce château a été construit en 1846 pour la famille Torterüe de Sazilly par l’architecte Jean Charles Jacquemin-Belisle (1814/1869) (voir La Tortinière, ci-dessus). Charles Torterüe de Sazilly (né en 1818) fut le père de Jeanne Torterüe de Sazilly (morte en 1881), qui avait épousé en 1864 Henri Le Breton de Vonnes (1834/1903), petit-fils du maire de Saché, François Joseph Le Breton de Vonnes (1761/1812). La chapelle fut édifiée en mémoire de Jeanne, morte en couches, représentée par Lux Fournier sous les traits de Sainte-Élisabeth.
Selon Jacques Maurice (voir PS] à la fin), Charles Torterüe de Sazilly reçut à Thorigny en février 1871 la visite de trois officiers, dont deux n’étaient autres que le commandant de la 2ème armée prussienne Frédéric Charles de Hohenzollern (1828/1885), dit le Prince Rouge, neveu de l’empereur Guillaume 1er de Hohenzollern (1797/1888), ainsi que son cousin Frédéric III de Hohenzollern (1831/1888), fils de l’empereur. Voir aussi Le Tortinière ci-dessus
Gites : voir https://www.castels-gites.com/thorigny
Bourroux (nord-ouest, à la limite avec Montbazon) :
Vers 1070, Sulion, clerc de l'église de Saint-Martin de Tours, qui possédait « allodium de Burro juxta Agnem » (l’alleu* de Bourroux près de l’Indre), en fit don à l'abbaye de Cormery « pour le repos de son âme ». Ce dernier donna également à cette abbaye la « terram de Juncheria » (la terre de Jonchère), dont il était également propriétaire (voir La Belle-Jonchère, ci-après).
Plus tard, Bourroux devint la propriété du Chapitre de Tours. Il relevait du fief de Thais, paroisse de Sorigny.
Au 15ème siècle, son étendue était de 12 arpents environ (soit 4 hectares). Dans un aveu* de 1486, il est qualifié de « manoir et hébergement »
Par acte du 6 octobre 1742, le Chapitre de Tours céda les droits seigneuriaux attachés à l'ancien manoir, au seigneur de Thaïs.
En 1817, cette terre appartenait à Alexandre Victor Gilles de Fontenailles (1761/1822), seigneur de Louestault et propriétaire de Beaulieu à Neuvy-le-Roi, qui, cette année-là, la vendit à Guillaume Hector Louyrette (1770/1842) ancien officier d’état-major, dit aussi W. H. Louyrette : ce dernier fit dans le domaine des dépenses considérables. Il transforma le moulin en une filature de laine qu'il vendit, en février 1830.
En 1846, cette filature fut achetée par « les soieries Jean Roze », dirigées alors par Paul Roze (1813/1898), président de la Chambre de commerce de Tours, qui y transporta une partie de ses installations de Saint-Avertin. Les nouveaux propriétaires firent reprendre tous les travaux hydrauliques, réparèrent et agrandirent les logements des ouvriers et fondèrent une chapelle où la messe était célébrée tous les dimanches.
Le manoir actuel de Bourroux a été bâti en 1903/1904 par l’avocat Alfred Avenet, membre de la SAT. Cette édification a entraîné la destruction du moulin.
À voir à l’ouest
Beaupré (à la limite avec Monts) :
Article https://www.mairie-veigne.com/mes-loisirs/tourisme-decouverte/visites-et-balades-veigne/manoir-de-beaupre
« Il fut construit vers 1643, par la famille Lebeau (originaire d'Amboise) [un certain Claude Lebeau est cité comme seigneur de La Tour-du-Pin à Mosnes en 1694] mais le manoir connaitra de nombreux propriétaires. Beaupré et le Moulin de Roulecrottes (actuel « Moulin Fleuri ») faisaient partie d'un même domaine celui du Puy d'Artigny.
De 1749 à 1956, ce manoir fut relégué au rang de simple ferme. Dès 1912 François Joseph Sportuno dit « Coty », parfumeur et milliardaire parisien, devint propriétaire du domaine [Joseph Marie François Sportuno (1874/1934) prit le pseudonyme de François Coty pour commercialiser ses parfums (voir le Moulin Fleuri)]. Dès 1956, d'autres propriétaires se succèderont à Baupré.
Le 28 juin 1989, M. et Mme Bouchenard vont l'acquérir et y entreprendre une importante restauration.
Le manoir est situé sur la rive droite de l'Indre, prendre la D 87 vers Monts. Puis, il convient d'emprunter une petite route vers le Moulin Fleuri [voir ci-dessus]. Sur votre droite une allée ombragée vous conduit à la grande grille qui protège la demeure.
A l'Ouest et à l'Est, deux corps de bâtiments forment une équerre. Le toit à la Mansart, sur charpente en bateau de Loire, est percé sur la façade nord par trois belles lucarnes de pierre à fronton arqué. Au nord, l'accès principal se fait par un escalier-perron de style néo-Louis XVI, provenant de la démolition de bâtiments locaux. Subsistent, le vieux puits, le bassin et une statue. Les communs sont plus récents. Le sol des anciennes écuries est encore partiellement constitué de rondins en bois posés verticalement. L'escalier sud en pierre (refait entièrement à l'ancienne) permet de dégager l'accès à une cave sous la totalité du logis. Entre les solives du plafond apparaît le torchis en terre glaise sur lattis.
A l'intérieur sont présenter, deux cheminées monumentales du XVIIème à pieds droits et une double corniche (une plaque de cheminée est datée de 1647). Un « potager » en pierre servait à mijoter les repas par un foyer rempli de braises. Dans le hall d'entrée, un bel escalier de bois à balustres tournés avec pans de bois, permet d'accéder aux appartements de l'étage Mansart.
La restauration à l'identique de cet escalier (origine d'un hôtel particulier du baron du Saussay à Tours) [Louis Virgile Raoul Du Saussay (1846/1932), maire de Fondettes de 1892 à 1925, fit construire à Tours, en 1875, un hôtel particulier, détruit en 1966] est en cours.
Monsieur Bouchenard [Max Bouchenard, ancien pilote de chasse et de ligne, est cité en 2011 dans des recours contre la LGV] est très attaché à l'aspect originel de cette propriété qui ne manque pas de charme et qu'il restaure depuis de nombreuses années, avec passion. En lisière de ce domaine, les futurs travaux de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) risquent fort d'entacher ce havre de verdure. »
Ouverture au Public en juillet/août ; voir https://www.touraineloirevalley.com/patrimoine-culturel/manoir-de-beaupre-veigne/
À voir au sud
La Guéritaulde :
Ce fief, qui relevait du château de Montbazon, appartint, du 14ème au 17ème siècle, à une branche de la grande famille de Maillé (voir Luynes). Gui de Maillé, cité en 1353, mort vers 1372, fils d’Hardouin VI de Maillé (1290/1340), fut le père de Juhez de Maillé, cité en 1365, lui-même père de Jean de Maillé (mort en 1426) et d’Eustache de Maillé (mort en 1444), abbé de Bourgueil puis de Seuilly.
Ce Jean de Maillé fut le père d’Hardouin de Maillé (mort en 1464) et le grand-père d’Abel de Maillé (mort vers 1516), dont le fils, René de Maillé (mort en 1531) fut seigneur de L’Islette à Azay-le-Rideau, ainsi que de Jeannon de Maillé (mort vers 1530).
Ce Jeannon de Maillé eut pour fils un autre René de Maillé (mort vers 1585), lui-même père d’Yves de Maillé (mort vers 1589) et d’Hélie de Maillé (mort vers 1618), dont le fils, Hercule de Maillé épousa en 1653 Charlotte de La Barre, fille de René de La Barre, qui pour sa part avait épousé la sœur d’Hercule, Françoise de Maillé ; ce qui faisait de ce René de La Barre, également seigneur de Sonnay à Cravant-les-Coteaux, le beau-frère et le beau-père d’Hercule !
Ce dernier étant mort sans postérité, le fief passa à son beau-frère et neveu, François de La Barre, maire de Tours en 1676/77, également co-seigneur d’Avon-les-Roches.
Le dernier seigneur fut Jean François Roussel (mort en 1784), commissaire des guerres et historien militaire, dont la fille, Catherine Léopoldine Roussel épousa en 1784 Étienne Pierre de Ruffray (1752/1818), qui devint, sans enthousiasme, colonel de l’armée de la Révolution et qui fut maire de Montbazon de 1813 à 1817. À la mort de son beau-père, il hérita du château, qu’il laissa à l’abandon et qu’il vendit en 1797. Pour ce dernier paragraphe, voir in BSAT, 29, 1947 (pages 285/286), la communication de l’abbé Robert Fiot (1903/1983), ancien curé de Veigné puis vicaire général de Tours.
En 1825, Laurent Justinien Delaville-Le Roulx (1782/1861), fils du sénateur Joseph Delaville-Le Roulx, propriétaire du château de La Roche, à Monts, officier de cavalerie puis agent de change, qui sera maire de Veigné de 1746 à sa mort, achète le domaine, où il introduit des techniques de culture innovantes, et fait reconstruire le château selon les plans de l’architecte Louis Visconti (1791/1853).
Le château actuel a été construit en 1937 pour la famille Vergé (voir église ci-dessus) par l’architecte tourangeau Maurice Boille (1883/1966). Quant au parc à l’anglaise, il est le résultat des interventions, en 1864, d’Eugène Bühler (1822/1907), en 1933, de René Édouard André (1867/1942) et, en 1937, d’Achille Duchêne (1866/1947).
Taffonneau (sud-est) :
Le fief, qui relevait du château de Montbazon, appartint du 15ème au 17ème siècle, à la famille Berruyer. Jehan I Berruyer (1330/1420), cité comme seigneur en 1410, fut le père d’Henri Berruyer (né en 1370), échanson du roi Charles VII, lui-même père de Julien Berruyer (1415/1450), cité en 1440, également seigneur de Saint-Germain-sur-Indre (aujourd’hui commune de Saint-Jean-Saint-Germain).
Le fils de ce dernier, Lidoire Berruyer (mort en 1505), également seigneur de La Renardière à Chemillé-sur-Indrois, chambellan du roi Louis XII, fut le grand-père de Pierre Berruyer, cité en 1558, dont la fille, Suzanne Berruyer (morte en 1620), citée en 1604, épousa en 1594 Jacques Frézeau (1562/1626).
Leur fils, Isaac Frézeau, né en 1596 et mort au siège d’Hesdin en 1639, cité en 1634, maréchal de camp (général), également seigneur de La Charpraie à Chambray-les-Tours, fut le père, d’Anne Frézeau (1633/1705), également dame de Gizeux, citée en 1680, épouse de René de Rouxelley, cité comme seigneur de Saché en 1723.
Leur fils, Henri Anne-René de Rouxelley, vendit le domaine en 1732 au fermier général François Balthazar Dangé d'Orsay (1696/1777), qui céda ou légua ses très nombreux biens à son neveu, René François Constance Dangé d'Orsay (1733/1795) (voir Bossée).
Dans le château se trouvait une chapelle (détruite en 1875) placée sous le vocable de Notre-Dame-de-Pitié et que l'on appelait la chapelle de la Chaume. Elle constituait un bénéfice dont François de Bovet (1745/1838) fut pourvu en 1776. Ce dernier fut évêque de Sisteron de 1789 à 1792 et archevêque de Toulouse de 1817 à 1820.
Ce manoir, composé d'un logis principal flanqué d'une tourelle polygonale, fut restauré en 1874 et remanié en 1908/1909.
Sur la pelouse, au nord, se trouve deux statues, symbolisant le Commerce et l’Agriculture, œuvres de Dominique Mahlknecht (1793/1876), qui ornaient l’ancienne gare de Tours et qui furent apportées ici lorsque cette gare fut reconstruite en 1894.
La Belle-Jonchère, anciennement La Grande-Jonchère (sud-est) :
Le domaine est cité dès 1070 sous la forme « terra de Juncheria », comme appartenant à Sulion, également propriétaire de Bourroux (voir ci-dessus)
Le fief, qui relevait du château d’Esvres (Esvres-sur-Indre), appartenait, au 14ème siècle, comme La Guéritaulde (voir ci-dessus), à la famille de Maillé : Imbault de Maillé, fils de Juhez, cité en 1365, est indiqué dans les généalogies comme « seigneur de La Grande-Jonchère » ; son fils, Guillaume de Maillé, pour sa part, est indiqué en 1448.
En 1561, le fief appartenait au protestant Galiot Mandat (mort vers 1574), notaire et échevin de Tours en 1559, qui fit construire le manoir actuel et dont la veuve, Marie Brodeau (1520/1591), est citée comme dame du fief en 1561. Leur fils, prénommé également Galiot (1540/1616) sera anobli par Henri IV. Un de ses descendants sera cet Antoine Jean Galiot Mandat de Grancey (1731/1792), chargé par Louis XVI de la défense des Tuileries et tué en 1792.
En 1668, le domaine est indiqué comme appartenant à Nicolas Lefebvre de La Faluère (1624/1707), conseiller au Parlement de Bretagne, également seigneur de Jallanges à Vernou-sur-Brenne, frère d’Alexandre Lefebvre de La Faluère (mort en 1680), maire de Tours en 1668/69), qui fut le père d’Alexandre Claude Lefebvre de La Faluère (1674/1747), grand-maître des eaux-et-forêts de Paris ainsi que maître d’hôtel de Louis XV.
En fait, selon Ludovic Vieira (voir PS] à la fin), le propriétaire était Alexandre, qui enjoliva le manoir, avec de nouvelles lucarnes à fronton courbe et deux élégants pavillon à la Mansart, dont l’un servait de chapelle. C’est alors que la propriété prit le nom de La Belle-Jonchère.
Dominique Ducasse, cité comme seigneur en 1732, procureur du roi, également propriétaire à Saint-Branchs et à Tauxigny, fut le père de Marie Louise Ducasse (morte en 1789), épouse de Pierre de Lawhernes (voir Saint-Branchs).
Article https://fr.wikipedia.org/wiki/Manoir_de_la_Belle_Jonch%C3%A8re
Le logis est bâti vers le milieu du xvie siècle. D'autres bâtiments sont ajoutés vers 1670, fermant la cour d'honneur.
La Belle Jonchère est achetée, en 1875, par les frères Emmanuel [(1855/1904), botaniste] et Jacques [1855/1918] Drake del Castillo [tous deux fils de Santiago (voir aussi les Moulins, ci-dessus], et le bien reste dans la famille jusqu'en 1925. Longtemps simple ferme dépendant du domaine de la Guéritaulde [voir ci-dessus], dont l'ancien château, démoli, a probablement servi de modèle pour la construction de la Belle Jonchère, le manoir ne devient une résidence indépendante et habitée qu'à la fin du xxe siècle ; c'est alors que ses propriétaires engagent d'importants travaux de restauration.
Le logis principal est composé de deux ailes à angle droit qui ne comportent qu'un rez-de-chaussée et un comble. L'aile sud est flanquée de tours cylindriques. Si les fenêtres du comble ont conservé leurs meneaux, celles du rez-de-chaussée ont perdu les leurs. La porte principale du logis s'ouvre au milieu de l'aile est par un perron, sur la vallée du ruisseau de Taffonneau.
La plus grosse des tours — « trente-trois pieds de diamètre » selon un document de 1776 —, à l'extrémité ouest de l'aile, est un ancien pigeonnier comportant à l'origine 1 600 trous de boulins*. Son premier étage est aménagé au xixe siècle en chapelle et il est surélevé ultérieurement.xx
Fermant la cour d'honneur, un pavillon de garde construit vers 1670 est doté d'un comble à la Mansart. »
Sardelle (sud-ouest) :
Dans cet ancien hameau (voir préhistoire et antiquité), on peut voir notamment un pigeonnier carré à colombage, dont le toit pyramidal est couvert de tuiles plates, qui appartenait à l’ancien prieuré Saint-Maixent (voir Histoire ancienne).
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PS] Un certain nombre de renseignements indiqués dans les chapitres précédents sont tirées des deux ouvrages suivants, qui m’ont été obligeamment prêtés par la bibliothèque de Veigné :
- Jacques Maurice (1902/2001), intitulé Montbazon et Veigné aux temps jadis (syndicat d’initiatives de Veigné, 1970 et 1976)
- Ludovic Vieira : Veigné et son patrimoine (municipalité, 1996), avec de nombreuses illustrations.