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Bournan


Le nom de cette commune, située dans le sud du département, près de Ligueil, apparaît pour la première fois au 8ème siècle, dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery, sous la forme Bragonnum, venant du gaulois Burnomagos, signifiant « marché (magos) de Burnos » ou « marché de la source (born) » ; cette dernière interprétation est peut-être la plus plausible car il y avait deux sources importantes sur le territoire de cette commune (voir ci-après).

01 Carte IGN avec annotations PmDCarte IGN avec annotations PmD

Histoire

Préhistoire et antiquité :

Une moitié de bipenne (hache à 2 tranchants) à flancs arrondis et grandes faces légèrement concave, en roche d’aspect doléritique bien polie, a été trouvée à 1,3 km à l’est du bourg et, selon Louis Dubreuil-Chambardel (187/1927), in La Touraine préhistorique (1923, éd. Champion), des silex taillés ont été découverts au nord-est du bourg (Les Perrières et La Durellière), à l’est (La Davière), à l’ouest (Paimbault et Chemely) et au sud-ouest (La Soultière).

Un domaine agricole (villa rustica) gallo-romain se trouvait au lieu-dit Chemely, toponyme qui vient de Camiliacus ou « domaine de Camilius ».

02 Chemely photo PmD août 2014Chemely (photo PmD août 2014)

L’ancienne voie gallo-romaine allant de Poitiers à Amboise passait au nord de cette commune et on peut encore la voir sous la forme d’un chemin, qui traverse la D 101 au nord de La Joubardière et qui sert de limite entre Bournan et Bossée. Voir https://turonensis.fr/categories/voies-gallo-romaines-chez-les-turons/les-voies-longeant-la-creuse-5-1-et-5-2-et-la-voie-de-la-creuse-a-la-loire-5-a

03 Ancienne voie photo PmD août 2014 Ancienne voie (photo PmD août 2014)

Histoire ancienne, moderne et contemporaine :

Le territoire de Bournan fut donné par Charlemagne à l’abbaye Saint-Martin de Tours puis, par l’abbé Ithier, à l’abbaye de Cormery. Cette dernière fonda à Bournan un petit prieuré bénédictin (voir ci-après).

Au moyen-âge, Bagneux (voir ci-après), la Benardière et les Aigremonts (voir ci-après) constituaient des fiefs nobles.

Dans le bourg il y avait également un souterrain refuge creusé dans le tuffeau et dont l’entrée se trouve dans une maison de la rue de Versailles. Voir http://www.mondesouterrain.fr/.

04 Plan du souterrain refuge dessin in mondesouterrain.frPlan du souterrain-refuge (dessin in mondesouterrain.fr)

Selon André Montoux in BSAT, 37, 1972, page 36 : «  À Bournan, il existe sous une maison, près de l'église, une cave profonde où l’on accède par un escalier vouté en plein cintre. (…) L'entrée primitive devait être constituée par un boyau en pente rapide, aujourd’hui presque entièrement comblé, qu’un trou de visée permettait de surveiller d’une salle voisine. Quelques conduits d'aération percent le plafond calcaire sur plusieurs mètres. La paroi de fond d'une galerie en cul-de-sac est creusée de deux niches en arc brisé (...) L'une est vide, l'autre est ornée d'une croix en relief (…) Trois petites croix ont été gravées sur les parois latérales. Sur celles d’une autre galerie, on remarque deux silhouettes d'homme, l'un représenté debout, l'autre couché. Telles sont les premières observations faites au cours d’une visite rapide de cet ensemble extrêmement complexe (…) où il aurait été possible à toute la population du bourg de trouver refuge en cas de danger. Ce souterrain irait du château à la chapelle Saint-Hubert (datant du 13ème siècle) qui est aujourd'hui une ruine située au milieu d'un bosquet d'arbres, soit une distance d’environ 2,5 km. »

Après la défaite de Sedan le 16 septembre 1870 et l'armistice de janvier 1871, un escadron de cuirassiers prussiens occupa la région du 7 février au 7 mars 1871 ; cette occupation fut vécue par la population comme une humiliation. Tous les jours il fallait fournir des approvisionnements de tout genre et faire les livraisons en répondant à toutes les exigences de l’ennemi. De plus les habitants étaient aussi chargés de fournir le logement. Beaucoup cachaient sous terre les objets les plus précieux de leur maison. Source Michel Lhéritier (conseiller municial, né en 1948) in https://bournan.fr/?p=558

En septembre 1912, les grandes manœuvres de l'ouest se terminèrent par la prise de Bagneux (voir ci-après). L'assaut final fut suivi, depuis le château, par le président de la République Armand Fallières (1841/1931), le Grand-Duc de Russie, Nicolas Nikolaïevitch Romanov (1856/1929) et le ministre français de la guerre Alexandre Millerand (1859/1943). Voir aussi https://turonensis.fr/categories/nouatre/la-vienne-avec-les-maisons-rouges-talvois-et-chenevelles.

À voir dans le bourg

Église Saint-Martin  : elle date des 10ème, 11ème et 12ème siècle. À l’extérieur, sur la place de l'église, une épaisse dalle de calcaire dur, reposant sur deux blocs de pierre et datant du 12ème siècle, ayant l'apparence d'un couvercle de sarcophage, était une pierre d’attente des morts, sur laquelle reposaient les cercueils des défunts avant la cérémonie religieuse.

05 Église Saint Martin photo PmD janvier 2014 Église Saint-Martin (photo PmD janvier 2014)

Derrière l’église, sur le mur de l’abside, plusieurs cadrans canoniaux ont été sculptés.

06 Cuve baptismale photo PmD août 2014 Cuve baptismale (photo PmD août 2014)

À l’intérieur (il faut demander les clés à la mairie), on peut voir : une cuve baptismale du 13ème siècle, ornée de deux têtes humaines, plusieurs beaux tympans ouvragés, une Vierge à l’enfant en pierre polychrome du 19ème siècle (copie d'une oeuvre du 13ème ou 14ème s.), un tabernacle en bois et plâtre dorés du 19ème siècle et un vitrail représentant La charité de Saint-Martin, de Pierre Eugène Guérithault (1829/1919), maître-verrier à Poitiers

À voir au nord

La Fontaine des Jourdelins : il faut, pour la trouver, emprunter d’abord la D 101 puis, à droite,  une route longeant la rive droite de la Riolle et enfin, à gauche un chemin broussailleux. Dans le bulletin municipal 2013, Michel Lhéritier (voir ci-dessus), qui m’a guidé pour y aller, écrit « La fontaine (ou fond) était un ouvrage en maçonnerie où coulait l’eau d’une source (…). Autrefois, autour de cette fontaine, on y cultivait le lin (…). Ensuite cette fontaine a été un lieu de vie pour les lavandières du pays (où elles allaient) quand, en saison sèche, la Riolle disparaissait. (…) Dans la commune, Mme Paulette Fonteneau se souvient d’y être allée avec sa grand-mère. (…) Quel courage il fallait à celles qui allaient à cette fontaine, située à environ un kilomètre du bourg, avec la brouette en bois, la caisse pour se mettre à genoux, le battoir et le linge (…) mis à bouillir et lessivé la veille. »

08 Fontaine des Jourdelins photo PmD août 2014 Fontaine des Jourdelins (photo PmD août 2014)

Le Manoir des Aigremonts (nord-ouest) du 16ème siècle, domine la vallée de la Riolle. La tourelle rectangulaire à l’ouest contient un escalier de pierre et il y avait, dans la cour, l’entrée d’un souterrain refuge.

09 Manoir des Aigremonts photo PmD janvier 2014Manoir des Aigremonts (photo PmD janvier 2014)

C’était un fief noble qui appartenait au 14ème siècle à la famille d’Aigremont. Il appartint ensuite à Guillaume de La Mark (mort en 1516), seigneur de Montbazon, Sainte-Maure et Nouâtre, suite à son mariage avec Renée Du Fou (voir https://turonensis.fr/categories/nouatre/03-la-seigneurie-et-le-chateau) . Au 17ème siècle, le propriétaire était Charles Fourateau (1605/1666) époux de Catherine de Préville (1610/1666), fille d’Antoine de Préville (voir Betz-le-Château) ; leur fille, Marthe Fourateau (1630/1660) épousa Jean Du Rozel (sur cette famille, voir  Berthenay, Theneuil et Verneuil-le-Château). Par la suite, il fut la propriété de la famille Dangé d’Orsay (voir Bossée et La Chapelle Blanche-Saint-Martin).

Gites : voir https://www.gites.fr/gites_manoir-des-aigremonts_bournan_77143.htm

À voir au sud

Bagneux (sud-ouest) le château, édifié sur un éperon calcaire, qui, selon la tradition, communiquait par signaux à feu avec celui de Loches, fut construit au 15ème siècle. Mais le toponyme apparaît dès 816 et, provenant du latin balneolos signifiant « bains », il pourrait indiquer qu’il y avait là un domaine avec des bains privés.

11 Château de Bagneux photo vers 1900 de G. W. LemaireChâteau de Bagneux (photo vers 1900 de G. W. Lemaire)

Voir  https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097598 et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Bagneux

Des quatre tours qui flanquaient le quadrilatère surmonté d'un chemin de ronde, il en subsiste deux qui ont été ensuite recouvertes d'ardoises mais qui ont conservé leurs poivrières et leurs mâchicoulis ; la tour dite du nord présente une élévation qui permettait sans doute de voir jusqu'aux forteresses ou fortins des plateaux voisins.

12 Chapelle Saint Hubert photo world of ruinsChapelle Saint-Hubert (photo https://world-of-ruins.blogspot.com)

Le logis possède des fenêtres à meneaux montre la transition entre une forteresse militaire et une demeure d'agrément. Dans la cour, un souterrain est sensé conduire à la chapelle Saint-Hubert (maintenant en ruines),  construite au 13ème siècle mais dont le portail a été remanié au 16ème.

L’accès à ce château n’est pas possible et il ne peut être vu que de loin, à partir de la D 101, peu avant Civray-sur-Esves.

10 Château de Bagneux photo PmD août 2014Château de Bagneux (photo PmD août 2014)

Le premier seigneur connu est Étienne Du Cormier qui l’acheta en 1395 peut-être à un Guillaume de Bagneux, cité comme seigneur de Bagneux en 1331. Le fief passa ensuite à sa fille, Marie Du Cormier qui épousa vers 1434 Guillaume I Du Puy de Basché ou de Bagneux puis à leur fils Guillaume II Du Puy de Bagneux (mort vers 1499), père de François Du Puy de Bagneux (mort vers 1536).

Par la suite le fief fut divisé entre René Du Puy de Bagneux (mort vers 1553), fils de François, et Louis de Bourbon-Roussillon (1450-1487), également seigneur du Coudray-Montpesier à Seuilly, fils naturel que Charles 1er de Bourbon (1402-1456), duc de Bourbon et d’Auvergne, avait eu avec une certaine Jeanne, dite de Bournan, qui n'était autre que Jeanne Du Puy de Bagneux, fille de Guillaume II.

Louis de Bourbon vendit sa partie à sa demi-sœur, Jeanne de Bourbon (1445/1493), autre fille naturelle de Charles 1er de Bourbon, laquelle épousa Jean Du Fau (mort en 1484), maître d’hôtel de Louis XI.

Quant à la fille de René Du Puy de Bagneux, Bertrande Du Puy de Bagneux, elle transmit sa partie à son second époux René de Benais (cité en 1563), seigneur de Chargé (à Razines).

le fief fut vendu en 1738 à François Balthazar Dangé d'Orsay qui le céda en 1771 à son neveu René Constance François Dangé d'Orsay, qui fut le dernier seigneur de Bagneux (voir Bossée, La Chapelle Blanche-Saint-Martin, etc.).

Moulin de Saint-Paul : ce moulin sur la Ligoire, qui servait surtout à faire du tanin, appartenait au prieuré bénédictin de Bournan (voir histoire). Il n’en reste que quelques murs et deux grandes roues, qui ont été déplacées. A la veille de la révolution, le Moulin appartenait à la famille Dangé d’Orsay (voir ci-dessus).

Ancien moulin de Saint Paul photo valleedelariolle.frAncien moulin de Saint-Paul (photo valleedelariolle.fr)

La Fontaine-de-Chemely-Pimbault (sud-ouest) (voir Histoire), dont l’eau avait la réputation de favoriser la cicatrisation des blessures, alimente la Riolle.


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