Bréhémont
Le nom de cette commune, située, à l’ouest de Tours, entre la Loire et le Vieux Cher, apparaît pour la première fois au 9ème siècle, sous la forme Brehemmum, puis en 1035, dans le cartulaire de l’abbaye de Noyers, sous la forme Broium Aimun, venant du latin broglium (petit bois, réserve de chasse) et du patronyme germanique Aymon et signifiant donc « la réserve de chasse d’Aymon » mais la forme du 9ème siècle laisse supposer que cette dernière étymologie est une reconstruction ; selon le site de la mairie, Brehemmum viendrait de Broglio Heino et signifierait « la réserve de chasse dans l’île ». On trouve ensuite Bruhermont au 12ème siècle puis L'Isle de Bréhémont en 1496 ; cette paroisse fit partie de Rivarennes jusqu'à la Révolution.
Plan (panneau touristique), avec annotations PmD
Histoire
Histoire antique, ancienne, moderne et contemporaine :
Un domaine gallo-romain (villa rustica) existait sans doute à Milly (voir ci-après), venant de Milliacus ou « domaine du gaulois Millius ». On peut aussi noter aussi le toponyme Chambourg (à l’est de la commune), venant du gaulois cambos (courbe) et ritos (gué), laissant supposer qu’il y avait là, dans l’antiquité, un gué dans une courbe de la Loire.
Dès le Moyen-âge, le chanvre fut cultivé à Bréhémont, à raison de deux récoltes par an ; pour pouvoir l’utiliser on immergeait les tiges 5 à 7 jours dans le Vieux Cher, sur des routoirs, (bassins de rouissage pour le chanvre), jusqu’à ce qu’elles blanchissent et qu’elles se décollent. On en faisait ensuite des poignées puis des bottes que l’on stockait dans des fours à chanvre pour le séchage. Cette culture servait à fabriquer des cordages et les voiles pour la marine et fut subventionnée jusqu’en 1892. Voir https://www.brehemont.net/chanvre.
Four à chanvre (photo Tourainissime)
Les bateaux accostaient au port pour charger les balles de filasse de chanvre et le chanvre en vrac, du foin, du bois en provenance de la forêt de Chinon, mais aussi pour décharger les matériaux de construction : pierres de tuffeau, ardoises, tuiles. Entre 1722 et 1852, au moins 12 bateaux ont coulé entre le bourg et Rupuanne (sud-ouest), où un refuge avait été aménagé.
L'ancien passage de Bréhémont (photo PmD août 2024)
Au 19ème siècle, deux bacs existaient à Bréhémont : un sur la Loire, entre le bourg et Saint-Michel-sur-Loire et un autre, à Rupuanne, sur le Vieux Cher, qui se jette dans la Loire peu après. Le bac sur la Loire fut fermé dans les années 1920 mais il reprit du service pendant la seconde guerre mondiale, après la destruction du pont de Langeais en 1940. Voir https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/01-les-passages-sur-la-loire-tourangelle-liste et https://turonensis.fr/categories/passages-eau-indre-et-loire/les-passages-sur-le-cher-liste.
En 1856, une importante inondation dévasta la commune.
En 1871, les Prussiens occupèrent Bréhémont.
Pendant la seconde guerre mondiale, deux habitants de Bréhémont participèrent à la Résistance ; ils furent arrêtés en 1944 et moururent en déportation : ce sont Clément Louis Georget (1892/1944) et Alfred Vezon (1876/1944).
Histoire du fief :
Le fief de Bréhémont appartenait, en 1485, à Jacques I d’Espinay (1446/1520) (voir Rigny-Ussé, Saint-Michel-sur-Loire et Moncontour à Vouvray), chambellan de Louis XI, Charles VIII et Louis XII ; il fut ensuite la propriété :
- en 1591, de Louis de Beauvau, également seigneur de Rivarennes et du Rivau à Lémeré,
- en 1670, de Simon Le Breton (mort vers 1682), marquis de Villandry, également seigneur de Savonnières, qui, en 1670, vendit le fief à François Bernin,
- Louis I Bernin de Valentinay (1627/1709), (neveu de François ?), receveur général des finances de la Généralité de Tours, fils de Thomas Bernin (1595/1672), seigneur d’Ussé,
- Louis II Bernin de Valentinay (1663/1740), fils de Louis I et époux de Jeanne Françoise Le Prestre (1678/1713) (fille de Vauban),
- Les enfants de Louis II : Louis Sébastien Bernin de Valentinay (1696/1772) et Henriette Magdeleine Bernin de Valentinay, décédée sans descendance en 1778.
Le dernier seigneur de Bréhémont fut Louis Vincent Roger de Chalabre (1736/1796), marquis d’Ussé, capitaine de cavalerie.
À voir dans le bourg
Église (photo PmD août 2009)
Église Sainte-Marie-Madeleine : l’église actuelle, de style néo-gothique, a été construite en 1843 par le bien connu architecte Phidias Vestier (1796/1874). C’est une des rares églises dont le chœur est orienté vers l’ouest. Ancienne statue du Christ dans les fondations du parvis (voir en bas, à gauche, sur la photo ci-dessous).
Église (photo PmD août 2024)
Les vitraux du 19ème siècle ont été réalisés par Émile Laurent (1802/1863) et Auguste Galimard (1813/1880) ; voir le dossier réalisé par Olivier Geneste brehemont-eglise-sainte-marie-madeleine-verrieres.pdf.
Saint Martin entouré de deux anges (photo Tourainissime)
La Perfetterie (bourg sud) : ferme du 16ème siècle, avec une grange, un four à pain, une étable et un four à chanvre.
Les Foucauts (bourg sud) : maison du 16ème siècle, avec deux fenêtres à meneaux.
À voir en dehors du bourg
La Chapelle-Taboureau (nord-est) : il y avait là une chapelle, construite avant 1720, dédiée à Saint Roch et devenue un logis privé. Son titulaire était, en 1786, le chanoine Pierre Jacques Michel Chasles (1753/1826), en était le titulaire ; ce dernier, qui deviendra un ardent révolutionnaire, sera maire de Nogent-le-Rotrou en 1790 et député à la Convention en 1792.
Ancienne Chapelle-Taboureau (photo Tourainissime)
Bray (est) : La terre et seigneurie de Bray en Bréhémont furent achetées en 1554 par le marchand Jean Pyballeau mais, en 1555 le seigneur de ce domaine est dit François Du Raynier (mort en 1575), seigneur de La Tour du Raynier à Verneuil-le-Château et de Chezelles, fils de Lancelot I Du Raynier (né en 1490). Au 17ème siècle, la propriété appartint à la famille Marquis : René Marquis (cité en 1626) fut le père de Charles Marquis (1637/1693), dont la fille, Claude Marquis (née en 1681) épousa Pierre Pallu (1661/1744), avocat au parlement de Chinon. Il appartenait en 1758 à Louis François Le Royer de la Sauvagère (1711/1765), capitaine au corps royal d'artillerie et du génie, fils de François Le Royer de la Sauvagère (1674/1749), et frère du bien connu Félix François Le Royer de la Sauvagère (1707/1782), seigneur Des Places à Savigny-en-Véron.
Manoir de Bray (photo PmD août 2024)
le manoir, construit au 16ème siècle et restauré au 18ème, possède un étage carré couvert d'un toit à long pan et pignon découvert, recouverts d'ardoise.
Milly (sud-ouest) (Voir Histoire) : le manoir, construit au 15ème siècle, a été remanié au 18ème et au 19ème siècles. Il possède encore des douves en eau. Jusqu'en 1821, un pigeonnier-porche surmontait la porte d'entrée de la demeure. Aujourd'hui, il ne subsiste que les deux murs latéraux. Les boulins sont en poterie. L'édifice se compose d'un rez-de-chaussée et d'un étage de comble. Logis de plan régulier, recouvert de toits à longs pans, pignon couvert, croupe et noue couverts en ardoise. En 1480, il appartenait à Urbain de Vonnes, fils de Louis de Vonnes et époux de Marguerite de Maraffin, fille de François de Maraffin et d’Anne de Chezelles, puis, en 1644, à Jacques Senelle (1604/1664), maître apothicaire à Tours, dont la sœur Marie Senelle épousa vers 1629 Antoine Dalmas, échevin de Tours.
Milly (photo Tourainissime)