Berthenay
Le nom de cette commune, située, à l’ouest de Tours, entre la Loire et le Cher, apparaît dès 475 sous la forme Dicta villa de Bertiniaco, signifiant « la maison dite du domaine agricole (villa rustica) du germain Bertinus », dans le testament de Saint Perpet, qui, selon la tradition, aurait construit en 475 une chapelle édifiée à l’endroit où le bateau transportant le corps de Saint Martin, transféré de Candes (aujourd’hui Candes-Saint-Martin) à Tours, se serait arrêté de lui-même (voir ci-après). Sa situation entre deux cours d'eau lui a valu le nom d'Isle de Berthenay au début du 19ème siècle.
Plans (panneau municipal)
Histoire
Du mobilier, du néolithique, de l’âge du bronze et de l’âge du fer, a été découvert dans le lit de la Loire à La Baillardière (voir ci-après) ; voir Pierre Magne : Découvertes récentes dans le lit de la Loire, in Bulletin des amis du musée du Grand Pressigny, 2003.
Un domaine agricole gallo-romain existait à Portoville ou Portauville, à l’ouest du bourg, toponyme venant de Portau Villa ou « domaine du portail », où il y avait peut-être aussi un port gallo-romain sur la Loire. Voir ci-après.
À partir du 10ème siècle, le domaine de Berthenay appartint à l’abbaye Saint-Martin de Tours.
La Loire au niveau de l'île du Passeur (photo PmD août 2024)
Au 19ème siècle, deux bacs sur la Loire existaient à Berthenay : le premier reliait Berthenay à Luynes et partait de Port Maillé, dit aussi Port de Berthenay, à l’est du bourg. Le deuxième, situé dans l'ancienne Île du Passeur, rattachée à la rive gauche, près de La Grange-aux-moines (voir ci-après) assurait la traversée entre Berthenay et Cinq-Mars-la-Pile.
À voir dans le bourg
Église Saint-Martin : au 12ème siècle, sur l’emplacement de l’ancienne chapelle de Saint Perpet (voir ci-dessus), on bâtit la première église. Elle fut reconstruite en 1877 avec deux nefs égales et deux autels séparés. Le clocher s’est effondré en novembre 1993, puis a été reconstruit.
Église Saint-Martin (photo PmD août 2024)
À l’intérieur, vitraux du 19ème (voir C:/Users/POSTE/Downloads/berthenay-eglise-saint-martin-verrieres.pdf dossier réalisé par Olivier Geneste) dont une Charité Saint-Martin, œuvre d’Armand Clément ainsi qu’un vitrail des ateliers Lobin représentant le pigeonnier de Portoville (voir ci-après).
Charité Saint-Martin et Sainte Bernadette gardant ses moutons à côté du pigeonnier de Portoville (photo Olivier Geneste ).
Voir aussi Saint Roch assistant les malades et les infirmes in Tourainissime)
À voir à l’est
La Baillardière : le premier propriétaire connu, Charles Porte, cité en 1588, eut deux filles, Marguerite Porte, qui épousa en 1581, René de La Chastre (mort en 1665) (voir Sassay à Ligré) et Bonne Porte, épouse de Pierre Barentin. En 1634, les héritiers de ces deux filles vendirent le domaine à César de Grandnom ou Grannon (cité plusieurs fois entre 1599 et 1648), marchand de soie à Tours.
La Baillardière (photo Jean Lacotte)
Ce César eut 17 enfants, dont Marie de Grannon (née en 1608), qui épousa en 1643 Charles II Du Rozel, fils de Charles I du Rozel, gouverneur de L’Île-Bouchard, seigneur de la Ganneraie (Chezelles), de Theneuil et de Verneuil-le-Château ainsi que Pierre de Grannon (1612/1695 ou 1696), prêtre en 1640, chanoine de Tours en 1649 ; qui héritera de la Baillardière. Ce sont ses héritiers qui vendirent le domaine à la veuve de François Douault.
La Baillardière : chapelle (photo J. Rochereau)
En 1755, un autre François Douault, bourgeois de Tours et fabriquant de soie, est qualifié de sieur de La Bayardière. Son héritière sera Marie Carrouge de Bouteville, veuve du sieur René Prévost, officier de police à Saumur (voir aussi la Cave Banchereau à Saint-Michel-sur-Loire).
Au 19ème siècle, les propriétaires du domaine étaient les petits-enfants du général Jean Jacques Liébert (voir Nitray à Athée-sur-Cher) : Charles Paul Liébert, baron de Nitray (1821/1894) et sa sœur Anne Marie Liébert (1822/1900), épouse d’Arthur Marie Pierre de Quinemont (1808/1883), maire de Crouzilles, député puis sénateur d’Indre-et-Loire. Ces derniers vendirent une partie de la Baillardière, en 1872, à Louis Rochereau et Jeanne Messant. C’est de cette époque que date la division de cette vaste propriété. La partie orientale et la chapelle ainsi que la moitié de l’immeuble méridional sont toujours en possession de la famille Rochereau.
La Baillardière : cour intérieure (photo R. Ranjard in pop-culture)
Voir Idelette Ardouin-Weiss : http://academie-de-touraine.com/Tome_26_files/12ARDOUIN-labaillardiere.pdf. in Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, 26, 2013, pages. 1 à 10. « Le rez-de-chaussée de la partie orientale est entièrement constitué en damier de pierre et de brique datant du 16ème siècle. Tout le pan de mur avant la porte d’entrée est uniquement en briques, avec une ouverture en plein cintre éclairant la chapelle qui à l’origine devait terminer le premier édifice qui pourrait dater de la fin du 15ème siècle.
On accède à l’étage supérieur par un magnifique escalier tout en bois du 17ème, avec rampes à balustres à double poire. Le point de départ est une véritable œuvre d’ébénisterie figurant une volute allant en s’élargissant à la base, ornée sur les faces avec des feuillages sculptés.
La Baillardière : plafond de la chapelle (photo J. Rochereau)
La chapelle est le second élément original de cette demeure. De plan rectangulaire d’environ six mètres sur quatre, elle se prolonge par un chœur à trois pans, faisant saillie à l’extérieur et éclairé par deux baies en plein cintre, dont l’une a été murée. Celle du centre au-dessus de l’autel est garnie d’un vitrail formé de losanges, où est encastré un médaillon quadrangulaire représentant une vierge à l’enfant rappelant que la chapelle lui est dédiée.
La Baillardière, vitrail de la chapelle (photo J. Rochereau)
Le plafond est entièrement peint et forme environ 175 panneaux ornés de motifs tous différents : feuillages, couronnes d’épines, instruments de la passion, monogramme du christ, têtes d’angelots ailés. L’écusson aux trois fleurs de lys occupe une surface plus grande mais se trouve répété en d’autres endroits.
Dans l’angle nord-ouest figure l’inscription Anno 1636 et dans celui du sud-ouest Anno 1854. C'est à cette époque les peintures murales ont été refaites ».
Voir https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097584 ainsi que le site de Jean Lacotte (né en 1946), instituteur à Montbazon de 1967 à 1984 : http://www.jlacotte-site.org/confluence/mairies/berthenay/baillardiere/baillardiere.html
À voir à l’ouest
Portoville ou Portauville (voir Histoire) : le domaine appartenait au 17ème siècle à François Mareschau, juge au Présidial de Tours en 1616 (voir Le Boulay).
Portoville vu d'avion (photo J. Jacotte)
Un pigeonnier cylindrique occupe l'angle sud-ouest du mur d'enceinte de l'ancienne métairie du 16ème siècle. Construit en pierrons, rognons de silex et autres matériaux siliceux récoltés dans les champs et ennoyés dans un mortier, son élégance vient de sa couverture : un toit de tuiles plates surmonté d'un lanternon en ardoise.
Portoville : pigeonnier(photo Tourainissime)
À l'intérieur, 1 250 boulins, tous orientés vers la gauche, tapissent la paroi. Au milieu du pigeonnier, un socle de pierre, dit la foire, équipé d'un poinçon, reçoit l'arbre vertical, évidé en son centre. Les échelles ont malheureusement disparu.
La Grange-aux-moines : cette grange aux dîmes du 13ème siècle, était destinée à abriter la partie des produits que les paysans devaient donner en tant que dîme au prieuré de Foncher (Villandry).
La grange aux moines (photo Duch pour wikipédia)
Construit sur un tertre artificiel à cause des crues fréquentes, le bâtiment rectangulaire est recouvert d'une charpente de châtaignier, composée de sept fermes réunies en une nef centrale. D'énormes poutres sont posées sur des socles en pierre afin d'être isolées des remontées d'eau.
Le portail, vraisemblablement cintré, a fait place à une vaste ouverture rectangulaire.